Vaste entreprise que celle de Captain America : Civil War consistant à faire suite à un excellent épisode en adaptant un arc culte des comics tout en réintégrant Spider-Man dans le giron de Marvel. Une fois encore confié aux bons soins des Frères Russo, le troisième opus des aventures de Cap fait honneur à la franchise en mettant en avant plusieurs super-héros qui auront fort à faire dans des films, déjà annoncés, leur étant consacrés.
Si l'arc Civil War a une telle renommée dans le monde du comics, ce n'est pas innocent. En effet, plutôt que de faire affronter une clique de super-héros contre leurs homologues super-vilains (le point de départ des Guerres Secrètes), Civil War confronte des alliés, amis de longue date pour certains, tous héros mais unis autour d'un leader ayant décidé de se ranger ou non autour d'un projet de loi visant à intégrer chaque super-héros dans un fichier (et donc à rendre publique son identité) afin de mieux encadrer son action. Plus mature, et renvoyant bien entendu aux questions quotidiennes sur l'immigration, le scénario s'attarde à travers plusieurs tomes sur un affrontement dantesque mais aussi de graves questions d’éthique qui avaient été peu abordées jusque là dans le Marvel CineVerse. Mais que reste-il de tout ça dans le film ?
Eh bien, dans le fond, on retrouve ces questionnements intéressants entre le groupe mené par Iron Man et celui par Captain America qui, contre toute attente, s'oppose au gouvernement en affichant sa désaffection pour ce programme qu'il juge dangereux. Dans les faits, cela nous donne un film d'action spectaculaire, parfaitement réalisé mais quelque peu décevant pour celles et ceux ayant connu les affrontements entre plusieurs centaines de héros dans le comics. En effet, dans Captain America : Civil War, seuls deux groupes de six héros s'affrontent, ce qui réduit de facto les batailles homériques. Pour autant, si on évite de faire le comparo avec la bande-dessinée, le film des frères Russo s'avère jouissif à bien des égards.
Quand la parole ne suffit plus, les poings prennent le relais
Tout d'abord, au delà du scénario qui aurait peut-être mérité d'être davantage approfondi (il faut dire que le comic traitait du sujet à travers six énormes tomes), l'amoureux de La Maison des idées a de quoi se frotter les mains puisqu'il y retrouvera Bucky, Le Faucon, La Sorcière Rouge, Hawkeye et Ant-Man dans le camp du Captain qui auront fort à faire contre le camp d'Iron Man intégrant dans ses rangs War Machine, Vision, La Veuve Noire mais aussi et surtout Spider-Man et La Panthère Noire, ces deux derniers faisant partie des valeurs sûres du film. En effet, autant l'un que l'autre se montrent à la hauteur de leurs homologues de papier, ce qui ne manquera pas d'exciter et de rassurer le fan, chacun des deux héros ayant bientôt droit à un spin-off.
De fait, en intégrant chaque groupe au sein de plusieurs séquences (la course-poursuite entre Bucky et La Panthère Noire, l'incroyable scène d'action finale dans l'aéroport), le film minimise ce sentiment de déséquilibre propre aux longs-métrages comprenant trop de personnages. Si Civil War n'évite pas totalement cet écueil (Ant-Man faisant un peu de la figuration malgré un passage culte dans la scène d'action finale, Spidey étant principalement là pour amener son futur film tout en réussissant cependant son examen de passage en l'espace d'une poignée de minutes), il n'en reste pas moins parfaitement orchestré et ce jusqu'au dénouement marquant une vraie scission iconique entre les héros.
Ainsi, Captain America : Civil War, tout en ne dérogeant pas à la sacro-sainte recette de l'entertainment made in Marvel , arrive à insuffler un souffle épique et dramatique tout en questionnant le spectateur si tant est que celui-ci veuille bien aller au delà de l'aspect «actioner» de l'oeuvre. Plutôt une bonne nouvelle d'autant que quel que soit le niveau de lecture du film, celui-ci aura tôt fait de rallier à sa cause le public. Ne restera alors qu'à choisir son camp : l'Amérique de la transparence ou celle de la confidentialité.