Comme nous le savons depuis quelque temps, le reboot de la série Hitman bouleversera les habitudes des joueurs, tant par ses nouveautés en jeu que par son modèle économique. Ce titre développé par IO Interactive sortira tout d'abord dans une version digitale avec une aventure non terminée et qui sera complétée au fil des mois, avant de ressortir en boîte un an plus tard. Square Enix a beau appeler cela une "Live Experience" et répéter inlassablement qu'il ne s'agit pas d'un Early Access, cela a malgré tout fait couler beaucoup d'encre et les joueurs ne semblent pas voir d'un bon œil cette pratique...
Dans ces conditions, la firme nippone doit une nouvelle fois sortir de son silence afin de se justifier en s'appuyant sur sa vision de l'industrie. Il y a quelques jours, Phil Rogers, expliquait que la "Live Experience" était la résultante d'un secteur en pleine mutation, qu'il s'agissait donc d'une adaptation logique au "marché de l'instantané". C'est cette même personne qui est revenue il y a peu sur ce modèle économique en parlant cette fois-ci du jeu en lui même. Hitman est le premier du genre et servira donc de "cobaye", puisque Square Enix voit cela comme une expérimentation :
C'est le premier jeu (de ce genre), nous voulons garder le business model très simple. Il n'y aura qu'un prix, donc nous ne parlerons pas de micro-transactions et cela nous permettra de faire évoluer le contenu en lui-même. Les joueurs ne veulent pas du contenu non fini, donc nous sommes très clairs : Ce sera un triple A, peaufiné, un Hitman comme vous l'attendez. Mais nous pouvons continuer à créer des expériences, le monde s'étendra. Nous sommes en train d'expérimenter.
Faut-il comprendre que cette "Live Experience" a vocation à devenir un modèle courant chez Square Enix ? Rien ne l'indique clairement pour le moment, mais Rogers précise bien qu'il s'agit du "premier jeu" de ce genre et ajoute peu après qu'il aurait bien aimé en faire de même pour des jeux tels que Just Cause 2 :
Pour utiliser Just Cause 2 comme un exemple, nous avons arrêté de travailler sur le monde trois mois avant d'envoyer le jeu et les consommateurs ont passé les cinq années suivantes dans cet univers. Si nous avions continué à faire évoluer ce monde pour les consommateurs, nous pensons qu'ils auraient apprécié.
Malgré cela, Phil Rogers semble plutôt satisfait de l'application de ce procédé à Hitman, selon lui, cela fonctionne très bien. Il faut dire que l'utilisation des missions permet ainsi de segmenter le jeu et proposer des contenus téléchargeables, une sorte de jeu modulable en quelque sorte.
Ça fonctionne très bien pour Hitman, le monde et le gameplay en particulier. Mais pour tous nos jeux, nous cherchons des manières d'étendre et apporter plus de contenus aux utilisateurs. S'il y a des choses que nous pouvons partager et des idées à apporter, nous pouvons les utiliser dans différents jeux.
Comme l'explique Phil Rogers, sa société est tout à fait consciente que les joueurs ne veulent pas de contenus non finis. Cette déclaration a de quoi étonner quand on voit la forme que prendra Hitman à sa sortie et pourtant, pour la compagnie japonaise, le jeu sera terminé ; seule son histoire sera incomplète. Pour Square Enix, le terme d'Early Access ne s'accorde donc qu'au scénario, qui ne sera effectivement pas terminable à sa sortie en fin d'année.
Ainsi, aux yeux de Square Enix, le jeu en lui-même sera terminé, puisqu'il offrira des heures de plaisir, sans bug, ni autre problème pouvant gâcher l'expérience de jeu. Mais le nombre d'heures à sa sortie en digital pourrait être, en revanche, assez limité si l'on en croit les fiches apparues sur Amazon ou Gamestop qui parlaient de seulement 7 missions au lancement. Si tel était le cas, proposer ce Hitman au tarif de 60 € et demander aux joueurs de devoir attendre pour finir l'histoire reste tout de même assez dérangeant. Rappelons que le prochain titre d'IO Interactive sortira le 8 décembre 2015 sur PC, PlayStation 4 et Xbox One.
Hitman, 15 minutes de gameplay à Paris
Source : GameIndustry