Décidément, les lancement se succèdent à un rythme soutenu chez NVIDIA : quelques semaines seulement après l'arrivée de la RTX 2060, la génération Turing accueille une nouvelle venue : la GTX 1660 Ti. Attention toutefois... C'est une architecture amputée des fameux RT et Tensor Core qui va porter cette carte, afin notamment de proposer un rapport qualité prix plus rationnel. Le gâteau Turing sans cerise ni chantilly est-il toujours aussi appétissant ? La réponse se trouve dans les paragraphes qui suivent, avec le test complet d'une GTX 1660 Ti XLR8 de chez PNY.
C’est peu de dire que NVVIDIA connait une période mouvementée depuis l’arrivée sur le marché de ses puces graphiques de dernière génération. Certes, la firme a dû gérer dans le même temps un certain nombre d’aléas économiques extérieurs qui ont impacté ses résultats de vente, comme la chute du cours des cryptomonnaies ou les relations commerciales tendues entre Chine et États-Unis. Mais le fait est que les cartes RTX ont moins fait l’unanimité que les GTX des séries 9 et 10. En cause, leurs prix d’appel élevés, et des fonctionnalités majeures qui peinent à se démocratiser. Le cas du traitement DLSS est à ce titre assez parlant : sur vingt-huit annonces de jeux promettant une intégration rapide, seules trois ont été concrétisées, et pour des résultats très variables en termes de qualité de rendu.
GTX 1070 | RTX 2060 | GTX 1660 Ti | GTX 1060 | |
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Architecture / GPU | Pascal GP104 | Turing TU106 | Turing TU116 | Pascal GP106 |
Process de gravure | 16 nm | 12 nm FFN | 12 nm FFN | 16 nm |
Taille du die | 314 mm² | 445 mm² | 284 mm² | 200 mm² |
Blocs SM | 15 | 20 | 24 | 10 |
CUDA Core | 1920 | 1920 | 1536 | 1280 |
Tensor Core | NA | 240 | NA | NA |
RT Core | NA | 30 | NA | NA |
ROPs | 64 | 48 | 48 | 48 |
TMU | 120 | 120 | 96 | 80 |
GPU Base Clock | 1506 | 1365 | 1500 | 1506 |
GPU Boost Clock (*) | 1683 | 1680 | 1770 | 1708 |
Mémoire | 8 Go GDDR5 | 6 Go GDDR6 | 6 Go GDDR6 | 6 Go GDDR5 |
Fréquence mémoire | 8 Gbps | 14 Gbps | 12 Gbps | 8 Gbps |
Bus mémoire | 256 bits | 192 bits | 192 bits | 192 bits |
(*Reference / Founders Edition)
Qu’à cela ne tienne : les joueurs veulent une carte à un prix modéré et édulcorée de fonctionnalités qui n’auront d’intérêt que sur le moyen ou le long terme ? Parfait ! C’est exactement ce qu’entend proposer la nouvelle GTX 1660 Ti. Annoncée à un tarif conseillé de 299€, cette carte repose sur l’architecture Turing, mais n’intègre aucune unité spécifique destinée à exploiter des réseaux neuronaux ou des rendus ray tracing. La carte du retour à une certaine forme de raison, diront certains, et qui devrait peu à peu évincer du marché la GTX 1060, actuellement commercialisée à un tarif moyen similaire. Mais avant de parler performances, rappelons les quelques éléments techniques qui vont caractériser cette nouvelle carte.
La GTX 1660 Ti, malgré son appellation presque old school, embarque donc bien une puce graphique Turing, baptisée TU116. A ce titre, elle reprend un certain nombre d'évolutions que nous avions déjà présentées dans de précédents dossiers : une structure renouvelée des blocs SM (Stream Processors) par rapport à la génération Pascal, ainsi qu’une nouvelle répartition des différents niveaux de cache. Cette puce reçoit toutefois une petite touche de personnalisation par rapport à l’architecture Turing telle qu’elle est déclinée sur les produits RTX : en effet, au cœur de chaque SM, on trouvait précédemment 16 unités FP32, 16 unités INT32, et les Tensor Core, chargés d’accélérer l’exploitation des réseaux neuronaux, mais aussi de gérer les opérations de plus faible précision (FP16). Sur la puce TU116, les Tensor Core n'ont pas simplement disparu : ils ont laissé la place à des unités FP16.
L’autre élément qui va caractériser cette puce TU116, c’est sa taille. En effet, ses 6,6 milliards de transistors ne s’étalent « que » sur 284 mm². A titre de comparaison, les GPU des RTX précédemment lancées sur le marché faisaient entre 445 et 754 mm² de surface. Le retrait des unités dédiées au ray tracing a donc clairement permis de faire des économies, et nous donne dans la foulée une indication sur les gains liés au passage à la gravure 12 nm. En effet, si l'on s'arrête sur le tableau de spécifications ci-dessus, on constate que TU116 et GP106 affiche un ratio "unités de calculs / surface occupée par la puce" très proche, pour des fréquences de fonctionnement quasi identiques. Il y a évidemment des différences d’architecture, mais d’instinct, cette proximité laisse l'impression que le passage de 16 à 12 nm n’a pas donné aux ingénieurs de NVIDIA une marge de manœuvre folle dans l’élaboration de Turing.
En revanche, cette réduction de la taille du die devrait avoir une conséquence directe très positive sur l’enveloppe thermique. Un constat qui se confirme au vu du design de la carte que nous avons reçue : alors que les RTX 2060, 2070 ou 2080 présentaient pour la plupart une taille conséquente et de solides systèmes de refroidissement, notre exemplaire de GTX 1660 Ti, une XLR8 overclockée de chez PNY, se caractérise par un dimensionnement modeste : cartérisation de 175 par 115 mm, sur deux slots, qui vient courvrir un simple bloc à ailettes traversé par 3 caloducs en cuivre, et un seul ventilateur pour aérer le tout… Cette XLR8 ressemble fort aux premières GTX 1050 et 1050 Ti que nous avions vues fleurir quelques années plus tôt, à ceci près que les performances affichées ne devraient pas être tout à fait du même niveau.
Terminons en signalant que NVIDIA a choisi pour sa GTX 1660 Ti de rester sur de la mémoire GDDR6. Certes, l’utilisateur n’aura droit qu’à 6 Go, et à une fréquence légèrement réduite, mais la bande passante disponible se hisse tout de même au niveau d'une GTX 1070. Un peu plus haut, même, avec 288 GB/sec. Enfin, si notre modèle de test ne disposait que de 3 sorties vidéo (HDMI, DVI et DP), sans port Virtual Link, ce dernier sera supporté, son intégration étant laissée à la discrétion des fabricants partenaires.
Bien… Les présentations étant faites, passons maintenant au bilan des performances, performances que nous avons mesurées grâce à notre protocole de test habituel. Soyons francs : cette carte est un très bon cru, et même une excellente surprise vis-à-vis de certains aspects. Pour les joueurs qui s’y investiront, la GTX 1660 Ti proposera des prestations équivalentes, ou très légèrement inférieures à une GTX 1070 Founders Edition, le positionnement étant variable selon les résolutions et l'API prise en référence.. Cela correspondra à une excellente expérience de jeu en 1080P / Ultra, avec des frame rate qui oscilleront majoritairement dans un intervalle de 80 à 110 FPS. En 1440P / Ultra, le frame rate moyen tournera plus autour d’un solide 60 FPS, ce qui restera confortable pour bon nombre d’utilisateurs. Le seul bémol que nous pourrions émettre concerne la quantité de mémoire vidéo disponible : certes, nos mesures récentes montrent que cet aspect sera rarement un point bloquant dans l’état actuel du marché, mais la GTX 1070 proposait 8 Go de GDDR5. Nous n’aurions pas trouvé illogique que la GTX 1660 Ti, qui va se positionner sur le même créneau de performances, se cale sur cette valeur de référence.
Cependant, revenons sur du positif en abordant LA bonne surprise de ce modèle PNY : la gestion des fréquences et des constantes environnementales. Ainsi, bien que la carte ne dispose pas d’un mode de fonctionnement semi-passif, elle reste très discrète en faible charge (35,6 dBA), son unique ventilateur se stabilisant sur une vitesse de rotation de 1000 rpm. En charge, cette valeur pourra monter à 1750 rpm, pour une nuisance mesurée autour des 43,5 dBA. Il s’agit d’une prestation tout à fait correcte, si l’on considère la puissance développée, le très faible encombrement, ainsi que le tarif de cette carte : à ce titre, rappelons que la GTX 1660 Ti XLR8 est commercialisée au prix annoncé par NVIDIA, soit 300€. On trouvera nécessairement sur le marché des productions mieux dotés en termes de refroidissement, mais au vu des prestations déjà très bonnes de cette XLR8, il ne nous parait pas évident du tout que la différence de prix qui en découle soit justifiée.
Bonus toujours appréciable : les faibles nuisances sonores ne s’obtiennent pas au détriment d’une température du GPU trop élevée ou de faibles fréquences de fonctionnement. 70°C au maximum en jeu et en boitier fermé : ici encore, nous sommes dans une moyenne tout à fait confortable, par rapport à beaucoup d’autres cartes que nous avons eu l’occasion de tester. Et s’agissant de la fréquence, non seulement elle reste stable à 1891 MHz en moyenne (entre 1850 et 1920 MHz selon les jeux), mais elle peut monter beaucoup plus haut. En poussant les limites de consommation, la carte peut trouver un point d’équilibre autour des 1920 MHz, point d’équilibre que nous avons encore repoussé grâce au logiciel Precision X1 d’EVGA, pour arriver à 2050 MHz. À partir de là, il nous a semblé que le circuit d’alimentation rendait toute progression plus compliquée, et nous n’avons pas poursuivi plus loin. Reste que ces prestations sont encore une fois tout à fait louables pour un modèle sur le bas de la fourchette de prix des GTX 1660 Ti.
Enfin, dernier point qu’il convenait de remonter : la consommation. Cette dernière s’élève en charge et pour la carte seule à 120 Watts. Cela correspond à la zone de fonctionnement d’une GTX 1060 Founders Edition, pour des performances graphiques en hausse de 25 à 30%.
Finalement, la GTX 1660 Ti ressemble à s’y méprendre à une réponse bien sentie à toutes les critiques qui avaient été formulées envers les cartes RTX : si l’on se place du point de vue d’une GTX 1060, la nouvelle venue imposera des hausses de performances considérables (de 25 à 30%) pour un tarif identique. Du point de vue d’une GTX 1070, les performances seront équivalentes, mais l’utilisateur déboursera en moyenne 160€ de moins. S’agissant de notre exemplaire de test plus particulièrement, ses prestations sont excellentes pour un produit commercialisé au tarif conseillé. La déclinaison XLR8 de PNY cumule ainsi une bonne capacité d’overclocking, une gestion maitrisée des constantes environnementales et un encombrement réduit. Quant à la concurrence externe (AMD), elle reste fragile, pour rester poli.
Certes, la RX Vega 56 vient de profiter d’une baisse de prix non négligeable (250€, nouveau tarif conseillé), mais il y a fort à parier qu’il ne s’agisse là que d’un effet d’annonce très temporaire visant à contrer le lancement de la carte NVIDIA. D’ailleurs, très peu de modèles semblent concernés, puisque le prix des Vega 56 reste élevé en moyenne : autour des 335€. Et sur un plan plus technique, la puce de la RX Vega 56 n’a à coup sûr pas les mêmes facilités de refroidissement, et ne brille toujours pas sa consommation, c’est le moins que l’on puisse dire : on mesure presque que 100 Watts de différence. Quant à la RX 590, elle n’est tout simplement pas au niveau sur le plan des performances. La GTX 1660 Ti a donc tout de la carte bien née, et elle devrait ouvrir la voie à une nouvelle série de GTX Turing intéressante. Une série qui fera primer le rapport performances / prix le plus juste et non plus les fonctionnalités inédites. On ne va certainement pas s’en plaindre.