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Ah j'ai une prof qui m'a fait la remarque sur celui de la femme idéale aussi
Très inspiré d'à une passante, elle m'a dit
C'est possible, Baudelaire a été ma principale lecture côté poésie
d'ailleurs
À un poète
Lasses, sombres, sans goût, piteuses simagrées
Elles ne voient de partout qu'un malheur amical
Suintent le décès du bout de leurs pétales
Fleurissent de la mort, ces pensées avortées
Luminescents bijoux, diamants raffinés
Erigés à la gloire du plus fol idéal
Un appel aux cieux à splendeur minérale
Racontant un poète entre horreur et beauté
Séraphins, voyez-y de divins sacrements
Démons, prenez-les donc pour d'infernaux tourments
Unis observant la condition humaine
Melpomène, Erato, Calliope à voix d'or
Arrosez leurs bourgeons déjà prêts à éclore
Laids bien que cristallins, aussi divins qu'obscènes.
"
-> j'avais vue juste :D (les fleurs du mal)
c'est les adjectif que tu utilisse et le verbe conjugué : Fleurrissent suivies de la mort qui m'a mit la puce à l'oreille ^^
Blasphème
D'un règne solitaire, océan privé d'onde.
-> je trouve que "Océan privée d'onde" est une simple béquille :/
oui c'était bien des acrostiches sur baudelaire/rimbaud
je parle de l'orgueil en tant que péché oui, mais je suis pas sûr de la formulation de ce vers non plus, le "ne" sans "pas" je suis pas sûr que ça marche dans ce cas pour faire une négation, du coup le vers peut prendre l'inverse de son sens (le soleil a peur qu'on ne le serve PAS, il n'a pas peur qu'on le serve)
comment ça une béquille?
La femme de papier
Sa blancheur virginale invite le poète
À graver sur son corps des sonnets enflammés,
Une épopée mythique, un roman de conquête
Aux vers assez puissants pour être déclamés.
Las d'un sommeil confus, de ses doigts malhabiles,
Il veut écrire enfin leur histoire à venir.
Ses gestes maladroits, devenus cantabiles
Transforment l'innocence en lointain souvenir.
Mais alors que la belle est gorgée de sa lettre,
Avec horreur, le fou voit qu'il n'a fait que mettre
Des mots indécents sur des beautés indicibles.
Dans l'immonde buvard qu'il croyait une femme,
Désormais il ne voit qu'un reflet de son âme,
Tournant la page, hélas, des amours impossibles.
Tu fausses Dieu en le faisant ennemi de la liberté, comme toute la France qui s'achève dans l'amour, enfin, croit-elle, alors que la France berce l'amour non-pas comme une prison, mais comme une religion. Cherche la nouveauté si tu veux t'améliorer mais avant tout, choisis-toi dans la beauté.
Pour donner plus clairement mon opinion, je donne à tes poèmes la note globale de 8,4/10, ce qui est une note haute. Moi, je suis en poésie à 5,8|10.
Les touristes
Cette île de beauté dont je m'étais épris,
Composée d'animaux de la race des songes,
D'orchidées au parfum fabuleux des mensonges
Et d'horizons déserts où peut courir l'esprit
Souffle pourtant parfois sur mon coeur attendri
Les nuages du doute aux averses qui rongent :
Amie, si dans ces eaux nos corps aimants se plongent,
J'ai peur de perdre un jour ton visage chéri !
C'est un triste bonheur, un paradis cruel
Un éphémère îlot flottant sur l'éternel
Et ton vibrant sourire appartient à l'instant
J'ai cru graver ton nom dans le sable aux mémoires
Mais les flots ont volé mes lettres dérisoires:
Nous serons oubliés des rivages du temps.
L'enfant des étoiles
Quand d'une femme aimée le mordant souvenir
Tel un poison brûlant, lentement te dévore
Et tes nuits sont bercées par l'appel de la mort
Nourrice trop fidèle aux valeureux martyrs
Quand jusque dans le coeur l'abîme a su venir
Tuer le peu d'espoir qui survivait encore,
Et rejeté du monde, étranger en ton corps
Tu cherches le repos, seul le temps d'un soupir
Redresse un peu l'échine et trouve dans le ciel
Havre luminescent au regard maternel
Un amour qui pour toi, sans pudeur, se dévoile
Lève-toi... marche ! Cours ! Car sur le grand chemin
Tout fantôme d'hier sera chassé demain
Et ton âme égarée guidée par les étoiles.
Les tisseurs d'opium
À tous ceux dont la foi n'a trouvé dans le ciel
Qu'un silence infini tel celui des abysses
À celles dont la voix, dont l'écho démentiel
N'a jamais résonné dans l'esprit des Narcisses
Aux enfants oubliés de l'amour maternel,
Suivant l'ombre d'un père au fond du précipice
Coeurs dont l'excès d'amour a fait couler le fiel
L'absence de patrie, enthousiasmé le vice
À l'immortelle armée des soldats inconnus
Portant un drapeau blanc du haut de ses bras nus
Marchant sans trop savoir où commence la route
Vos pleurs sont une Bible, et vos pas un sillon
Votre coeur chrysalide abrite un papillon
Qui sème l'illusion s'il ne la désenvoûte !
Le fantôme
Invisible aux passants ennuyeux et pressés
Mais bien connu des chats, ces princes de la nuit
Dont le pelage d'encre et les yeux violacés
Traquent une victime et malgré tout me fuient !
Je suis coupé du temps, mon futur au passé
Figea le sablier dans l'éternel ennui
Et mon souffle mortel vient pour vous embrasser
Quand votre oeil aperçoit le monstre que je suis !
Quand pourtant la fillette innocente et fragile
Dans ma rue vient danser et déposer, agile,
Une pièce à mes pieds et sa main sur ma main,
Un torrent de couleurs vient dans la ville anhydre
Repeindre le malheur, abreuver la clepsydre,
Et mon sang coule à flots, je redeviens humain !
L'incomplet
Je songeais à pouvoir voyager par le monde,
Approcher le soleil et sa douce chaleur,
Courir parmi les champs que la verdure inonde
Et oublier enfin le manque et la douleur.
Car je ressens la nuit lorsque le sang abonde
Ce fourmillement net, ô fantôme railleur
Qui signale la vie le temps d'une seconde
Et fait croire au miracle régénérateur.
Mais au petit matin, sorti des couvertures,
Observant du tibia les étranges coutures,
J'abandonne à nouveau ces rêves estropiés.
Souffrez à votre tour la sensation bancale,
L'affreuse anomalie, physique ou lexicale,
Qu'est de vivre amputé de ses deux pieds.
Tu es décidément doué, même si la plupart de tes poèmes laisse une impression de déjà lu ; mais mieux vaut de l'ancien maîtrisé que du nouveau bâclé. Il manque pour l'instant je trouve un supplément d'âme que tu trouveras bientôt si tu continues d'écrire. J'ai le même souci, c'est dur de trouver sa propre voix parmi toutes celles qu'on a admirées et qu'il est tentant d'imiter.
Souffrez à votre tour la sensation bancale,
L'affreuse anomalie, physique ou lexicale,
Qu'est de vivre amputé de ses deux pieds.
Joli, mais cruel quand même ! Et gratuit ; on dirait que tu n'as choisi ce sujet que pour ce dernier vers. Brrr.
Oh j'ai renoncé à trouver une "âme", en poésie en tout cas
J'ai l'impression d'être beaucoup trop proche de mes références au niveau de la mentalité, même si je me reposais pas sur des formes conservées inconsciemment je pondrais probablement des textes ressemblant trop à du baudelaire
Je pourrais renouveler la forme ou le niveau de langue mais... je sais pas, j'aurais l'impression de me forcer
Je ne suis pas un expert des poèmes, bien que j'aime les lire, mais je trouve que tu as du talent. Ils transpirent le spleen. J'aime particulièrement Premier Sonnet et Bal Masqué. Reflets des tes pensée, j'en suis sûr, et très bien retranscrits.
Culture morte
Sans ailes une grue ombrage la cité
Puis, d'un bec d'acier portant pierre et lambeau
Construit bloc après bloc un nid de vanité
Comme un fantôme aigri bâtirait son tombeau.
Si tu vois dans le ciel les soleils électriques
Éclairer le golem honteux du capital,
Ce règne, artificiel, de faunes mécaniques,
Leurs forêts de néons traversées de métal ;
Les rêves de fourmis dans des corps d'ouvriers ;
Les constellations dans le fond des cendriers ;
Les reflets violets des fleuves de satin,
Fuis la jungle moderne et ses fleurs parasites,
Préfère aux tours poussées comme des amanites
La petite clairière aux odeurs de sapin.
Le 15 août 2019 à 10:31:50 Nearby a écrit :
Culture morteSans ailes une grue ombrage la cité
Puis, d'un bec d'acier portant pierre et lambeau
Construit bloc après bloc un nid de vanité
Comme un fantôme aigri bâtirait son tombeau.Si tu vois dans le ciel les soleils électriques
Éclairer le golem honteux du capital,
Ce règne, artificiel, de faunes mécaniques,
Leurs forêts de néons traversées de métal ;Les rêves de fourmis dans des corps d'ouvriers ;
Les constellations dans le fond des cendriers ;
Les reflets violets des fleuves de satin,Fuis la jungle moderne et ses fleurs parasites,
Préfère aux tours poussées comme des amanites
La petite clairière aux odeurs de sapin.
Mon avis sur ce texte est globalement positif. J'en apprécie la métaphore centrale et paradoxale, qui identifie la ville à une Nature dont elle est comme un fantôme, une version déformée et dégradée. Les images m'ont plu, notamment dans la première strophe (mention spéciale aux vers 4, 10 et 11). Je suis moins emballé par le propos roussauisant, l'éternelle injonction romantique de quitter la vile ville pour rejoindre une Nature idéalisée ; mais bon, les thèmes poétiques sont souvent de simples prétextes au jeu de la fantaisie et des trouvailles verbales.
Ce qui m'empêche par contre d'être véritablement "pris" par le texte, c'est sa musique un peu fautive. Tu alternes diérèse et synérèse quand ça t'arrange au niveau de la prosodie, mais du coup le lecteur perd ses repères et les changements induits dans le registre de langue sonnent bizarrement : on prononcera par exemple "acier" et "violets" avec une diérèse conforme à la tradition classique, mais "artificiel" et "constellations" avec une synérèse qui dénote une prononciation moderne et déséquilibre l'alexandrin dans le cas du vers 10 (ce qui n'est pas mauvais en soi, mais là ça ne passe pas trop)... Honnêtement, à la lecture à voix haute, cette inconstance m'a quelque peu gêné et rebuté. J'aurais également préféré que tu alternes jusqu'au bout rimes féminines et masculines, c'est plus agréable à l'oreille, mais ça reste pardonnable.
Voilà, dans l'ensemble un bon travail donc, mais qui pourrait être peaufiné au niveau des sonorités.
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m'kay