Il y a un an, nous faisions le bilan d’un E3 aussi solide que sans coup d’éclat pour PlayStation. Fait étonnant, le constat peut de nouveau s’appliquer à cette année, Sony ayant de nouveau axé une grande partie de sa communication sur ses exclusivités majeures à venir. Quelques changements subtils se sont toutefois invités dans la stratégie du constructeur au cours de cette édition 2018 du salon californien, à commencer par le modèle de sa conférence.
12 mois plus tôt, nous appelions de nos propres voeux PlayStation à “surprendre sur son modèle de conférence”. Difficile de reprocher grand-chose à la marque nippone sur ce point, tant elle a su étonner sur l’introduction de sa présentation cette année. Après avoir réuni une assemblée dans un décor repris dans le trailer de The Last of Us Part II, c’est dans une seconde salle que s’est en effet poursuivie la conférence. Si le résultat était particulièrement étonnant et plutôt bien pensé pour les personnes présentes sur place, cette transition entre deux salles a toutefois entraîné une attente moins appréciable pour les joueurs et joueuses en train de regarder l’ensemble à distance.
Plus que la forme, c’est ici le fond qui nous intéresse davantage. Plutôt courte, la conférence s’est axée sur de longues séquences de gameplay centrées autour d’exclusivités attendues sur la dernière-née de Sony. The Last of Us : Part II, Ghost of Tsushima, Spider-Man et Death Stranding se sont succédé sur scène, occupant une large partie du temps de présentation. Sur ce point, la PS4 continue clairement dans la même direction après une édition précédente déjà remplie aux ⅔ de jeux exclusifs. Seul regret, les deux premiers titres cités n’avaient rien de plus à dévoiler sur le salon en dehors de la même démo qui tournait du côté de l’espace presse. Spider-Man était ici le seul à bénéficier d’une démo sur place, y compris pour l’espace public.
Sony continue d’ailleurs à accorder une place très sélective aux productions tierces présentes durant son media briefing : le remake de Resident Evil 2 prolonge les bonnes relations entretenues avec Capcom depuis la divulgation de Resident Evil VII il y a deux ans au cours de la même conférence. Les amateurs d’expériences exigeantes ont eu droit à un bref trailer de Nioh 2, dont le premier épisode était sorti en premier sur PlayStation 4. Kingdom Hearts III et plus généralement Square Enix ont également sorti nombre de productions dédiées aux machines de Sony, et font figure d’habitués des annonces sur la scène de l’E3 du côté du constructeur nippon. Enfin, l’annonce de Control, le nouveau titre de Remedy, peut quant à elle être vue comme un moyen d’illustrer la nouvelle politique du studio finlandais, passé au développement multiplateforme après avoir fait les beaux jours de Microsoft.
La tendance est également la même que l’an dernier en ce qui concerne la place accordée aux jeux indépendants et en réalité virtuelle, que ce soit durant sa conférence ou sur le salon. Très présents il y a quelques années, les premiers sont désormais limités à une poignée de titres “arty”, confirmant la tendance évoquée juste après la conférence de l’an dernier par Jim Ryan (devenu depuis vice président de Sony Interactive Entertainment Europe) :
L'une des choses que l'on a réalisées, c'est que les montages vidéo de dix jeux indépendants montrés en une minute ne servent pratiquement à rien. Personne ne peut apprendre quoi que ce soit de ces jeux en si peu de temps. C'est presque vu comme une perte de temps. Il y a eu un endroit et un moment, lors des débuts de la PS4, pour faire des déclarations. Montrer que nous sommes sérieux à propos des jeux indés, que nous faisons ceci et cela avec les jeux indés. No Man's Sky par exemple, qui s'est ensuite fait sa propre niche. Vous savez, actuellement nous avons des tonnes de contenus indés sur notre plateforme. Et le fait que nous ayons décidé de ne pas leur donner leur propre place sur scène cette semaine, entre autres choses comme Gran Turismo ou PlayLink, cela ne veut pas dire que ce n'est pas important, que ce n'est pas là ou que nous ne nous y intéressons pas. C'était simplement bon d'en parler en 2013/2014. Cela a moins de sens maintenant.
Les quelques chanceux qui ont pu accéder à la zone dédiée aux médias sur le salon ont toutefois pu poser leurs mains sur Concrete Genie, une expérience reposante et colorée, ainsi que Dreams. La dernière production de Media Molecule s’est d’ailleurs particulièrement fait attendre et nous a enfin proposé une session de jeu complète, signe que même les productions aux dates de sortie les plus incertaines se raréfient dans le catalogue des jeux first-party de Sony. Et pour rester dans les productions plus discrètes au potentiel artistique particulièrement important, Déraciné - production en réalité virtuelle signée par l’équipe de From Software - faisait également figure de titre important du catalogue.
Comme sur la plupart des grands salons où Sony fait le déplacement, la réalité virtuelle était bien présente, encore une fois grâce à un ensemble de box permettant d’essayer toutes les productions du catalogue. En parallèle des jeux dévoilés tels que Trover Saves the Universe, aucune nouveauté majeure n’était à attendre concernant le casque de Sony. Ce dernier dévoile tranquillement son catalogue à chaque salon sans bouleverser ses habitudes.
En dehors de Spider-Man que nous évoquions un peu plus haut, la liste des softs jouables pour le grand public était d’ailleurs sensiblement identique à celle de tous les derniers salons de la firme. FIFA, Call of Duty et Destiny attendaient donc les joueurs sur place, les deux premiers dévoilant le nouvel opus des célèbres séries annualisées, tandis que le dernier présentait ici sa prochaine extension. En revanche, les médias ont pu poser leurs mains sur Days Gone, ici dévoilés dans deux courtes démos alors qu’il était étonnement absent de la conférence.
Vous l’aurez compris, Sony a su se montrer convaincant en terme de contenu, s’appuyant sur de longues séquences de gameplay afin de montrer ce que les joueurs attendent le plus : du jeu. En revanche, la stratégie globale du groupe sur ce salon était sans surprise, car extrêmement proche de celle de l’an dernier, exception faite d’un modèle de conférence un poil plus interactif pour les chanceux présents sur place. Avec un bon nombre d’exclusivités déjà annoncées voire sur le point de sortir, la PlayStation 4 semble tranquillement s’avancer sur les dernières années de sa vie, tandis que le nombre limité d’annonces cette année augure d’un E3 2019 potentiellement plus riche en la matière. Nous avions fait le même voeu l’an dernier, reste à voir si les annonces de l’an prochain porteront sur le futur de la marque en terme de hardware.