Mardi dernier, Google dévoilait Stadia lors d’une Keynote à la GDC. Derrière ce nom se cache une plateforme de jeux exploitant le concept du Cloud Gaming, qui consiste à faire fonctionner les jeux sur des serveurs à distance plutôt que sur le matériel du joueur. Un atout qui lui permet ainsi de s’essayer à des titres normalement trop gourmands techniquement pour son support, à condition qu’il possède une connexion internet au débit suffisant. Mais le Cloud Gaming, vous connaissez déjà : et si finalement, la véritable nouveauté de cette conférence n’était pas celle de Stadia, mais plutôt de ses nombreuses petites fonctionnalités gadgets sur le papier ?
Notons tout de même qu’il subsiste encore de nombreuses zones d’ombres et questions autour de la plateforme. Prendra-t-elle la forme d’un abonnement mensuel avec un catalogue de jeux ? D’un store en ligne où il faut acheter ses jeux séparément ? Quelle sera la véritable limite de chaque fonctionnalité ? Des réponses à ces questions dépendra l’efficacité des fonctions évoquées ci-dessous et donc leur réel intérêt. Mais sur le papier, celles-ci jouissent d’un vrai potentiel.
La manette Stadia au service de l’instantanéité
Les deux premières sont liées directement à la manette Stadia, seul élément matériel dévoilé au cours de la conférence. Si celle-ci adopte une forme classique évoquant sur certains points le contrôleur pro de la Nintendo Switch, elle dispose de deux touches bien spécifiques témoignant de la volonté de Google de rendre les expériences de partage autour du jeu vidéo plus fluides que par le passé.
La première, c’est le recours à Google Assistant. Les plus anciens se souviennent de l’ETAJV, des astuces et cheat codes distillés dans les magazines. De nos jours, c’est le recours aux fonctions des smartphones qui permet rapidement de consulter une vidéo ou une solution écrite pour dépanner en cas de blocage. Mais la touche de la manette Stadia va plus loin : elle permet directement de lancer une vidéo YouTube reprenant la séquence que vous êtes en train de jouer. Un recours rapide à une solution, donc, qui fait véritablement office de version 3.0 de la soluce. Et si l’ensemble s’adresse sans doute davantage à des joueurs occasionnels, il offre une immédiateté de recherche qui s’avère très intéressante sur le papier.
La seconde, c’est le partage direct de votre session de jeu sur YouTube. L’idée d’attribuer une touche à ce seul but n’est pas nouvelle, en témoigne le désormais célèbre bouton Share du Dualshock 4. Mais elle semble ici peaufinée puisqu’elle va vers davantage de simplicité en permettant de streamer votre session en direct. Il faudra toutefois attendre plus d’informations sur son fonctionnement précis pour être certain que la capture d’images ou de vidéos (directement partagée sur votre compte Youtube, qui sait ?) ne sont pas également de la partie.
Crowd Play et State Share, pour rapprocher les joueurs ?
Le terme de Crowd Play évoquera sans doute quelques souvenirs aux connaisseurs de feu Telltale Games. Cette fonction permettait à plusieurs joueurs de voter pour l’un des choix de dialogue ou d’action à l’écran, la décision prise in-game dépendant alors des résultats de ce vote. Même si la philosophie est ici similaire et s’appuie sur la notion de communauté, le Crowd Play de Google se différencie tout de même dans l’exécution du concept. Il s’adresse en effet aux streameurs, qui peuvent inviter leur communauté à les rejoindre sur un jeu : la fonction crée alors un lobby dédié aux joueurs qui pourront à tour de rôle venir défier (ou coopérer, l’idée n’est pas exclue même si elle n’a ici pas été évoquée) le vidéaste dont ils sont spectateurs. Moins universelle que les autres fonctions au premier abord, le Crowd Play va tout de même dans le sens du rapprochement d’une communauté avec le vidéaste qui a su la fédérer.
Enfin, le State Share est là aussi l’une des idées les plus intéressantes sur le papier, bien qu’encore nébuleuse sur son exécution. Elle permet en principe de partager un lien d’accès direct à un point précis d’un jeu (toujours via un compte Stadia) et était présentée durant la conférence comme un moyen de défier d’autres joueurs en les incitant à battre votre temps ou votre score sur une session donnée. La vraie question qui se pose, c’est de savoir si ce système va plus loin et permet par exemple de partager un équivalent de sauvegarde pour qu’un autre joueur passe la séquence à votre place et vous rende ensuite la sauvegarde à un point plus avancé.
Le mot-clé autour de ces fonctions, c’est l’instantanéité. Une idée forte qui se matérialise donc par les innovations évoquées précédemment, même si celles-ci semblent sur le papier plus que gadget. Encore une fois, c’est plus le potentiel important des fonctions que ce qui en a été montré pour l’instant qui est ici à noter : d’un concept simple, l’ensemble peut évoluer et offrir à terme bien d’autres possibilités s’il est exploité avec intelligence. Et sans surprise, en tant que possesseur de la plateforme YouTube, Google est bien le seul acteur du marché à pouvoir mettre en application de telles idées puisqu’il dispose déjà des outils adéquats pour mener ces projets à terme.