C’est donc en 1992 que KOEI (à ne pas confondre avec le célèbre animateur qui nous sert ses bouffonneries sur TF1), compagnie à qui l’on doit déjà notamment les « Romance of the Three Kingdoms », une série de jeux de simulation plus ou moins historiques se déroulant dans la Chine Médiévale, nous gratifie d’Aerobiz. Ce jeu atypique nous projette à la place du PDG d’une grande compagnie aérienne fraîchement nommé. Enfin… « grande compagnie aérienne », cela reste à prouver, et c’est justement la tâche qui vous incombe. Nous allons tout de suite voir comment.

Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ?

Evidemment, ici, nous sommes dans un jeu de gestion, un vrai, un dur, qui se veut le plus réaliste possible. Les amateurs d’action peuvent donc passer leur chemin car ici vous ne piloterez pas des machines de guerre en tirant sur des hordes d’aliens assoiffés de sang. Non, vous resterez dans votre bureau à diriger votre compagnie, à remplir de la paperasserie, à organiser des réunions aussi longues qu’ennuyeuses avec vos cadres et à gérer votre flotte aérienne et votre budget. C’est ainsi qu’après avoir choisi le nombre de joueurs humains / CPU (toujours quatre au total), la période de jeu (1963-1995 ou 1983-2015), la ville où établir votre siège, le nom de votre compagnie aérienne et le niveau de difficulté de la partie, vous vous retrouverez devant une carte du monde pour l’instant vierge, un graphique sommaire, quelques données chiffrées, et une flopée d’icônes pas forcément très explicites pour un œil novice. Il faut bien avouer que de prime abord, l’ensemble peut paraître un peu austère d’ailleurs. Ces icônes correspondent simplement aux différentes actions possibles afin d’atteindre votre but, à savoir desservir les 22 villes de la carte, atteindre un certain nombre de passagers (variable selon le niveau de difficulté choisi) et dégager des bénéfices.

La première icône à gauche est incontestablement la plus importante, celle qui vous permet d’ouvrir de nouvelles routes aériennes ou d’en modifier une existante, voire d’en supprimer une qui ne serait pas rentable. Dans un premier temps, vous ne pourrez ouvrir de routes qu’entre votre siège (représenté par un carré rouge) et une autre ville dans laquelle vous possédez des pistes susceptibles d’accueillir vos avions. Le nombre de pistes disponibles que vous possédez dans chaque ville est indiqué par un numéro visible sur la carte en dessous de la ville en question. Plus vous aurez de pistes dans une cité, plus vous pourrez effectuer de vols vers cette dernière, jusqu’à la limite de 14 vols par semaine et par route. Lorsque vous ouvrez une nouvelle route il vous faudra donc déterminer quel type d’avion utiliser pour celle-ci, le nombre d’appareils à mettre en circulation, le nombre de vols par semaine ainsi que le tarif du billet d’avion. Bien sûr, le type d’avion que vous choisirez est primordial. Il n’est en effet pas question de choisir un avion capable de parcourir un maximum de 4000 miles si la distance à parcourir entre les deux villes est de 5000 miles ou plus. De même, le nombre de sièges passagers et la consommation en kérosène peut varier considérablement d’un avion à l’autre, influant forcément le nombre maximum de billets achetés par semaine ou le coût de maintenance de la route aérienne. Vous aurez donc de nombreux paramètres à prendre en compte quand vous ouvrez une route, mais pas de panique, le soft vous guide relativement bien à ce moment-là.

SIMPLE COMME BONJOUR

La deuxième icône (les mains) vous permet d’envoyer un de vos cadres dans une ville de votre choix pour négocier de nouvelles pistes. La troisième (l’avion) vous donne accès aux différents constructeurs aéronautiques chez qui vous pourrez acheter vos avions, ainsi qu’à un repreneur à qui vous pourrez revendre les avions dont vous ne vous servirez pas, ce qui vous permettra par la même occasion de renflouer un peu vos caisses. A noter que les constructeurs et les modèles d’avions présents dans le jeu existent dans la réalité, on constituera donc sa flotte des fameux B747, DC-10, A320 ou Concorde pour ne citer que quelques-uns des plus connus, les amateurs d’aéronautisme seront comblés. La quatrième icône vous permettra d’ajuster le budget alloué à la maintenance, aux services aux passagers et à la publicité, selon vos besoins dans chaque catégorie. Attention à ne pas sous-estimer ces réglages car une maintenance ou des employés trop négligés peuvent conduire à des catastrophes aériennes ou des grèves, ce qui serait désastreux pour votre réputation et vos finances. La cinquième icône lance une grande campagne publicitaire pour votre compagnie. Mais attention, la campagne coûte cher et peut s’avérer être un fiasco, auquel cas vous perdrez beaucoup d’argent pour rien. A contrario, si elle est couronnée de succès, les voyageurs afflueront et ce sera le jackpot pour votre compagnie pendant une année entière.

La sixième icône vous donne accès à un sous-menu dans lequel vous avez trois actions supplémentaires à disposition. En premier lieu vous pouvez acheter un hôtel dans une des villes que vous desservez, ce qui vous procurera des revenus supplémentaires, ou des dettes si l’établissement n’atteint pas la fréquentation escomptée… Deuxième option, nécessaire pour réussir à connecter les 22 villes : l’ouverture d’une succursale (« branch ») dans une autre ville que vous desservez. Cette ville apparaîtra alors en jaune sur la carte et vous pourrez ouvrir des lignes aériennes depuis cette dernière, comme s’il s’agissait de votre siège. Et enfin vous aurez la possibilité d’investir votre argent en bourse dans des compagnies charter. Si vous parvenez à vous procurer toutes les actions d’une compagnie, vous prendrez possession de celle-ci, gagnant ainsi quelques lignes aériennes, pistes et avions. Ceci dit, l’opération n’est pas forcément intéressante car trop coûteuse, et à moins que vous ne fassiez des bénéfices faramineux, vous finirez probablement par revendre vos actions dès lors que vous jugerez que leur valeur a suffisamment augmenté pour vous permettre de faire une belle plus-value, si plus-value il y a. La septième icône provoque une réunion de vos cadres et de divers conseillers au cours de laquelle ces derniers analyseront votre situation et promulgueront moult conseils afin d’améliorer votre compétitivité et vos bénéfices. Et enfin la dernière icône termine votre tour et passe la main à vos concurrents. Rien de bien compliqué en somme, du moins rien d’insurmontable.

BUSINESS IS BUSINESS…

Le jeu se déroule donc au tour par tour, et un trimestre sépare chacun de vos tours de jeu. C'est-à-dire qu’à la fin de chaque phase de jeu au cours de laquelle chacun des quatre PDG (humains et / ou CPU) a effectué ses actions, trois mois passent et un bilan trimestriel apparaît à l’écran. Celui-ci récapitule les recettes et les dépenses des quatre compagnies, souligne leurs bénéfices ou leur déficit et indique le nombre de passagers transportés au cours du trimestre qui vient de s’écouler. Rien de très sexy, mais rien de superflu non plus, cet écran a au moins l’avantage d’être clair et d’indiquer le principal. Pendant un trimestre, des événements aléatoires peuvent avoir lieu et influencer le jeu. Ces événements peuvent être positifs comme négatifs, par exemple des intempéries dans une ville, les jeux Olympiques organisés dans une autre, des affrontements armés qui éclatent dans une région, une cité en plein boom touristique, etc. Ces éléments rendent chaque partie différente et obligent le ou les joueurs à souvent modifier sa / leur stratégie. Le nombre de joueurs humains, justement, peut s’élever à quatre. Chacun jouera l’un après l’autre, avec une seule ou deux manettes, le plus difficile finalement sera peut-être de trouver trois amis qui aiment les jeux de gestion, pour une partie de plusieurs heures. Et pourtant, sous une première couche relativement austère, le titre s’avère sympathique au final, après une période d’adaptation nécessaire pour comprendre l’utilité de toutes les icônes et tous les mécanismes du gameplay. Sur le plan technique, pas grand-chose à redire, les graphismes n’ont rien d’extraordinaire mais on n’attend pas vraiment qu’un jeu de gestion nous en mette plein les mirettes. L’ensemble reste propre et clair et c’est l’essentiel. Les musiques sont très correctes, bien qu’elles finissent par être répétitives à la longue, autant couper le son et mettre un bon CD en jouant. Les parties étant assez longues, il est heureusement possible de sauvegarder à tout moment pour reprendre plus tard sa session de jeu. Tout y est pour plaire au gestionnaire en herbe, et on a du mal à trouver de gros défauts au titre. Peut-être aurait-on aimé un peu plus de contenu, voire une gestion plus poussée de certains éléments (le réglage des budgets maintenance / publicité / services en vol notamment) mais le jeu est plutôt complet et bénéficie d’une durée de vie assez conséquente pour qui accroche un tant soit peu au genre. Bien sûr, le jeu n’étant pas sorti en Europe, il faudra faire avec la version américaine qui est intégralement en anglais, à moins que vous ne parliez japonais couramment, auquel cas la version nippone est faite pour vous.