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Sujet : [Nouvelle HF] Le Chêne et le guerrier

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ManannanMacLihr ManannanMacLihr
MP
Niveau 1
12 décembre 2017 à 18:01:18

Bonjour tout le monde :) Je soumets à votre jugement cette courte nouvelle d'HF écrite dans un moment d'ennui, en espérant qu'elle vous plaise. J'attends vos critiques avec impatience !

Le Chêne et le guerrier.

L'homme pénétra dans la clairière avec un soupir de soulagement. Après toutes ces années, ses pas l'avaient guidé sans faillir à travers les bois touffus jusqu'à l'éclaircie. Elle s'étendait à présent devant lui baignée de soleil, verte et luisante. Son herbe haute semée de feuilles mortes formait une cuvette peu profonde qui vibrait au son du chant des grillons, bordée de grands arbres majestueux. Pareils à des gardiens, ils surveillaient leur îlot paisible, immobiles, impassibles mais toujours vigilants. L'arrivée de l'intrus les alarmait. La sérénité avait fait place à la méfiance dans le murmure de leur cime caressé par la brise. Ils le scrutaient de leurs nœuds semblables à des yeux vides et ténébreux, et le poids de leur regard inhospitalier poussa l'homme à interrompre sa marche. Il se sentait là comme dans un tombeau peuplé de revenants hostiles qui le jugeaient dans un silence de mort. Le temps s'était figé dans l'attente de leur sentence. Une humilité nouvelle presque craintive naquit en son cœur d'être ainsi dévisagé, sondé, fouillé jusqu'aux tréfonds de son âme. Ni chair ni armure ne pouvait le prémunir contre cette inspection minutieuse. Pour la première fois, il se trouva impuissant, lui le guerrier invincible à qui les dieux avaient accordé une existence si prodigieusement longue et plus de victoires qu'il n'en pouvait compter. Son être tout entier se révoltait contre cette impression hideuse et inédite, faisant trembler ses mains et enflammant ses entrailles. Jamais jusqu'alors n'avait-il eu à se soumettre de la sorte à qui que ce soit. Fermant ses yeux devant lesquels dansaient des visions de vengeance incendiaire, il reprit le contrôle de sa respiration affolée, se forçant à inhaler lentement, calmement. Bientôt sa rage décrut puis disparut tout à fait, ne laissant pour toute trace de son passage qu'un peu de sueur sur son front. À sa place, une profonde quiétude se fit jour en lui, et presque instantanément le voile de suspicion se leva autour de lui. Quelque part, un grillon crissa timidement, bientôt imité par ses congénères, le vent reprit sa course parmi les branchages et la lumière du jour regagna tout son éclat. Les arbres avaient rendu leur verdict. Ils toléreraient l'importun dans leur assemblée, à défaut de l'accueillir entièrement.

Il rouvrit les yeux, redressa la tête et observa la scène sous un jour nouveau. Les souvenirs lui revenaient en mémoire, émoussés par le temps mais toujours vivaces, et il lui semblait à présent reconnaître certains de ces gardiens feuillus. Si longtemps s'était écoulé que nombre d'entre eux avaient succombé à l'âge, remplacés par leurs descendants. D'autres avaient tenu bon et atteignaient maintenant des tailles considérables, géants parmi les géants. Il laissa son regard parcourir leurs troncs noueux, leurs branches tortueuses tendues vers les nues, leurs énormes racines fermement ancrées dans le sol. Il pouvait sentir sous l'herbe s'étendre un gigantesque maillage assoiffé qui puisait sans cesse l'eau et les minéraux de la terre pour les lancer à l'assaut du ciel. Il risqua un premier pas hésitant, suivi d'un second plus assuré, et enfin reprit sa marche de l'allure lente et pompeuse que l'on observe d'ordinaire dans les temples. Ses sens dotés d'une acuité nouvelle le harcelaient de mille stimuli entêtants, attirant son attention sur une infinité de détails minuscules. Ici, une fourmi escaladait un frêne, raclant l'écorce de ses six pattes, une faine entre ses mandibules. Là, une araignée ramendait sa toile endommagée par quelque proie trop vigoureuse. À chacune de ses enjambées, une armée de créatures infimes fuyait en panique pour se reformer un instant plus tard. Lui-même se sentait insignifiant, écrasé par les titans qui l'encerclaient, plus proche de l'insecte rampant que de l'homme qu'il était, sans en éprouver plus aucune honte. L'ébauche d'un sourire éclairait même son visage austère tandis qu'il se gorgeait de toutes ces sensations, béat.

Soudain il l'aperçut. Face à lui, de l'autre côté de la clairière, se tenait le plus grand chêne qu'il lui ait été donné de contempler, plus formidable encore que dans ses souvenirs. Large comme une tour, couronné de branches plus épaisses qu'un homme, il défiait l'azur de sa présence colossale. Mais plus aucune feuille ne venait le coiffer. Déjà incroyablement âgé lors de leur première rencontre, les siècles avaient finalement eu raison de lui. Son écorce rongée avait laissé place au bois nu blanchi de pluie et de soleil, piqueté d'une pléthore de tunnels que des générations de vers avaient patiemment foré dans sa chair morte. Un linceul de mousse sombre recouvrait sa base, scintillant dans la lumière. S'étant approché révérencieusement, le guerrier déganta sa main droite et appliqua sa paume nue contre le tronc. Sous la fraîcheur du bois demeurait encore le fantôme de l'énergie tarie qui coulait autrefois dans ces veines végétales en un torrent impétueux. Le flot s'était tu, mais sa mémoire restait sensible à travers les ans. Il se revit, une éternité auparavant, entrant dans cette clairière au terme d'une longue marche hagarde, tout rougi du sang de ses ennemis et du sien propre qui continuait de ruisseler de ses plaies. Jamais jusqu'alors, ni plus depuis, ne s'était-il trouvé si proche du seuil de l'au-delà. Chancelant, haletant avec peine, il était venu s'effondrer contre le chêne dans le siège naturel formé par ses racines proéminentes. Là il avait attendu, immobile, que sa vie finisse de s'échapper de lui. Mais ses blessures s'étaient asséchées et, lentement, son corps avait entrepris de se restaurer. La pluie était venue le laver, amortie par le feuillage, et l'esprit de l'arbre avait bercé ses nuits enfiévrées, écartant les songes néfastes et lui soufflant de paisibles rêves verts. Après quelques jours qui lui avaient paru une éternité, il avait pu suffisamment rassembler ses forces pour reprendre sa route vers la civilisation, oubliant bientôt son aventure.

Aujourd'hui, il se tenait en ce même endroit où la Mort n'avait daigné le cueillir de ses serres froides. Il sentait sur son corps le tiraillement de toutes les cicatrices qui le recouvraient comme des runes un parchemin, ravivant les douleurs anciennes de l'acier le transperçant. Une grande lassitude s'empara de lui, non pas la familière fatigue des combats mais un épuisement profond de l'âme. Sa vigueur l'abandonnait pour la première fois de sa longue vie. Cédant à ses jambes fébriles, il s'assit dans ce même siège qui l'avait vu agoniser jadis. Un puissant tremblement le secouait tout entier. Sur ses épaules, le poids de son haubert l'écrasait. Sur ses hanches, sa ceinture le cisaillait. À son côté, la présence coutumière de son fourreau l'incommodait soudain. Ralliant son courage défaillant, il tira son épée, espérant trouver un regain d'énergie au contact de sa vieille compagne, mais trop faible dut renoncer à la brandir. Il la posa doucement sur ses genoux et contempla l'acier froid dans le miroir duquel se reflétaient les nues rosies du crépuscule naissant. L'objet lui était comme étranger. Il percevait la rage grondante de la lame, sa soif inextinguible, son tranchant aussi acéré qu'au jour qui l'avait vue sortir, sifflante et fumante, de la forge. Elle voulait mordre encore, trancher os et tendons, se repaître de chair vive et s'enivrer de sang chaud. Mais cette fois, son désir ardent ne trouva pas écho dans le cœur de son maître. Il la considérait avec une apathie presque catatonique, ses yeux embués fixés sur un autre univers. Les visions du passé le hantaient. La guerre, à laquelle il avait consacré son existence entière, des batailles si nombreuses qu'elles se fondaient en un seul et même interminable affrontement. Le roulement des tambours, la clameur des cors, le fracas des armes sur les armures, les cris des vainqueurs et des vaincus. Dans l'air ce goût de poussière, de sang et de charogne mêlés. Tout cela avait l'air lointain à présent, comme s'il regardait défiler la vie d'un autre, douloureusement conscient de son extrême futilité.

D'un geste il repoussa l'épée qui chut dans un tintement étouffé sur le tapis d'herbe à ses pieds, et un poids se leva de sa poitrine. Il écouta la brise vespérale faire chanter au chœur des arbres la mélopée envoûtante du cycle des jours sans cesse répété, depuis la nuit des temps et jusqu'à la fin du monde. Ici au sein de la forêt, hier était semblable à aujourd'hui et aujourd'hui serait semblable à demain. Nulle guerre ne viendrait interrompre l'existence contemplative de ses habitants. Ils continueraient à s'imbiber de soleil et à boire l'eau de la pluie, pratiquement inchangés, silencieux et attentifs. Au loin, dans leurs cités grouillantes, les Hommes poursuivraient vainement leurs destinées éphémères, leurs triomphes et leurs défaites également ignorées de la gent sylvestre. Le guerrier se sentait vieux. Le temps qui l'avait épargné lui réclamait à présent son dû et blanchissait son front à vue d’œil. Là où quelques instants auparavant son visage d'homme mûr ne laissait voir nulle ride se creusaient les profonds sillons de la sénescence et un voile laiteux couvrait ses yeux vifs. Soudainement tassé, son corps chétif nageait dans sa cotte de mailles.

Le soir était tombé. Dans le ciel une poignée d'étoiles brillait doucement entre les nuages. Un à un, les grillons se taisaient. Adossé au squelette d'un grand chêne se tenait le cadavre d'un petit vieillard émacié.

Placoteur Placoteur
MP
Niveau 9
13 décembre 2017 à 14:54:23

Bientôt, le chêne et le cadavre n'existeront plus ; il n'y a pas d'immortalité. Merci pour cette nouvelle, un peu courte, mais très bien écrite. Je n'aime pas beaucoup la mort, mais j'apprécie la sagesse.

Message édité le 13 décembre 2017 à 14:55:32 par Placoteur
ManannanMacLihr ManannanMacLihr
MP
Niveau 1
13 décembre 2017 à 17:53:46

Merci de ta réponse :) Je vais essayer de faire plus long la prochaine fois !

410gDeCensure 410gDeCensure
MP
Niveau 8
13 décembre 2017 à 20:58:16

J'ai survolé le milieu parce que je suis occupé mais très bien écrit et j'aime la façon dont s'éteint le guerrier
Jolie nouvelle

ManannanMacLihr ManannanMacLihr
MP
Niveau 1
14 décembre 2017 à 08:57:52

Merci :) Ça faisait un bon moment que j'avais rien écrit et j'avais peur d'être un peu maladroit (et j'avoue que j'ai fait fumer le dico des synonymes...)

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