Loin, très loin des contrés enneigées de The Elder Scrolls V : Skyrim dont il est à la base un mode ambitieux, le jeu d’enquête The Forgotten City déboule après quatre années de gestation sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X|S (plus tard en 2021 sur Switch). Car le titre de Modern Storyteller - dont le cœur d’équipe ne comprend que trois personnes - vous embarque 2.000 ans dans le passé, au milieu d’une cité romaine maudite, où il faudra mener l’enquête pour sauver la vie de ses habitants. Une aventure avec de vraies qualités ou une expérience encore au stade de mod ?
Test réalisé sur PC. The Forgotten City est aussi disponible sur PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series.
Bien que dans un premier temps créé grâce au moteur de The Elder Scrolls V : Skyrim, The Forgotten City n’a pas grand chose à voir avec le célèbre RPG de Bethesda. Nous ne sommes pas du tout en présence d’un jeu de rôle orienté action, mais clairement face à un titre d’enquête / aventure à la langue bien pendue, avec beaucoup de dialogues et tout de même quelques combats. Dans les faits, après une courte introduction, vous traversez un portail temporel et débarquez dans une ancienne cité romaine, environ 2.000 avant notre époque. La bourgade - qui ne compte qu’environ une dizaine d’habitants - est tenue en laisse par la “règle d’or”, une malédiction soi-disant réelle qui transformera tous les habitants de la ville en statue dorée si l’un d’entre eux commet un péché. Avec votre arrivée surprise, vous êtes rapidement considéré comme un émissaire divin par le taulier du coin, Setius, inquiet que l’un de ses sujets fasse l’irréparable. L’homme vous demande donc de mener l’enquête.
Quand bien même The Forgotten City n’a rien à voir avec un RPG, il vous sera proposé, en tout début d’aventure, de choisir parmi quatre classes différentes. La première augmentera votre défense, la seconde vous rendra plus rapide, la troisième vous offrira un pistolet avec dix balles et uniquement dix balles - les habitants de la cité le verront comme un artefact divin - et, pour finir, la quatrième vous donnera accès à de nouvelles options de dialogue en tant que spécialiste de la Rome antique. Aucune de ces classes ne changera radicalement l’expérience de jeu, mais celles-ci forment un dilemme intéressant en début de partie, dans la mesure où vous êtes loin d’imaginer ce que The Forgotten City vous réserve. Et croyez nous, le titre en a sous le capot.
Soupçon de mystère
Précisons-le d’emblée : The Forgotten City ne vous demandera jamais de tirer vos conclusions lors d’un carrefour scénaristique qui pourrait s’avérer décisif pour la suite de la progression (hormis pour les quatre fins différentes). Vous pourrez arpenter la cité à votre guise, rassembler des quêtes, fouiller les foyers en quête d’indices, et bien sûr parler longuement aux habitants dans l’ordre que vous voulez. Mais la structure narrative reste au final assez linéaire pendant les cinq à six heures nécessaires pour boucler l’aventure, quand bien même les nombreux choix de dialogues offrent de belles alternatives verbales. Il sera toutefois possible de vexer un interlocuteur, ce qui vous obligera parfois à remonter dans le temps - car oui, c’est possible - ou à utiliser le généreux système de sauvegarde, qui vous autorise à enregistrer votre progression à tout moment. Ainsi, The Forgotten City est un jeu qui, pour notre part, ne s’est jamais avéré frustrant. Même si vous faites quelque chose d’a priori irréparable, il sera très facile de revenir en arrière.
The Forgotten City (PC) - Les 25 premières minutes de l'aventure
Cette agilité permet de profiter sans accroc de l’écriture de The Forgotten City, qui est sans aucun doute le plus gros point fort du titre de Modern Storyteller. La “règle d’or” amène en effet des dilemmes moraux absolument passionnants à suivre, se mêlant à l’histoire de chaque individu et à la culture romaine, égyptienne. Une réussite notamment portée par le chouette casting de personnages, au doublage anglais de très bonne facture, à la fois naturel et crédible. La réalisation y est aussi pour beaucoup. Bien qu’imparfaite (expressions et mouvement des corps assez imprécis, problèmes d’affichage), elle offre une retranscription convaincante d’une cité romaine ainsi que de ses habitants. The Forgotten City est agréable à regarder et très intéressant à suivre, même si on peut noter de légères incohérences au niveau du script, liées aux voyages temporels. Et le mieux dans tout cela, c’est que le studio Modern Storyteller fait constamment des efforts pour tirer le joueur hors de ses dialogues routiniers, avec pas mal de retournements de situation, des idées de gameplay auxquelles on ne s’attend pas. Bref, c'est un plaisir de chaque instant.
Écriture herculéenne
Entre les surprises le long du chemin et le mystère grandissant d’une cité romaine décidément bien étrange, on ne s’ennuie pas en compagnie de The Forgotten City. Il faut tout de même avouer que les premiers instants de l'aventure paraissent après coup un peu moins passionnants, notamment car le scénario impose d’interroger un à un les habitants avec les mêmes questions, et que les conversations statiques semblent alors constituer l'unique intérêt. C’est aussi lors de cette première étape que les lacunes techniques et mécaniques de The Forgotten City pourront particulièrement sauter à la figure. Car en marge du manque de naturel des personnages, les mouvements du héros lui-même sont globalement très rigides - maniement d'une arme, animation de course, physique au moment de grimper quelque chose - voire d’une autre époque (la montée des escaliers). Tout naturellement, Modern Storyteller ne brille pas vraiment pour ses phases d’action / ambiance, qui participent toutefois au rythme évoqué plus haut, et qui fonctionnent malgré tout un minimum. À déplorer également, les quelques petits ralentissements et temps de chargement entre certaines zones, surtout pour un espace de jeu aussi petit. Mais l’écriture et la générosité de The Forgotten City nous amène au final à oublier ses manques techniques, tant le récit qui nous est conté est passionnant.
The Forgotten City (PC) - Un visiteur inattendu
Conclusion
Points forts
- Récit captivant en pleine Rome antique
- Bel équilibre entre surnaturel et Histoire
- Un casting varié, crédible et pertinent
- Réalisation perfectible mais à saluer
- Effort tout particulier sur le rythme
Points faibles
- Quelques petits défauts techniques
- Les phases d’action, assez molles
Note de la rédaction
Avec une écriture et un scénario de haute volée, The Forgotten City parvient avec une facilité déconcertante à embarquer le joueur au sein d’un récit passionnant, surnaturel et historique. Une réussite qui ne saute pas forcément aux yeux dès les premiers instants, moment où les lacunes techniques du titre (quelques problèmes d’affichage, animations pas toujours au top) et les très nombreux dialogues pourront rebuter. Mais cette première impression s'efface rapidement au moment d'entrer de plain-pied dans la cité maudite du studio Modern Storyteller, où la fameuse règle d’or est susceptible d’entraîner la mort de tous ses habitants si l’un d’entre eux commet le moindre péché. Cette idée initiale donne ainsi naissance à un tout un tas de réflexion, sur la condition humaine ainsi que sur la culture de chacun, et amènera le joueur à affronter de nombreux retournements de situation, tous bien amenés. Une très bonne surprise pour les fans de jeu d'enquête / aventure.