En dépit du scepticisme légitime éprouvé par les joueurs à l'annonce d'un épisode de Dragon Quest décliné selon le modèle "musô", c'est finalement une très bonne surprise qui se profile à l'horizon. Ayant eu la chance de pouvoir passer beaucoup de temps sur la version japonaise de Dragon Quest Heroes, nous voilà plus que rassurés quant au potentiel de ce titre pourtant si éloigné des origines de la franchise. A présent, l'imminence de la sortie européenne du jeu nous permet de faire le point avec vous une dernière fois avant le verdict final !
Quasiment trentenaire, la saga Dragon Quest ne s'était encore jamais réellement aventurée très loin des routines du RPG, et c'est avec méfiance et indignation que les fans ont réagi à l'annonce de Dragon Quest Heroes. Il faut dire que la seule idée de voir la série se jeter tête la première dans la ronde des beat'em all de masse signés Tecmo Koei avait de quoi faire frémir même les joueurs les plus optimistes, surtout quand on sait que la plupart des licences transposées à la sauce musô n'en sont pas sorties grandies. Croyez-le ou non, c'est avec beaucoup de génie que le développeur a relevé le défi, réussissant même à renouveler sa formule pour faire honneur à la réputation de l'une des sagas les plus incontournables du jeu vidéo.
L'introduction de Dragon Quest Heroes
Les joies du cross-over
Si c'est surtout le passage du RPG au beat'em all qui intrigue en premier lieu lorsqu'on s'intéresse au cas de Dragon Quest Heroes, n'oublions pas que son autre caractéristique essentielle est de rassembler les personnages les plus marquants des principaux épisodes de la série. Ne le nions pas, la simple idée de retrouver réunis dans un seul et même jeu les héros les plus emblématiques de la saga est un argument auquel on résiste difficilement lorsqu'on est fan de Dragon Quest et que l'on adhère au character design « toriyamaesque » des personnages. L'histoire prétextant une mystérieuse faille spatio-temporelle née des agissements sataniques d'un sorcier pour réunir tout ce beau monde dans un seul et même univers, on ne s'étonnera pas plus que ça de voir tous ces héros batailler côte à côte pour les besoins du jeu.
Seuls protagonistes originaires du monde de Dragon Quest Heroes, Act, Mea, Dirk et Julietta sont eux complètement inédits et font donc leurs premiers pas dans la série. A leurs côtés, on aura la joie de retrouver l'impétueuse princesse Alina et son inséparable garde du corps Kyril, ainsi que Psaro (à débloquer) et la danseuse Maya, tous issus de Dragon Quest IV. Du cinquième volet, ont été retenues les deux fiancées célestes Flora et Bianca, s'improvisant respectivement archère et magicienne pour se spécialiser dans le combat à distance. Un cran au-dessus de ses compatriotes de Dragon Quest VI en matière de charisme, le petit bretteur solitaire Terry est quant à lui le seul rescapé de cet épisode. On passe ensuite directement au huitième volet pour retenir le duo atypique formé par Yangus et Jessica, la dame au fouet étant également une soigneuse et une magicienne hors-pair tandis que son acolyte fait davantage office de tank.
Du RPG au beat'em all de masse
Ce qui sauve Dragon Quest Heroes des dérives du clonage de licences à la sauce musô, c'est que le gameplay a été ici entièrement repensé pour s'adapter aux particularités de l'univers Dragon Quest. Loin de s'apparenter à un simple Dynasty Warriors-like basé que la conquête de forts, le système de jeu n'en retient que les combats de masse pour expérimenter de nouveaux types de missions beaucoup plus originales. La plupart des objectifs impliquent par exemple la protection d'alliés ou d'éléments clefs qui empruntent beaucoup au genre du tower defense, leur élimination ou leur destruction conduisant irrémédiablement au game over. Autant dire que la téléportation se révèle souvent salvatrice, car si l'équipe a beau compter quatre membres jouables, nos alliés ne se déploient jamais en différents points du champ de bataille et l'absence de mode coopératif nous oblige à être partout à la fois. Cet aspect-là insuffle en tout cas énormément de tension aux parties et surtout une bonne dose de tactique, chose que l'on ne s'attendait pas forcément à trouver dans un beat'em all comme celui-là.
Qui plus est, d'autres éléments sympathiques entrent en compte, comme le fait de pouvoir switcher n'importe quand entre les différents héros déployés sur le terrain, ou de prendre le contrôle de canons et de balistes dans certaines missions bien précises. Le jeu emprunte également la notion de tension propre au huitième épisode en autorisant les personnages à devenir temporairement surpuissants lorsqu'ils déclenchent cet état de transe qui s'achève toujours par un finish move destructeur. Une sorte de joker ultime que l'on conserve pour les moments délicats en prenant soin de booster la tension de tous nos personnages le plus tôt possible durant la bataille.
Bestiaire et familiers, même combat
Le soft a également la bonne idée de mettre au tout premier plan le bestiaire de la série, sa réalisation impressionnante permettant de faire ressortir avec une efficacité impressionnante la force du monster design d'Akira Toriyama, le papa de Dragon Ball. Les animations de ces créatures aux faciès improbables dépassent tout ce qui avait été fait jusque-là dans la série et on a même la possibilité de les enrôler en récupérant des jetons monstres à invoquer ensuite directement sur le terrain.
Notez que cette idée ne sort pas de nulle part mais renvoie directement aux épisodes dans lesquels on pouvait apprivoiser certains monstres pour les inclure dans notre équipe. Dans Dragon Quest Heroes, c'est l'ensemble du bestiaire qui est susceptible de rejoindre notre groupe sous la forme de jetons monstres constituant autant de gardiens potentiels pour assurer la survie des éléments clefs que l'on doit protéger. Des alliés de poids tant le jeu grouille de passages délicats où il faut endiguer de véritables vagues d'ennemis qui déferlent sur nous depuis les quatre coins de la map, bien souvent au même moment.
Un contenu "gar-gluant-tuesque" !
Nos héros n'en sont pas pour autant complètement démunis et bénéficient chacun d'un large choix de combos et de magies qui font de véritables ravages à l'écran. Tous les personnages peuvent déclencher leurs sorts à volonté ou les placer en fin de combo, avec possibilité d'en charger certains pour décupler leurs effets. Mais avant de pouvoir accéder aux sortilèges les plus puissants, il faut déjà les avoir déverrouillés dans le menu des capacités des personnages, moyennant un quota de points de skills bien défini. C'est là qu'intervient un petit peu l'aspect RPG via les techniques à débloquer en montant de niveau à chaque retour au QG. Un endroit où l'on pourra également s'adonner à de l'alchimie culinaire et accepter une multitude de quêtes optionnelles qui viennent enrichir considérablement le déroulement de la partie.
Et c'est sans compter sur les suppléments intégrés dans les différents DLC qui, bonne nouvelle, seront tous inclus d'office dans la version occidentale du jeu. L'occasion de rallier à nous le fameux Psaro, d'explorer des endroits extrêmement dangereux et de défier des boss redoutables capables de nous exterminer en moins de trois secondes si notre équipe n'est pas réellement bien préparée. Finalement le seul gros point noir de Dragon Quest Heroes réside dans son absence de mode coopératif, une lacune qui devrait justement être corrigée dans le deuxième épisode qui est d'ores et déjà annoncé au Japon !
Extrait de Dragon Quest Heroes sur la version japonaise
La sortie prochaine de Dragon Quest Heroes en Europe pourrait bien changer la vision négative que la plupart des joueurs ont à l'égard des musô qui ne font souvent pas honneur aux licences sur lesquelles ils s'appuient. Car dans le cas présent, c'est un titre à la fois nerveux, inventif, superbement réalisé et respectueux de l'héritage de la série qui s'annonce. Si le coop avait été de la partie, nous aurions été complètement conquis !