Lors du salon Computex qui a fermé ses portes il y a à peine quelques jours, NVIDIA s’était montré très présent, autant pour présenter l’avancée de ses développements dans le domaine des applications deep learning, que pour rappeler son engagement vis-à-vis de son public historique de joueurs PC, en leur proposant de nouvelles gammes de PC portables Max-Q conçus pour marier (enfin) efficacement finesse et puissance. Avec seulement 10 jours d’intervalle, on pouvait donc raisonnablement penser que l’E3 serait moins un événement d’annonces pour le constructeur qu’une occasion de démontrer ses technologies. Et ce fut effectivement le cas.

Des jeux, des jeux et encore des jeux. À l’évidence, NVIDIA n’était pas à l’E3 pour annoncer l’arrivée prochaine de nouvelles technologies, mais bien pour faire la démonstration de l’efficacité de son arsenal déjà en place, au travers de titres aussi nombreux que variés : sur le stand du fabricant, on pouvait ainsi s’adonner sur des machines lourdement équipées à des titres comme For Honor, Mass Effect Andromeda, Raiders of the Broken Planet, Agents of Mayhem, Titanfall 2, Strange Brigade ou Playerunknown's Battlegrounds…

Il y avait même la possibilité d’expérimenter le futur FPS VR des studios 4A Games, Arktika.1. Ce titre, annoncé en octobre dernier, et montré sur un casque Oculus Rift, nous a permis d’entrer l’espace d’une dizaine de minutes dans la peau d’un soldat perdu au milieu d’un complexe futuriste, le jeu jouant alors sur trois mécaniques de gameplay distinctes pour convaincre : des environnements sombres et flippants à souhait, une alternance des phases de réflexion (pour assembler des objets, ouvrir des portes, ou récupérer des informations) et de shoot, et une gestion des couvertures reposant sur notre positionnement dans l’espace, par rapport aux éléments de décor. Un cocktail efficace et distrayant, mais pour autant, le jeu le plus emblématique présenté par la marque au caméléon restait bien Destiny 2, également jouable sur PC, et dans une configuration d’affichage 4K à même de mettre en avant les qualités graphiques du jeu.

Nous n’aurons pas la prétention de nous prononcer sur la pertinence des nouvelles mécaniques introduites par Bungies sur la base de notre petite session de jeu, notre camarade Epyon sera bien meilleur dans cet exercice. Par contre, sur l’aspect visuel, force est de reconnaitre que cette démonstration PC de Destiny 2 en jetait, autant par la fluidité qu’elle a su maintenir durant nos essais, que par la richesse des environnements proposés, et ce, malgré un niveau de paramétrages graphiques « moyen ». NVIDIA n’a pas souhaité commenter la chose, mais derrière la gestion des particules, et les grands renforts d’effets météorologiques, il nous a bien semblé reconnaitre la « patte » GameWorks. Et l’élément est d’autant plus crédible, que la marque a déjà annoncé l’association de Destiny 2 avec certaines de ses cartes graphiques (GTX 1080 et 1080 Ti), au sein d’une prochaine offre commerciale. Un traitement qui va en général de pair avec une intégration GameWorks. Cela veut-il dire que la version PC du jeu s’annonce sous les meilleurs auspices ? Elle sera belle, sans aucun doute, mais irréprochable ? Cela reste difficile à dire, puisque nos conditions de tests étaient pour le moins contrôlées : impossible d’accéder au menu des options du jeu, ou d’afficher le framerate, qui recevait de toute façon l’appui d’un écran compatible G-Sync, à même de fluidifier l’affichage au maximum.

Au-delà du produit d’appel « Destiny 2 », cette visite aura également été l’occasion de refaire un point sur les technologies gaming déjà annoncées, et qui vont trouver une concrétisation durant les prochains mois. Nous avons ainsi pu de nouveau poser notre regard sur un exemplaire de moniteur gérant à la fois G-Sync et le rendu HDR, et clairement, le bond visuel que représente cette seconde fonctionnalité devrait rapidement l’imposer comme un incontournable des produits haut de gamme. Il n'y avait qu'à observer les impressionnants dégradés de couleur qui apparaissaient sur Mass Effect Andromeda avec ce mode de rendu pour s'en convaincre.

Et dans un autre registre, nous avons enfin pu approcher quelques modèles de portables Max-Q, annoncés au Computex. Pour rappel, l’idée derrière Max-Q, qui est présenté comme une sorte de label qualité, est double : dans un premier temps, il s’agissait de standardiser le système de refroidissement des ordinateurs portables intégrant des GPU de série 10. En effet, la fusion des gammes de GPU desktop et mobile chez le constructeur devait en théorie permettre aux joueurs des deux univers de bénéficier des mêmes niveaux de performances. Pour autant, en pratique, la qualité de l’expérience obtenue sur PC portable restait très dépendante du système de refroidissement associé, et si ce dernier s’avérait sous-dimensionné, il était tout à fait possible de voir ses performances minorées, ou son expérience polluée par une explosion des nuisances sonores. Max-Q, c’est donc une manière pour NVIDIA de recadrer les choses, d’éviter de dégrader l’image de ses GPU auprès de ses utilisateurs.

L’autre aspect de Max-Q est plus subtil : si l’intégration directe de GPU desktop au sein de machines portables représentaient une avancée technologique évidente, elle n’était pas systématiquement pertinente. En matière de PC portables, et notamment, de PC portables fins, il est surtout question de trouver un bon compromis entre performances, nuisances sonores, autonomie et capacité à rester dans le cadre d’une machine transportable. Tandis qu’un GPU desktop reste tout entier tourné vers la performance. L’approche Max-Q a donc aussi consisté à utiliser certains leviers afin de rendre les puces intégrés dans des PC portables plus efficace, plus adaptée à un usage mobile. Cela passe par une refonte du circuit d’alimentation afin que ce dernier améliore son rendement, par une modification des fréquences de fonctionnement afin de trouver le meilleur compromis en termes d’efficacité énergétique, et parfois même, par un réglage spécifique de certains jeux, ce dernier se faisant alors par l’intermédiaire de GeForce Experience.

Évidemment, on pourrait voir ce mouvement comme une sorte de retour à des gammes spécifiques de GPU mobiles. Toutefois, il convient de préciser que les puces restent les mêmes : entre une GTX 1070 et une GTX 1070 Max-Q, seules les configurations de fonctionnement (fréquences) varient. Par ailleurs, le logo Max-Q devrait logiquement rester l’apanage des PC portables fins. Les machines de type MSI GT73 ou Asus ROG G753 sont moins contraintes par leur design, et devraient donc pouvoir continuer de profiter de la pleine puissance des puces GTX 1060, 1070 ou 1080, telle qu’elles ont été pensées à l’origine.

Quant à savoir si l'apport Max-Q est réel, il faudra attendre de pouvoir en faire l'expérience pour le dire. Toutefois, la marque nous a affirmé qu’elle était globalement satisfaite des premiers retours qui lui ont été faits, et qui indiquaient un resserrement des performances d’un modèle de PC portable à un autre et des nuisances sonores globalement en net repli. Par ailleurs, nous avons pu observer de près le modèle Asus Zephyrus, estampillé Max-Q donc, et sur le papier, ce dernier démontrait des idées intéressantes en termes de refroidissement : par exemple, la plaque inférieure du châssis est en partie mobile, et s'ouvre légèrement par l'arrière lorsque l'écran est déployé. Cela créé une zone supplémentaire d'extraction de l'air chaud, dont le système de refroidissement peut pleinement profiter.

Au final, et comme nous l’évoquions en début d’article, la présence de NVIDIA sur cet E3 était bien plus une affaire d’image que de nouveaux lancements technologiques. La pause du fabricant ne durera cependant qu’un temps, puisqu’en juillet, AMD devrait enfin dévoiler ses nouveaux processeurs graphiques haut de gamme Vega, et peut-être, obliger NVIDIA à dégainer quelques nouveautés en réponse. C’est évidemment ce que l’on espère, lorsque l’on voit le vent de fraîcheur que les produits Ryzen ont fait souffler sur le marché des CPU.