Dans quelques jours, le rêve de nombreux joueurs deviendra réalité. Grâce à Tears of the Kingdom, les joueurs pourront replonger dans les terres d’Hyrule de Breath of the Wild et découvrir une formule encore plus ambitieuse que celle de son aîné. Au vu des premiers retours, la licence Zelda continue d’épater et se dirige vers une énième réussite. Mais, c’est quoi la recette du succès de The Legend of Zelda ? En cinq points, on a tenté d’identifier les raisons de cette consécration qui en font une référence en matière de jeux vidéo, et ce, depuis plus de trente ans.
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La licence de Nintendo n'a jamais eu peur de casser ses codes
En 2017, la sortie de The Legend of Zelda : Breath of the Wild marque une rupture brutale avec le reste de la série, notamment parce que cet épisode tort les codes de la licence dans tous les sens pour en faire le chef-d’œuvre que l’on connait tous. Toutefois, ce virage très serré n’était pas la première tentative de Nintendo pour emmener son jeune héros de vert vêtu vers de nouveaux horizons. Casser les codes, c’est quelque chose que Nintendo a fait dès la sortie de Zelda II : The Adventure of Link en implémentant, par exemple, des vues latérales dans des séquences d’action à défilement horizontal et des éléments de jeux de rôle empruntés aux cadors du genre de l’époque, tels que Dragon Quest. Difficile donc, à la fin des années 80, de clairement définir ce qu’est un Zelda, quand même bien la sortie de A Link to the Past a dicté le futur de la série pendant de nombreuses années (Link’s Awakening, Oracle of Seasons/Ages, Four Swords, Minish Cap, …). Mais, là encore, Nintendo fait tout pour surprendre… et y arrive avec maestria.
L’une des révolutions de la saga The Legend of Zelda a été de redéfinir les codes d’un jeu d’aventure en trois dimensions. Pour un immense parterre de joueurs, The Legend of Zelda : Ocarina of Time est une révélation, un titre majeur qui est le point de départ d’un tas d’autres productions à l’aube du troisième millénaire. Toutefois, plutôt que de se reposer sur ses lauriers, la licence prendra de court les joueurs en réalisant des choix audacieux. Le premier est indéniablement l’épisode Majora’s Mask qui tranchait brutalement avec son prédécesseur et qui, en raison de sa boucle temporelle de gameplay où Link ne dispose que de 72h pour sauver l’humanité et les contrées de Termina d’une étrange lune menaçante, bousculait les fondements établis par Nintendo lors des quatorze dernières années. Contre toute attente, le choix est plus que payant tant Majora’s Mask a marqué les joueurs… avant que The Wind Waker chamboule tout à nouveau et décroche le Saint-Graal, la note de 20/20. Plus tard, c’est Twilight Princess et Skyward Sword qui ont eu la lourde tâche de développer l’aura de la saga, et ce, des années avant que Breath of the Wild ne provoque le séisme que l’on connaît.
Link, le héros millénaire d’une franchise dans l’ère du temps
Depuis sa création, The Legend of Zelda a toujours été un objet à part dans le paysage vidéoludique. Pour autant, la série n’a jamais donné l’impression d’être marginale ou d’être à contre-courant de ce que l’industrie pouvait produire. Derrière sa direction artistique si caractéristique, The Legend of Zelda a toujours su être un objet de son temps et, parfois même, avant-gardiste. On peut, par exemple, citer la prouesse technique de la cartouche du tout premier The Legend of Zelda, sorti en 1986. À cette époque, les joueurs se heurtent encore à la dure loi du jeu vidéo, issue de l’arcade, où chaque partie est unique. Sauf qu’avec son système de sauvegarde, fonctionnant à l’aide d’une pile intégrée, The Legend of Zelda vient mettre un coup de pied dans la fourmillière et change tout à coup la manière de consommer un jeu vidéo.
Plus largement, c’est le savoir-faire de Nintendo qui a permis à la franchise d’obtenir un tel succès puisque, grâce à la firme kyotoïte, The Legend of Zelda est toujours parvenue à s’accaparer les formats et les technologies pour faire de chaque titre un véritable system-seller : des consoles de salon aux supports portables, chaque machine à le droit à son hit et en exploite les spécificités, à l’image du tactile de Phantom Hourglass et Spirit Tracks ou encore le motion gaming de Twilight Princess (dont la sortie Gamecube s’était effectuée en décalé pour ne pas porter préjudice à la nouvelle console, la Wii). Et puis, de nos jours, il y a surtout eu l’exploit de Breath of the Wild qui, bien qu’il n’ait pas été exclusivement développé pour la Switch, nous permettait d’y jouer où bon nous semblait avant de replacer la machine hybride sur son socle. Bref, le meilleur des deux mondes de Zelda enfin réuni !
Si Zelda a écrit sa légende au fil des décennies, c’est grâce à son gage de qualité
Certes, il y a eu plus d’une vingtaine de sorties en l’espace de trente-sept ans, mais Nintendo a parfois pris son temps pour mettre au point le prochain titre phare portant le nom de l’illustre princesse d’Hyrule. La stratégie, entre les sorties majeures, a été de confier la licence à d’autres équipes afin d’en faire émerger une poignée de jeux, notamment sur les consoles portables du constructeur japonais. Mais même là encore, avec le rythme de parution soutenu, Nintendo et The Legend of Zelda n’ont jamais flanché, enchaînant les succès aussi bien auprès de la critique que du public. Avez-vous déjà prêté attention à l’ensemble des notes des entrées les plus populaires de la licence ? Il n’y en a pas une qui est passée sous la barre des 16/20 ! S’il fallait une preuve du niveau d’exigence et d’expertise de la part de Nintendo et ses équipes, elle est bel et bien là !
Dès le départ, Nintendo s’est donné le temps de mettre au point un jeu vidéo au succès assuré, même s’il y a parfois eu des fulgurances successives. Cinq années séparent The Legend of Zelda, premier du nom, de A Link to the Past, puis sept entre ce dernier et Ocarina of Time. Si, plus tard, il n’a fallu que trois ans entre Majora’s Mask, The Wind Waker et Twilight Princess, Nintendo assumera toujours le fait de s’octroyer de très longs mois de développement avant de livrer un jeu majeur estampillé The Legend of Zelda. Comme on le constate, il a fallu attendre cinq longues années après la sortie de Twilight Princess pour découvrir Skyward Sword et six autres années interminables pour mettre la main sur Breath of the Wild. Dans la lignée de ces exemples, la sortie de Tears of the Kingdom est, elle aussi, criante de cette propension de Nintendo a soigné le développement des opus de la licence. Pourtant une suite directe de BotW — vivement critiquée pour n’en être qu’une version 1.5 —, Tears of the Kingdom a nécessité pas moins de six années de travaux acharnés et de réflexions intenses pour être à la hauteur de son aîné et en faire un incontournable de la Switch.
Il faut savoir faire preuve d’originalité et d’inventivité, et ça Zelda l’a toujours fait
Forcément, si l’on veut prendre autant de temps pour créer LE jeu The Legend of Zelda, c’est parce qu’il faut trouver l’inspiration, l’originalité et l’inventivité nécessaires ou, du moins, ce petit plus qui fait que chaque épisode à son charme. C’était le cas pour les épisodes que l’on a pu découvrir sur les consoles portables à l’image de Oracle of Seasons/Ages qui jouaient sur les temporalités, proposaient chacun leurs propres twists ainsi qu’un système de compagnon, ou encore de Minish Cap qui, lui, donnait au chapeau de Link un pouvoir bien particulier. Quoi qu’il en soit, chacun a apporté, à sa manière, un soupçon d’originalité dans la licence The Legend of Zelda et cet argument est encore plus vrai avec les épisodes que l’on pourrait considérer comme étant majeurs.
Ocarina of Time marquait le passage à la trois dimension, introduisait un système de ciblage des ennemis qui changeait la donne et faisait du temps un concept central où l’on pouvait apercevoir Link sous la forme d’un enfant et d’un jeune adulte. De ce pilier majeur de la série est né Majora’s Mask, un jeu qui reprenait, certes, des éléments de son aîné mais qui paraissait à la fois unique à l’aide d’ajouts suffisamment originaux (cycle, masques, agenda et emploi du temps) et d'une ambiance lugubre. The Wind Waker, lui, faisait office de précurseur tant il donnait l’impression de mettre la licence Zelda sur les rails du monde ouvert. Celles et ceux qui y ont joué se souviennent de ces longues traversées maritimes, porté par le vent et les différentes mélodies acquises par un Link au look cartoon. L’originalité, finalement, ce n’est pas que dans le gameplay puisque la mise en place d’une patte graphique en cel-shading a porté quelque chose en plus à la licence. Pour ce qui est de Twilight Princess, Skyward Sword ou encore Breath of the Wild, on peut citer — respectivement et dans l’ordre — la transformation de Link en loup, les origines de la saga et le fait que rien n’oblige le joueur à suivre la trame principale puisqu’il peut de suite prendre son courage à deux mains pour affronter Ganon.
Un tournant Nintendo Switch dont vous êtes le héros
Pour beaucoup, la découverte de Breath of the Wild est un souvenir marquant. Avec ce titre, Nintendo prenait le risque de se mettre une immense portion des joueurs de la première heure à dos, tout en ouvrant potentiellement ses portes aux nouveaux venus. Au final, même si c’est parfois un crève-cœur pour une partie de la communauté, ce fût l’énième révolution qu’il fallait à la licence The Legend of Zelda. Et puis, si on a eu tendance à pointer du doigt la liberté laissée par Breath of the Wild, il ne faut pas oublier que le tout premier jeu, sorti en 1986, possédait déjà cet esprit de liberté sans limite puisqu’il nous promettait une aventure fantastique non-linéaire qui incitait le joueur à en arpenter les moindres recoins. Comme on le disait plus haut, The Legend of Zelda n’a jamais eu peur de casser ses codes et de tenter des coups de poker : Breath of the Wild en était l’un des plus audacieux — il y a aussi Majora’s Mask, évidemment — mais Tears of the Kingdom est clairement l’atout qui fera mouche.
En un peu plus de 37 ans, la franchise The Legend of Zelda a gagné en maturité, c’est évident. Loin d’être considéré comme un ancêtre, Link a d’autant plus épousé son statut de « coquille vide » avec ce BotW, permettant aux joueurs de vivre une épopée légendaire où le héros à la lame purificatrice est avant tout le vaisseau d’une expérience unique et s’efface pour faire briller les joueurs qui y construisent alors leur propre jeu. La révolution, avec BotW, c’est que la saga a, avant toute chose, donné vie à des milliers — et bien plus encore, compte tenu des presque 30 millions d’exemplaires vendues — de jeux et redéfini un genre (celui du monde ouvert) de plus en plus balisé. Une fois de plus, Tears of the Kingdom s’apprête d’ici quelques jours à reproduire le même schéma de liberté et de permissivité tout en décuplant encore plus les possibilités avec la fusion des armes, la création de véhicules, les nouveaux pouvoirs de Link, l’accent sur la verticalité et les surprises inédites que nous réserve cet opus particulièrement attendu. Tout comme l’épisode Ocarina of Time est au Panthéon du jeu vidéo, c’est toute la licence et ses plus de 120 millions d’unités vendues qui méritent d’y trôner.