Le grand patron d'Activision-Blizzard Bobby Kotick est une figure que la plupart des joueurs connaissent bien. A la tête d'Activision depuis plus de 20 ans, le patron est parvenu à racheter la société à Vivendi lorsque cette dernière souhaitait ardemment s'alléger. Une manœuvre qui n'était pas du tout du goût de Vivendi Universal, pour la bonne et simple raison que l'offre d'achat des parts faite par le groupe d'investisseurs mené par Bobby Kotick et Brian Kelly était bien inférieure à leur valeur et à ce que Vivendi espérait empocher. Dans le cadre d'un procès intenté à Activision Blizzard et quelques exécutifs de Vivendi par des actionnaires mécontents, Bloomberg a pu mettre la main sur des mails exposant le bras de fer que se sont livré Kotick et les dirigeants de Vivendi qui ont un temps envisagé de virer proprement le PDG.
Puisque Vivendi rejetait son offre, Bobby Kotick a tout simplement tenté le coup de poker en annonçant qu'il refuserait de coopérer à toute manœuvre qui ne lui permettrait pas de racheter les 61% d'Activision-Blizzard détenues par le groupe français, laissant le choix à ses dirigeants de le virer si les choses ne leur convenaient pas. En parcourant les extraits d'emails relayés par Bloomberg, on découvre que la chose a failli se produire.
Le 31 mai, le PDG de Vivendi Jean-Francois Dubos se demandait par exemple "qui va bien pouvoir le virer" ce à quoi Philippe Capron, directeur financier de Vivendi et membre du conseil d'administration d'Activision, répondait : "Moi, avec joie. Dès demain si vous voulez". Ce même Philippe Capron reconnaissant toutefois que l'image publique de Bobby Kotick était "très forte", son départ pouvant très bien inquiéter le marché et donc faire perdre de la valeur au bien que Vivendi cherchait à vendre. Son intention semblait être de malgré tout tenter le coup : "On va mettre la pression sur Bobby et s'il continue de refuser, le marché comprendra son départ".
La suite, on la connaît, Vivendi finira par accepter l'offre de Bobby Kotick et de Brian Kelly, acceptant l'idée que le deal, même s'il était inférieur à ce qui était attendu, était la solution la plus rapide et la moins risquée de se débarrasser d'Activision-Blizzard. Sachant pertinemment que son attitude et son ultimatum avaient de fortes chances de porter leurs fruits en plaçant Vivendi dans une situation plus que délicate, Bobby Kotick est parvenu à faire plier son actionnaire majoritaire, essentiellement en mettant en avant... sa personne.
Bobby Kotick n'est cependant pas sorti des bois puisque plusieurs petits actionnaires n'ont guère apprécié la manœuvre, s'estimant lésés par ce rachat exclusif à un prix jugé trop bas. Après des jugements contradictoires, l'affaire suit toujours son cours.
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