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Sujet : Mal d'écrit

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Julien-Gracq7 Julien-Gracq7
MP
Niveau 8
10 septembre 2019 à 16:53:44

"J'en suis fatigué de tout ça", lui ai-je dit. Ces efforts, ces problèmes, si légers au regard des aïeux, forment un fardeau bien trop lourd pour mon fragile équilibre. Anxieux du matin au soir, en sueur de mes nuits, pâle et tremblant tout le jour, il faut mettre un terme à cette sotte de vie, c'est pourquoi je lui signifiai mes adieux la veille, et m'en allai dans quelques ruelles opaques de Londres.

Je note au sujet de cette nuit et de ces jours ces quelques impressions fuligineuses qui me sont encore trop obscures, que ma pensée peine à saisir pleinement. Espérons que l'alcool, la fièvre et le délire soient de bons alliés comme naguère. Le matin de mon départ, je me souviens. Nous étions allongés dans la chambre d'hôtel, nous reposions nus l'un contre l'autre dans les draps humides de suées et de luttes nocturnes. Je dis bien lutte, car il lui fut difficile de me convaincre de garder le lit pour la nuit. J'étais agité, en proie à une grisante folie d'opium et de spiritueux et, plus que tout, dans cet alcôve renfermé au parfum velouté du pétrole et et de l'encre mélangés, j'étais diablement inspiré et tiraillé conjointement. Il me fallait inscrire au plus vite une timide pensée volatile née de ma torpeur artificielle du peu de force qu'il me restait, du maigre appui de mon coude sur une table branlante éclairée d'une lueur vacillante de l'âtre, sur le côté. Sans doute ma plume bava, certainement mon esprit dériva, probablement écrivis-je moult sottises pour une modique sensation éphémère joliment transcrite.

Alors que je parachevais mon oeuvre, l'agitateur de ma vie, mon compagnon jusqu'alors, vint me quérir une dernière fois de le rejoindre, excité comme une puce, hystérique comme il le devient toujours dès lors qu'un élan de folie prend contrôle de son esprit, homme si sensible! Il hurlait des menaces, des vilénies, menaçait de me mettre à la porte, de m'abandonner, de ne plus m'aimer! Eh! Un poète devrait-il poser la plume en pleine transe, s'interrompre pour s'adonner aux perversités d'un quelconque pédéraste?! A ses dires, il était presque quatre heures du matin, voilà plus de huit heures que j'écrivais et me gavais de fumée et de boissons... Je n'en avais pas conscience. A force de cris et de menace, forcément les voisins finirent par faire acte de présence, par superposer au chant de ténor quelques blanches de bombardiers, cognant les parois de poings rageurs. Décontenancé au début, je trouvais un charme à cette scène bruyante dans l'obscurité rouge des tapis et des fauteuils en un soir de faible feu; dans la tourmente de cet homme animal debout derrière moi; dans la frénésie solitaire de l'être qui écrivait, qui était moi! Comment me suis-je alors décris? Cheveux vrillés comme des serpents, gras et collants comme englué d'huile? Le teint blafard, les yeux creusés, l'iris absente, les tempes brûlantes, les extrémités poisseuses? Oui, j'étais tout cela; certainement mort d'extérieur en dépit de mon bouillonnement intérieur.

Sitôt mon ami calmé pour un temps, le tapage terminé, voilà que changeant d'atmosphère sonore, c'est une nouvelle idée qui me vint : ne pourrais-je pas transformer cette scène de vie en une savante mythologie? Il y aurait là un ogre, un enfant, et une armée de gobelins! Crétine idée! Je jetais à la poubelle mes notes - toutes! - et je m'arrachais les cheveux à m'en extraire le cuir chevelu, à m'en ouvrir le crâne, ce si bête crâne farci d'âneries!

Arrivé là, je m'abandonnai dans les bras de mon compagnon qui bien content de me voir me soumettre, ainsi qu'un aîné, me consola chaudement dans de douces étreintes avant de me pénétrer violemment le scrotum. Le réveil au matin se fit dans ses bras ainsi que susdit et sitôt ceci fait, un premier cri de marchand, un premier trot de chevaux perçu, je me levais énergique à la fenêtre, ouvris les volets, fis jour sur notre havre et me remis derechef au travail - des tréfonds de la corbeille ressortis-je mon brouillon injustement condamné la veille pour l'ordure. Achevant de déplier les plissures et de réécrire les petits vers lisibles en grand fracas de papiers reformés, je réveillai mon ami de mauvaise humeur, dépité de me voir ainsi acharné à nouveau; de retrouver la bête malade qu'il crut voir mourir hier, confiant toujours en ce que sa sodomie avait de salutaire. Les médicaments me dit-il, rien à braire lui répondis-je, sciemment virulent, une braise de haine dans le feu de mes yeux. Tu es brûlant me fit-il encore en me passant la main sur le front; à quoi je ne répondis rien, usant de mépris à son égard comme de ma plus belle des armes.

Lui avait renoncer à écrire, il se savait malade et profondément immoral, ça le tourmentait. Moi je n'en avais cure, que m'importe les prêtres et les bonnes femmes, ces prédicateurs de fumier, ces esclavagistes de conscience, ces gardiens du paradis des stériles?! Il ne méritait que mon dégoût, aussi redoublai-je d'efforts pour créer et jouis de le voir en souffrir.

"Une femme trop maigre qui passe dans la rue, elle est charmante. Eh! Pourquoi ne pas écrire là la traversée de Londres par une putain?! Mettons une maigre femme en rose comme la dame de la rue, âgée de douze ans cependant, en train de se prostituer ouvertement! Que n'y aurait-il pas de drôle à raconter là-dedans?! Imaginons sa famille, des Thénardiers quelconques, avilis et enlaidis par les ans et la peste qui est en eux, prostituer leur jeune fille puis la battre un peu. Laquelle jeune fille tombe amoureuse d'un dégoûtant qui la cogne et la prostitue en retour. Laquelle met au monde un salopiaud qui la frappe et la baise au final... Voilà qui est original et tordant! A s'en fendre l'anus, à s'en essorer la vessie!"

Et puis cette idée je l'ai rapidement jetée : j'en fis une boulette et l'envoyai crouler par la fenêtre, dans la rue. Un petit poc, un petit cri. Il faut dire qu'elle est bondée à midi, cet artère. Pour sûr, un badaud fut frappé par mon art, que n'a-t-il admiré ma somptueuse poésie?! Au lieu de maugréer! Vil geignard!

J'eus l'idée d'un cheval qui pensait et détestait sa servitude, qui finit par manger ses maîtres puis par se manger lui-même car il n'y avait pour lui rien au-delà de la servitude consommée, rien que du vide et de ce vide il eut peur, il n'en supporta pas le néant et se suicida... L'idée valsa sur le couvre-chef d'une mégère. La journée entière fut consommé de bribes et de jetées. Au final j'étais épuisé de vomir mes turbulentes impressions, j'ai préféré me souler un dernier coup et me suis étalé dans ma nausée.

Le soir je me réveillai dans de bons draps non-souillés de mouilles diverses. Il faisait chaud, quatre buchettes crépitaient joyeusement dans l'âtre. Il faisait bon à en dresser un éloge, seulement la migraine était violente. Mon compagnon se tenait assis à côté de l'âtre, je ne le compris pas sur le moment mais il s'affairait à brûler des feuillets; ce n'est qu'un peu plus tard qu'un peu plus conscient, je compris voyant le bureau vide de feuilles à quelle destruction il s'adonnait précipitamment! car de papiers, en dépit de ce que j'ai écrit auparavant, j'en avais bien produit des bons! Je bondis telle une hyène énervée sur lui, lui pris le bras et mordis dedans, mes canines s'enfonçant comme dans un rose-biffe. (Je me souviens encore du goût de son sang et de sa chair flasque, je l'ai sur le palet). On dût lutter un sacré moment tant je me retrouve couvert d'ecchymoses à l'heure où je pose ces phrases.

"C'en est assez de ces fantaisies! Regarde-toi mon ami! tu n'es plus que l'ombre de toi-même! Tu te détruit par cette corruption des lettres", me dit-il ou approximativement. Je dus rétorquer une chose blessante car si notre conversation prit fin avant que je n'annonce mon départ, c'est sur une trainée de larmes que se fondit la masse ridée de son visage usé d'artiste raté. Sans doute lui ai-je révélé ma peur de lui devenir, peut-être ai-je enfoncé le clou en invoquant le seigneur, qu'en vérité, nonobstant les préoccupations morales, il n'y aurait pas de paradis pour un vieux pédé libertin!

Et puis je lui dis que j'en étais fatigué de tout ça avant de ressortir à jamais de sa vie. Fatigué de quoi à vrai dire? J'étais en un état de faiblesse et de détresse extrême, prenez cette phrase comme le cri d'une douleur profonde qui n'avait pas vocation à sortir, qui émergea mal à propos. Car c'est d'écrire, et de m'enivrer, et de me ruiner qui me fatigue en vérité. C'est la fierté des miens, ma réussite propre, et l'amour de tous que je voudrais obtenir. Seulement je ne sais que détruire et, à défaut de créer dans mon oeuvre, je détruis mon être jusqu'à mon oeuvre.

Eh bien! Comme je l'ai dit la nuit dernière, je suis fatigué de tout ça et puisque je suis à bout de force, il convient d'accepter la mort; mieux même : de s'en aller à elle. Gaspillons, brûlons, consumons; et notre énergie, et notre santé, et notre cerveau; bousillons jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de ma matière comme de mon âme, eh! Puisse-t-il rester une chose de mon oeuvre! puissé-je avoir capté le beau d'une sensation! le vrai d'une impression! lorsque sur ce linceul de chair battue, il ne restera plus qu'un tas de charogne!

Message édité le 10 septembre 2019 à 16:56:37 par Julien-Gracq7
theophile977 theophile977
MP
Niveau 2
01 octobre 2019 à 20:03:03

Bonjour Julien-Gracq7.
Il s'agit d'un texte romantique (j'ai lu un peu tes autres textes, je vois ton pseudo, et je comprends que tu es d'inspiration romantique). Moi-même je ne suis pas romantique donc peut-être que je ne suis pas le meilleur pour juger ton texte ; allons-y quand même.
Ton texte parle d'un écrivain et je trouve que les passages qui parlent de ça sont particulièrement réussis : par exemple,

voilà que changeant d'atmosphère sonore, c'est une nouvelle idée qui me vint : ne pourrais-je pas transformer cette scène de vie en une savante mythologie? Il y aurait là un ogre, un enfant, et une armée de gobelins! Crétine idée! Je jetais à la poubelle mes notes - toutes! - et je m'arrachais les cheveux à m'en extraire le cuir chevelu, à m'en ouvrir le crâne, ce si bête crâne farci d'âneries!

J'aime bien ce passage, et aussi celui avec la prostituée de douze ans. En tant qu'exercice de style je trouve que ton texte est très réussi. Ça se voit que tu as de la bouteille et tu sais faire tenir un texte. Perso je ne suis pas fan des vulgarités (pédéraste et compagnie), non pas parce que ça me choque, mais simplement parce qu'à les lire aujourd'hui j'ai le sentiment qu'elle n'ont plus leur place - les barrières qu'elles ont servi à faire tomber à l'époque où l'on écrivait de cette façon sont tombées depuis longtemps (remplacées peut-être par un vide qui est encore pire, certes). Par ex je suis un grand fan de Céline mais je pense qu'aujourd'hui on ne peut plus écrire à sa façon.
Mais cela ce sont mes avis personnels et encore une fois je trouve que dans son genre ton texte fonctionne parfaitement.

Au plaisir de te relire.

Julien-Gracq7 Julien-Gracq7
MP
Niveau 8
02 octobre 2019 à 21:33:02

Bonsoir, merci pour ce retour.

C'est un gros problème de ce texte : il est censé se passer dans la Londres de la fin du XIXème siècle, mais rien ne le laisse induire. D'où l'utilisation de termes comme "pédéraste", plutôt en vogue à l'époque. Tu as donc raison, mon texte ne laisse pas appréhender l'époque comme il se doit, et donc l'emploi de ce terme (et d'autres) semblent légitimement inappropriés. C'est un point qu'il faudra que je corrige par l'ajout d'un détail permettant d'identifier l'époque.

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