Jeunesse et affinités pour la programmation

• Né à Sapporo le 6 décembre 1959, Satoru Iwata commence très jeune à développer sur HP-65 et envoie d'ailleurs ses jeux à Hewlett Packard. Surpris par la qualité de son travail, HP lui envoie des cadeaux en guise de récompenses.

• Au lycée, Iwata développe sur la calculatrice qu'il partage avec ses colocataires. A la fin de son cycle scolaire, marqué par le jeu Space Invader, il décide de dédier sa carrière au développement de jeux vidéo.

Début de carrière très prometteur

• Etudiant à l'Institut de Technologie de Tokyo, département Ingénierie Informatique, le jeune Satoru Iwata profite de son temps libre pour travailler en freelance au service de HAL Laboratories, firme qu'il rejoint définitivement après avoir obtenu son diplôme. Cette société est notamment responsable des sagas Mother (1989), Kirby (1993) ou encore Super Smash Bros. (1999). Petite anecdote au passage : le nom "HAL" a été choisi car chaque lettre était un cran avant les lettres d'IBM, qui trustait alors le marché de l'informatique et du développement. D'abord programmeur puis "coordinator of software production" en 1983, il prend la tête de la société en 1993 suite à un plan social accompagné de difficultés financières. Il a notamment aidé à la stabilisation des comptes de l'entreprise, une ébauche de son travail futur au sein de Nintendo. Furieux de son choix de carrière, son père, Hiroshi Iwata, décide de ne plus parler à son fils pendant 6 mois après que ce dernier ait rejoint sa première société.

• Au milieu des années 80, Iwata développe des titres à la fois NES et arcade. Il brille grâce à ses connaissances sur le CPU de la NES, au point que le boss de SRD, la firme qui a notamment développé le portage arcade de Balloon Fight, est allé rendre visite à Satoru Iwata pour tenter d'apprendre pourquoi son rendu sur NES était meilleur que celui de la version arcade.

Balloon Fight, un des titres phares de la jeunesse d'Iwata

Le début de l'aventure Nintendo

• HAL Laboratories et Nintendo ont recours à une Join Venture, un rapprochement économique progressif qui découle très vite sur la rencontre avec Miyamoto en 1988 et sur le développement de Famicom Grand Prix 2 3D Hot Rally. Décrit comme téméraire et ambitieux, Iwata estime qu'aucun développement n'est impossible. Il aidera plus tard sur de nombreux titres de la franchise clé Pokémon (notamment Or et Argent, puis Stadium en retravaillant la base du code de Pokémon Rouge et Vert).

• En 2002, après le retrait d'Hiroshi Yamauchi (CEO de Nintendo depuis 1949), Iwata entre dans la société originaire de Kyoto en tant que CEO avec l'accord de Yamauchi, qui l'aide et le conseille durant quelques années. C'est le tout premier président de Nintendo qui n'est pas directement lié à la famille Yamauchi. Iwata n'abandonne pas pour autant HAL et devient consultant pour son ex-firme. A cette époque, Nintendo est plutôt mal en point, notamment à cause de la GameCube qui n'a pas le succès escompté et sort perdant de la trinité des consoles de salon de sixième génération. Avec son arrivée, le projet "Nitro" fait son entrée en scène. Le but ? Faire atterrir le concept du Game Boy dans le 21ème siècle. "Nitro" devient très vite la Nintendo DS (pour "Dual Screen") qui est annoncée en 2003 puis montrée lors de l'E3 2004 tandis que Sony y dévoile sa PlayStation Portable. La Nintendo DS est un carton colossal et relance le marché des consoles portables tout en écrasant au passage la concurrence de son compatriote nippon.

Iwata présente la Nintendo DS en 2004

L'apogée de Nintendo sous la houlette d'Iwata

• En 2006, Iwata lance à nouveau un gros chantier, cette fois-ci sur le marché des consoles de salon en partant d'un concept simple : l'homme veut ouvrir le marché aux habituels non-joueurs, et profite ainsi de la naissance du casual gaming. Nintendo travaille donc sur "Revolution", une console à petit prix, conviviale, qui base son interface sur des technologies peu exploitées comme le sans-fil, le pointage optique et surtout la prise en compte du mouvement en trois dimensions. "Revolution" deviendra très vite la Wii, console qui fera les beaux jours du "motion gaming" (tendance à l'époque) et de la firme pendant plusieurs années. A titre indicatif : grâce au succès de la Wii, le cours de l'action Nintendo a presque doublé. Ses performance en tant que dirigeant et son savoir-faire en programmation ont fait qu'Iwata fut classé parmi les 30 meilleurs PDG entre 2007 et 2009 par le journal business Barron's. Il présentera en 2010 le successeur de la DS, la 3DS qui mise sur un écran 3D et sur le wi-fi, incarné par le StreetPass. Cette dernière battra d'ailleurs à plate couture la console portable PlayStation Vita de Sony.

• En 2013, il prend la direction de Nintendo of America et décide notamment de ne plus faire de conférence à l'E3, remplaçant ce rendez-vous par les Digital Events et les Nintendo Directs. Instaurées en 2011, ces émissions traduites dans toutes les langues parlent directement aux fans et se déroulent toute l'année.

• 2015 marque un tournant pour Nintendo. Alors que les résultats de la Wii U sont décevants, Iwata embraye et décide de lancer deux nouveaux chantiers : celui de la NX (nouvelle console de salon de la firme) et celui dédié à la sphère mobile, un marché titanesque au Japon, en établissant un partenaire avec DeNA. Face aux difficultés financières de sa société, Satoru Iwata décide de diviser par deux son salaire afin que sa firme soit plus compétitive face à Sony et Microsoft et évite ainsi des coupes salariales dans ses rangs.

• Le 11 juillet 2015, Iwata décède des suites d'une tumeur à la vésicule biliaire. Victime d'un cancer depuis plus d'un an et ayant subi une opération en 2014 qui l'avait privé d'E3 et de conférence avec les actionnaires, Iwata manque à nouveau le rendez-vous californien en 2015, avant de s'éteindre quelques semaines plus tard. Il laisse derrière lui sa femme, Kayoko, et des millions de joueurs émus.

Décès d'Iwata : les réactions de l'industrie et de la rédaction

Satoru Iwata, PDG de Nintendo, est mort