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Sujet : [SF] La jeune fille et la vieille machine

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FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
08 janvier 2017 à 15:31:47

Yo.

Bon, nouveau projet et, pour une fois, je tape dans la SF. Pourquoi ? Parce que.
Là, j'ai écrit la première partie, je vous la livre, en espérant vous transposer dans un monde enchanteur fait de papillons et de licornes.
Loleuh.

Et comme c'est court et qu'un prologue, la suite demain. Promis. :noel:
Bonne lecture :hap:

Prologue

Ils attendent. Tout est lancé. La jauge se remplit. Une barre bleue, grimpant, lentement mais sûrement. Quand elle atteindra la charge maximale… Ils se regardent. Ou plutôt, ils tournent la tête, mécaniques, et s’adressent un visage livide où deux yeux vitreux cherchent. Elle ouvre la bouche, rien ne sort. Il la scrute, il l’examine.

— C’est… une belle colonie, fait-il.

Ce qui sort de sa gorge… C’est rauque, désincarné, sans force. Elle l’entend, elle le sent. Elle regarde à travers la vitre, la planète sous leurs yeux. Depuis l’orbite, ils voient les grandes étendues vertes, la végétation implantée pour permettre la vie humaine. De longues bandes de nuages blanchâtres s’étendent au-dessus des océans. Au centre d’étendues multicolores, l’on aperçoit de minuscules taches grises : les villes.

— Un peu petite, poursuit-il, ne pouvant supporter le silence assourdissant.
— Kermine venait d’ici.

La voix de la navigatrice ne transmet rien. Pas d’émotion, pas de faiblesse, pas de détresse. Seulement l’indifférence, la carapace nécessaire à l’exécution de la tâche.

— Mon précédent assistant, précise-t-elle.
— Où est-il maintenant ?
— Il était volontaire pour Terra Nova.

Ils s’arrêtent. La discussion ne mène à rien. À chaque détour, au coin de chaque phrase, il n’y a que la tragédie. Alors, ils attendent.

Des pas résonnent bientôt sur le métal derrière eux. La respiration sifflante du commandant emplit la pièce. Il s’arrête à quelques mètres, et en homme mûr, il se joint au mutisme. La navigatrice fixe la jauge, bientôt remplie. Quelques instants… Et une parole du commandant. Lui, il observe une tache grise. Il pondère une vie de combats, d’épreuves, de souffrances… Il s’interroge sur le règne de la guerre et sur sa fin. En pleine réflexion, il scelle leur destinée :

— On a reçu confirmation. L’assaut sur Terra Nova est un échec. Ils sont tous morts.

Une longue inspiration lui répond. La navigatrice sait. Elle ne peut plus attendre. Elle ne peut qu’espérer… que quelqu’un, quelque part, ait pitié d’elle.

— Est-on certain ? demande-t-elle.
— Même la Fédération ne peut cacher la présence d’une flotte au-dessus de son monde natal. La nouvelle est confirmée. Nous avons perdu cette guerre.
— Quels sont vos ordres, commandant ? coupe-t-elle, pressée d’en finir.
— Les mêmes que ceux feu votre général. Exécution.

Elle veut pleurer. Elle le sent au fond de sa gorge, comme un sanglot rampant à travers sa chair. Mais elle le ravale, elle s’endurcit. Et elle dit, au moment où la jauge termine de se remplir :

— Aye, aye, commandant.

Elle appuie sur la touche.
Pendant une seconde, on n’entend que le bruit criard des sas qui s’ouvrent. S’en suit l’explosion des canons, propulsant les milliers de missiles. Enfin, tout en bas, là où les bombes à neutrons explosent, résonnent les cris des victimes. Une colonie s’éteint, cinquante millions de personnes meurent. Une navigatrice pleure.

Partout, dans les confins de la galaxie, au-dessus de centaines de colonies, ce même chant s’élève. Ceci est le prix de la paix.

Pseudo supprimé
Niveau 10
08 janvier 2017 à 15:48:56

Depuis l’orbite, ils voient les grandes étendues vertes, la végétation implantée pour permettre la vie humaine. De longues bandes de nuages blanchâtres s’étendent au-dessus des océans. Au centre d’étendues multicolores,

[[sticker:p/1jnh]]

— Kermine venait d’ici.
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/01/1483886702-certes.jpg

C'est en effet très court, mais ça se lit bien. J'aime bien ce style froid et tranché.
Au début je me suis demandé si les deux étaient des robots ou des androïdes, mais à mesure que le texte avance on sent cette vie qui palpite derrière la carapace "robotique" de la navigatrice, on sent vraiment la meuf détruite émotionnellement et psychiquement, qui ne tient que grâce à cette façade de militaire froide.
Cool.

Iucide Iucide
MP
Niveau 10
08 janvier 2017 à 17:05:18

s’adressent un visage

c'est possible ça? :hap:

Les mêmes que ceux feu votre général.

de feu?

— Aye, aye, commandant.

c'est un anglicisme un peu étrange je pense

j'ai mis un moment à comprendre le contexte, d'autant plus que moi aussi je m'attendais à un propos sur la robotique au début vu le titre et les termes employés, mais à la fin tout rentre à peu près dans l'ordre

T'as une façon de laisser les personnages en savoir plus que le lecteur pendant un bout de temps, et de faire avancer des interactions que le lecteur devra comprendre après coup, que je pratique souvent aussi

et alors que je trouve ça grisant à l'écrit, je vois ici l'effet que ça donne à la lecture, et je réalise qu'il faut peut-être pas en abuser sous peine de vite rendre les choses pénibles :hap:

mais bon ici c'est très court donc pas de souci

Je précise que j'ai pas vraiment compris le pourquoi de la fin, j'imagine que c'est voulu et qu'il y aura des précisions là-dessus ensuite

Pseudo supprimé
Niveau 10
08 janvier 2017 à 17:38:43

Je savais pas que tu me considérais comme ton prédécesseur Brad.[[sticker:p/1jnh]]

Negatum- Negatum-
MP
Niveau 10
08 janvier 2017 à 21:06:21

Oh, on est tous le prédécesseur de quelqu'un.

Scénario assez mystérieux pour le moment, j'imagine qu'il va s'agir de gérer une paix et une probable résistance contre un oppresseur intergalactique. T'as l'air de pas partir pour le moment dans les ambitions post-métamodernes ([[sticker:p/1jnh]]) de ton projet Fantasy, mais on verra. J'aime bien le style de la fin, c'est assez ronflant mais bien réussi, ça donne envie de lire la suite. Pour le style ultra-descriptif au présent, pourquoi pas, mais je me demande si ça va pas épuiser le lecteur, toutes ces phrases courtes et ces cous qui se tournent...

J'attends la suite pour commencer à chouiner. :-)

MysticRandom MysticRandom
MP
Niveau 11
09 janvier 2017 à 09:11:50

J'aime beaucoup ton style. Tes phrases sont courtes mais réussissent à saisir l'émotion du moment et à captiver le lecteur. Même si j'espère que tes belles formules ne sont pas justes là pour la forme mais pour réellement appuyer les pensées des personnages (je pense surtout aux dernières du prologue en fait). Ce court aperçu du scénario me donne envie d'en voir plus.

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
09 janvier 2017 à 09:40:53

Merci pour ces lectures :-)

Pas mal de réactions sur divers éléments, disparates et variés. J'y reviendrai sans doute après ce premier chapitre, qui apporte plus d'éléments sur divers points. Voyons l'effet que provoquera la suite :hap:

Chapitre un : Au rapport

Ellia se réveille. Sa chambre est plongée dans l’obscurité, dans un silence pesant. Pendant un instant, son cœur se serre : elle l’a raté. Elle jette un regard sur son réveil, au moment où celui-ci émet un son strident. Elle soupire, soulagée.

Ellia s’extrait de ses couvertures, fébrile. Trois heure du matin, certainement pas une heure pour se lever en urgence et trembler d’impatience. Mais sur Terra Nova, l’après-midi vient de débuter. Les joies du décalage horaire…

Une fois sortie de sa chambre, Ellia est accueillie par des murmures, de simples : « Moins fort, tu vas la réveiller ». Elle répond par un léger sifflement, pour signaler sa présence. D’où elle se tient, elle ne voit que leur dos. Ils sont installés dans le salon, Judith et Mat sur le grand canapé, serré l’un contre l’autre. Hobb s’est mis à l’écart, dans un fauteuil à proximité de l’écran. Celui-ci projette la seule source de lumière de la pièce et Ellia ne voit que des silhouettes, des ombres découpées du décor. Pour l’instant, bien que des images d’un opéra défilent, le son est coupé. À la place des chants classiques, une autre musique s’élève, celle de la radio, le tube du moment, « go go troopers ».

— Vous deviez pas passer la soirée en boîte ? fait Ellia à ses camarades.
— On l’a fait, répond Mat. Mais ils ne diffusent pas les commémorations.

Ellia sourit, tout en prenant une bière dans son frigo. L’un des avantages à vivre sur une station spatiale : la prohibition y est moins stricte. Ellia regarde à travers les stores au-dessus de la cuisinière. Le quartier est noire, froid, sans rien ni personne pour lui apporter un brin de vie. Pourtant, aux centaines de fenêtres d’appartements, des lueurs dansent, dans l’expectative.

Ellia s’installe à côté de Judith, sa colocataire, qui lui demande, ingénue :

— Je croyais que tu voulais te reposer.
— Je le suis.

Mat, jusque-là fixé sur les cantatrices muettes, examine Ellia, et se fend d’une petite pique :

— C’est ainsi que tu te vêtisses, jeune fille ?
— Je me vêtis comme je le souhaite dans mon propre appart’, Mat, répond la « jeune fille », étendant ses jambes blafardes et dénudées pour les poser sur la table basse.

Ellia, captivée par l’écran, ne calcule même pas Hobb. L’inverse n’est pas de mise. Le jeune homme lance des petits regards fugaces vers le short de son amie. Puis, comme honteux de son comportement, il reporte son attention sur la télévision, s’invective de ne pas s’en détourner. Le manège provoque un léger sourire chez Mat, qui se garde bien de commenter la scène. Il préfère passer son bras autour des épaules de Judith, qui pose son visage contre la poitrine de son amant. Il est musclé, fort, et, comme la plupart des citoyens de la Fédération, métissé.

— Vous êtes sûrs que ça ira pour vous trois ? demande Judith. Vous n’aurez pas le temps de vous reposer correctement…

Aucun ne répond, si ce n’est par un léger rictus amusé. Effectivement, ils seront épuisés après les commémorations, par le manque de sommeil et la charge émotive. Néanmoins, ils n’en ont pas peur. S’ils ne peuvent pas supporter cela, ils ne sont pas l’élite qu’ils sont censés être.

Enfin, ça commence ! Un flash de lumière éblouit Ellia, ses paupières battent sur ses pupilles violettes. Puis, elle a une vision. Un monde où des lacs bleus argentés bordent les villes. Où des forêts éclatantes de milliers d’arbres verdoient l’atmosphère. Où un soleil éclaire des vallées citadines débordantes de vie. Terra Nova. Le monde capitale, l’idéal, l’aune à laquelle se juge toute création.

L’image de rêve s’efface. Le logo de la chaîne nationale apparait, un jingle s’élève. Voila la présentatrice, et elle parle d’une voix enjouée, que personne dans la pièce ne peut entendre. Car, au même instant, les quatre spectateurs s’écrient de joie. Ils lèvent leur bouteille et s’enfilent une rasade, dans un silence suffisant pour qu’enfin, le commentaire se fasse :

— … banquet modeste, dû au ravitaillement limité. L’amiral Robint, qui présidait la cérémonie commémorative, a par ensuite inauguré le nouveau ISS – Rica II, rebaptisé en ISS – L’Héroïque, en hommage à l’équipage originel.

Les images défilent face aux jeunes gens. Ils regardent le croiseur stellaire commencer son premier vol orbital, sous l’hymne de la Fédération. Le tout, dans un mélange de fierté et de respect. Les quatre spectateurs se remémorent. L’ISS – Rica, l’original, était en construction, lors de l’attaque. L’équipage, des techniciens, des ingénieurs, bref, des civils, avaient choisi de lancer le croiseur à la rencontre des flottes ennemies. Ils ont payé le prix ultime, mais ainsi Terra Nova fut sauvée. Leur sacrifice gagna les quelques instants nécessaires pour la mise en ligne des systèmes de défense, et l’arrivée des troupes.
Muette, Ellia suit le journal, oubliant même l’existence de ses camarades. Ça n’a pas d’importance, eux-mêmes sont tétanisés d’admiration. On annonce le début de la minute de silence. Les caméras passent sur une foule faite d’innombrables têtes respectueuses, contrites, pleurant les disparus. Même le ciel bleu et le soleil radieux de Terra Nova ne peut illuminer la scène. L’on se souvient avec émotion du coût de la victoire.

Ça s’arrête. Pas d’un coup brusque, non, plutôt avec lenteur. Certains sont pétris d’affection, des larmes dégoulinant sur leur visage. Leurs voisins leur prêtent des épaules réconfortantes, des mots d’encouragement, tout en dissimulant leur propre instant de mise à nu. Cette masse triste et tremblotante lève alors les yeux vers un écran et l’estrade qu’il projette. Un homme s’y tient. Il a les épaules large, une carrure impressionnante, accentuée par d’énormes épaulettes militaires. Son uniforme garni de décorations et de médailles désigne son grade : Amiral. Il est celui vers qui se tourne une nation en deuil, à la recherche d’un repère. Le carré de barbe poivre et sel de l’amiral frémit, et après quelques instants pour que tous se remettent, il parle :

« Mes chers compatriotes… Cela fait quinze ans. Quinze années que notre nation pleure ses disparus. Des femmes et des hommes qui ont choisi de défendre leur patrie, notre patrie, contre un envahisseur sans pitié ni morale. Quinze années que la Fédération se souvient des épreuves qu’elle a endurées et honore les défunts. Malgré nos braves soldats morts en héros de la nation, mais aussi nos courageux civils, injustement massacrés par l’ennemi, malgré ces pertes, je vous conjure de ne pas oublier que ceci est aussi une célébration. Nous acclamons les valeurs de la Fédération, qui ont triomphées il y a quinze ans de cela. La bravoure dans sa lutte, la force dans l’adversité, l’honneur dans son devoir… Toutes ces qualités sont le cœur de notre patrie, que notre ennemi voulait arracher. Nos valeurs ont prévalu, nous avons prévalu. Ceci est la vérité de ce jour : comment la fédération a remporté une guerre, malgré les agissements perfides et sans honneur de notre ennemi. Souvenez-vous en, citoyens, et soyez-en fiers ! »

Ellia, comme ses camarades, est sans voix. Elle sent ses yeux emplis de larmes, le cœur transposé par quelque chose de plus grand qu’elle. Au discours, elle ne peut que répondre, d’une voix faible et empreinte d’émotion : « Aye, aye, Amiral ».

That's all folks :noel:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
09 janvier 2017 à 09:42:17

D'ordianaire je n'aime pas les textes au présent mais ton style (froid et précis) a un peu occulté tout ça. Sur le début, moi aussi j'ai cru à des robots :rire:

Après c'est vraiment très court... On se pose quand même des questions, cette opération Terra-Nova, la relation entre Kermine et la navigatrice, pk on casse des colonies .... :hap:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
09 janvier 2017 à 09:54:37

Judith et Mat sur le grand canapé, serré l’un contre l’autre.

serrés

— Vous deviez pas passer la soirée en boîte ? fait Ellia à ses camarades.

— On l’a fait, répond Mat. Mais ils ne diffusent pas les commémorations.

répétition de faire + l'utiliser en verbe de parole je trouve pas ça très justifiable dans ce cas

Je ne sais pas encore vers quoi tu nous entraînes, mais sache que je vais poursuivre ma lecture :oui:

4 nouveaux personnages, dont Ellia, Mat et Hobb (il y a juste Judith dont je ne me souvenais plus du nom). On ne découvre pas grand chose d'eux, mise à part une relation amoureuse, et Hobb qui est un peu lubrique :hap:
Sinon, j'ai pas trop compris (:hap:), la guerre s'est arrêtée il y a 15 ans, ou elle a duré 15 ans et vient de se terminer ?
+ j'ai du relire pour capter qu'ils étaient sur une station spatiale ... ma faute surement, mais peut être que tu gagnerait à décrire la planète vue de la dite station :ok:

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
09 janvier 2017 à 18:15:47

Merci les gens :noel:

Juste une petite précision : ce n'est que le début du premier chapitre, y'a encore un bout. C'est vrai que là, ça semble court une fois vu sur JVC, mais comme, en vrai, je sais pas lire, c'est difficile d'évaluer sur mon document word... :hap:

LePere :d) Bah oui, c'est les commémorations de la fin de la guerre il y a quinze ans. Parce que le premier chapitre disait que la paix arrivait et mentionnait l'échec de l'assaut sur Terra Nova. ET donc voila :hap:

Brad :d) J'avoue que ST est clairement une grosse influence pour ce récit :noel: Même si le ton est clairement différent du film de Verhoeven :) (Et du livre qui, apparemment, a une petite tendance au fascime :peur: )

Pseudo supprimé
Niveau 10
09 janvier 2017 à 18:30:27

J'ai lu. J'aime bien, on devine déjà une belle dynamique entre les personnages.

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
10 janvier 2017 à 09:27:25

Merci Cara :hap:

Allez hop, fin du chapitre un. Après, juré, j'attends trois mois pour vous livrer la suite :hap:

S’en suit une série de reportages : « Où étiez-vous lors de l’attaque ? ». Des paroles fortes, touchantes, que les jeunes gens ne peuvent écouter. Même s’ils veulent rester pour assister à l’entièreté des commémorations. Mais pour Ellia, Mat et Hobb, il s’agit de la dernière journée sur cette station. Ils se quittent, Hobb part chez lui se préparer, Mat s’enferme dans la chambre de Judith, pour se promettre des nouvelles et se murmurer des au revoir. Ellia a le temps d’une douche, avant d’enfin revêtir son uniforme.

Le gris sombre du vêtement se marrie mal avec ses cheveux courts et noirs. Malgré cela, quand elle examine son portée, son maintien, sa prestance dans son miroir, elle est heureuse. Elle en a l’air, en tout point. Enfin, elle est soldate.

Quand elle émerge de sa salle de bains, Mat l’attend déjà, habillé et impatient de dégager. Ellia l’interroge du regard, il répond d’un simple signe de la tête. Judith ne les regardera pas partir. Elle ne fera pas ses adieux. Elle veut juste rester seule.

Ils sortent dans l’obscurité constante de la station. De longues tiges de métal arborent des faisceaux de lumière, orangé et tranchant le sombre d’une aura claire. Les deux soldats passent de lueur en lueur, marchant droit vers leur destination. Pas d’âme qui vit sur leur chemin, si ce n’est un quadragénaire, accoudé à sa fenêtre. Quand il les voit passer, il se fend d’un : « Service et devoir », la parole traditionnelle pour encourager les soldats. Ils le remercient et poursuivent. Ellia et Mat arrivent à l’ascenseur, une plateforme de métal noire et de verre sale. Comme la machinerie s’actionne, ils demeurent impassible, silencieux. L’acier les emmène au plus profond de la station, eux qui sont à l’apogée de leur jeune existence. Cinq ans d’entraînement, et les voila prêts, les voila dans l’armée.

— Où est-ce que tu souhaites aller ? demande Ellia.
— N’importe où qui soit ailleurs. J’en ai assez des stations spatiales. Celle-ci en particulier. Et toi ?
— J’aimerais être affectée à Terra Nova.
— Sérieux ? On te donne la galaxie entière, et tu choisis la capitale ?
— J’ai toujours voulu y aller… même si ce n’est qu’une fois.

Elle ferme les yeux et conjure la vision. Les forêts, les lacs, le ciel,… Terra Nova.

La machinerie se stoppe devant le spatioport, exceptionnellement vidé de civils, le temps de la cérémonie. La grande porte en arcade est ouverte, mais encombrée par une ribambelle de jeunes gens en uniforme et leur famille. Mat contemple la foule et s’excuse auprès d’Ellia.

— Mes parents sont là.

Elle opine et le regarde s’en aller. Pendant un instant, elle contemple Mat, sa mère et son père. Le trio s’échange quelques paroles. Des mots doux, des termes forts et inspirant. Le paternel pose une main sur l’épaule de son fils, compatissant. Ellia regarde une dernière accolade, puis se dirige vers le hall. Son cœur se pince, alors qu’elle a une pensée pour son propre père. Elle aurait aimé qu’il soit là pour lui offrir un réconfort, ou une marque de fierté. Ellia se reprend vite, car elle sait ce qu’il lui aurait dit, s’il avait été là : « Service et devoir ».

En attendant le début de la cérémonie, Ellia se contente d’échanger quelques banalités avec les autres recrues. Comme elle, elles sont impatientes de débuter leur service. Toutes espèrent quelque chose, de cette nouvelle étape de leur vie. De nouveaux mondes à explorer, de nouvelles personnes à rencontrer, ou juste l’accomplissement de leurs aspirations les plus basiques : une carrière, un rôle dans la société, une forme de reconnaissance…

Les officiers apparaissent. À la différence des soldats, leur tenue arbore un sigle blanc au niveau de leur pectoral droit, une rosace sigle de la Fédération. Les gradés appellent au rassemblement et, pleins de déférence pour leur aînés, les recrues obéissent. Elles forment des lignes, bien espacées, ordonnées. Ellia se place, dos bien droit, regard fixe. En quelques secondes, les rangs se forment, le peloton attend. Loin sur le côté, les familles regardent, solennelles. Un major, bien au devant des obéissants jeunes gens, observe, attend, et, enfin, s’exclame :

— Recrues, mes félicitations. Vous êtes désormais des soldats de la Fédération. Pendant cinq ans, vous vous êtes entraînés, préparés pour ce jour. Vous êtes l’élite de notre patrie. À partir d’aujourd’hui, chaque action que vous effectuerez, vous le ferez au nom de notre nation. Je n’ai plus qu’un ordre à vous donner : servez et protégez.
— Aye, aye, Major ! répond l’ensemble du corps, claquant des bottes, levant les mains en un salut martial et respectueux.

Le major s’efface, laissant des officiers issus de différents vaisseaux appeler leurs effectifs. Ellia attend son assignement, l’oreille tendue pour entendre son matricule. De longues minutes passent, toujours rien. Les lieux se vident, seule une poignée de soldats reste en place. Enfin, une voix appelle :

— Soldat 16-R931, soldat 6-URO-156

Ellia s’avance. Du coin du regard, elle voit Hobb approcher à sa suite. Ils se placent au garde-à-vous devant l’officier, une femme rousse au chignon serré, le visage couvert de taches de son.

— Suivez-moi.

Les soldats obéissent, côte à côte derrière l’officier. Ils finissent dans un ascenseur menant vers les quais.

— Je suis le vice-commandant Rachel, de l’ISS – Spearhead. Nous volons en effectif réduit et sommes en route pour effectuer une mission de première importance pour la Fédération. Que répondez-vous ?
— Nous sommes là, vice-commandant, répondent les deux assignés.

La machine s’arrête, les grilles s’abaissent pour leur laisser le passage. Les longues bandes de béton que sont les quais s’étendent, portant les marées en partance. À travers le voile bleuté au loin, le bouclier protégeant la station, ils voient d’innombrables joyaux brillants, prêts à être saisis. Le vide de l’espace n’est qu’un lieu en attente d’être rempli par les rêves de cette jeunesse parée. Pour Ellia, Hobb et les autres, il n’y a qu’un premier pas à entreprendre. La soldate lève le regard sur le bâtiment militaire où elle servira : une frégate d’acier blanc, le nez pointu, l’arrière arrondi, encadré par des croissants où de multiples hublots laissent à voir un intérieur high-tech. Un instant, et elle sera derrière ces vitres. Un instant, et elle sera au service et au devoir, dans la lancée vertueuse de la Fédération. Un instant, et elle avancera vers son rêve.

Terra Nova.

That's all folks :noel:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
10 janvier 2017 à 09:48:40

J'ai lu. Ton histoire s'annonce prometteuse. J'aime beaucoup l'univers que tu y développes, même si ça me fait vachement penser à une dictature, fière de son armée. (genre le signe de main la :peur: )
on y découvre surtout l'aspect militaire de la société, à voir ce que donne le reste.
Et dis donc, les pauvres, ils sont pas méningés, à peine sortis de 5 ans de vie d'une station, on les convoque direct, faut avoir les nerfs solides j'imagine :hap:

A dans trois mois alors :noel:

Pseudo supprimé
Niveau 10
11 janvier 2017 à 18:22:02

Awi j'avais lu mais oublié de commenter

Sweet :hap:

DSL mais c'est un genre qui m'est assez inconnu et y a encore trop peu de matière pour vraiment développer plus, donc les cara-commentaires pertinents viendront plus tard, quand j'aurai une vision d'ensemble

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
15 janvier 2017 à 10:26:51

Merci de la lecture les gens :-)

"Et dis donc, les pauvres, ils sont pas méningés, à peine sortis de 5 ans de vie d'une station, on les convoque direct, faut avoir les nerfs solides j'imagine :hap:"

:d) Tiens, c'est intéressant ça. Peut-être qu'il faut le garder dans un coin de l'esprit. :hap:

Brad :d) Battlestar Galactica, j'ai absolument aucune idée de ce que c'est. Peut-être que j'ai vu quelques épisodes dans ma folle jeunesse, mais là, ça me dit vraiment rien (et la flemme de googler :noel: ).

'Fin bref, ça fait trois mois ? Nan ? Bon ben sweet précoce :noel:

Chapitre deux : Spearhead

Seize paires de propulseurs, des quartiers pour un équipage complet d’une centaine de personnes, réduit de moitié pour la mission, un environnement fait de lumières clignotantes et de bruits électroniques, le Spearhead peut se targuer d’être impressionnant, du moins au yeux d’une jeune recrue telle qu’Ellia. Pour Sullivan, l’expert logistique et de maintenance de l’équipage, cette « merveille » technologique n’est qu’un « cimetière en devenir ».

— Regarde celui-ci, lui signale Sullivan. Je ne comprends même pas comment il a tenu jusque-là.

Comme s’il comprend que l’on parle de lui, le tuyau émet un sifflement aigu. Ellia tend une clé à molette à Sullivan, qui lâche sa caisse de matériel pour l’occasion. Il prend appui sur la boîte et fait signe à la soldate d’éclairer à la lampe-torche. Ellia braque le faisceau en hauteur, observatrice passive de la réparation. Les recoins du pont de maintenance sont sombres, voués à l’obscurité. Au sol, une série de diodes tente vaille que vaille d’émettre un peu de clarté, mais comme seulement une sur trois est fonctionnelle, le chemin n’est que noir profond et pâle halo. Les longs tuyaux s’étendent à perte de vue, suivant les contours du tunnel sombre. À l’intérieur, le liquide refroidisseur suit son cycle, des moteurs au centre de recyclage, avant de repartir pour un nouveau tour. Sullivan, les sourcils broussailleux noyés sous la sueur, lève son bras gauche, tout en fer noir, et y tapote une quelconque commande. Le membre de métal émet un bip, avant que son écran intégré ne livre le résultat du diagnostique.

— Un surplus de pression, marmonne-t-il.

Pendant de longues secondes, il passe de son écran au tuyau, émettant des ordres pour l’ordinateur central du vaisseau, et évaluant le résultat en direct. Enfin, il se laisse tomber de son perchoir, son atterrissage accompagné d’un fracas métallique venant de son torse, un lourd exosquelette. Dans la semi-pénombre, Ellia croit voir les lamelles horizontales du vêtement bouger, s’arranger pour absorber le choc. Elle se penche pour ramasser la caisse de matériel, mais Sullivan l’arrête :

— Laisse-moi faire. Tu va te ruiner le dos à porter des charges ainsi.

Sans difficulté, il saisit la caisse et la calle sous sa prothèse, avant de démarrer la marche vers le prochain point d’intérêt.

— Je suis certaine que ton dos est en pire état que le mien, rétorque Ellia, sur un ton amusé par les précautions de l’homme mûr.
— Mon dos est moitié Titane-4 et moitié éclats de shrapnel. Il en faudra plus pour le démolir.

La forme trapue du logisticien s’engouffre dans un nouveau méandre. Cette fois, Ellia reconnait la route : ils retournent au centre du pont.

— On a fini ?
— Les réparations ne sont jamais finies sur ce rafiot. Disons juste qu’on est presque certain de pas péter en plein vol. Presque, insiste-t-il, espérant déclencher une petite réaction de panique chez son apprentie.

Tout ce que le commentaire fait, c’est provoquer un léger sourire amusé au coin des lèvres d’Ellia. Elle avait cerné l’humour de Sullivan dés leur première rencontre, quand Hobb et elle faisait le tour des quartiers pour se présenter à l’équipage.

— Mon bras ? fit-il, en réponse à la question de Hobb. Juste un dysfonctionnement de ma combinaison. Je venais de sauter dans l’espace quand mon armure a détecté un trou, au niveau de l’avant-bras. Ces trucs sont faits pour couper dans le tas si jamais ça arrive. Et si t’as un membre qui dépasse, ça fait clac un bon coup.
— V…Vraiment ? dit Hobb, pour qui l’idée d’une combinaison qui faisait office de piège mortel provoquait la frayeur.
— Oh, t’en fais pas. T’aurais vu ceux qui avait un problème au niveau du casque, c’était pire. Je peux te dire que les prothèses de tête sont pas aussi optimisées que celles pour les bras.

Face à un Hobb pâle comme un cadavre, Ellia retint un léger rire. La vérité autour du bras de Sullivan est bien morne, par rapport à cette histoire : il s’était juste tenu trop près d’un obus.

Pour l’heure, Ellia et Sullivan se dirigent vers le centre du pont. Là, une nuée d’ingénieurs et de techniciens rangent du matériel, récupéré lors de leur escale. L’allée centrale s’étend sur toute la longueur du vaisseau, offrant, à intervalles réguliers, des passages vers des systèmes spécifiques. Une grille fait office de sol, et, à travers des barreaux, Ellia aperçoit des pompes, des circuits, et divers instruments tombés entre les interstices au fil du temps. Pour assurer la visibilité en ce point crucial, l’équipage a installé de grands spot éclairant en haut des murs, assurant une lumière venant en douche. Sullivan prend un moment pour considérer le long couloir, puis il s’en détourne, réalisant que « la bande de bras cassés » qu’on lui a confié est assez compétente pour bouger des pièces d’un point A à un point B.

Il ouvre la porte de sa cabine, une petite cahute en amont du pont. Ce n’est pas, officiellement, un lieu de vie, les quartiers de l’équipage sont situés un pont plus bas. Néanmoins, ce n’est plus désormais la réserve qu’est censée être la pièce. Sullivan s’est approprié l’endroit, y casant un bureau, et son fatras habituel. Plusieurs disques plats consacrés à l’ingénierie forment une bibliothèque, sur laquelle la liseuse repose, silencieuse. Un série de petits tuyaux courent dans un coin, de longues gouttes d’eau glissant à leur surface. Qu’à cela ne tienne, Sullivan a collé une plante en pot juste en dessous, histoire d’assurer le recyclage. À travers un léger interstice menant à un placard, Ellia voit une couche défaite, la forme de l’imposante masse de l’occupant imprégnée dans le matelas.

Et puis, il y a son « bureau », une surface encombrée de pièces détachées, de métaux sombres recouverts de fils colorés. Sullivan pousse quelques objets, et parvint même à débarrasser une chaise pour Ellia. Il lui fait signe de s’installer, tandis qu’il se saisit d’une cruche et s’approche d’un tuyau. Il desserre un écrou, et récupère le long filet d’eau fumante en coulant. D’un tiroir de sa table de travail, il produit une boite de chêne. Il en extirpe des feuilles vertes, d’une plante connue à la jeune fille, la même que celle qui traîne dans un coin.

— Ce genre de plante est soumis à la prohibition, pas vrai ? demande Ellia, alors que les feuilles vont rejoindre le début de tisane.
— Sans doute. Sauf que tout le monde sait que balancer son ingénieur principal, c’est une mauvaise idée.

Ellia sourit. Sullivan lui sert la boisson, elle l’accepte en silence. Un regard sur le côté lui permet d’entrapercevoir une photographie, placardée au mur. L’écran affichant l’image grésille un peu, rendant les formes difficiles à examiner. Pourtant, Ellia reconnait un groupe, militaire, prenant la pose pour l’occasion. Aux pieds des autres soldats, Sullivan se tient, ses deux bras intacts, arborant un sourire de cadet.

— C’était juste avant le début des hostilités, fait l’expert, suivant le regard. On allait embarquer, on s’inquiétait pas. C’est après qu’on a compris ce que c’était, la guerre.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Sullivan ne regarde plus Ellia. Il fixe les pièces de métal sur son bureau, et commence à bricoler. Il assemble, il sépare, il tourne une vis ou un écrou. Mais il ne regarde pas la jeune fille.

— Je te parlerai de la guerre. Pas aujourd’hui. J’ai encore ce truc à réparer, et parler trop de chose trop grande, ça me fatigue. Je peux juste te dire qu’après cette foutue mission, j’ai évité le front autant que je pouvais. J’ai pas eu le choix, pas souvent, mais quand je l’avais, je me démerdais pour être en arrière. On a toujours besoin d’un expert logistique quelque part.

Ellia examine les traits du vieil homme. Durs, profonds, fatigués. Sullivan a une face qui a vu et survécu. Beaucoup ne peuvent pas en dire autant.

— Et l’honneur et le devoir, dans tout ça ? interroge Ellia, d’une voix fragile.
— J’ai jamais désobéi. Je me suis toujours donner à fond dans ma tâche. Mais, ouais. J’imagine que tu peux dire que j’ai été lâche. Que je suis un lâche. Sauf que je suis un lâche vivant, pas comme ces cons.

Il fait un geste vers la photo. Dans ce signe, il y a une émotion silencieuse et assourdissante. Le doigt pointé porte une rage mais aussi un chagrin puissant. Il s’agit des non-dits d’un survivant, de la colère pour ceux qui ont l’audace d’aller se faire tuer, de la tristesse pour des camarades longtemps disparus.

— La plupart sont allés au front pour se doucher dans les balles ennemies. Ils ont juste rejoints les listes de morts pour la patrie ou de portés disparus. L’armoire à glace en haut à droite s’est portée volontaire pour une mission suicide qu’a foiré… ou réussi, ça dépend comment tu vois ça. La gringalette en bas était sur le ISS – Rica, lors de l’attaque sur Terra Nova. Le caporal est le seul encore vivant, mais c’est une charlotte verte maintenant, donc, ça compte pas. Et puis y’a moi.

Il s’arrête là. Sa main passe sur son visage, tandis que sa prothèse se serre autour du vide, la seule chose qui reste de l’unité de la photo.

L’écran du bras noir émet un petit bip. Sullivan examine les données, avant d’émettre une commande. La bibliothèque derrière lui glisse, pour révéler un mur nu, qui se change bien vite. L’image projetée vient d’un des hublots du poste d’observation, révélant ainsi le système qu’ils viennent d’entrer.

— Regarde-moi cette pétasse d’étoile, fait Sullivan, indiquant un petit point se détachant de l’encre noire spatiale.

Ellia doit plisser des yeux et se concentrer pour vraiment se focaliser sur l’étoile en question. Une sorte de lueur bleue semble la guider, mais il lui faut quelques secondes pour être certaine d’avoir la bonne cible.

— Elle est… minuscule, commente la recrue.
— Ouais. Elle s’est effondrée sur elle-même. Elle doit pas avoir plus d’une dizaine de kilomètres de diamètre, désormais. Le problème, c’est qu’elle a encore la même masse, et ça fout en l’air les champs gravitationnels.
— Tu veux dire que le vaisseau est bloqué ?
— Nan. J’dis pas, un vaisseau à peu près potable passerait sans s’arrêter. Mais bon, ça fait quelques jours qu’on vole. Faut laisser le système se reposer, de temps en temps, surtout avant de tenter ce genre de trucs. Sans oublier les gars de la cabine de pilotage, ils s’épuisent aussi.
Ellia sirote sa tisane, tandis que Sullivan se perd en réflexion. Après un long moment de flottement silencieux, il lâche :

— T’as été voir le Solcore ? Vas-y. J’ai plus rien à te donner, et ça, c’est quelque chose qu’il faut voir. Par contre, va pas te niquer les yeux, prends tes lunettes.

Depuis les fermes hydroponiques, Ellia attend. Au-dessus d’elle, la sphère sombre du Solcore est fermée. Encore quelques instants, néanmoins, et le cœur du vaisseau se montrera. Pour l’heure, Ellia se tient dans l’immense espace de culture. Les champs de plantes mélangent le vert, le brun et le rouge, en un ensemble de couleurs hétéroclites. Entre les carrés bien entretenus d’où dépassent les légumes, de petites passerelles permettent de circuler. Ellia se tient à la croisée de ces sentiers, immobile, le regard tourné vers le haut. Autour d’elle, de nombreuses tiges de métal se tiennent au-dessus des cultures, supportant les nombreuses lampes à UV. Ces-dernières s’effacent, lentement, laissant l’obscurité envahir le lieu, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une nuit impalpable.

Dans ce brouillard sombre, Ellia attend. Les lunettes d’entretien sur ses yeux voilent le monde autour d’elle, la rendant, dans cette pénombre, aveugle. Elle contemple ce noir qui l’enveloppe, où rien, même pas elle-même, n’est visible. Elle n’entend que sa respiration, sifflante, lourde, angoissante. Le cœur serré, elle espère que ça ne durera pas. Et en effet, ça ne dure pas.

Des sons lourds, puissants, résonnent en hauteur. Le métal sombre recouvrant le Solcore s’arrache, en immenses plaques reculant pour dévoiler le cœur. L’écrin laisse passer un rayon de lumière grandissant, d’abord en simple fil courant le long des champs, puis en un pilier englobant le monde. Ellia se tient là, au centre des rayons, sous le Solcore, l’étoile artificielle alimentant le vaisseau. Même avec ses lunettes, elle sent ses yeux brûler, une fine larme couler sur sa joue. Elle ferme les paupières et reste là, baignée par le soleil. La fille qui n’a connu que la vie sur une station spatiale, ses recoins noirs et ses pâles halo, cette jeune femme réalise qu’il y a un univers de chaleur qu’elle peut enfin connaître.

Un pas résonne derrière elle, lourd et inquiétant. Elle se retourne, pour découvrir un canon pointé vers elle :

— Identité, fait une voix rauque derrière l’arme. Vite.
— Ellia. Je suis une des recrues de…
— Identité, répète la personne, sans prêter attention aux paroles de son interlocutrice. Vite.

Ellia remarque le détail troublant sur ce garde. C’est une femme, petite, au visage brûler par ses jours de garde sous le Solcore. Mais ce qui est important, c’est le haut de son crâne, couvert d’une charlotte verte. Ellia frémit, à l’idée de ce que cache ce vêtement grossier. En-dessous, un trou guette. À l’intérieur, nagent des plaques, des processeurs, des fils, du matériel électronique. Bref, les implants qui, depuis longtemps, ont détruit toute personnalité chez cet être, et contrôlent désormais chacun de ses gestes. Lentement, Ellia tend le bras, présentant son poignet, où se trouve sa puce d’identité. Les yeux de la charlotte verte se baissent, les micro-filaments à l’intérieur de ses globes frétillent. Analyse en cours. Recherche dans la base de données.

— Retournez à votre poste, recrue Ellia, fait la voix monotone. Vite.

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
18 janvier 2017 à 10:13:55

Merci pour la lecture :noel:

C'est vrai que ce Battlestar a l'air intéressant, je le note dans mes trucs à voir.

Quant à l'aspect "hard SF", c'est pas vraiment vers ce que j'ai été. Perso, quand on me parle de hard SF, je pense à des trucs genre "Seul sur Mars" qui est littéralement un guide de survie (tout ce que le livre que je n'ai pas lu présente sont des choses réalisables et scientifiquement vraies). Alors qu'ici, je m'attarde sur des technologies qui sont quand même plus proche du fantasme que de la science. La seule technologie qu'est de l'extrapolation de travaux est lié à la bio-ingénierie et arrivera au prochain chapitre. Après, j'essaie quand même de mettre certains éléments pour qu'un mec SFan qui tombe sur ce récit et se demande comment ça marche possède assez d'informations pour se faire sa propre soupe, et se dise "okay, y'a moyen que ce soit pas totalement du bullshit" :noel:

Par contre, quel cliffhanger ? Y'a pas de cliffhanger :hap:

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
20 janvier 2017 à 08:13:48

Ninja Sweeeeeet !

Chapitre trois : la voix qui demeure

Des forêts, des lacs, le ciel… Terra Nova… ou bien… Une image se superpose, celle d’une lumière radieuse, qui englobe le monde. Le Solcore, la lueur solaire… ou bien…

Ellia se réveille, et se découvre couverte de sueur. Elle passe une main sur son dos, trempé. Une boule lui serre la gorge, une déglutition difficile, douloureuse, faite d’un léger spasme d’angoisse. La jeune fille s’extirpe de sa couche, titube jusqu’au lavabo de sa cabine. Dans son miroir, elle peut voir ses yeux rougis, les perles aux coins de ses paupières. Si elle n’était pas déjà aussi pâle, elle est certaine qu’elle se trouverait la teinte d’un cadavre. Le souffle court, elle tente de se calmer, en conjurant une image précise, qui s’impose quasi d’elle-même. Son père. Une silhouette floue, dont elle ne se rappelle pas, de vagues traits sans substance. Et pourtant, une voix, qu’elle n’a jamais oubliée, qui lui rappelle le leitmotiv de cet homme au-dessus de tout : « Service et devoir ».

— Aye, aye, papa, chuchote Ellia, face à son reflet net.

Elle consulte son réveil, synchronisé sur l’horloge du vaisseau. Trois heure du matin. L’équipe de nuit prend sa première pause, tandis que le reste de l’équipage dort à poings fermés. Ellia doit être reposée pour demain, et sa nuit agitée ne l’y aidera pas. Mais elle ne peut pas se recoucher. Pas après… ce rêve. Cette chose qui l’a réveillée. De vieilles images, qu’elle a arpentées en tout sens. Et qui, aujourd’hui, pour la première fois, la terrorise.

Ellia s’habille, sort de sa cabine, s’en va dans les couloirs. Le quartier de l’équipage est nickel, ses angles doux et ses courbes d’une blancheur immaculée. En comparaison, le pont de maintenance a l’air d’une autre planète, rouillée et prête à partir à la casse. Ici, un soin tout particulier a été apporté à ce que l’environnement soit le plus reposant possible. Les besoins de l’équipage sont toujours prioritaires dans une mission. Le réfectoire offre des repas préparés avec maestria, les salles de repos regorgent d’activités distrayantes, des salons confortables sont à la disposition de ceux qui souhaitent s’asseoir et discuter, ainsi de suite. Dans tout cela, il y a un lieu qui intéresse particulièrement Ellia, ce soir : la tribune. Elle pénètre dans la pièce, une grande salle sphérique. L’endroit est vide, seulement peuplé de balcons venant ici et là, tourné vers le centre. Ellia tapote sur un clavier, ordonne les projecteurs. L’ordinateur intègre la demande, la compare avec les autres, inexistantes. Enfin, l’hologramme se crée, et la jeune fille devient spectatrice accoudée à la rambarde.

Des forêts, des lacs, le ciel… Terra Nova. Des rayons de soleil inondent l’image d’une lumière chaude et réconfortante. Ellia regarde, calme, apaisée. Combien de fois a-t-elle rêvé de cela ? Combien de fois s’est-elle réveillée avec ces visions ? Avec cette envie de les voir, enfin, en vrai ?

Ellia observe l’image, perdue en de longs instants de contemplation. Si bien qu’elle n’entend pas les bruits de pas derrière elle. Elle ne remarque la nouvelle arrivante que lorsque celle-ci lui demande :

— Ça te dérange si je change ?

Et sans attendre de réponse, elle modifie la scène. La nuit tombe sur l’image, les arbres font la place à de hauts buildings et un éclairage bleuté vient illuminer les rangées de béton noir.

— C’est toujours Terra Nova ? demande Ellia, surprise.
— Mmm ? Nan, c’est Sirius. Non pas que ça fasse une différence. Toutes les colonies sont basées sur la capitale. Ils changent juste un ou deux détails, en fonction de l’humeur du moment.

Ellia observe la nouvelle arrivante : une filiforme blonde à la silhouette serrée dans une combinaison inhabituelle. Le vêtement gris est une pièce unie, différent des uniformes de la Fédération. De longues lignes filent sur la tunique, transmettant parfois une lueur bleue électrique, comme si l‘ensemble possède sa propre conscience. À de nombreux points du buste et des avant-bras de la femme, Ellia voit des orifices. Petits, mais présents en nombre, des points de connexion. Le plus gros se situe sur la nuque, derrière la queue de cheval censée la dissimuler, en vain. Ces implants sont bien trop visibles pour être ignorés.

— Première fois que tu vois une pilote ? fait la femme, surprenant le regard inquisiteur.

Gênée, l’observatrice se reprend, tentant de faire passer le moment de malaise :

— Ellia, se présente-t-elle.
— Décembre, répond la dénommée, serrant la main tendue.

Le visage de la pilote est encadrée de longues mèches blondes, comme deux traits venant accentuer la douceur féminine de cette face. Mais ce portrait est troublé, ruiné, par deux plaques sombres greffées sur les tempes. Ellia essaie d’oublier cette machinerie étrange, alors que la femme vient se placer à côté de la recrue, s’accoudant à la rambarde, face à l’hologramme.

— Tu es l’amie de Hobb ? demande Décembre.

Ellia opine. Puis, elle se ravise. « L’amie de Hobb ». Au ton de la pilote, Ellia comprend qu’il y a un sous-entendu. Elle le dissipe sans attendre :

— Je veux dire, je suis une amie de Hobb. Pas… « l’amie de Hobb ».
— Vraiment ? Quel dommage.

Ellia tente de sortir une répartie, mais, face à l’enjouement clairement visible sur le visage de son interlocutrice, elle ne trouve rien. Elle se contente de lever les yeux et de se reporter sur l’hologramme.

— Donc, des problèmes de sommeil, Ellia ? questionne Décembre.

La recrue hésite, comme elle ne souhaite pas révéler ce qui la trouble. Elle prend un juste milieu dans sa réponse :

— Parfois. Ça arrive souvent, dans les voyages spatiaux, non ?
— Mmm… Oui. Mais d’habitude, les recrues prennent une médication pour corriger le problème. Elles ne courent pas regarder des images de la capitale.
— Ça me calme.

Dés qu’elle finit sa phrase, Ellia se trouve un ton sec, cassant. Le stress, sans doute. Elle se corrige immédiatement :

— Je… j’ai toujours rêvé de voir Terra Nova. C’est un peu mon obsession.

Décembre se détourne du spectacle, le dos contre la rambarde. Elle tourne son regard vers Ellia, les yeux azurs de la pilote l’examine.

— D’où viens-tu ?
— Orphelinat militaire.
— Ah, je vois. Née dans l’armée, éduquée par l’armée, dévouée à servir dans l’armée. Et tout ce que tu as vu du monde, c’est la station spatiale où t’as passé ta vie.
— Pas exactement.

Ellia hésite, comme elle ne sait pas comment présenter la chose à une inconnue. Ou peut-être parce qu’elle-même n’a aucune idée de ce qu’est cette chose. Tout ce qu’elle a, c’est une silhouette floue, qu’elle ne se rappelle pas, de vagues traits sans substance. Et trois mots : « Service et devoir ».

— J’ai passé mon enfance avec mon père.
— Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ?
— Je ne sais pas. Tué en service, qu’on m’a dit. Je ne me rappelle pas.
— Quelle chose horrible, commente la pilote.

Elle reste silencieuse, pondérant le passé de son interlocutrice. Un léger tressaillement dans ses yeux fait sentir sa réflexion. Après un moment de flottement, elle rompt le silence :

— On dirait que tu vas avoir ce que tu veux.
— Vraiment ?
— Je te l’ai dit : toutes les colonies sont basées sur la capitale. Donc, quand on arrivera, tu verras Terra Nova.
— Ce n’est pas pareil. Et puis, la colonie a été détruite. C’est pour ça qu’on s’y rend, non ?
— Qui sait, peut-être qu’il reste un carré de pelouse que les bombes n’ont pas anéanti.

Ellia se demande si elle serait heureuse de découvrir ce fameux lopin de terre intacte. Peut-être. Mais, au fond, ce n’est pas important. Le principal, c’est la mission. Se rendre sur la colonie. La préparer à l’arrivée de nouveaux colons. S’assurer qu’ils soient installés et prêts à servir la Fédération.

— Et toi, d’où viens-tu ? demande Ellia.

La réaction de la pilote est vive, électrique, conditionnée. Elle lâche la rambarde et fait un pas, s’éloigne de son interlocutrice. Pendant un instant, elle ne montre que son dos à la recrue. Puis, elle lui fait face, avec un visage amorphe, froid, indifférent. Une façade, pour contenir un monstre qui la ronge depuis l’intérieur. Lentement, elle dresse un index contre sa tempe, sur les implants :

— T-3. Je viens d’un labo de bio-ingénierie.
— Je… je suis désolée, murmure Ellia.
— C’est ok. On m’a suffisamment traitée de « poupée éprouvette » pour que ça ne me fasse plus rien.

Décembre revient s’accouder, soudainement plus décontractée, se permettant même un sourire.

— De plus, on a un dicton dans la cabine : « si tu n’aimes pas ton pilote, tu sais où se trouve le sas ».

La femme et la jeune fille se lancent un regard amusé. Ensemble, elles restent là, à regarder Sirius. Certains mots sont échangés. Certaines paroles se perdent. Puis, quand elles n’ont plus rien à se dire, elles demeurent en silence.

  • ninja!*
FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
22 janvier 2017 à 07:41:53

Merci de la lecture :hap:

Décembre en tant que cyborg... Oui, non, peut-être, je sais pas exactement comment la définir. En gros, c'est un humain artificiel créé pour recevoir une technologie que la biologie humaine classique ne peut pas recevoir. Y'a beaucoup de récits de SF qu'ont traité ce genre d'éléments, en une sorte de questionnement sur l'humain qui se prend pour Dieu, ou tout ce qui découle de la vie artificielle, synthétique ou organique. Et même si d'une certaine façon j'emboîte le pas de ces questions, c'est pas exactement les thèmes que j'ai envie de traiter dans ce récit, du coup, je marche sur la ligne fine entre le trop et le trop peu. Bref, c'est casse-tronche :noel:

Ah et fin du chapitre trois, pouf !

La pause de vingt-quatre heures nécessaire au Solcore pour retrouver ses capacités profite à l’équipage tout entier. Sûr, il reste de nombreux travaux sur le pont de maintenance. Évidemment, les activités coutumières sont encore de mise, des préparations de repas aux inventaires en passant par les rapports de mission. Néanmoins, le vaisseau tourne au ralenti, ce qui offre un repos bien mérité aux plus travailleurs. Parmi ceux-ci, l’on trouve la cabine de pilotage. Constamment sollicitée par les calculs et les manœuvres de voyage, un arrêt du vaisseau est pour eux équivalent à un jour de congé. La plupart se perd en distractions, que ce soit à la tribune ou dans les salles d’activités récréatives. Décembre, quant à elle, a choisi de profiter de leur temps libre pour autre chose : une évaluation de son copilote. Hobb, nouvelle recrue assignée à la cabine, a déjà démontré un certain talent dans sa fonction. Talent très brut, mais que quelques années feront murir jusqu’à en faire une vraie fibre de pilote. Le jeune homme se présente comme un soldat de pauvre carrure, la peau légèrement bronzée, et à l’assurance très aléatoire. Quand il transmet les informations de navigation, il a la voix forte, certaine de sa compétence, toujours juste. Mais dés que l’on quitte son milieu, Hobb avance à pas prudents, silencieux, inquiet de déranger. Décembre est même surprise qu’il ne se soit pas encore excuser de respirer le même air qu’elle. Constamment, Hobb avance les yeux baissés, laissant ses cheveux noirs voilés son visage. Bref, un pauvre jeune homme qui n’a jamais réussi à trouver sa place.
Et malgré ce caractère fuyant et tremblant, Hobb fait face. La pilote est même abasourdie par l’assurance qu’il se donne. Certes, le tout a l’air forcé, comme si, cette fois, pour de bon, il a décidé qu’il allait être le meilleur de tous. Même si elle est surprise, Décembre comprend très vite de quoi il retourne.

— Dix-neuf à zéro, fait Ellia, en ajustant ses gants de cuir.
— Dix-huit, rectifie Hobb. J’étais malade la dernière fois.
— Bien sûr.

Les deux recrues se font face, sur le tatami de la salle de sport. Tout autour d’eux, l’équipage s’adonne aux activités physiques d’usage ici bas : course sur tapis, soulèvement de fonte, entraînement au combat rapproché,… Bref, le lieu est très prisé. Une charlotte verte circule entre les installations, comme étrangère, son pas mécanique semblant l’avoir perdue. De temps en temps, elle s’arrête, récite à un athlète qui ne l’écoute pas l’ensemble des précautions d’échauffement. Puis, elle reprend sa route.
Dans tout cela, les deux jeunes gens détonnent. Ils sentent le nouveau, et ça attire l’œil. Quelques combattants aguerris viennent observer le combat, pour se rappeler leur élan de jeunesse, quand ils sortaient de l’académie. Décembre se demande si la foule aidera son protégé ou si cela lui fera perdre ses moyens. Il ne faut que quelques secondes pour que la pilote réalise que Hobb a besoin de plus qu’une simple aide : il lui faut un miracle.

— Haw, fait-il, la face aplatie contre le tatami.
— Tu pourrais au moins faire semblant d’essayer, le nargue Ellia.

Elle le lâche, ils reprennent leur position. Hobb se concentre, sa garde bien levée, ses jambes parées. Il est décidé à réussir, il faut qu’il réussisse, il réussira. Du moins, c’est ce qu’il se dit, avant qu’Ellia ne passe à l’assaut. Un enchaînement gauche-droite sur l’estomac le fait reculer. Par chance, cela lui permet d’éviter de se faire balayer les jambes. Il tente une molle contre-attaque, ne reçoit en récompense qu’un taquet vif au menton. Et puis, ça finit, Ellia lui saisit la nuque et le fout à terre, comme une vieille poupée amorphe.

— Haw, répète-t-il, moins convaincu qu’un quart de minute plus tôt.

Une fois encore, il se relève et fait face. Cette fois, il passe à l’assaut, répétant les gestes qu’il a appris par cœur. Évidemment, ça foire. Ellia évite d’un mouvement de torse simple, et réplique d’un uppercut. Elle saisit le bras, rebalance Hobb contre terre, et tombe sur lui, genou entre les omoplates.

— Alors ? fait-elle.
— Dix-neuf à zéro, capitule Hobb. Haw, haw, haw ! D’accord, d’accord ! Vingt ! Vingt !

Ellia le libère et l’aide à se relever.

— Tu m’as presque eue, tente-t-elle, face à la face noire de son ami. Encore un peu, et tu y arriveras.

Hobb, pas dupe un instant, répond aux encouragements :

— Je suis un aspirant pilote. Le combat rapproché, c’est pas ma priorité.

Décembre claque sa langue contre son palais, en un « tss-tss » de désapprobation. Hobb lui lance un regard implorant la pitié, pour son égo blessé, mais la pilote veut être claire :

— Peut-être que tu n’auras pas à aller au combat. Mais si tu veux devenir pilote, il faudra que tu passes aux implants. Et l’opération est éprouvante. Une condition physique parfaite doit toujours être ta top priorité.

La foule autour du tatami se murmure quelques commentaires désobligeant. Certains arborent un sourire goguenard, dirigé vers Hobb. Voyant cela, il baisse les yeux, humilié, et peine à murmurer un :

— Aye, aye, madame.

Le visage de Décembre s’empourpre soudainement. La vague de chaleur qu’elle ressent la désempare, et elle manque de s’étouffer avec sa respiration. C’est la première fois qu’on lui sert du « aye, aye » ainsi. Et elle est certaine qu’elle n’aime pas ça. Elle ne sait que répondre. Heureusement, une voix sur le côté s’élève, rompant ce moment de gêne absurde.

— Hé !

L’appel est dirigé vers Ellia. Elle se retourne, pour faire face au cavalier spectateur. Il est proche du tatami, occupant une place centrale. L’exosquelette qu’il porte lui fait comme un gilet de métal noir, sur lequel il a croisé deux bras couverts de cicatrices. Même chose pour son crâne rasé : de grands traits livides s’y font voir, autant de traces des opérations subies. Les deux yeux profondément enfoncés, cernés de noir, transpercent Ellia, une légère lueur s’y dessine, marque des implants s’y trouvant.

— Ça, fait la voix traînante de l’homme. Ce ne sont pas des mouvements classiques du combat rapproché. D’où tu sors ce truc ?

La voix est agressive, haineuse. Ellia, troublée par la question, balbutie, difficilement :

— Mon père m’a appris.
— Où est-il ?
— Il est mort.
— Comment ?
— Je… Je ne sais pas.

L’homme s’apprête à continuer l’interrogatoire, mais Décembre intervient, coupant là cette conversation :

— Dickson, fous la paix aux recrues.

Il tourne son terrifiant visage vers la pilote. Ellia voit, pendant un moment, une veine battant sur son cou, comme une marque de dédain. L’homme ne répond pas, au contraire, il tourne les talons et s’en va. Ellia regarde l’individu s’éloigner, décontenancée par cette rencontre.

— Fais pas attention à Dickson, lui fait Décembre. C’est un T-2, du coup, c’est un con.

La pilote tourne la tête vers Hobb, et voit son regard horrifié, empli de suppliques.

— T’en fais pas, rassure-t-elle. Tes implants seront des T-4, voir, peut-être, des T-5. Bref, rien à voir avec ce connard ou… ces choses.

Elle finit sa phrase avec un geste du menton vers la charlotte verte, toujours occupée à ses recommandations et sa ronde. Hobb pousse un soupir de soulagement. Puis, il se retrouve face contre le tatami.

— Vingt-et-un à zéro, conclut Ellia.

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
01 février 2017 à 10:27:33

Merci de la lecture :hap:

Voila un chapitre entier, pouf :

Chapitre quatre : L’incarnation

Le voyage se poursuit, faits de longs trajets spatiaux et de pauses méritées. Chaque jour les amène plus proche de leur objectif, jusqu’à ce qu’ils entament la dernière étape.

— Aujourd’hui ? demande Ellia à Hobb.

Il opine, la bouche pleine de céréales. Assis face à face dans le réfectoire du vaisseau, ils profitent d’un petit-déjeuner nécessaire, qui sera suivi d’une journée chargée. Après un mois de voyage spatial, le Spearhead va enfin pénétrer le système cible.

— Décembre va entamer le dernier saut dés que je serai revenu, continue Hobb. Je voulais le faire hier, mais elle m’a foutu à la porte de la cabine.

À l’air sombre de son ami, Ellia comprend très bien. Hobb se surcharge, passionné par ses calculs, le voyage spatial, les étoiles qui défilent. Résultat, Décembre doit user de son autorité de pilote pour qu’il se repose. Une situation qui ne contente aucun des deux protagonistes.

— Tu sais qu’elle ne dort pas ? poursuit Hobb. Ses implants font qu’elle n’en a pas besoin. C’est…dingue.

Ellia retourne sa cuillère dans son bol. L’excitation de Hobb n’est pas quelque chose qu’elle peut prendre dés le petit-déjeuner. Le copilote est passionné par ces implants qu’il devra lui-même porter. Déjà à l’académie, il passait des heures à compulser les ouvrages sur le sujet. Ellia est d’ailleurs certaine qu’il pourrait ressortir mot à mot chacun des disques en question. Et maintenant, il bosse avec l’exemple vivant des progrès de cette technologie. Cela l’électrise, et bien qu’Ellia apprécie de voir son ami plus énergisé que d’habitude, elle ne peut s’empêcher de penser que c’est pour de mauvaises raisons.

— Qu’est-ce que tu penses des implants ?
— Qu’est-ce que tu veux dire ?

Ellia hausse les épaules, pas tout à fait certaine. Après avoir écouter Sullivan, elle avait pris le temps de considérer cette technologie. À part des doutes, rien n’était ressorti de cette réflexion.

— C’est juste que… ça semble être un engagement… prenant.

Hobb ne répond pas. La vérité, c’est que c’est la première fois qu’il entend quelqu’un émettre des doutes concernant les implants.

— Je… je n’avais jamais imaginé les choses ainsi. Mais c’est pas comme si j’avais le choix. Si je veux devenir pilote, je dois y passer. Enfin, y’a peut-être une compagnie ici ou là qui opère encore sous les anciens systèmes, mais pas ici. Pas dans la Fédération. Et puis… ça fait de nous des gens meilleurs. Ça fait qu’on peut mieux servir. C’est ce qui importe, non ?

Sans doute. Avant qu’Ellia ne puisse réfléchir à une répartie, ils sont interrompus. Un des opérateurs du centre de communication s’avance et leur tend un disque :

— Pour vous, fait-il, las de gérer les messageries personnelles de l’équipage.

Les recrues le remercient, mais il est déjà loin, à poursuivre sa livraison. Hobb produit une liseuse d’une de ses poches et la tend à son amie. Elle y place le disque et lit le texte.

— C’est Mat. Il a été accepté dans l’escadrille de l’Héroïque. Et… il a rompu avec Judith.

Hobb lève les yeux au ciel et finit son bol. « Pas vraiment une surprise, si tu veux mon avis », pense-t-il à dire. Avant que les mots lui échappent, il se rend compte que c’est assez agressif. Alors, il se tait, honteux d’avoir songé à déranger son amie.

Il rassemble ses couverts et prend congé d’Ellia.

— Transmets-lui mes félicitations… Pour sa promotion, ajoute-t-il, précipitamment.

Après avoir rangé sa vaisselle, il monte dans l’ascenseur central. L’engin l’amène jusqu’au pont supérieur, vers la cabine de pilotage. Pour y accéder, il doit d’abord passer par le centre de commandement. Là, sur une table renvoyant une série d’hologrammes, le vice-commandant Rachel étudie divers diagrammes de la colonie, compulsant les informations. Hobb se surprend à constater qu’il n’y a personne aux alentours. Normal, entre les postes vacants et l’arrêt du vaisseau, on a du mal à maintenir une équipe ici. Néanmoins, en y repensant bien, Hobb se rend compte que c’est la première fois qu’il voit le vice-commandant seul.

— Bonjour, recrue, fait-elle, en le voyant sortir de l’ascenseur.
— Madame, dit-il, respectueux.
— Comment allez-vous ?

Hobb est surpris. Il se stoppe dans son élan vers la cabine.

— Je… je… ça va.

Première fois qu’un supérieur prend de ses nouvelles, pour autre chose que les informations nécessaires à la mission. Il ne sait pas comment réagir, alors, il balbutie, il hésite, et se mord la langue. Pire, il se rend compte qu’il a oublié de retourner la politesse :

— Et v-vous ? dit-il, paniqué par l’image qu’il renvoie.
— Je vais bien, répond le vice-commandant, sans prêter attention à l’émoi de la recrue. Pouvez-vous me faire un rapport de navigation ?

Cette fois, c’est un autre langage. Hobb passe en un instant d’une recrue gênée à un copilote expert. Confiant, il livre les informations :

— Nous allons réaliser le saut vers le système cible. Arrivée prévue dans deux heures standards. La mise en orbite dépendra des résultats des données atmosphériques mais l’on peut prévoir…

Le vice-commandant Rachel lève la main, un sourire face à la masse de données.

— Très bien, recrue. Reprenez vos tâches et continuez à bien servir.

Le compliment est ce qui achève d’éveiller l’effroi chez Hobb. Non seulement il fait mauvaise impression, mais, en plus, on compte sur lui. Totalement perdu, il aurait pu rester planté là, sans réaction, à hésiter indéfiniment entre différentes réparties. Mais il n’a pas besoin de réfléchir. Pas besoin de penser. La Fédération lui a enseigné les mots justes :

— Aye, aye, vice-commandant.

Hobb s’en va à la cabine de pilotage. Devant les lourdes portes métalliques, il présente son poignet, sa puce d’identité. Un bip le fait attendre, un autre le fait entrer. La large vitre avant projette les images venant des capteurs. La vue n’est pas très intéressante : juste un noir d’encre tacheté de lucioles lointaines. Décembre y a superposé certains paramètres provenant des systèmes, en hologrammes orangés se détachant de la toile sombre. Elle n’a pas besoin des informations, ne leur envoyant que de légers regards, pour une double confirmation de ce qu’elle sait déjà. Elle a accès aux états des systèmes, aussi différents soient-ils, via le long câble relié à l’ordinateur. L’extrémité du fil va dans la nuque de Décembre, connectant les deux organismes.

Elle est assise au poste de pilotage, central à la cabine. Des écrans, des jauges et des claviers l’entourent, et son corps svelte ondule entre chaque élément, en une chorégraphie composée par les implants. À sa gauche, un poste opère les systèmes d’analyse. Ils sont deux, un navigateur et son assistant. Ce-dernier est une demoiselle sympathique, bien qu’effroyablement silencieuse et retirée. Non pas à cause de sa personnalité, mais bien parce qu’elle aide une charlotte verte. L’homme opère comme il est programmé à le faire, c’est-à-dire efficacement et sans porter attention aux tumultes autour. La parlotte, c’est une perte de temps. Et comme il a l’autorité sur son assistante, il la rabroue sans cesse dés qu’elle sort de ses tâches attribuées. Fort heureusement, la chose ne fait pas attention à Hobb ou Décembre. L’équipage dit que le précédent navigateur, lui aussi une charlotte verte, n’avait pas eu cette prudence, et qu’il avait ordonné à Décembre de se taire et de se concentrer sur son rôle. L’on dit aussi que, quelques secondes après ce rappel à l’ordre, on avait enregistré une ouverture non-autorisée du sas, et qu’on n’avait plus jamais revu la charlotte verte.

Hobb prend place à la droite de la pilote, lui tournant le dos pour faire face à ses outils. Son rôle est en partie une redite de celui de Décembre, mais, en quelques instances particulières, il peut se révéler complémentaire. De plus, il apprend, et ça, ça vaut bien les trop nombreux moments où il se sent superflu à l’opération. Une fois assis, il s’apprête à entamer la lecture des informations offertes, quand Décembre l’interrompt :

— On a commencé le saut.

Surpris, le copilote vérifie avec la table de calculs et reçoit confirmation de la nouvelle.

— Je pensais que tu m’attendais pour ça, dit-il, mi-plaintif, mi-accusateur.
— Je voulais. Puis j’ai vu que tu contais fleurette, et je me suis dit que ça te prendrait du temps.

Hobb cherche une quelconque bouffée d’air, mais ne parvient qu’à s’étrangler sans trouver de réponse.

— P-Pardon ?
— Ton petit-déjeuner avec Ellia.
— Ce n’est pas… ça. Ellia est une amie. Je l’aime bien, c’est tout.

Décembre opère une série de calculs et de prévisualisations, avant de répondre.

— Tu sais, Hobb, je ne connais aucun homme qui accepterait qu’une fille qu’il aime bien, c’est tout, lui casse la gueule vingt-et-une fois.
— Vingt, grogne le copilote en réponse.

Il lève les yeux au ciel, exaspéré par la curiosité de Décembre.

— J’ai vu cela, fait-elle.

La caméra au-dessus de Hobb émet un petit bip, l’informant que rien n’échappe à la pilote.

— Pourquoi est-ce ça t’intéresse ?
— Aucune raison particulière. J’aime les ragots, simplement.
— Est-ce qu’on peut se concentrer sur le saut ?
— Je vois quel est le problème, Hobb. Et je connais la solution : dés qu’on revient de mission, je te paie une stripteaseuse.
— Je ne veux pas de ta stripteaseuse.
— Dans ce cas, je te paie un stripteaseur.

Pour Hobb, le manège commence réellement à devenir agaçant. Pour toute réponse, il appuie sur la touche d’informations de son tableau. Le signal est envoyé à travers le vaisseau : ils s’apprêtent à effectuer le saut. Une légère variation dans les champs gravitationnels peut peut-être advenir, mais ne paniquez pas équipage, le poste de pilotage vous assure que cela est normal et maîtrisé.

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
07 février 2017 à 10:32:42

Merci de la lecture :-)

Et apparemment, ouais, t'es le seul lecteur, ou les autres sont des ninjas des ombres qui attendent d'avoir tout lu, ou qui attendent que tout soit posté pour commencer à lire. 'Fin Soit, suiteuh !

Chapitre cinq : Plongée

Ce n’est qu’une question de secondes pour que Décembre récupère de son incarnation. Elle trouve même le temps de superviser Hobb dans la manœuvre d’évitement. Une fois celle-ci réalisée, la pilote ordonne au poste de navigation de prendre le contrôle de la cabine.

— Viens avec moi, dit-elle à Hobb.

Ils sortent de la pièce et remonte le couloir vers le poste de commandement. Ils voient déjà que cette série d’incidents a provoqué l’effervescence. La juste avant seule Rachel est maintenant entourée d’une flopée d’individus, venant de tous les ponts. Sullivan, Dickson, l’officier Strak du poste de comm’, et quelques charlottes vertes assurant le lien avec ceux trop occupés à nettoyer la pagaille, ils sont là, à quémander des explications. Le vice-commandant voit les responsables du désastre approcher, mais avant qu’elle ne puisse demander un rapport, Décembre offre sa réponse :

— On s’est fait tiré.
— Comment ?
— C’était un système de défense planétaire. J’en suis certaine.

Le vice-commandant fronce les sourcils et se tourne vers la face ravagée de Dickson. Le soldat claque sa langue contre son palais. Hobb voit des veines battantes se dessiner sur son cou, signe d’une pulsion venue des implants.

— Rachel, votre poupée-éprouvette a un sérieux bug.

La réflexion a un effet puissant sur Décembre. Hobb le sait. Il n’a même pas besoin de la regarder serrer les poings et les dents. Il n’a pas besoin de voir son visage se tordre, ou ses muscles se tendre. Non, la fureur de la pilote se sent. Il le sait car les lumières se mettent à clignoter, car les hologrammes sur la table affichent d’horribles bugs visuels, et qu’un souffle vient du plus profond du Spearhead, quelque chose qui fait des entrailles du copilote une bouillie terrorisée.

— Hobb, lâche enfin Décembre, va m’ouvrir le sas, on a une technologie obsolète à jeter.

Dickson réagit au quart de tour. Sa main esquisse un geste vers sa taille, vers son arme de poing. Le vice-commandant intervient :

— Soldats, tenez-vous. Ce n’est pas le lieu pour vos disputes infantiles.
— Dans ce cas, répond Dickson avec défi, rangez votre chose dans sa boîte. J’ai réalisé la mission de reconnaissance. Il n’y a pas de défense planétaire ici et, même s’il y en avait une, les infrastructures sont trop endommagées pour l’alimenter.
— Je sais ce que j’ai vu, rétorque Décembre. T’as merdé ta reconnaissance.

Dickson aurait pu s’élancer sur la pilote et la démolir, mais Sullivan réagit en postant sa lourde masse entre les deux belligérants.

— Quoi que ce soit, la planète n’est pas sécurisée. On peut pas s’approcher.

Le vice-commandant Rachel regarde les hologrammes, cherchant la marche à suivre dans cette situation. Avant qu’elle ne puisse ordonner la petite foule autour d’elle, un nouvel arrivant vient prendre sa place. Les portes de l’ascenseur principale coulisse, libère le passage pour un titan d’acier noir que tous reconnaissent.

— Commandant sur le pont, fait une charlotte verte, d’une voix martiale.

Les soldats se raidissent, au garde-à-vous. Seul Hobb reste pantois, trop impressionné pour oser bouger. Du haut de ses deux mètres trente, le commandant toisent ses subordonnés. La seule partie visible de son corps est son visage, portant une barbe poivre et sel sur une peau noire, le tout engoncée dans son scaphandre ouvert pour l’occasion. Le reste n’est que métal sombre, le couvrant des pieds jusqu’au bas du menton. La combinaison est énorme, massive, chaque pas faisant résonner un fracas puissant. Ce n’est pas une armure, mais une forteresse, l’abri d’un homme qui a guerroyé inlassablement depuis sa sortie de l’académie. Le chétif et fragile Hobb menace de s’effondrer, écrasé par la présence du commandant Ray. Il sent que si son manque au protocole venait à être remarqué par cette force, il serait projeter dans un autre plan d’existence, esprit et corps brisés. Heureusement, le commandant a d’autre soucis à régler.

— Repos, ordonne-t-il.

Il vient poser ses lourdes mains d’acier sur la table, à côté d’une Rachel qui, en comparaison, semble être une fourmi.

— Y’a-t-il des dégâts critiques ?
— Non, commandant.
— Bien.

Il examine les données de la planète. La plupart viennent des capteurs, d’autres sont des résultats d’expéditions précédentes. Quel que soit la source de l’information, il n’y a qu’une chose à apprendre : rien ne ressort de l’ordinaire.

— Adams, fait la voix puissante du commandant.
— Au rapport.

Si Hobb n’était pas tétanisé par la présence de son supérieur, il aurait probablement réaliser un salto arrière de surprise. Un instant, il regarde un lieu vide, il tourne la tête, puis la voix d’Adams se fait entendre, et il est là, à un pas du copilote. Hobb a à peine le temps de remarquer l’exosquelette, copie conforme de celui de Dickson.

— Est-ce que votre intercepteur peut atterrir ?
— Si Décembre arrive à le piloter, ce sera sans problème.
— Quel modèle ? demande la pilote.
— TX-213.
— Je suis compatible.
— Bien, reprend le commandant. Dans ce cas, Adams, vos fantômes se déploieront. Vous assurerez la reconnaissance pour une équipe de désamorçage. Sullivan, vous mènerez l’équipe.
— Désolé, commandant, rétorque Sullivan, mais nous n’avons pas les spécialistes nécessaires.
— Prenez des T-1, ils assureront la sécurité.

Sullivan serre la mâchoire, un air sombre sur sa face grognant.

— Hors de question d’embarquer ces débiles.
— C’est un ordre.

Le subordonné soupire et se fend d’un amer :

— Aye, aye, commandant.
— Complétez les postes vacants avec les recrues.

Hobb a un haut-le-cœur en entendant cela. Sa vue se brouille, une série d’étoiles sombres camouflent la scène. Il laisse échapper un couinement d’animal acculé, alors que ses genoux se mettent à trembler comme jamais. Décembre intervient, attirant l’attention sur elle :

— Commandant, sauf votre respect, Hobb est copilote, et il n’a pas les compétences nécessaires à une mission de terrain.
— Il sait opérer une interface ? Dans ce cas, il est compétent.

Par une quelconque intervention miraculeuse, Hobb réussit à ne pas s’évanouir. Ce qui est un exploit.

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