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News débat et opinion Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony
Profil de [Stargazer],  Jeuxvideo.com
[Stargazer] - Journaliste jeuxvideo.com

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Il est un des CEO les plus en vue dans le monde du gaming, surtout après le succès fulgurant d'une Playstation 4 qui caracole en tête des charts de la planète. Kazuo Hirai mène la barque d'un Empire du Soleil Levant, une institution qui a fait la fierté d'un peuple depuis 1946. Les yeux fixés sur 2016, le quinquagénaire au teint halé et à l'allure de jeune premier n'aura pas été épargné par les batailles menées sur un marché où tout semblait promis à Sony. Homme providence de la firme, pompier pyromane, leader à la vision transversale et à la formation non-orthodoxe pour le poste qu'il occupe, le patron de Sony aura traversé trois générations de consoles. Et sa place de Capitaine de l'industrie, il la doit aussi à ce parcours et à ce média qui n'a jamais cessé de revaloriser sa portée. Cette année il troquera sa casquette contre un casque dit de réalité virtuelle. Une nouvelle vague à la conquête des plages de jeu sur lesquelles s'aiment à s'adonner les joueurs. Retour sur le parcours du « surfeur d'argent », transformé en chercheur d'or, de Sony.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Dans le métier on l'appelle Kaz. Personnage éminent de Sony, passé par une formation en Arts Libéraux, il est aussi ce représentant de la nouvelle génération des exécutifs japonais modernes. Un cas à part, sorte de version 2.0 de l'industriel nippon, parlant l'anglais couramment, curieux de tout, rarement sédentaire, Kaz Hirai est une figure protéiforme. Un peu comme cette époque où Sony renouvelait son visage dans les années 90 en incarnant la nouvelle génération de consoles avec sa Playstation première du nom. En 1984, il entre dans l'entreprise dans laquelle il ne cessera de grimper les échelons. Dans l'air du temps, Kaz développe les stratégies commerciales du groupe sur le marché de la musique, une époque où le CD est synonyme d'arrêt brutal pour les consommateurs de vinyles et où les formats numériques se développent à vitesse grand V. Ses méthodes de travail en font très vite un collaborateur exemplaire. Jeune et intéressé par les nouvelles technologies, Kaz passe rapidement un cap en dirigeant le département des affaires commerciales internationales de Sony.

Direction USA, la langue dans la poche

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Les années 90 et leurs jeunes cadres dynamiques ont vu en New York une nouvelle terre d'accueil . Kaz ne manquera pas le coche en allant s'occuper du catalogue musical de Sony au Pays de l'Oncle Sam. Mieux, avec l'arrivée de la Playstation, il décide de se lancer dans une nouvelle aventure. En 1995, Kazuo Hirai a 35 ans et intègre Sony Computer Entertainment America, côtoyant dès lors un de ses mentors : Ken Kutaragi, l'inventeur de la PSX qui se vendra a plus de 104 millions d'unités. Sony entrait dans la danse, au nez et à la barbe de SEGA et Nintendo. Succès retentissant, la Playstation est bien plus qu'une nouvelle marque, c'est aussi la preuve de la capacité de Sony à s'adapter au marché et à répondre aux attentes d'un nouveau public. C'est sur la base de l'innovation que l'entreprise du siècle dernier a axé sa communication durant des années. Avec ce marché en émergence et l'avènement de la 3D, le choc est visible : Gran Turismo, Metal Gear Solid, Silent Hill, Final Fantasy VII, Crash Bandicoot, Resident Evil , Tomb Raider ou encore WipEout allaient émouvoir une génération de joueurs. Un nouveau ton était donné à travers une campagne mondiale décalée aux accents lysergiques.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony
Ken Kutaragi l'inventeur de la marque Playstation

Le début des années 2000 confortent Kaz Hirai dans son choix de rejoindre la fusée Playstation. Le 4 mars 2000 sort la console de salon la plus vendue au monde : la Playstation 2. Kutaragi réussissait une fois de plus son coup, frappant dans le mille le cœur des joueurs avec son « Emotion Engine », son usine à fabriquer du rêve. Avec 150 millions de machines dans les salons, Sony assoit sa domination : Grand Theft Auto, God of War, Gran Turismo 3, Pro Evolution Soccer, Need for Speed, Katamari Damacy ou la série des Final Fantasy confortent le leadership de la firme japonaise, alors que Microsoft le géant conquérant yankee vient de se lancer dans la bataille en sortant sa Xbox fin 2001. Dès lors c'est aussi la guerre des mots qui commence, polarisant ainsi le monde de l'occident à l'orient. Si les amabilités fusent, l'année 2004 est aussi un tournant économique pour la Playstation puisque les ventes de jeu sur la console phare de la génération déclinent passant de 8,2 milliards de dollars à 7,5 milliards de dollars cette année, le bénéfice d'exploitation chute lui du milliard de dollars à 650 millions. Il est temps pour Sony Computer Entertainment et son CEO depuis 1997, Ken Kutaragi, de travailler sur la machine qui remplacera la PS2.

Jeu d'EGO

Sûr de son fait, Sony se lance dans la bataille de la septième génération de consoles et annonce vouloir révolutionner l'industrie avec un nouveau chip embarqué dans sa console. Le CELL est le nouveau bébé de Kutaragi. Le processeur développé en partenariat avec IBM et Toshiba, dévoilé en 2005, est le cheval de bataille de Krazy Ken. Avec ses 234 millions de transistors intégrés, son architecture asymétrique composée d'un cœur principal et de huit cœurs spécifiques et ses performances théoriques impressionnantes (en 32 bits : 230,4 GFLOPS, en 64 bits : 20,8 GFLOPS), la nouvelle console de Sony s'annonce comme une machine multitask dont la firme parle comme du terminal opérant ultime pour les salons de la planète. A l'E3 2005, Kutaragi ajoute que sa console embarquera un lecteur de disques nouvelle génération, le blu-ray. Mais c'est Microsoft qui tire les premières salves : la Xbox 360 débarque à l'hiver 2005.

L'E3 2006 est l'occasion pour Sony de rassurer ses investisseurs avec sa Playstation 3. La conception du CELL et sa production sont au cœur d'une stratégie industrielle risquée pour la firme. Déjà en 2003 Kunitake Ando, Président Directeur Général du groupe japonais tempérait :

Nous planifions d'utiliser le CELL dans une quantité d'autres produits, IBM l'utilisera afin de développer son parc de servers et Toshiba l'incorporera dans de nombreux appareils destinés au grand public. Vous seriez surpris de voir à quel point nous travaillons sur ce point.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

La PS3 serait une machine témoin, identificatrice des nouvelles normes technologiques que Sony voulait imposer, sorte d'agrégateur connecté de tous les formats propriétaires de la marque tout en proposant des services en ligne divers et des fonctionnalités tierces pour les joueurs. A travers sa machine, Sony trouvait un canal pour diffuser son catalogue de films, vendre de la musique, et Kutaragi était l'architecte de cette vision d'un centre de divertissement numérique pour les salons du monde. E3 2006, la pluie de memes ne répond pas aux attentes de Kaz Hirai et Ken Kutaragi. Sur la scène, Kaz vivra un E3 noir à l'annonce du prix de la console. Kutaragi voyait dans les fans de la PS2 de potentiels financeurs de la vision qu'il avait pour sa multinationale. 599$, Sony manquait le port.

Kaz Hirai

The PLAYSTATION3 will retail for Five-Hundred-Ninety-Nine US Dollars

Les signes étaient pourtant visibles. En axant sa communication sur le potentiel de sa machine, orgueilleusement, Sony en oubliait ses véritables partisans : les joueurs.

Eetimes interview de Ken Kutaragi extrait du 30 mai 2005 :
Le processeur Cell a-t-il été créé pour le gaming ?
Ken Kutaragi : Non il a été conçu pour le computing (calcul) mais je voulais justement changer le concept des ordinateurs (computers). Le nom de notre compagnie est Sony Computer Entertainment. Je voulais fusionner la technologie informatique à celle du divertissement. Aujourd'hui cela peut être considéré comme des applications de jeu, mais je voulais réaliser cette notion où « Computer Entertainment » signifierait toutes ces formes de divertissement en tant qu'applications, y compris les jeux vidéo. Du point de vue ingénieur, ce sur quoi nous travaillons est de la technologie informatique. Lorsque nous avons conçu l'Emotion Engine, par exemple, nous l'avons fortement basé sur la technologie informatique et avons déployé une architecture d'ordinateur à cette fin. La Playstation et la Playstation 2 ont été développées sur la base de la technologie développée pour les ordinateurs, mais étaient déjà dans la transition. A l'étape suivante, j'espérais m'attaquer à ma compréhension de la technologie informatique depuis son début. J'ai nourri cet espoir depuis les années 80. Actuellement, dans la troisième phase de développement, je vise la révolution de la compréhension de l'ordinateur, en travaillant avec la plus grande société du secteur IBM et Toshiba, un partenaire de longue date puisque nous avons commencé à travailler ensemble à l'époque de la Playstation 2.

Yama « Kaz » i

Kaz Hirai, dévoilera alors des qualités ou des défauts que ses équipes observaient en interne. Un leadership et une personnalité forte, sous des airs de romantique élégant. Devant leur concurrent direct sur le segment du jeu en HD : le poids lourd Microsoft, l'homme mince aux paroles de plomb lâchera un cinglant : « La prochaine génération de consoles ne débutera que lorsque nous l'aurons décidé ».

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Conscient de la problématique industrielle de sa multinationale, Hirai deviendra l'homme des petites phrases, quand en face de lui Moore qui a remplacé Jay Allard à la tête de la division Xbox a définitivement arrondi la communication de la boite américaine. Le décalage est désormais visible. Allard était lui aussi friand des tacles par presse interposée, en plus d'être un bon client pour les journalistes. Un milliard d'utilisateurs pour la Xbox 360, comme but avoué, et une vision du marché en expansion font partie de ses frasques, son constat étant que si ce n'est pas aussi le but de Sony c'est tout simplement parce qu' « ils ne rêvent pas assez grand » dans Edge en 2005.

Moore sera le diplomate au service des gamers de la Xbox 360. Surfant sur le fait d'avoir été la première machine représentant la septième génération de consoles, et ses 10 millions d’utilisateurs d'avance sur Sony et Nintendo, Peter Moore laissera les jeux parler pour la console à l'E3 2006. Gears of War, les annonces de Fable II et Forza Motorsport 2, Sakaguchi avec son Blue Dragon sous le bras, premier trailer d'Alan Wake, Grand Theft Auto IV aussi sur Xbox 360, et un Bill Gates volubile VRP volant du Xbox Live avec son « Live Anywhere » venaient aider Moore à faire bonne figure devant l'annonce du lancement de la Playstation 3. Finalement Moore aura fait plus que bonne figure et Nintendo avec sa Wii, aura accroché les étoiles dont Kutaragi rêvait.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Des étoiles qui fileront à la vitesse de l'éclair, puisqu'à l'été 2006 et certainement sous la pression des premiers indicateurs de précommandes de sa machine, le board de Sony annonce que Kaz Hirai est promu au rang de vice-président de son groupe exécutif. Au mois de novembre 2006 la Playstation 3 sort dans le monde, deux semaines après sa mise sur le marché Ken Kutaragi est parachuté par son employeur de (presque) toujours, le 30 novembre Kaz devient le patron de Sony Computer Entertainment et il devra affronter seul une crise en devenir. Pour la première fois de son Histoire la Playstation n'arrive pas à rassembler les joueurs autour de son autel. La première année de commercialisation de la dernière née de Sony sera difficile. Retard sur l'agenda de publication, difficulté de programmation des softs pour les développeurs du à l'architecture exotique de la console, priorisation du développement des jeux en lead sur Xbox 360 cette dernière bénéficiant d'un parc de machine bien plus large, absence de licences majeures au lancement, la PS3 peine à s'écouler et attirer les joueurs.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver SonyKaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Reprendre la main pour une transition à la japonaise

Le format Bluray est encore marginal. Là où Sony voyait en sa PS3 le lecteur premier prix sur le marché de la diffusion de films en HD grand public, les consommateurs restèrent majoritairement attachés à leur utilisation du DVD. Resistance et MotorStorm resteront orphelins à la Noël d'une audience qu'ils visaient. Sony payait le prix d'une vision unilatérale qui appréciait en sa promesse une adhésion totale du public, comme si par magie, ceux qui hier avaient investi dans la PS2 allaient repasser à la caisse au lancement du monstre noir au CPU révolutionnaire. 599€, un prix définitivement trop haut. Fin 2007 l'industriel revoit sa copie et baisse le prix de la console alors que la PS2 fête la même année son petit milliard de jeux vendus. Kaz Hirai n'avouera pas que Ken Kutaragi s'était trompé, le nouveau patron de Sony Computer Entertainment continuera tout au long de son exercice lors de cette génération particulière à défendre ce que le créateur de la marque avait bâti. Dans une interview accordée à Spong en 2008, à la question : Pensez vous que le prix de lancement de la Playstation 3 était une erreur ? Le président de 48 ans répondait :

Non, je pense que le prix de lancement était le juste prix , en témoignent les problèmes que nous avons eus au lancement quand nous ne pouvions pas fournir suffisamment d'unités pour les consommateurs sur le marché japonais et le marché nord-américain , et ce fut un énorme défi pour essayer de répondre à cette demande en raison de tous les problèmes de production que nous avons connus .

Ce n'était pas une question de prix , c'était un problème d'approvisionnement . Heureusement pour le lancement européen , nous étions en mesure d'apporter suffisamment d'unités pour répondre à cette demande, ainsi qu'un robuste lancement software. Nous avons eu beaucoup plus de succès sur le marché européen en raison du grand nombre d'unités acheminées ainsi que les titres software nous avons pu délivrer aux utilisateurs.

Dans le jargon on appelle ça de la langue de bois, dans le langage de l'entreprise japonaise on appelle ça la tradition lorsqu'on est nommé CEO de SCEI et qu'on remplace Ken Kutaragi comme pour le mettre à la trappe. Sauf qu'en terme d'image Sony reste ce groupe industriel déconnecté de la réalité. Il faudra attendre 2008 pour voir Kaz rassembler ce qu'il reste des troupes et placer aux postes clefs ses hommes de confiance. Celui qui sourit souvent en disant « Je ne suis pas un ingénieur. Je l'ai bien compris » sait qu'il n'a pas le même cursus que beaucoup de ses confrères des entreprises concurrentes du secteur. Ce que Kaz a, c'est cette faculté à créer des interactions entre les services, créer du pratique et de la communication entre les lignes, de déplacer en recentralisant, en pensant à la fois à l'occident et à l'orient où son siège est et restera. Le CEO admettra que des erreurs ont été commises dans une interview de mai 2008. A la tache il réorganise, il bénéficie du soutien du board mais plus important on lui laisse le temps de mettre en place sa stratégie. C'est avec Wordlwide Studios que Kaz débute son travail.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Mutualiser, c'est un mot qui au Japon a tout de honteux, d'autres sauraient mieux faire un travail que l'on sait faire. Pour Hirai, qui a débuté au bas de l'échelle et qui a su travailler sur le sol américain de New York c'est une étape obligatoire pour redresser la branche gaming de Sony. Phil Harrison aimablement débarqué chez Atari, Kaz s'empare des Worldwide Studios de Sony.

Je pense que Worldwide Studios est une organisation qui a très bien fonctionné . Il y a des ressources qui sont partagées désormais entre tous les studios, qui étaient plus habitués à faire leurs travail sur leurs territoires respectifs. Comme, par exemple, des serveurs opérationnels pour les jeux en ligne, des formats de tests qualité ainsi que , et c'est peut-être plus important, le partage de technologie . Cela fonctionne vraiment bien , et notre travail commence a porté ses fruits ça se voit, dans certains de titres first party qui sont sortis ou sont encore à venir cette année et même au-delà .

La marque Playstation commence à sortir la tête de l'eau. Face à une Xbox 360 toujours conquérante, avec ses titres exclusifs de renom, des deals bien scellés qui alimentent le marché américain et une facilité de programmation qui la place comme une plateforme de choix pour les portages de jeux PC, Kaz reste indéboulonnable. Le match se jouera contre Microsoft, la Wii ayant déjà remporté la bataille. Comme à son habitude Hirai poursuit le matraquage idéologique de Sony au niveau de son rapport à la technologie, c'est dans l'ADN de la firme. « True generation quality only available on PS3 » affirme sans sourciller Hirai. Comme un mantra qu'il se réciterait et qui reprendrait la forme du « Seal of Quality » de Nintendo, Kaz essaie de convaincre, multiplie les contacts et passera des années à poser des rustines sur ce projet qu'il n'a pas monté mais dont il est le garant et le visage public. La PS3 s'inscrira donc dans la longévité et la qualité, quand au même moment Game Informer publie une enquête sur le taux de panne de la Xbox 360 atteignant 54,2%.

Pour la Xbox - encore une fois , je ne peux pas trouver un mot pour vous répondre précisément. Nous aurions besoin d'un mot qui décrit quelque chose qui manque de longévité ... la dernière fois que j'ai vérifié, ils n'ont jamais eu une console qui a été sur le marché plus de quatre ou cinq ans et nous nous sommes engagés à poursuivre un cycle de vie de dix ans pour nos machines, je vous laisse faire le calcul ...

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Hirai replace la machine de Sony dans la bataille, avec ce cycle de 10 ans de vie idéalement placé pour laisser entendre que la nouvelle née avait encore beaucoup à montrer. Sony va mal, mais Hirai incarne cette durabilité. Le message va bien sûr aux actionnaires. En 2009 il est nommé Vice Président Exécutif de Sony Corporation. Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots, LittleBigPlanet, Uncharted 2 : Among Thieves, et bientôt God of War III, pendant 5 ans, l'exécutif aura joué au pompier pyromane, allumant les feux avec ses petites phrases pour mieux les éteindre et se faire entendre.

A travers son existence, la PS3 qui était à la base proposée comme une machine multimédia était redevenue une machine pour les joueurs. Il suffira d'une PS3 Slim annoncée sur les planches de la Gamescom en 2009 pour voir la machine de Kutaragi revenir dans la lumière. Santa Monica, Japan Studio, Naughty Dog ou encore Polyphony Digital, feront ce qu'il savent faire de mieux : amuser les joueurs. Sony a perdu 3 milliards de dollars avec la Playstation 3. Et la firme connaît des échecs dans les secteurs les plus cruciaux de ses divisions. Le renouvellement de ses produits ne suffit plus dans un monde où la concurrence ne s'est pas assise sur ses lauriers mais est désormais dépositaire d'une expertise qui semble échapper au géant nippon.

This is 4 the Players 

Désigné comme l'homme de la situation, Kaz devient en 2012 le patron d'une relique du monde des années 80. Sony n'est plus cette entreprise à l'aura rayonnant sur le monde, elle fait partie de lui, comme un grigri qu'un corps aurait adopté avec le temps. Entre temps, Hirai débute sa carrière sur Twitter. Le faux compte du CEO de Sony témoigne de l'envergure qu'a pris cette figure dans le panorama sensible d'internet.

Rassembler pour mieux gérer, polariser pour mieux produire, dynamiser les services pour leur synergie et bien sûr taper dans l'édifice, c'est ce que le board attend de lui. Ce sont 10 000 employés de l'entreprise qui en feront les frais. One Sony se lance. C'est le plan du tout jeune quinquagénaire, pour l'expliquer schématiquement à la plèbe , 5 étapes centrales sont utilisées dans la communication de cette réorientation.

  • Renforcement des pôles d'activité les plus forts (imagerie numérique , Jeu , Mobile )
  • Développer et réorienter le secteur de la télévision
  • Développer les transactions sur les marchés émergents
  • Création de nouvelles entreprises pionnières et accélérer l'innovation
  • Le réalignement du portefeuille d'affaires et l'optimisation des ressources

Désormais la Playstation n'est plus le seul problème du CEO, c'est toute la multinationale qu'il faut reconstruire, quitte à vendre ses immeubles pour 900 millions. Pourtant c'est bien avec la Playstation qu'Hirai veut commencer son travail de reconquête. Il avait été le témoin privilégié de la croissance de la marque aux côtés de Kutaragi, désormais seul aux commandes il pourrait développer sa vision du produit. Plus simple, plus proche de sa cible, moins cher aussi. Il n'a rien oublié. Et comme à son habitude, aux postes clefs ce sont des profils qu'il a choisis qui se verront responsabilisés.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

The Last of Us signe la fin de l'ère PS3, ce sont 85 millions de machines qui ont été ainsi écoulées dans le monde. Le plus gros marché reste celui de l'Europe avec ses 34 millions de consommateurs. Derrière lui, Hirai embarque 3 collaborateurs : Mark Cerny à qui il délègue la création de la nouvelle Playstation : la Playstation 4, Shuhei Yoshida qu'il nomme président de Sony Computer Entertainment Worldwide Studios et Andrew House qu'il place à la tête de Sony Computer Entertainment. Des choix qui n'ont rien d'anodin et qui rappellent la méthode Hirai comme le souligne Wired dans son histoire du développement de la ps4.

Yoshida et Hirai ont passé des années à travailler pour Sony aux Etats Unis, absorbant cette culture américaine. Quand des collègues occidentaux comme House et Cerny parlent avec les deux exécutifs japonais, il n'utilisent pas le titre japonais honorifique « -san ». Ils utilisent leurs prénoms. Cerny s'est joint à une compagnie dirigée par des gens décidés à élargir le spectre de sa façon de faire son travail. Ça a marché car il connait la culture japonaise – et la culture Sony en particulier. Il connaît depuis presque aussi longtemps Hirai, désormais CEO de Sony, qu'il connaît Yoshida. « C'est surréaliste de penser que je connais le chef de Sony Corp depuis l'époque où nous avions l'habitude d'aller boire abusivement après les salons en 1998 » raconte Cerny. Mais il n'a pas été uniquement choisi pour convenir. Il a été choisi pour emmener l'entreprise au delà de ses traditions.

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La Playstation 4, c'est aussi l'histoire de Sony et de Kaz, de sa vision. Lui qui n'a jamais hésité à montrer de quoi l'avenir de Sony serait fait en rachetant Gaikai pour 380 millions de dollars. Un avenir dédié au cloud : télévision, jeu vidéo, téléphonie, streaming. Tout se compile et la forte tête de Sony se heurte à des actionnaires mécontents. Il répondra à quelques attaques sur le front sensible de sa politique en 2013. Daniel Loeb, le majoritaire, claquera la porte en 2014 jugeant les mesures d'Hirai trop frileuses en plus de ne pas avoir pris en compte les suggestions des associés de la firme. Despote Kaz ?

Un géant aux pied d'argile mais apaisé ?

La PS4 remporte l'adhésion des joueurs. Mais Hirai reste fragile, s'il a réussi le pari de remporter la première bataille du segment jeu vidéo et remettre la machine dans le vert, le navire Sony reste complexe à manœuvrer. C'est au niveau de la communication que les effets de cette nouvelle génération d’exécutifs se font sentir. Le discours a changé. Les erreurs du passé sont comprises pour mieux renouer le contact avec le public. Le public Playstation, celui que Kutaragi a créé :

Andrew House :

Nous avons beaucoup appris des erreurs de la PlayStation 3. Le prix de la console est l'un des éléments les plus évidents. La PlayStation 3 était très chère à son lancement, surtout en Europe. Nous avons donc cherché cette fois-ci le prix le plus juste et le plus acceptable pour le consommateur. Nous avons aussi pris la décision de ne pas développer l'architecture de la machine en interne, contrairement à ce qui avait été fait pour la PlayStation 3, et de nous tourner vers des outils bien connus des développeurs. Utiliser des composants déjà sur le marché nous a permis de maîtriser les coûts. Je suis heureux d'annoncer aujourd'hui que la PlayStation 4 est déjà rentable sur tous les marchés où nous l'avons lancée. 

« Il est probable que la PS4 devienne la plate-forme qui dépassera les bénéfices réalisés avec la PS2 » annonce Hirai en 2014. Cette année 2015, le bénéfice opérationnel de la branche Game and Network atteint les 180 millions d'euros pour un chiffre d'affaire de 2,7 milliards d'euros. Une hausse représentant près de 16,5% en un an. L'entreprise, elle, retrouve des couleurs avec un bénéfice net de 860 millions pour le premier trimestre.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver SonyKaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Notre dossier réalité virtuelle, tous les casques et les jeux de 2016

Le prochain chantier pour la marque Playstation est de s'ouvrir les portes de la réalité virtuelle, mais à quel prix ? A ce niveau Hirai l'a appris, parfois à ses dépends. Un projet industriel doit être piloté par l'ambition d'une idée, mais le futur est un produit vivant, il est le résultat d'une rencontre entre une offre et une demande qui vont de pair. Rien d'acquis pour Sony puisqu'à ce niveau la concurrence sera belle et bien présente : Occulus Rift, HTC Vive, Samsung Gear VR. Le Playstation VR aura donc fort à faire sur un segment dont la plasticité volatile a tout de la bulle économique qui pourrait éclater avant même son déploiement.

Kaz Hirai : Entre ombre et lumière, l'homme qui voulait sauver Sony

Hirai a en tout cas compris le fonctionnement du marché dans lequel Sony est soumis aux mêmes lois que toutes les entreprises du secteur. La concurrence c'est finalement ce qui aura sauvé Sony de lui même. Innover sans penser avoir de concurrents était peut être une course dans laquelle la firme se lançait, sans jamais en voir la ligne d'arrivée. Aujourd'hui descendue de son piédestal, Sony est une multinationale parmi les autres, pilotée par un homme qui continue de traverser la crise. Hirai sera-t-il cet homme qui rendra au Japon son joyau ?

Commentaires
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le-visionnaire- le-visionnaire-
MP
Niveau 5
le 29 janv. 2016 à 07:07

Excellent article ! Merci pour ce résumé !

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