Ce n'est pas vraiment un secret, Ubisoft et plus particulièrement sa série Assassin's Creed n'ont plus vraiment votre clémence. L'éditeur français est victime depuis quelques années d'un bashing assez violent d'une partie des joueurs, et si le grand public continue de remplir les poches d'Ubi, les joueurs les plus investis, et qui s'expriment souvent sur internet (et donc sur Jeuxvideo.com) sont sans pitié. Sur les quelques 200 commentaires qui ont été postés, on retiendra donc que, dans l'ensemble, la nouvelle a été plutôt bien acceptée. Et fêtée, même !

On recense ainsi 51 personnes ouvertement heureuses d'apprendre qu'Ubisoft préfère mettre la série en pause, pour revenir en 2017. En face, ils ne sont que 6 à trouver ce report dommageable, parfois pour des raisons tout à fait pertinentes.

Voyons cela plus en détails, si vous le voulez bien.

Les haters

Comme nous le disons en introduction, la côte d'Ubisoft est assez basse ces derniers temps, auprès des joueurs que l'on qualifiera, une fois encore d'investis, donc à mettre en opposition avec les joueurs plus occasionnels. Vous avez été nombreux à accueillir la nouvelle avec des commentaires sarcastiques, ironiques, et parfois... assez peu élogieux, voire insultants. Si nous passerons ces derniers sous silence, certains y sont allés de leur petit boutade, comme jojokut26 : « Ça arrive souvent que l'annonce de la NON-sortie d'un jeu soit perçue comme une bonne nouvelle ? ». La palme revenant sans doute à FR-Capa :

Les gens crient de joie dans la rue, une manif' de contentement est prévue ce week-end, une ola est partie de Paris à 15h elle devrait arriver en Chine demain matin.

D'autres, comme ltrico, estiment que cela ne changera pas grand-chose, d'autant que la série continuera d'exister cette année, notamment via le cinéma : « Pas forcément un gage de qualité. Ils se reposent simplement sur le film, cette année. Plus d'Assassin's Creed du tout ça serait mieux en fait. »

Les fans plein d'espoir

Et si la nouvelle a été plutôt bien accueillie par nos amis les petits trolls du web, les fans de la série sont eux aussi assez contents d'apprendre qu'Ubisoft passera plus de temps à travailler sur le prochain Assassin's Creed, avec manifestement la volonté de revoir un peu la formule. Le prochain jeu pourait se dérouler en Egypte, une destination attendue par les fans depuis bien longtemps, et à laquelle Ubisoft a souvent dit non. Cela n'a pas échappé à linken6eco, dans un message plutôt sévère : « mais lol, Ubisoft il y a quelques années : la période égyptienne serait la pire pour adapter un AC ... et là maintenant on commence seulement à écouter la communauté ». De son côté, FF_XIII_2009 estime que les grands éditeurs écoutent de plus en plus fréquemment les joueurs, et ça, il apprécie : « Je trouve que les entreprises du milieu font de plus en plus d'effort pour respecter les joueurs ces temps-ci (ou pour donner l'illusion, l'un ou l'autre ça marche en tout cas). EA avec Need for Speed qui n'a AUCUN DLC (sauf le petit bonus de préco mais bon...) que des MAJ faites en écoutant les envies des joueurs ! Ubi qui essaie de renouer avec sa gloire d'antan en arrêtant de traire la licence AC pour commencer. »

Pour en revenir à l'Egypte, ce commentaire de Slimshady59 laisse penser que de nombreux fans ne sont pas prêts de se lasser de la série, et que la perspective de visiter de nouveaux pays, et de nouvelles époques, les fait toujours rêver.

L'Égypte serait un excellent choix. Avec des couchée de soleil sur le Nil... Je m'y vois déjà....

Notez néanmoins qu'aucune source officielle n'a confirmé que l'Assassin's Creed de 2017 se déroulerait en Egypte. C'est début janvier qu'est née cette rumeur. Un développeur travaillant chez Ubisoft aurait contacté de manière anonyme nos confrères de Kotaku et leur aurait donné plusieurs informations, à commencer par la mise en jachère de la série en 2016. Une information qu'Ubisoft a officialisée hier... La seconde information, elle, concernait la destination et évoquait donc l'Egypte. Le jeu aurait d'ailleurs déjà un nom : Assassin's Creed Empire. On attendra donc de voir, mais s'il a eu raison sur la première info, pourquoi pas sur la seconde ? C'est en tout cas ce que beaucoup d'entre vous semblent penser.

Les fins analystes

Certains d'entre vous se sont également lancés dans quelques analyses, certaines étant plutôt intéressantes, et pertinentes. Une partie d'entre vous semble notamment penser que le report en lui-même n'est pas une solution, et que la licence doit être repensée de manière plus globale. Il ne s'agit pas simplement de prendre plus de temps pour peaufiner le jeu et le sortir sans bug, mais carrément de revoir les bases de la copie, qui demeurent inchangées depuis le premier épisode.

D'autant qu'avec le temps, et peut-être par facilité, Ubisoft s'est écarté de ce qui faisait le succès des premiers épisodes. À savoir l'alternance entre le passé et le présent, ou la possibilité de voyager. C'est ce que dit pap386 dans un commentaire :

À trop enfermer un "monde ouvert" dans des rues "étroite" ça tue facilement une série. Les premiers Assassin's Creed c'était le voyage, et même si le 2 aussi était en plein ville, il y avait quand même des zones de campagne, mais depuis Unity c'est des rues toute semblables avec une histoire semble tout "simplifiée" ! Il manque la dualité entre le passé et le présent, le "vrai" combat contre les templiers ici rabaissés à de "simples" créateurs de jeux...

Comme le dit justement papy386, la série Assassin's Creed a bien évolué depuis le premier jeu, et pas forcément toujours en bien. Le premier titre, sorti en 2008, permettait à Altaïr de se déplacer librement de Jérusalem à Damas, en passant par Saint d'Acre à Masyaf, la place forte des Assassins. Si une fois sorti des villes, le joueur avait bien peu de choses à faire, le jeu offrait de manière assez artificielle il est vrai, l'impression que l'on pouvait aller ici et là, et découvrir la géographie du Proche Orient. Avec ses ruines romaines et toute la symbolique du lieu, que l'on ressentait d'autant plus en se baladant librement. Cela participait à cette sensation de dépaysement assez plaisante, que l'on retrouvait dans Assassin's Creed II, Assassin's Creed Revelations, ou encore Assassin's Creed III, ou même Assassin's Creed IV Black Flag. Manifestement depuis Unity, les équipes d'Ubi ont préféré reproduire le schéma d'Assassin's Creed Brotherhood, et cantonner l'aventure à une seule et même ville.

anti_pigeonnage complète le propos de papy386 :

Avant de faire un pas en arrière et réexaminer la franchise, Ubisoft devrait d'abord finir cette histoire avec un présent et un passé qu'on ne prend plus rien (sic). Après ça, ils pourront repartir sur de bonnes bases.

En effet, la série, qui reposait à l'origine sur le combat de Desmond Miles contre les Templiers et Abstergo, s'est perdu, une fois passé Assassin's Creed III. La fin du jeu se terminait sur un cliffhanger plutôt désagréable, pour qui avait passé des dizaines d'heures sur les quatre premiers jeux. Depuis, ce pan de l'histoire semble avoir été mis de côté par Ubisoft, et l'on ne connait toujours pas le fin mot de l'histoire, même si Junon s'est permis une petite apparition à la fin de Black Flag.

Et si de nombreux joueurs estiment que les Assassin's Creed ne sont intéressants que pour leurs phases dans le passé, de nombreux joueurs (et notamment les fans) estiment à juste titre qu'Ubisoft n'a pas terminé de raconter cette histoire, une chose qu'ils feraient bien de corriger au plus vite. C'est ce que l'on perçoit dans le message de rostyle4, qui dit : « Ubi a pas l'air d'avoir tout compris : c'est pas le gameplay qu'on demande d'améliorer mais le niveau du scénario ». Et effectivement, en réutilisant cette alternance entre phases dans le présent, et phases dans le passé, il y aurait peut-être un coup à jouer...

Aura-t-on le fin mot de l'histoire de Desmond Miles ?

Parmi nos amis analystes, on trouve également quelques sceptiques, comme Brucounet, qui établit une comparaison avec la série NBA Live d'Electronic Arts :

Il me semble que "EA Sport" a fait pareil pour les NBA Live le résultat plusieurs années de perdues et une license tres moyenne.

Et s'il précise qu'il espère que « Ubisoft nous fasse un très bon Assassin's Creed », on sent l'inquiétude chez Brucounet, que nous tenons à rassurer : le cas de la série NBA Live est bien différent. Celle-ci était en concurrence avec les NBA 2K de 2K Games, une opposition qui ne jouait pas du tout en la faveur d'Electronic Arts. Et les derniers NBA Live (NBA Live 15 et 16) sont, somme toute, des jeux de basket corrects. Ils visent simplement un autre public que les NBA 2K, autrement plus exigeants. De son côté, Ubisoft ne souffre finalement d'aucune vraie concurrence, en tout cas pas aussi direct. Car s'il existe d'autres jeux en monde ouvert, les Assassin's Creed sont les seuls à jouer la carte du voyage dans le temps. Et même si Rockstar sortait prochainement un nouveau Red Dead, Ubisoft aurait toujours en sa faveur sa capacité à sortir des jeux à un rythme très soutenu, là où Rockstar préfère prendre son temps. C'est justement à cause de son positionnement à part, et son rythme de parution élevé, qu'Assassin's Creed ne souffre d'aucune vraie concurrence. Son pire ennemi, finalement, c'est lui-même : en voulant profiter de sa poule aux oeufs d'or, Ubisoft a trop tiré sur la corde. Avec le résultat que l'on sait.

Les déçus

Néanmoins, certains joueurs ont plutôt mal pris la nouvelle : leur Assassin's Creed annuel, ils y tiennent ! Et si l'on ne sait pas si KHEPRA est sérieux lorsqu'il dit « je commençais à apprécier les automnes grâce à AC, pas question que je joue à Call of », crripto est lui beaucoup plus posé.

Moi perso j'aime bien Syndicate et Unity et je comprends pas pourquoi les gens sont contre l'annualisation de la série. Y en a pour tous les goûts, si vous aimez pas, achetez d'autres jeux. C'est pas parce qu'un jeu sort tous les 5 ans qu'il sera bon pour autant. Hitman en est l'exemple parfait.

Si l'on a du mal à comprendre le taquet qu'a pris le titre de IO Interactive dans la bagarre, le point de vue de crripto se comprend. En lisant les commentaires, quel ne fut pas notre étonnement lorsque nous avons remarqué que certains se plaignaient de l'annualisation de la licence... parce qu'elles ne les laissaient pas respirer ! Comme si ces joueurs étaient menacés, et qu'on les obligeait à jouer jusqu'à l'épuisement. Car comme l'a si bien dit crripto, le joueur est le véritable maître du marché : ce sont ses actions, et notamment la façon qu'il a d'investir son argent et son temps, qui font et défont l'industrie et ce que les éditeurs nous proposent.