Le joueur de jeu vidéo est par nature nostalgique et les acteurs du marché l’ont bien compris. Après avoir laissé durant des années les fans chiner la perle rare dans les brocantes, les greniers, les magasins spécialisés et sur Internet, les constructeurs exploitent cette mode du retrogaming en dépoussiérant leurs gloires d’antan. Les consoles Mini étaient nées. Le pouvoir de la nostalgie a-t-il des limites ? Le fan peut-il tout accepter au nom de l’amour ?
Le fan est un collectionneur pointilleux. Je suis un collectionneur pointilleux. Le design et les finitions d’une console Mini ou Classic sont primordiaux pour séduire. La majorité des constructeurs misent sur une fidélité version réduite pour ne pas bousculer les habitudes des joueurs. La gamme Nintendo Classic Mini en est le parfait exemple et la PlayStation Classic annoncée par Sony leur emboîte le pas en attendant de découvrir la MegaDrive Mini officielle. Pourtant, la NEO GEO Mini surprend sur un marché extrêmement codifié en s’inspirant de la borne d’arcade et non de la version console de salon. Il en résulte une machine atypique, mais surtout nomade. Prendre le risque de froisser une partie de sa communauté n’est pas donné à tout le monde.
Et si les intentions des fabricants sont claires, à savoir convaincre les aficionados, nul doute que les moyens mis en oeuvre ne sont pas toujours les mêmes. La MegaDrive (officieuse) Flashback souffre de finitions aux rabais et de matériaux bon marché. Ce manque de considération gâche tout simplement les retrouvailles avec notre passé. Le bât blesse d'autant plus lorsque les constructeurs compartimentent l’offre pour accroître les revenus via des consoles proposées en kit. Nintendo joue les bons élèves sur ce point alors que SNK Corp. n’hésite pas à vendre le câble HDMI, composant essentiel pour jouer sur téléviseur, séparément. Et les prix peuvent vite atteindre des sommets en achetant des manettes obligatoires pour profiter des jeux à deux. Tout cela répond à un modèle économique exploitant l’amour des fans pour une marque et une logique de rentabilité. Le succès de ces machines est souvent garanti, mais les retombées financières dépendent du coût de production. Le joueur peut alors décemment se sentir lésé. Ces consoles Mini et Classic se doivent d’offrir une solution optimale et surtout clé en main.
La vague récente rétro touche le joueur en plein coeur. L’acte d’achat n’est donc pas réfléchi, mais compulsif. J’en veux pour preuve le million de Nintendo Classic Mini : Super Nintendo Entertainment System écoulé un mois après sa sortie. Le fan en veut pour son argent et souhaite déterrer ses souvenirs (souvent d’enfance) sans les altérer avec des sensations de jeu aussi proches que possible de celles d’origine. Cela passe bien évidemment par le contrôleur. Les pads de la MegaDrive Flashback ne remplissent aucun prérequis à commencer par le poids et la forme. Ceux de la NEO GEO mini perdent en chemin leur clic de joystick reconnaissable entre tous, tout en conservant la prise en main. Le maître en la matière demeure à l’heure actuelle Nintendo qui parvient à reproduire à l’identique les manettes d’époque. De plus, la qualité de l’émulation joue pour beaucoup. La majorité des joueurs espèrent retrouver le jeu d’origine affublé de ces défauts et c’est aussi mon cas. Jouer à Metal Slug sans chute de framerate n’a aucun sens pour le fan que je suis. La NEO GEO Mini l’a bien compris. Au contraire, certaines machines se payent encore le luxe de ruiner l’expérience de jeu par leur incapacité à faire tourner correctement les titres qu’elles renferment.
Le catalogue de jeux définit le succès ou non d’une console. Chaque joueur possède un Top 10 qui lui est propre. Toute la difficulté pour les constructeurs réside dans la conception d’un line-up exhaustif à même de plaire à tout le monde. Certaines “Mini” affichent un nombre ahurissant de titres quand d’autres se contentent de la crème de la crème. Faire de l’économie de place à l’heure des téraoctets me laisse pantois, mais à quoi bon entasser les jeux si l’essentiel ne fait pas acte de présence. L’ensemble des consoles citées souffrent d’un mal commun, l’absence. Un être vous manque et tout est dépeuplé. Voici une citation qui résume la situation. La MegaDrive Flashback, les NES et SNES Classic Mini, la NEO GEO Mini (et sûrement la MegaDrive Mini et la PlayStation Classic) ne rassemblent pas l’intégralité de leurs Hits pour des raisons de droits, d’envie ou de logique mercantile. Les absences se font remarquer et déçoivent LE fan qui souhaitait ardemment rejouer à ces jeux spécifiquement.
Tous les acteurs passés, présents, futurs surfent sur la vague rétrogaming qui déferle sur le jeu vidéo. Si les intentions sont bonnes, la réalisation et la logique économique qui se cachent en filigrane atténuent l’ivresse de ces retrouvailles avec notre passé. J’espère simplement que les prochaines générations de consoles “Mini - Classic” répondent aux exigences des principaux intéressés, les joueurs.