Ce titre est totalement provisoire
Une petite introduction s'impose : ce texte est librement inspiré de l'une des premières histoires des Mille et Une Nuits, juste avant que le roi Shahryar découvre la tromperie de sa femme, lui tranche la tête, et se mette à épouser les jeunes filles du royaume pour leur trancher la tête. Pendant la chasse, ou le voyage, enfin l'affaire, quoi, qui l'a tenu éloigné de son palais pendant l'aventure de sa femme, il a fait une rencontre, en compagnie de son frère, avec la femme d'un génie. Grosso modo, cette rencontre a fait flipper Shahryar à tel point que quand il est rentré pour apprendre qu'il était cocu, il a pété un câble. Quoi qu'il en soit, le personnage de la femme du génie a dit une phrase qui m'a marqué. De manière général, le personnage m'a marqué. J'ai voulu raconter l'épisode en prenant son point de vue à elle. Ça date un peu, il faudrait que je l'arrange (rien que là, un reproche que je peux lui faire, la présence d'un tic tac totalement anachronique), mais là, tout de suite, je préfère ne pas y toucher. Le voici donc tel quel :

Tic. Tac. Tic. Tac.
Elle n'avait pas d'horloge avec elle, mais ce tic, tac murmuré du bout des lèvres, inlassablement, rythmait sa journée et ses demi-sommeils animés de rêves. Elle n'avait pas moyen de savoir si ce tic, tac avait une valeur temporelle, si entre le tic et le tac il s'écoulait un siècle ou une heure, car de la boîte où elle était recroquevillée durant les absences de son mari elle ne voyait rien, et même si elle était en dehors de cette boîte il resterait le coffre, et même si elle était en dehors de ce coffre il était scellé au plus profond de la mer, là où les rayons du soleil ou des étoiles semblaient de la même nature.
Mais quand son mari la libérait de sa prison elle entendait les sons avec la clarté de l'air, la fraîcheur du large séchait sa peau humide, salait un peu plus ses lèvres et la nuit étendait son voile de velours noir sur la totalité de la voûte céleste et elle comprenait avec soulagement et effroi que ce n'était que le soir suivant celui de la veille.
Ce soir-là comme tous les autres, le cliquetis des sept serrures qui l'emprisonnaient au fond de la mer interrompit son tic, tac incessant et sa geôle s'ouvrit. Mais la liberté ne dura qu'un instant, car les bras du génie l'emprisonnèrent contre son cœur inhumain, et très vite, au ralentissement de son souffle, elle su qu'il s'était endormi contre son épaule. Comme tous les soirs. Elle sourit avec malice en regardant alentours. Un littoral nocturne, la lune surplombant une étendue d'eau – laquelle? Elle ne le savait plus depuis longtemps. Un littoral nocturne, tout ce qu'il y avait de plus normal, en somme. À la différence qu'il y avait deux hommes au sommet d'un arbre.
L'excitation la prit soudain au ventre, à la vue des mâles qui la dévisageaient et, doucement, elle grandit pour atteindre sans peine les plus hautes branches, détachant les bras de son époux qui alla choir lentement au sol.
Et, aux oiseaux de nuit sur leur feuillu perchoir, elle montra avec un plaisir vicieux les centaines de bagues qu'elle cachait au fond des poches de ses vêtements de noce passés par l'air salé, en contant son histoire:
« Regardez ces bagues. J'en ai cinq cent soixante-dix. Vous voyez ce génie? Il a fait de moi sa femme. Il m'a enlevée le jour de mes noces avec un autre pour faire de moi son épouse. Il m'a mise dans une boîte. Il l'a mise dans un coffre. Il l'a verrouillé avec sept cadenas. Et à l'aube, il le jette à la mer au fond de laquelle je reste tout le jour. Mais toutes les nuits, il me sort de là pour dormir contre mon cœur, et toute les nuits, je vois un autre homme que lui et lui prend son alliance. »
Elle tendit une main impérieuse et recueillit les bagues des inconnus. Elle ne fit pas un instant mine d'en vérifier la qualité avant de les ranger tout contre elle avec les cinq cent soixante-dix autres. Un grand sourire trop fier étirait ses lèvres lorsqu'elle dit avec orgueil:
« Ce qu'une femme veut, rien au monde ne peut l'empêcher de l'atteindre. »
Et elle les suivit des yeux alors qu'ils prenaient la fuite à travers la nuit, avant de se jeter à la poursuite des heures de liberté qu'il lui restait avant que ne pointent les premiers rayons du soleil.

Les Mille et une Nuits.
Je me disais bien que le nom de ton texte sonnait délicieusement persan.

Bon, pas tellement de remarque pertinente à faire sur ce que tu as posté pour l'instant. Tu as toi-même remarqué que le tic-tac était déplacé, pourtant il occupe une bonne partie du texte... Ça ne va pas être facile de le remplacer - si tant est que tu veuilles le faire.
Des grains de sable tombant dans un sablier, peut-être ? C'est moins puissant comme évocation, mais ça collerait parfaitement au thème - tu peux même envisager de remplacer le tic-tac par le plic-ploc des grains qui s'écoulent un à un...