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Sujet : [Nouvelle] [Apocalypse, glauque] Condamnés à vivre

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Mickanos Mickanos
MP
Niveau 9
09 février 2018 à 14:26:26

Salut, j'aimerais vous présenter une nouvelle que j'ai écrite récemment. Elle est en quatre parties, d'environ 1000 mots chacune.
Je poste la première pour l'instant, n'hésitez pas à me faire savoir si vous voulez lire la suite. :)

Je me souviens encore de mon exécution. On était quatre, alignés comme ça sur une estrade en bois. Face à la foule, à l’ancienne. Histoire de montrer l’exemple. Il faisait gris ce jour là. Déjà à l’époque, il faisait tout le temps gris. Sauf quand il faisait noir. Les gens en bas nous huaient. Je ne pense pas qu’ils savaient pourquoi on était là. Ils s’en foutaient, d’ailleurs, ils avaient juste besoin d’une distraction. Le monde n’en était pas encore à l’état dans lequel il se trouve aujourd’hui, mais on le sentait venir. Plus personne n’en avait quoi que ce soit à foutre, et les plus malins avaient commencé à abandonner le navire avant qu’il ne soit trop tard. C’est ce que j’aurais du faire, d’ailleurs, au lieu de jouer au héros.
Dans le temps, j’étais gardien de prison. Pas le boulot le plus romantique du monde, mais avec les primes de risque et le travail de nuit, le salaire était correct. A la fin, je ne surveillais plus que le couloir de la mort. Il était plein à craquer. Et puis je l’ai fait sauter. Je n’ai jamais su, mais je crois que je n’ai raté personne. J’espère qu’ils sont tous morts, ces cons. J’espère que ça valait le coup. Après ça, je me suis fait choper. Je comptais garder une dernière balle pour moi mais je me suis un peu emporté pendant la fusillade. J’ai du avoir quelques flics aussi. Où qu’ils soient maintenant, j’imagine qu’ils me remercient. Comme quoi c’est possible d’aider quelqu’un contre son gré.
On était donc là, tous les quatre, la tête sur le billot. Prêts à recevoir notre injection. On avait pris pour mille ans. Mille ans c’est long, mais la Justice cherchait à donner des peines dissuasives. Faut dire que comme tout le monde pétait un câble, ils se devaient de se montrer un peu extrêmes pour faire régner un semblant d’ordre. Les pourris. Mille ans.
Quand j’ai senti la seringue dans mon bras, quand j’ai vu son contenu, noir comme la suie, pénétrer ma veine et se mêler à mon sang, j’ai pigé qu’il n’y avait plus aucun recours possible. J’allais vivre pendant mille ans. Je n’allais rien manquer de l’horreur qui nous attendait. Je me doutais que notre civilisation n’en avait plus pour longtemps, que je lui survivrais largement et que je devrais m’accommoder du merdier qui la suivrait. Ensuite, la lame de la guillotine s’est abattue sur ma nuque et le néant s’est emparé de moi. Ils nous exécutaient pour la forme, pour le spectacle. C’était pas avec une petite piqûre dans le bras qu’on allait faire plaisir à la foule. Et puis la sentence était trop terrible pour être rendue dans l’intimité d’une salle blanche. Il fallait des témoins, pas juste un médecin en blouse blanche. La première fois que je suis mort, j’ai eu droit à une ovation. Et c’est pas plus mal. Ça marque le coup, quoi.
Le sérum d’immortalité avait été inventé vingt ans plus tôt. Vingt ans, c’est à peu près le temps qu’il avait fallu pour transformer la fontaine de jouvence en geyser de merde. Au début, bien sûr, c’était un truc de riche. De très riche, même. Genre milliardaire. C’est pas que ça coûtait cher à produire, mais on ne pouvait pas laisser tout le monde en profiter. Toutes les grosses fortunes de la planète s’étaient jetées dessus. Certains s’étaient directement injectées pour dix mille ans d’invulnérabilité. Les cons. Les plus malins s’étaient constitués une réserve pour y aller plus doucement. Vingt ans pour commencer. Puis cinquante, tout au plus. C’est un sacré engagement, quand même, de s’interdire de mourir. Il faut avoir foi en l’avenir.
Ensuite, ça a doucement commencé à péter. Pas juste à cause du sérum. Le monde s’est simplement effondré. Sans se presser. Il y a eu des famines un peu partout. On était trop nombreux et on n’arrivait plus à produire assez. C’était pas tout à fait nouveau mais cette fois, ça ne touchait pas que les pays pauvres. Fini de voir à la télé les gosses qui meurent de faim à l’autre bout de la planète. Ils étaient dans la rue, un peu partout. Et forcément, les révoltes ont suivi. Les gens n’avaient plus de pain et, pour le coup, ils n’ont pas attendu qu’on leur suggère de la brioche pour commencer à tout casser. Alors le gouvernement a réagi. La police s’est armée et a commencé à tirer dans la foule. On a arrêté de voter, aussi. Y avait plus moyen de faire semblant de nous laisser le pouvoir. On pouvait plus nous faire confiance. Il fallait juste nous contenir. Et là, un petit génie de bureaucrate a eu l’idée du siècle. Un truc pour calmer le jeu, pour forcer tout le monde à arrêter les conneries. Ils se sont mis à utiliser le sérum pour punir les délinquants et les révolutionnaires. Quand on est prêt à se battre, à tuer, et même à mourir pour changer un monde qui ne nous convient plus, même si on sait qu’on n’a aucune chance, on peut s’accrocher à l’énergie du désespoir. Si vraiment la société est trop dégueulasse, on peut lutter quand même. Mais quand on risque, au contraire, de devoir la supporter pendant cent ans de plus, c’est pas la même.
Alors ils se sont mis à injecter à la pelle. Les peines allaient jusqu’à deux cents ans. Heureusement, le sérum rendait stérile, donc ça n’aggravait pas trop la surpopulation. C’est les riches de la première heure qui ont du se sentir cons. Voilà maintenant que ce qu’ils s’étaient jamais payé de plus cher devenait la pire peine que la Justice pouvait infliger. Mais je ne crois pas qu’ils se rendaient compte, alors, d’à quel point ils avaient merdé. Comme pour moi, les condamnés étaient injectés avec le sérum puis exécutés. On avait ressorti les guillotines d’antan. Ensuite, on les laissait pourrir un peu en prison. Ça ne coûtait pas cher parce qu’on n’avait pas besoin de les nourrir. Enfin, on pouvait s’en passer. Parce que certes on ne meurt pas de faim, mais elle est quand même là. Et quand on passe dix ans sans manger, on sent doucement son estomac se contracter, l’énergie s’en aller et les muscles s’atrophier. Le sérum vous maintient dans un état d’à peu près motricité, mais il ne fait rien pour la souffrance. Ni pour l’ennui. Ni pour la solitude, d’ailleurs. La vie devenait la pire des tortures.
Ça a marché pendant un temps. Petit à petit, ils ont augmenté la durée des peines maximales et tout le monde s’est tenu à carreau. Ceux qui n’en pouvaient plus se suicidaient. Dans leur coin. Et il n’était pas question de se foirer. On ne s’ouvrait pas timidement les veines dans sa baignoire. On se mettait une balle dans la tête ou bien on sautait du haut d’une falaise. Toutes les falaises du monde se sont misent à puer la mort. Les gens ont arrêté de faire des gosses, aussi. Déjà que donner la vie, c’était pas quelque chose à prendre à la légère quand le monde tournait à peu près rond, on n’avait plus idée de l’infliger à un être qui pouvait se retrouver condamné à cinq cents ans d’errances dans cet avenir que l’on devinait funeste.

Stroke- Stroke-
MP
Niveau 1
23 février 2018 à 17:26:19

Hello ! :noel:
Tu as la première réponse avec un peu de retard, mais d'après ce que j'ai lu ça n'a aucun rapport avec la qualité du texte. C'est la première fois que je lis une nouvelle si bien amenée, avec une micro-chute en son milieu.
Au niveau du style j'ai rien de concret à te dire, c'est fluide et les choses s'enchaînent facilement. La chute est bien amenée, personnellement un truc un peu plus percutant ne m'aurait pas déplu, mais au moins ça ne force pas quelque chose de maladroit comme on le lit souvent en fin de texte. Le contexte, l'histoire en elle-même est géniale, ça plaira pas à tout le monde mais le champ des possible est très large. Hâte de lire la suite si suite il y a. :)
Tchao!

SkullZhunter SkullZhunter
MP
Niveau 7
24 février 2018 à 01:06:53

Hello,
C'est la première fois que je poste sur ce forum Écriture. J'ai beaucoup apprécié cette première partie de nouvelle : ce monde que tu mets en place ouvre plein de possibilités et j'ai adoré le ton employé ici. J'ai hâte de découvrir la suite !

Stroke- Stroke-
MP
Niveau 1
24 février 2018 à 17:17:15

A quoi ça sert de redire exactement la même chose ? :rire:

Mickanos Mickanos
MP
Niveau 9
26 février 2018 à 12:45:28

Merci pour vos réponses, je commençais à avoir peur que personne n'aime ce texte :)
je vais reposter la première partie de manière un peu plus aérée et je vais rajouter la seconde juste après.

Je me souviens encore de mon exécution. On était quatre, alignés comme ça sur une estrade en bois. Face à la foule, à l’ancienne. Histoire de montrer l’exemple. Il faisait gris ce jour là. Déjà à l’époque, il faisait tout le temps gris. Sauf quand il faisait noir. Les gens en bas nous huaient. Je ne pense pas qu’ils savaient pourquoi on était là. Ils s’en foutaient, d’ailleurs, ils avaient juste besoin d’une distraction. Le monde n’en était pas encore à l’état dans lequel il se trouve aujourd’hui, mais on le sentait venir. Plus personne n’en avait quoi que ce soit à foutre, et les plus malins avaient commencé à abandonner le navire avant qu’il ne soit trop tard. C’est ce que j’aurais du faire, d’ailleurs, au lieu de jouer au héros.

Dans le temps, j’étais gardien de prison. Pas le boulot le plus romantique du monde, mais avec les primes de risque et le travail de nuit, le salaire était correct. A la fin, je ne surveillais plus que le couloir de la mort. Il était plein à craquer. Et puis je l’ai fait sauter. Je n’ai jamais su, mais je crois que je n’ai raté personne. J’espère qu’ils sont tous morts, ces cons. J’espère que ça valait le coup. Après ça, je me suis fait choper. Je comptais garder une dernière balle pour moi mais je me suis un peu emporté pendant la fusillade. J’ai du avoir quelques flics aussi. Où qu’ils soient maintenant, j’imagine qu’ils me remercient. Comme quoi c’est possible d’aider quelqu’un contre son gré.

On était donc là, tous les quatre, la tête sur le billot. Prêts à recevoir notre injection. On avait pris pour mille ans. Mille ans c’est long, mais la Justice cherchait à donner des peines dissuasives. Faut dire que comme tout le monde pétait un câble, ils se devaient de se montrer un peu extrêmes pour faire régner un semblant d’ordre. Les pourris. Mille ans.

Quand j’ai senti la seringue dans mon bras, quand j’ai vu son contenu, noir comme la suie, pénétrer ma veine et se mêler à mon sang, j’ai pigé qu’il n’y avait plus aucun recours possible. J’allais vivre pendant mille ans. Je n’allais rien manquer de l’horreur qui nous attendait. Je me doutais que notre civilisation n’en avait plus pour longtemps, que je lui survivrais largement et que je devrais m’accommoder du merdier qui la suivrait. Ensuite, la lame de la guillotine s’est abattue sur ma nuque et le néant s’est emparé de moi. Ils nous exécutaient pour la forme, pour le spectacle. C’était pas avec une petite piqûre dans le bras qu’on allait faire plaisir à la foule. Et puis la sentence était trop terrible pour être rendue dans l’intimité d’une salle blanche. Il fallait des témoins, pas juste un médecin en blouse blanche. La première fois que je suis mort, j’ai eu droit à une ovation. Et c’est pas plus mal. Ça marque le coup, quoi.

Le sérum d’immortalité avait été inventé vingt ans plus tôt. Vingt ans, c’est à peu près le temps qu’il avait fallu pour transformer la fontaine de jouvence en geyser de merde. Au début, bien sûr, c’était un truc de riche. De très riche, même. Genre milliardaire. C’est pas que ça coûtait cher à produire, mais on ne pouvait pas laisser tout le monde en profiter. Toutes les grosses fortunes de la planète s’étaient jetées dessus. Certains s’étaient directement injectées pour dix mille ans d’invulnérabilité. Les cons. Les plus malins s’étaient constitués une réserve pour y aller plus doucement. Vingt ans pour commencer. Puis cinquante, tout au plus. C’est un sacré engagement, quand même, de s’interdire de mourir. Il faut avoir foi en l’avenir.

Ensuite, ça a doucement commencé à péter. Pas juste à cause du sérum. Le monde s’est simplement effondré. Sans se presser. Il y a eu des famines un peu partout. On était trop nombreux et on n’arrivait plus à produire assez. C’était pas tout à fait nouveau mais cette fois, ça ne touchait pas que les pays pauvres. Fini de voir à la télé les gosses qui meurent de faim à l’autre bout de la planète. Ils étaient dans la rue, un peu partout. Et forcément, les révoltes ont suivi. Les gens n’avaient plus de pain et, pour le coup, ils n’ont pas attendu qu’on leur suggère de la brioche pour commencer à tout casser. Alors le gouvernement a réagi. La police s’est armée et a commencé à tirer dans la foule. On a arrêté de voter, aussi. Y avait plus moyen de faire semblant de nous laisser le pouvoir. On pouvait plus nous faire confiance. Il fallait juste nous contenir. Et là, un petit génie de bureaucrate a eu l’idée du siècle. Un truc pour calmer le jeu, pour forcer tout le monde à arrêter les conneries. Ils se sont mis à utiliser le sérum pour punir les délinquants et les révolutionnaires. Quand on est prêt à se battre, à tuer, et même à mourir pour changer un monde qui ne nous convient plus, même si on sait qu’on n’a aucune chance, on peut s’accrocher à l’énergie du désespoir. Si vraiment la société est trop dégueulasse, on peut lutter quand même. Mais quand on risque, au contraire, de devoir la supporter pendant cent ans de plus, c’est pas la même.

Alors ils se sont mis à injecter à la pelle. Les peines allaient jusqu’à deux cents ans. Heureusement, le sérum rendait stérile, donc ça n’aggravait pas trop la surpopulation. C’est les riches de la première heure qui ont du se sentir cons. Voilà maintenant que ce qu’ils s’étaient jamais payé de plus cher devenait la pire peine que la Justice pouvait infliger. Mais je ne crois pas qu’ils se rendaient compte, alors, d’à quel point ils avaient merdé. Comme pour moi, les condamnés étaient injectés avec le sérum puis exécutés. On avait ressorti les guillotines d’antan. Ensuite, on les laissait pourrir un peu en prison. Ça ne coûtait pas cher parce qu’on n’avait pas besoin de les nourrir. Enfin, on pouvait s’en passer. Parce que certes on ne meurt pas de faim, mais elle est quand même là. Et quand on passe dix ans sans manger, on sent doucement son estomac se contracter, l’énergie s’en aller et les muscles s’atrophier. Le sérum vous maintient dans un état d’à peu près motricité, mais il ne fait rien pour la souffrance. Ni pour l’ennui. Ni pour la solitude, d’ailleurs. La vie devenait la pire des tortures.

Ça a marché pendant un temps. Petit à petit, ils ont augmenté la durée des peines maximales et tout le monde s’est tenu à carreau. Ceux qui n’en pouvaient plus se suicidaient. Dans leur coin. Et il n’était pas question de se foirer. On ne s’ouvrait pas timidement les veines dans sa baignoire. On se mettait une balle dans la tête ou bien on sautait du haut d’une falaise. Toutes les falaises du monde se sont misent à puer la mort. Les gens ont arrêté de faire des gosses, aussi. Déjà que donner la vie, c’était pas quelque chose à prendre à la légère quand le monde tournait à peu près rond, on n’avait plus idée de l’infliger à un être qui pouvait se retrouver condamné à cinq cents ans d’errances dans cet avenir que l’on devinait funeste.

Mickanos Mickanos
MP
Niveau 9
26 février 2018 à 12:47:19

Voici donc une deuxième partie un peu plus courte. Je pense que parmi les quatre, c'est celle que j'aime le moins.

J’étais donc, à cette époque, gardien de prison. Je l’étais déjà avant que le chaos ne s’installe, et avant que le sérum maudit ne vienne aggraver le sort de ceux dont la société, à tord ou à raison, voulait se séparer. J’aimais le contact des prisonniers. En tant que maton, on ne pouvait pas se lier d’amitié, et il fallait même se montrer dur et un petit peu tyrannique pour survivre, mais il y avait dans leur présence et dans leur attitude une franchise cynique que je ne trouvais nul part ailleurs. Ceux qui n’avaient plus ni espoir ni but étaient libres de certaines illusions qui berçaient par ailleurs le commun des mortels, et qui dressaient entre mes contemporains et moi un mur infranchissable qu’aucune amitié n’avait su briser. Aussi, quand la peine de mort fut réinstituée, ceux à qui elle avait échu était mes plus précieux confidents, alors même que je ne leur parlais que très peu et que je me contentais de les observer.

La surveillance du couloir de la mort était peu populaire chez mes collègues. Très vite, elle était devenue ma seule activité, et cela me convenait parfaitement. Je m’y sentais à ma place, comme un gardien de cimetière qui entendrait la nuit le cliquetis des os s’élever du sous sol. Un vivant parmi les morts, savourant sans réserve l’humanité qu’ils dégageaient et qu’aucun autre ne savait reproduire. Et comme tout havre de paix digne de ce nom, mon petit coin de paradis fut perverti et gâché bien avant que je n’aie pu m’en rassasier. L’instauration de la peine de vie avait tout changé. Les pensionnaires, auparavant conscients du peu de temps qui leur restait et soucieux d’exister intensément pour le compenser, étaient maintenant écrasés par le poids des années à venir. Ceux-là même que j’aimais pour cet état d’âme que leur mort imminente leur prêtait se retrouvaient torturés par le problème inverse. J’avais perdu la flamme, mais je les aimais toujours. Juste un peu moins. Un peu comme on aime toujours sa femme après dix ans de mariage.

Les prisonniers de mon unité étaient condamnés, sans appel possible, mais pas encore exécutés. Pas encore immortels. Pas encore sans espoir. Je ne pus supporter de les imaginer subir ce sort. Il était temps pour moi de rendre ce que l’on m’avait donné. Ils me plaisaient tant par leur état de mort imminente, et je décidai de leur donner ce qu’on leur refusait cruellement. Je connaissais le bâtiment comme ma poche. Les habitudes de mes collègues, les heures de relève, les entorses au règlement qui semblaient anodines… Je pris tout cela en compte lors de l’élaboration de mon plan. Celui-ci ne nécessitait par ailleurs que peu de subtilité. Il n’y avait rien à voler et je ne prévoyais pas de lui survivre. Les quelques révolutionnaires qui restaient à l’époque disposaient encore de caches remplies d’armes et de matériel qu’ils n’osaient plus utiliser. Ils furent enchantés par mon projet qui ne leur ferait courir aucun risque et qui sauverait, me dirent-ils, plusieurs de leurs camarades. Je me contentai donc de placer des pains de c4 aux endroits clefs du complexe, dans les angles morts des caméras de surveillance, pendant l’une de mes rondes. Je me tint ensuite juste à l’extérieur de la zone dont je prévoyais l’effondrement et j’enclenchai le détonateur.

Sans attendre que la poussière en suspension ne se dissipe, j’avançai. Armé de mon FAMAS, j’achevai avec dévotion ceux de mes protégés qui n’avaient pas eu la chance de mourir écrasés ou étouffés. L’importance de ma tâche et l’automatisme de mon arme m’avaient plongé dans une transe frénétique qui me privait de l’instinct autodestructeur qui aurait du me sauver. Aussi vidai-je mon dernier chargeur à l’attention des gardes qui venaient me chercher. Une fois que le cliquetis de la gachette ne fut plus couvert par le hurlement du canon, ils quittèrent leurs abris pour venir me cueillir. Je ne repris mes esprits qu’après ils m’eurent maîtrisé et entravé, si bien que je ne pu même pas me couper la langue.

Mickanos Mickanos
MP
Niveau 9
03 mars 2018 à 09:33:23

J'ajoute la troisième partie :

Après mon exécution, j’ai passé cinq ans dans une cage. Ça m’a paru long, ce qui ne présageait rien de bon pour les neuf cent quatre-vingt quinze années à suivre. Mais une fois sorti, j’avais appris à savourer la vie et la liberté. Nous autres, les mort-vivants, ne nous mêlions pas trop au reste de la population. Les veines du bras qui avait reçu l’injection restaient noires et permettaient de nous identifier sans trop de peine. Beaucoup de lieux publiques, de restaurants et de cafés nous étaient interdits. Nous avions nos repères où nous nous retrouvions. On n’avait de toutes manières plus grand-chose à partager avec les vivants-tout-court. C’était pas mal comme condition. Il y avait du boulot bien payé. Des trucs que personne d’autre pouvait faire. On nous envoyait nous balader dans des endroits exotiques. Des centrales nucléaires qui avaient pété, des villes atomisées à la bombe à neutrons… On cramait un peu, mais une fois qu’on avait pris l’habitude, c’était pas bien dur. On le faisait une fois de temps en temps et on gagnait de quoi vivre pour un moment. Enfin, vivre… On aurait pu se contenter de rien. Tout était un luxe pour nous. C’était réconfortant de savoir qu’on ne pouvait pas se planter. On n’avait peur de rien, et c’était chouette.

Je me souviens de la première fois que j’ai testé le saut en parachute sans parachute. La sensation était incroyable. À l’atterrissage on sentait rien, ça allait trop vite. Mais pendant la chute, on profitait. Cette sensation d’apesanteur, avec l’estomac qui vous remonte dans le bide quand le sol ne pousse plus sur vos pieds, je l’adorais. Ça me motivait à retourner récurer les chiottes de Tchernobyl. Bien plus que la bouffe, d’ailleurs. La faim, on s’y habituait. Il suffisait de croquer un morceau de temps en temps pour garder la forme. Ça faisait toujours plaisir de se taper un bon bœuf bourguignon, mais c’était pas nécessaire.

Ça a duré un bon moment. On faisait pas trop gaffe au temps qui passait, on se marrait. On se foutait bien de la gueule des juges qui avaient pensé nous avoir. On vivait la grande vie. On n’en avait plus rien à foutre, on était comme ces clodos magnifiques qui vous regardent d’un air supérieur. D’un air d’avoir compris un truc qui vous échappe et d’être bien heureux de leur condition.

Mais le temps a continué à passer, et le monde a continué à changer. La population a vieilli et s’est réduite. La natalité ne supportait plus la démographie et c’était pas nous qui allions y changer quelque chose. La bouffe se raréfiait parce qu’il y avait de moins en moins de volontaires pour aller se casser le cul à planter du blé. Et puis il faut dire que les bombes étaient tombées un peu partout. Ça nous allait bien, parce que dans les zones radioactives, on n’était pas dérangés. On sortait de temps en temps pour aller chercher ce dont on avait envie et puis on y retournait.

Et puis petit à petit, ça a commencé à devenir chiant. Il y avait de moins en moins de monde qui savait piloter un avion. En fait, il y avait de moins en moins d’avions en état de fonctionnement. On manquait de pétrole aussi. Et puis on avait la dalle. Au bout d’un moment, on est sortis de notre cratère et il n’y avait plus personne. Ils étaient tous morts. De vieillesse ou d’autre chose. Et ils n’avaient même pas prévenu.

Alors on a du s’occuper entre nous. On n’était pas les plus brillants. Bizarrement, y avait pas trop d’ingénieurs parmi les condamnés. En fait, nos rangs comptaient un bon nombre de salopards. Des pédophiles, des violeurs, des tueurs… Voilà la compagnie qui nous restait. On se serait crus en Australie à la bonne époque. En tous cas, on n’était pas capables de faire tourner la machine tous seuls. Et puis, on n’en avait pas besoin. Il y avait plein de trucs qui nous manquaient, mais on pouvait s’en passer. Plus de bagnoles ? On avait tout le temps de marcher. Plus de bouffe ? Il suffisait de ramasser un rat crevé. Ça daubait mais ça marchait. Ça donnait pas un monde très agréable, mais quand on n’a besoin de rien, c’est facile de se laisser aller. On supporterait n’importe quoi pour ne pas avoir à bosser.

On était tous stériles, et incapables de tomber malades. Autant dire qu’on a baisé comme des bêtes. On a tout essayé, même des trucs pas possible. Hétéros, gays, sados, masos… Ça n’avait plus d’importance, même plus de sens. Toute expérience était bonne à prendre. Pendant un temps, on ne faisait que ça. On n’avait rien d’autre à faire et on n’avait plus trop d’idées. Et puis c’était bon. Et surtout, ça passait le temps. Rien que de voir les trucs tordus qu’on pouvait inventer pour renouveler le plaisir, ça nous faisait marrer. Et puis même ça on a fini par s’en lasser.

Mickanos Mickanos
MP
Niveau 9
03 mai 2018 à 17:35:56

Bon, ça fait un petit bout de temps que personne n'est passé ici, mais il ne reste qu'une partie, donc autant la poster :

Et y a plus grand-chose à raconter. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. J’ai perdu le compte. Ça fait un bout de temps que j’ai pas vu une horloge en état de marche. D’un autre côté, je ne bouge plus trop. De ce que j’ai vu, c’est partout pareil. Il n’y a plus rien. Plus rien à manger, plus rien à faire… Plus rien à dire, non plus. On peut même plus causer. J’ai jamais eu trop d’amour pour mes camarades d’infortune. On était dans la même galère et on était mieux ensemble que tous seuls, mais ils n’ont jamais valu mes vieux prisonniers. Les mourants me manquent. Les vrais mourants, je veux dire. Ceux qui savent qu’ils ne vont pas se relever. Ceux qui voient la fin arriver et qui la craignent.

Des mourants, j’en vois plein maintenant, mais ils savent que ça ne va pas durer et ça les emmerde. Ils ne m’intéressent pas. Y en a d’autres qui sont partis. Ils avaient un plan. L’idée, c’était de se jeter dans un volcan, ou bien de se faire un bateau de fortune et d’aller se baigner lestés au dessus de la fosse des Mariannes.

Quand on meurt, on revient petit à petit. Le corps se reforme doucement. Ça commence par le cerveau, mais tant qu’il n’est pas irrigué et oxygéné, on ne se réveille pas. Certains pensent que dans des conditions hostiles, si notre cerveau se détruit avant que l’on puisse revenir, on peut mourir comme à l’ancienne. Enfin, on continuerait à exister, à se reconstituer et à se détruire en boucle, mais sans reprendre connaissance. Il y en a pas mal qui sont partis mettre le truc en pratique. Et c’est vrai qu’on les a jamais revus. Mais je le sens mal. C’est quitte ou double. Si jamais ça foire, c’est l’horreur. Pire que maintenant. La mort, tout le temps, rien que la mort. L’éternel réveil, sans pouvoir bouger.

Et puis peut-être aussi que j’ai peur de mourir pour de vrai. Malgré tout, malgré l’ennui, malgré l’odeur. Je sais toujours pas ce qui vient après. On peut toujours faire pire, et il y a bien longtemps que j’ai oublié l’optimisme. Après des siècles, il ne fait qu’entretenir l’amertume. Et du coup, il sert à rien. L’amertume est là de toutes manières.

L’odeur… Elle revient. Ça veut dire que je vais bientôt pouvoir bouger. Ça pue le cadavre, le sang et la merde. L’odeur de cent cinquante corps qui se décomposent ou se recomposent. La situation du monde ne profite qu’aux vers. Au dessus de moi, une falaise. Une bonne centaine de mètres à la verticale. On est tous tombés de là. Pas en même temps. Ça s’est fait petit à petit. Certains, en tombant, en ont écrasé d’autres qui commençaient à se relever. On se rend service comme ça. C’est un peu moche, il y a des morceaux partout.

Mes doigts commencent à bouger. C’est le moins lourd, les doigts. C’est ce qui bouge en premier. Je crois que c’est une jambe que je touche. C’est gluant et encore un peu mou. Je dois être vers le haut du tas. C’est tant mieux. Il y en a qui sont coincés en dessous. On les entend gueuler. L’ouïe m’est revenue, d’ailleurs. Les choses se mettent en place. J’arrive presque à plier mon poignet. J’y arriverais si y avait pas trois putains cadavres empilés dessus. Enfin bon, un peu de patience et ça va revenir. Et puis, c’est pas si mal. On revient à la vie doucement, on n’en a pas encore marre. Quand on est mort, on ne sent pas le temps passer. Mais quand on se réveille, on ne reprend pas exactement là où on en est resté. C’est pas tout à fait comme après avoir dormi non plus. C’est plus fort. Plus reposant. S’il n’y avait pas la chaleur de la fermentation – la chaleur humaine comme on n’en fait plus - je dirais même rafraîchissant. Je sens mes bras et mes jambes. Je les sens pleinement, même si j’ai encore du mal à respirer. L’odeur est atroce et ma cage thoracique est comprimée. Mais je me tortille un peu. Je sors ma main d’une cuisse. Mon pied frôle un sexe d’homme froid et rigide.

Après un peu de temps passé à gigoter, je commence à m’extraire. Je dégage la jeune femme qui repose au dessus de moi, et une main me tombe sur la gueule. Juste une main. De la vraie matière morte pour le coup. Elle ne manquera à personne. Elle repoussera quelque part. Je croque dedans, j’ai besoin de forces. Et me voila debout, sur ma petite colline de chaire. Je saute un peu sur place, histoire de voir si je peux pas en achever un ou deux là dessous. Ça coûte rien et ça fait plaisir. Je me vautre. J’en ai déjà marre de tout ça.

Je descend de mon tas de moches et je me mets en marche. J’ai failli oublier ! Je fais demi-tour et je me découpe un petit casse dalle. Pour plus tard. La première fois j’y ai pas pensé et j’ai du finir en rampant. La deuxième, j’ai été con aussi et j’ai du bouffer ma propre main pour tenir le coup.

On a bien choisi notre colline, la randonnée est sympathique. Il y aurait eut une belle vue s’il y avait encore des choses à voir. Ou alors il faut aimer les arbres morts. Il fait sombre, comme toujours, mais ça doit être le matin. Je crois que le soleil est vers l’est. Tout est silencieux. Ça fait longtemps que les oiseaux ne chantent plus. Tout le monde dit que les bestioles sont mortes. Moi je pense qu’ils se sont barrés quelque part. Je ne crois pas qu’il y ait de bombe qui soit tombée sur Chypre. Allez savoir…

Une fois en haut, je profite un peu du paysage. De l’autre côté, il y a la mer. Je ne suis pas certain qu’elle était là quand je suis arrivé pour la première fois. Je me demande… Ai-je vraiment encore envie de sauter ? Je ne crois pas avoir passé la moitié de mon temps. Ceux qui disaient avoir pris cinq cents ans sont encore là. En tous cas, je crois bien que j’ai bouffé la main de Vincent, qui en avait pour six siècles. Ça fait chier, on n’en voit pas la fin. Est-ce que j’ai eu ma dose ? Je pourrais tenter le coup du radeau. Entre les arbres morts et les cadavres, j’ai de quoi me faire un beau navire, et tenir jusqu’au large. Et puis, je sais pas trop de quoi j’ai peur. Même si je continue à me réveiller une fois sous l’eau, ce sera pas très différent de maintenant. Ça m’étonnerait que j’aie le temps de mourir noyé. Ou alors je saute. Il sera toujours temps de changer d’avis la prochaine fois. Sauf si je finis coincé au fond. Et même là, je pourrais creuser. Seulement je le sais. Si je saute maintenant, si je ne tente pas le truc, je le ferai jamais. C’est pas en quatre cents ans que je vais changer d’avis. Et franchement, je sais pas. Ça faisait longtemps que je m’étais pas senti hésitant comme ça d’ailleurs. Ça fait toujours plaisir de ressentir quelque chose. Je me demande souvent si mon cerveau a toujours bien fini de se reformer au moment où je commence à marcher.

Je sais pas et j’ai pas envie de passer plus de temps que nécessaire à respirer. Il faut prendre une décision. J’attrape un caillou à peu près plat. Puis je me mords le poignet pour marquer une face avec mon sang. J’essaye de faire un petit dessin mais ça ne ressemble à rien. C’est pas franchement pratique. Je gagne du temps, en fait. J’ai peur du résultat. Si le côté sanglant tombe en haut je saute immédiatement. S’il tombe en bas, je prends la mer et je vais faire un tour dans les profondeurs. Je pense que je vais mourir noyé la première fois, avant d’être assez bas. Celle là je l’aime pas. Je n’ai testé qu’une seule fois et j’en garde un souvenir horrible. Et en plus c’était dans de l’eau douce. Si j’y vais, je me taillerai un caillou un peu tranchant. Si je me tranche la carotide avant de sauter, ça pourrait le faire. Enfin j’en sais rien, ça me fout un peu les boules.

Bon, je lance la pierre. Alors qu’elle tourne en l’air, je ressens un truc. De l’envie, je crois. Du désir. C’est ça. Je sais ce que je veux. Je ne regarde pas comment la pierre est tombée. J’ai déjà décidé.

Metallicar8 Metallicar8
MP
Niveau 33
05 mai 2018 à 10:28:04

Honnêtement j'ai pas bien compris la première partie.

Un ancien gardien de prison pète un câble et se retrouve condamné à l'immortalité et à la guillotine ? :hap:
Outre des incohérences j'ai saisis qu'il parlait des dérives de ce sérum, vue au début comme une source de plaisir et ensuite une damnation, en quelque sorte. Mais à quoi sert la guillotine ? :rire: Le mec va vivre mille ans supplémentaire sans tête ? J'ai dû louper un passage.

Ensuite j'ai relevé quelques fautes, quelques clichés. Je suis pas fan du ton employé.

Message édité le 05 mai 2018 à 10:28:25 par Metallicar8
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