Comme vous le savez certainement, l'avènement de l'Esport a permis la création de très nombreuses ligues et tournois professionnels. De l'Overwatch League aux LCS de League of Legends, les compétitions vidéoludiques sont désormais extrêmement professionnelles. Des athlètes de haut niveau, des écuries connues dans le monde entier... Avec ces éléments nouveaux, pourquoi ne pas inviter tout ce petit monde aux Jeux Olympiques ?
Parce que les jeux vidéo sont des propriétés intellectuelles ? Parce que tous les pays n'ont pas les ressources ou l'envie de monter des équipes nationales ? Parce que certaines productions phares sont trop violentes ? Cela fait partie des sujets que nous avions abordés avec Jean-François Martins, adjoint aux Sports de la Ville de Paris, dans un article publié le mois dernier. Pour lui, le monde du jeu compétitif n'est pas encore prêt à entrer aux Jeux Olympiques, ce qui ne l'empêchera pas de militer pour l'organisation d'un tournoi Esport en marge des JO de 2024.
C'est aujourd'hui au tour du CIO de s'exprimer sur ce délicat sujet. Le président du Comité International Olympique, Thomas Bach, a ainsi répondu à la question du journal L'Equipe et le moins que l'on puisse dire, c'est que son opinion est bien tranchée. Pour lui, l'Esport ne sera jamais considéré comme une discipline olympique, car, hormis les simulations, la violence dans les productions en vogue entre en contradiction avec les valeurs transmises par les JO.
L'Esport ne sera jamais aux Jeux Olympiques, mais il faut s'y intéresser. La porte d'entrée, ce sont les jeux de simulation. Il y a une ligne rouge concernant le contenu de certains de ces jeux. On ne veut rien avoir à voir avec ces jeux où on s'entre-tue. L'industrie a très bien compris notre position.
Une position ferme, même si Thomas Bach reconnaît qu'il sera important de renouer des liens forts avec la jeunesse dans les années à venir. Faudrait-il plutôt miser sur une déclinaison électronique officielle des Jeux Olympiques ? Si cette idée venait à se concrétiser, cela impliquerait malheureusement de se contenter d'une poignée de titres orientés simulation comme FIFA ou Rocket League. Le problème reste donc le même, un événement Esport olympique privé de tous les jeux les plus populaires du marché a-t-il encore un sens ? Une question qui continuera probablement à alimenter de nombreux débats durant encore quelques années...
Nous sommes en compétition pour les loisirs de la jeune génération, mais nous pouvons utiliser les plateformes qu'utilisent les jeunes pour faire passer nos valeurs. Lorsqu'il s'agit de simuler les sports, nous n'avons pas de problèmes de valeurs et nous avons la possibilité qu'une Fédération internationale puisse réglementer ces sports. Cela ne signifie pas que nous aurons à Tokyo un nouveau programme olympique, nous ne sommes pas encore prêts, et de loin, mais il s'agira de mieux se connecter à la nouvelle génération.