La Chine a entamé cette année une réflexion concernant la fabrication d’un énorme vaisseau spatial d’au moins un kilomètre de long. Mais que peut bien révéler cet étonnant projet ?
Si l’annonce peut faire sourire, finalement, 1 kilomètre de long, quand on regarde ce qui se fait ailleurs, à quoi ça correspond ?
En comparaison, dans Star Wars, le Croiseur Interstellaire mesure 1,6 km de long, le Super Destroyer Stellaire Executor 19 km et l’Étoile de la mort pas moins de 160 km ! Le Heighliner de Dune est estimé quant à lui à 20 km de long alors que le plus gros vaisseau imaginé est le vaisseau mère du film Independance Day avec 24 km !
Plus près de chez nous et dans la vraie vie, l’Airbus A380 ne mesure que 73 m de long et le plus gros avion existant est le Antonov An-225 avec 84 m. Quant à la Station Spatiale Internationale, l'ISS qui orbite dans l'espace à plus de 400 Km au dessus de nos têtes, elle ne fait "que" 110m de long. Le futur vaisseau chinois serait donc 10 fois plus long que cette station.
Véritable projet ou méga coup de buzz ?
Si les ambitions chinoises en matière de conquête spatiale ne sont pas nouvelles, elles se sont considérablement accélérées ces dernières années et ces six derniers mois en particulier.
Depuis les années 60 le marché spatial habité est contrôlé et verrouillé par deux nations, les États-Unis et la Russie. Malgré une appétence très forte pour tout ce qui tourne autour de l’espace et de la conquête spatiale depuis les années 1990, la Chine est freinée dans ses ambitions par une loi américaine interdisant totalement à la NASA de collaborer avec Pékin par peur de cyber-espionnage.
Question de prestige, ou réel intérêt, quoi qu’il en soit, la Chine a décidé de faire cavalier seul et entrepris un véritable programme de conquête spatiale depuis le début des années 2000. Ainsi, dès 2003, un premier vol habité a pu être réalisé et en 2011, la première station spatiale chinoise, Tiangong 1, a pu être mise en orbite.
Interdit d’accès à l’ISS par les américains, Pékin a alors décidé de construire soi-même sa propre Station Spatiale Chinoise (CSS), aussi appelée “Palais Céleste”. Le premier module, Tianhe, a été mis en orbite le 29 avril 2021 et seulement quelques semaines plus tard, le 17 juin, 3 taïkonautes (les astronautes chinois) ont pu rejoindre la station pour y effectuer diverses missions et expériences.
Situé à 425 km de la Terre (contre 408 km pour l’ISS), le Palais Céleste devrait, à terme, être composé de trois modules, être sensiblement équivalent à l’ISS, mais mieux aménagé, mieux équipé, plus moderne et serait surtout ouvert à tous les pays membres de l’ONU, sans distinction. L’ambition de la Chine est de proposer une alternative à l’ISS qui devrait progressivement arrêter d’être exploitée à l’horizon 2025-2028 et ainsi être désorbitée.
Gros vaisseaux, gros problèmes ?
En parallèle de tous leurs projets déjà en cours (la CSS donc, mais aussi la conquête de la Lune ou de Mars), Pékin envisage également un projet titanesque d’une ampleur encore jamais vue jusque-là.
Ainsi, la Fondation Nationale des Sciences Naturelles Chinoises a indiqué récemment lors d’un entretien au South China Morning Post être en train de travailler sur un projet de vaisseau géant d’au moins un kilomètre de long, voire plus si nécessaire (ou possible...).
“Un tel engin spatial est un équipement aérospatial stratégique majeur pour l’utilisation future des ressources spatiales, l’exploration des mystères de l’univers et le maintien en orbite à long terme” ont déclaré les membres de la fondation au quotidien chinois.
L’objectif de ce vaisseau, quelque peu inimaginable encore aujourd’hui, sera de fournir au monde entier une plateforme stable et durable pour mener des missions jusqu’alors impossibles comme envoyer des milliers de personnes à bord.
Parmi les autres activités évoquées, on parle d’un télescope géant pouvant remplacer le plus connu de tous, Hubble, qui doit être désorbité en 2025 faute de carburant, ou encore la possibilité d’être utilisé comme une immense centrale solaire pouvant renvoyer l’énergie directement sur la Terre via des faisceaux micro-ondes. Une technologie déjà en test par la Chine et par les Etats-Unis.
Si les différents scientifiques interrogés ne voient pas de réelle contrainte technique à la réalisation d’un tel projet, son coût et surtout sa construction interrogent. Comment assembler un tel engin ?
À titre de comparaison la station spatiale internationale, l’ISS ne mesure que 110m de long et sa masse avoisine déjà les 420 tonnes. Elle a coûté plus de 150 milliards de dollars (environ 127 milliards d’euros) et son coût de fonctionnement est d’environ 3 milliards par an (environ 2.5 milliards d’euros).
Actuellement, la fusée Falcon Heavy, l’une des plus puissantes au monde, ne peut transporter “que” 63 tonnes de matériel par vol. Si on multiplie bêtement par 10 la taille du futur vaisseau intergalactique chinois par rapport à l’ISS, le poids et surtout le coût donnent des vertiges. Surtout quand on sait que le budget alloué à la recherche n’est pour le moment que de… 2 millions d’euros ! Une somme tellement ridicule qu’on se demande si tout cela est bien crédible.
Le groupe de projet se donne cinq ans pour étudier l’intérêt et toutes les possibilités techniques et technologiques de réaliser un tel exploit.
- Image d'accroche : Vaisseau Mowteng de la série TV The Expanse.