La grève hollydienne bientôt dans le jeu vidéo ?

Comme savez peut-être que depuis le mois de juin, Hollywood fait face à une grève historique des auteurs, rejoints par la SAG-AFTRA, le principal syndicat d'acteurs. Ces derniers revendiquent un meilleur partage des gains, notamment issus des productions diffusées en SVOD, un encadrement extrêmement strict de l'usage des intelligences artificielles, et une meilleure protection des différents statuts. La grève est encore en cours à l'heure où sont écrites ces lignes, et elle pourrait rapidement s'étendre à l'industrie du jeu vidéo.

Depuis de nombreuses années, le jeu vidéo fait appel à des comédiens pour la motion capture, le jeu d'acteur ou encore le doublage, et les craintes ressenties par Hollywood sont également ressenties dans l'industrie. Pour la première fois depuis l'année 2016-2017, la SAG-AFTRA a décidé de voter à l'unanimité le fait d'autoriser les différentes sections à se mettre en grève si les négociations interpersonnelles, qui auront lieu du 5 au 25 septembre, n'aboutissent pas. Fran Drescher, présidente du syndicat, a déclaré que les accords liant les acteurs au monde du jeu vidéo étaient au point mort :

Nous devons une fois de plus lutter contre la cupidité et le manque de respect des employeurs. L’intelligence artificielle met une fois de plus nos membres en danger en réduisant les opportunités d’emploi. Et SAG-AFTRA est à nouveau debout contre la tyrannie, au nom de ses membres.

Une dizaine de groupes sont concernés, dont Activision, Blindlight, Disney Character Voices, Electronic Arts, Epic Games, Formosa, Insomniac Games, Take 2, Voice Works et Warner Bros Games. Audrey Cooling, porte-parole des entreprises dédiées aux jeux vidéo, a déclaré :

Tout le monde veut un contrat équitable qui reflète la contribution importante des artistes à une industrie du divertissement de classe mondiale. Nous négocions de bonne foi et espérons parvenir bientôt à un accord mutuellement avantageux dès que possible.

Dans un communiqué général, la SAG-AFTRA a déclaré :

Nous avons prolongé l’accord sur les médias interactifs il y a presque un an, car nous négocions constamment avec les entreprises. Malheureusement, les entreprises n’ont pas pris en compte ces exigences lors des négociations. C’est pour cette raison que le comité de négociation et la présidence nationale sont parvenus à l’unanimité à la conclusion que le syndicat devra détenir un permis de grève approuvé par ses membres lorsque les négociations reprendront le 26 septembre.

Autrement dit, le syndicat se prépare simplement à déclencher une grève s'il l'estime nécessaire. Le permis n'est pas un préavis, il permet seulement de s'organiser et de lancer le mouvement rapidement le cas échéant. Les prochaines semaines et la façon dont seront menées les négociations seront donc déterminantes.

Humble Games s'intéresse désormais à la production interne de jeux vidéo

Humble Games n'est pas boulimique en termes de rachat, mais s'étend doucement. En croissance lente depuis des années et doté de bilans financiers d'une régularité redoutable, le groupe estime qu'il est peut-être temps de devenir un acteur très direct du développement de jeux. Une façon comme une autre de laisser entendre qu'Humble Games songe très sérieusement à acquérir des studios pour produire ce qu'on appelle des jeux first party. C'est en tout cas ce qu'a récemment déclaré lan Patmore, vice-président exécutif de Humble Games :

Nous devons investir dans des produits qui ont le potentiel pour devenir une franchise. Idéalement, nous allons étendre et nous appuyer sur nos franchises cœur, et Wizard of Legend 2 est la figure de proue de cette initiative. Nous allons donc continuer d'acquérir des propriétés intellectuelles et nous aimerions aussi légèrement monter en gamme. Cela fait sens d'un point de vue économique. Là tout de suite, nous nous concentrons sur le développement second-party, ce qui signifie que nous possédons la propriété intellectuelle mais qu'un développeur construit le produit pour nous. L'évolution naturelle est de posséder le studio. (...)

Humble Games, qui devra faire sans Digital Sun Games (Moonlighter), précise que ces rachats se feront au cas par cas avec des studios envers lesquels la confiance règne. Enfin, la firme continuera d'oeuvre pour la bonne cause avec des éditions spéciales et des contenus additionnels soutenant différentes initiatives.

Si un développeur rencontre des difficultés - peut-être un manque de capitaux pour atteindre ses objectifs - nous ferons de notre mieux pour les aider tant que nous pensons que ce développeur remplit sa part du contrat.

Les vents contraires de Skull & Bones

Réussir à sortir un jeu vidéo est toujours un miracle. Pour un jeu qui arrive en rayons ou sur les store, il y en a des dizaines qui sont tués dans l'oeuf, avec des quantités d'assets et d'idées qui sont au mieux mises au placard, au pire jetées à la poubelle. Annoncé il y a de nombreuses années et né de l'envie de faire du volet nautique d'Assassin's Creed IV : Black Flag, Skull & Bones semblait très prometteur dès le début. Différents types de navires s'affrontent dans une zone donnée pour récupérer des trésors et des ressources durant l'âge d'or de la piraterie.

Selon plusieurs témoignages, le projet a longtemps navigué à vue, se réorientant plusieurs fois. Plus de 5 ans après sa première apparition sur les écrans, Skull and Bones n'est toujours pas sorti, mais depuis plusieurs mois, les choses semblaient avancer correctement. De bêtas ont été organisées, dont une très récemment, et les retours semblaient très positifs. Il était notamment mentionné que le jeu semble bien travaillé, que la dimension RPG fonctionne et que les affrontements sont satisfaisants. Malheureusement, on apprend par l'intermédiaire de Kotaku qu'Elisabeth Pellen, troisième directrice créative du projet, avait quitté Ubisoft Singapour pour revenir dans les locaux franciliens de la firme.

Il y a cinq ans, Elisabeth Pellen a rejoint Ubisoft Singapour avec pour mission de relancer la direction créative de Skull and Bones. Elle a réussi, et l'équipe de Skull and Bones concrétise aujourd'hui sa vision d'offrir à nos joueurs une expérience unique de jeu de rôle naval et d'action.

Pour Ubisoft, il n'y a pas de problème, l'entreprise indiquant que ce type de mouvement était courant à certains moments du développement. Cependant, Kotaku indique qu'elle aurait dû réaliser ce voyage qu'en fin d'année, et que cette anticipation pose question. De plus, un mouvement syndical serait en train de naître dans le studio de Singapour, avec le soutien de la Creative Media and Publishing Union. Les responsables syndicaux cherchent en effet à contacter les développeurs présents sur Skull & Bones afin de voir si l'idée peut se concrétiser. Du côté de la direction, on adresse un message d'ouverture afin d'entamer des discussions. Les prochains mois devraient nous permettre d'en savoir plus.

En bref dans l'actualité business de la semaine

• Sea of Stars a atteint en une semaine l'objectif de ventes fixé par Sabotage Studios. Malgré une présence dans le Game Pass et sur le PlayStation Plus Extra, le titre a été vendu à plus de 250 000 exemplaires. Un lancement tonitruant pour le second jeu de ce studio indé québécois.
• Lors de la gamescom, des développeurs auraient pu avoir un aperçu de la console qui succèdera à la Nintendo Switch. D'après les rumeurs, le nom de code de la machine serait Focus.
• Fin du voyage pour SIFU, qui a reçu son ultime mise à jour.
• Square Enix a écoulé 3 millions de Final Fantasy Pixel Remaster.
• Activision a annoncé avoir vendu 10 millions de ventes pour Spyro Reignited Trilogy.
• Plus de six millions de joueurs ont lancé Starfield en date du 7 septembre. C'est le meilleur lancement selon ce type de données, dépassant Forza Horizon 5 et ses 4,5 millions de joueurs.
• Semaine 34 du SELL : The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom domine le classement devant Armored Core VI : Fires of Rubicon (PS5), Mario Kart 8 Deluxe, Pikmin 4 et Gran Turismo 7.
• Nintendo, par la voix d'Eiji Aonuma, a déclaré que qu'aucun DLC n'était prévu à l'heure actuelle pour The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom.
• Stray, le jeux du "potichat", sera adapté en film d'animation. Le titre d'Annapurna sera ainsi transformé en film d'animation par une division de la société.