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Sujet : L'anneau de commandement

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Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
16 mars 2020 à 19:04:01

C'est toi qui vois. Je serais content d'avoir un avis, que ce soit sur l'ensemble ou sur les chapitres récent :oui:

En vrai je suis conscient de pas mal de défaut, mais ca me dérouille niveau écriture, et j'ai terminé le douzième chapitre fin de semaine passée.

Collateral11 Collateral11
MP
Niveau 13
16 mars 2020 à 20:38:28

J’imprimerais tout demain et j’essayerais de te fournir un avis détaillé et exhaustif dans les prochains jours !

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
16 mars 2020 à 22:26:00

Sympa ca!

Collateral11 Collateral11
MP
Niveau 13
18 mars 2020 à 16:33:15

Alors voilà lu six chapitres, je lirais plus tard les suivants mais je tenais déjà à fournir un pitit avis !

Tout d'abord,je trouve ça assez drôle de constater que ton récit est un petit peu l'inverse de celui d'Hymal, que j'ai lu hier :hap:
Ici je trouve la lecture relativement fluide et plaisante mais je trouve que tu manques un peu d'ambiance tandis que chez lui, l'ambiance et la personnalité de l'oeuvre ressortent bien mais la forme me paraît un peu plus maladroite.

Pour commencer, je dois t'avouer que si je ne lis pas beaucoup de Fantasy, c'est justement parce que j'ai ce préjugé qui me tenaille que ces récits ont tendance à éternellement tournoyer autour des mêmes axes. Alors c'est pas le cas pour tous hein, j'aime beaucoup Jaworski qui s'éloigne un peu de la narration classique mais c'est juste pour te dire que si on me sort une histoire de jeune prince, de manipulations politiques à base de chevaliers noirset d'anneaux de pouvoir baaaaah c'est pas ce qui va me botter le plus.
Maintenant concernant le fond, je dois t'avouer que je rejoins assez fort les propos d'Hymal. Tout va un peu trop vite et les scènes manquent un peu de profondeur. Ca manque de sensation, de description d'environnement, de digression sur l'univers. Plus embêtant encore, je trouve que cette narration un peu "pressante" impacte parfois les scènes importantes. Je prend l'exemple de cette scène qui clôt le chapitre 6 :

"
Kräal écrasa lui même le reste du feu et, bon gré mal gré, se força a fermer l’œil. Le souvenir d'Asgard ne voulait pas le quitter. Un moment, il cru même l'entendre lui parler. Il finit par s'endormir, rêvant de retour victorieux a la capitale. La foule en liesse les acclamaient de toute part. Puis des explosions, des cris, des pleurs. Le vieil homme se réveilla en sursaut. La nuit, elle, continuait a englober les lieux de sa précieuse tranquillité. A quelques dizaines de mètre, Salak réalisait des passes d'arme avec un adversaire imaginaire. Concentré, appliqué, répétant les bases encore et encore, comme le lui avait apprit Egar. L'image de son mentor ne pouvait se décoller de sa rétine. Trop lent, pas assez rapide. Lors de leurs innombrables confrontations, Egar n'utilisait que son aisance naturelle a l'épée. Suffisant pour le mettre a mal, a chaque fois. Son impuissance face a ce qui s'était produit, ce jour la, au milieu d'une plaine aride gangrenée par des hommes en blancs, percuta sa mémoire. Sa propre réalité sembla vouloir fuir au loin, s'échapper des indélébiles du passé. Trop de regrets, de remords, de ressentiments, de tension, de haine. Un enfant inutile qui avait vu mourir tout ceux qu'il aimait par la simple réalité, froide et implacable, de sa propre condition. C'était un faible, un incapable.
Un éclair zébra le ciel, suivit d'un coup de tonnerre qui aurait pu réveiller un mort. Réveiller un mort. Le faire se relever. Marcher de nouveau sur les plaines aride entourant Libéria. Salak tomba a genoux, caressant la terre comme un amas d'or et d'argent. Le ciel se déchira de nouveau, laissant éclater sa fureur sur le campement de fortune. Le jeune prince sanglotait tout en riant de plus en plus fort. Les sons étranges sortant de sa bouche se fondaient dans la mélodie du tonnerre, sonnant comme deux parties d'une même symphonie. Derrière lui, Kraal, luttant contre la force qui semblait vouloir l’engloutir dans le sol devenu marécageux, avançait péniblement. Les arbres tremblaient, la foudre frappait de partout. Il ne savait plus si le responsable de cette folie était l'orage ou le jeune homme qui lui tournait le dos, les mains enfoncées dans la terre. Lorsqu'il mit sa main sur l'épaule du jeune prince en le forçant a lui faire face, il fut presque effrayé par ce regard emplit de haine, de ressentiment et de folie. Il chercha ses mots, finit par réciter le serment des chevaliers de Libéria sans trop savoir pourquoi, faisant écho a l'homme de Lys dans l'inconscient du gosse. L'étau invisible relâcha peu a peu son emprise. Son cœur retrouva de la place a l’intérieur de sa cage thoracique pour battre de nouveau la mesure sans entrave. Kräal venait d'éviter le pire. Temporairement."

Alors on compte 450 mots et c'est trop peu. Déjà tu passes dans le même paragraphe à un coucher, un cauchemar, un réveil et puis la description des sentiments de culpabilité et de rage du prince. C'est trop ! Attarde-toi sur le coucher de chacun, détaille un peu le rêve de Kraal et puis décris plus de choses lorsque le prince s'enrage et que le tonnerre sonne. Que font les autres ? A quel distance sont-ils ? Pourquoi Kraal n'appelle pas le prince lorsque celui-ci s''énerve ? La scène est trop brève, son impact n'a pas le temps de fracasser le lecteur. C'est dommage parce qu'en plus, ton vocabulaire est bon et la lecture est tout à fait fluide. C'est réellement plaisant et agréable à lire et encore une fois, tu choisis suffisamment de bons mots pour que les impressions soient restitués. C'est vraiment ce facteur temps qui empêche l'intensité d'être perçue et qui, de même, diminue la force des personnages auxquels on n'a finalement rarement accès aux pensées de façon approfondi.
En fait, j'ai parfois l'impression que soit, tu ne sais pas trop quoi décrire dans la scène à part justement ce qui est essentiel soit tu n'as simplement pas une image visuelle suffisamment précise de la séquence pour pouvoir la restituer avec force. Dans les deux cas, pose-toi, imagine totalement à quoi ressemble tes personnages, tes décors, ton univers, le déroulé de tes scènes. Et transmet-le ! Tu verras, si tu aères ton récit, si tu t'autorises des digressions, si tu détailles mieux, l'immersion dans l'univers n'en sera que meilleur.

Pour l'histoire en soit, elle est assez classique même si les changements de point de vue permettent une certaine dynamique que j'apprécie. J'aime bien les scènes d'action qui sont vraiment bien rythmés et réellement impactantes. Les personnages sont en revanche assez transparents, un peu prisonnier dans leur cliché je trouve mais c'est certainement lié à mon premier gros point.
Sur la forme pure et dure, le seul défaut serait que parfois tu répètes un peu trop les mêmes mots et que ça sonne un peu redondant. Essaie de te relire et de chercher davantage de synonymes !

Voilà c'est mon avis, je lirai la suite, car je suis curieux de voir l'instant T dont tu parles. Dans l'ensemble, je trouve que tu pourrais vraiment faire un truc totalement convaincant. Tu as les idées, le vocabulaire, une certaine fluidité. La bise ;)

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
18 mars 2020 à 16:44:27

Merci pour ta lecture et ton commentaire constructif!

En effet, c'est quelque chose qui revient souvent comme critique. Le fait d'aller trop vite, de ne pas me "poser" dans les scènes. C'est clairement l'un des gros points a travailler le jour ou j'entreprendrais un écrit qui se voudra plus construit, plus préparé et plus aboutit. C'est marrant que tu fasse remarquer que j'aurais pu approfondir sur le rêve de Kräal, parce que c'était une des notes en bas de page (j'ai souvent ça quand j'écris un chapitre) "Travailleur sur le rêve de Kräal". Et finalement je ne l'ai pas fait.

La je me concentre sur le plaisir d'écrire, les mécaniques qui reviennent petit a petit. J'ai fait une traversée du désert assez impressionnante entre le début de ce récit (les cinq premier chapitres) et le reste. Trois ou quatre ans.

Ce genre de commentaire m'encourage en tout cas a m'améliorer, pour, peut-être, un jour a proposé quelque chose de plus complet, de plus profond, tout en gardant l'aspect fluide et agréable a lire :ok:

Collateral11 Collateral11
MP
Niveau 13
18 mars 2020 à 16:49:41

Le 18 mars 2020 à 16:44:27 Chocobo_3 a écrit :
Merci pour ta lecture et ton commentaire constructif!

En effet, c'est quelque chose qui revient souvent comme critique. Le fait d'aller trop vite, de ne pas me "poser" dans les scènes. C'est clairement l'un des gros points a travailler le jour ou j'entreprendrais un écrit qui se voudra plus construit, plus préparé et plus aboutit. C'est marrant que tu fasse remarquer que j'aurais pu approfondir sur le rêve de Kräal, parce que c'était une des notes en bas de page (j'ai souvent ça quand j'écris un chapitre) "Travailleur sur le rêve de Kräal". Et finalement je ne l'ai pas fait.

La je me concentre sur le plaisir d'écrire, les mécaniques qui reviennent petit a petit. J'ai fait une traversée du désert assez impressionnante entre le début de ce récit (les cinq premier chapitres) et le reste. Trois ou quatre ans.

Ce genre de commentaire m'encourage en tout cas a m'améliorer, pour, peut-être, un jour a proposé quelque chose de plus complet, de plus profond, tout en gardant l'aspect fluide et agréable a lire :ok:

Je viens de me relire, ma remarque est bourrée de faute, j'étais à deux doigts de la supprimer puis de la reposter corrigée mais t'as répondu :hap:

Sinon, tu penses qu'il vient d'où ce côté un peu trop "rapide" ? Toi quand tu te relis tu le ressens ou pas vraiment ?

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
18 mars 2020 à 17:13:10

Hum, parfois je le ressens, parfois pas du tout. Je pense que ca vient surtout du fait que j'aime avant tout raconter des histoires et créer des personnages (C'est peut-être pas mes meilleurs perso dans celle ci d’ailleurs^^ ) Du coup je les fait vivre et interagir, j'ai parfois un peu trop "hâte" d'écrire certaines scènes. Le coté purement stylistique et "littéraire" c'est pas quelque chose qui me passionne vraiment. J'aime surtout quand c'est fluide, que l'ont suit une histoire et des personnages. Quitte a ce que ce ne soit pas très riche, j'aime avant tout que ce soit prenant, et c'est pareil dans mes lectures.

C'est pour ca que Stephen King est pour moi un génie. Tout les bouquins que j'ai lu de lui, a l'exception peut-être de Doctor Sleep, sont absolument passionnant, captivant. Au niveau du style c'est sans doute loin d'être un "grand écrivain" pour les littéraire, et pourtant je trouve qu'il enterre absolument tout le monde avec son imagination et la facon qu'il a de raconter une histoire. Perso a l'époque, quand j'ai lu "Ca", par moment tu en vient a avoir "peur" de tourner les pages. Et ca c'est du génie (pour moi).

Bref, il faudrait que je m'améliore, et que je pense parfois un peu plus a la forme et au fond avant de penser a l'histoire et aux personnages :)

Collateral11 Collateral11
MP
Niveau 13
19 mars 2020 à 13:33:48

Le 18 mars 2020 à 17:13:10 Chocobo_3 a écrit :
Hum, parfois je le ressens, parfois pas du tout. Je pense que ca vient surtout du fait que j'aime avant tout raconter des histoires et créer des personnages (C'est peut-être pas mes meilleurs perso dans celle ci d’ailleurs^^ ) Du coup je les fait vivre et interagir, j'ai parfois un peu trop "hâte" d'écrire certaines scènes. Le coté purement stylistique et "littéraire" c'est pas quelque chose qui me passionne vraiment. J'aime surtout quand c'est fluide, que l'ont suit une histoire et des personnages. Quitte a ce que ce ne soit pas très riche, j'aime avant tout que ce soit prenant, et c'est pareil dans mes lectures.

C'est pour ca que Stephen King est pour moi un génie. Tout les bouquins que j'ai lu de lui, a l'exception peut-être de Doctor Sleep, sont absolument passionnant, captivant. Au niveau du style c'est sans doute loin d'être un "grand écrivain" pour les littéraire, et pourtant je trouve qu'il enterre absolument tout le monde avec son imagination et la facon qu'il a de raconter une histoire. Perso a l'époque, quand j'ai lu "Ca", par moment tu en vient a avoir "peur" de tourner les pages. Et ca c'est du génie (pour moi).

Bref, il faudrait que je m'améliore, et que je pense parfois un peu plus a la forme et au fond avant de penser a l'histoire et aux personnages :)

Yep je peux comprendre sur l'aspect "fluide" et l'histoire après je pense que justement prendre son temps permet de réellement investir son lecteur, aspect littéraire ou pas d'ailleurs. Je pense que tu peux vraiment garder ton style d'écriture fluide et dynamique en approfondissant. Il suffit que tu décrives plus de choses, que tu passes un peu plus de temps sur les différents éléments qui composent tes scènes. Je pense que c'est plus une question de contenu que forcément de style, je ne sais pas si je suis clair :hap:

D'ailleurs tu parles de King, que j'apprécie beaucoup aussi, mais lui justement, s'il n'est pas l'écrivain le plus formaliste qui existe, ça reste un auteur qui prend énormément son temps pour chaque élément de ces scènes et c'est ça qui participe grandement à l'immersion.
Tu préfères quel roman de lui ? (Hors-sujet oui mais je suis intrigué :hap:)

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
19 mars 2020 à 14:41:22

Hum... Ceux qui m'ont le plus marqué c'est "Ca", Shining et Dreamcatcher. Après j'ai aussi adoré ses roman plus "terre a terre" comme Misery, Dome ou encore Cujo. Je mets "La tour sombre" un peu a part. Bizarrement, très peu de gens l'ont lu, alors que c'est l'aboutissement de son oeuvre. Bon faut dire que c'est sept livre, dont les plus "gros" font jusque mille page, donc faut se les farcir :-) Mais ca par exemple c'est unexemple flagrant de réussite. Tu rentre dans l'histoire a un tel point que tu fais toi même partie du Quintet magique. Roland, Jake, Eddie, Susannah et Ote mon pote, je vous aime :coeur:

D'ailleurs mon moment préféré de tout ses bouquins c'est le moment ou Eddie fait peter les plomb complet au train qui fait des devinettes... ce moment de connerie d'Eddie qui les sort tous de la merde, c'était du génie :-)

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
29 août 2020 à 17:06:24

Je pose ça la, parce que c'est écrit et que j'ai continué le récit, donc autant le poster.

-

X.

Le village de Lys, d'habitude si paisible et plongé dans une atmosphère apaisante, presque mystique, respirait l'agitation. Les étrangers ne passaient pas inaperçu, traversant maintenant l'endroit vers les baraquements abritant le patriarche du village. Kelyn escortait le quatuor, affichant une mine renfrognée qui ne lui correspondait guère. Salak lui avait tout expliqué. Son enfance au coté d'Egar, le régicide, ses années d’errance aux cotés du vagabond de Lys. Jusqu’à cette journée funeste, qui l'avait vu succomber a la déferlante blanche teintée d'un vert bien amère. Kelyn avait toujours l'espoir, un jour, de pouvoir revoir celui qu'elle avait considéré comme un père de substitution. Aujourd'hui, tout ca s'envolait. Egar était mort, assassiné par les hommes de la capitale. Elle contenait tant bien que mal un sentiment qui lui était jusque la inconnu. La boule au ventre ne ressemblait pas a ce qu'elle avait déja connu. La tristesse, la solitude, les rêves brisé, tout ca, elle l'avait déja expérimenté plus d'une fois. Non, ce n'était pas ca.

_ Je vous préviens, si l'un de vous venait a manquer de respect a l’Aîné, a Lys ou a l'un de ses habitants, je me chargerais moi même de vous raccourcir de quelques pieds.
_ Trop aimable, lui rétorqua Salak ironiquement, mais ca ne sera pas nécessaire.
_ Suis moi et tiens toi correctement, Salak Maelys, héritier légitime de Libéria, lui répondit-elle sur le même ton.

Ce qui servait de salle d'audience a Lys n'était qu'une grande pièce recouverte de chaume. Tout, ici, était réduit a sa plus simple expression. Une table longue et quelques chaises garnissaient la pièce. C'était ici que se tenait les réunions entre les têtes pensantes du village. La plupart de ceux-ci étaient la, la mine presque absente. Présidant l'assemblée, Aegor de Lys se tenait droit, devant sa chaise, et fit signe au jeune prince de s'avancer, puis l'invita a s’asseoir. Le vieil homme dégageait une aura particulière. Kräal, resté en retrait, le fixait de manière appuyée. Il en avait croisé, des chefs de guerres, des rois, des guerriers de légende. Et pourtant, jamais, de mémoire, il n'avait croisé une aura pareil. L'âge avait fait son temps, le vieil homme ne pouvait probablement plus manié une épée ou mettre a mal physiquement un guerrier digne de ce nom. Mais l'aura était restée.

_ Tu semble avoir fait long voyage, jeune homme. Le moins que je puisse faire est de t'écouter.

Salak prit place, récitant les événements qui l'avait conduit a Lys. Kelyn, accoudée a l'un des murs de bois, fut la seule a marquer un changement lors de l'évocation du trépas d'Egar. Les pontes du village, eux, cillèrent a peine, marquant sans bruit leur désintérêt pour un récit qui ne semblait les concerner ni de près ni de loin.

_ La mort d'un homme est toujours une peine. Cela dit, je ne vois pas ce que les vivants pourraient bien y changer, se contenta de répondre Aegor, fixant le jeune prince d'un regard usé.
_ Je vais reprendre ce qui me revient de droit, et ce faisant, venger la mort d'Egar de Lys. J'espérais pouvoir compter sur ses ancêtres pour honorer sa mémoire.

Le vieil homme souffla lentement, échangeant de bref regard avec ses compagnons. Bien des années avaient passé depuis la visite du dernier homme venu de la capitale. Lys prospérait en autarcie, coupée du reste du monde. Le destin leur avait donné la chance d'échapper a la turpitude et aux vices des Hommes. Seul le village, sa pérennité et le bien être de ses habitants avait d'importance. Vivre et mourir au rythme de la nature, accueillant ses bienfaits et ses mises en garde.

_ Egar, oui. Un homme bon, qui, malheureusement, n'a jamais vraiment réussi a se contenter de ce que Lys avait a lui offrir. Nous nous souviendrons de lui, comme de tout les enfants de Lys.
_Dois-je comprendre que tout ce que vous consentirez a m'apporter est un devoir de mémoire ?

Aegor se leva, imiter par ses pairs.

_Je vais être clair, Salak Maelys, héritier légitime du trône de Libéria. Nous avons fuit, il y a bien longtemps de ca, les intrigues de la capitale, la duplicité des hommes. Je souligne votre courage, cela dit. Arriver jusqu'ici n'est pas chose aisée. C'est donc le cœur en peine que je me vois dans l'obligation de vous demander d'en repartir le plus vite possible. Nous nous souviendrons d'Egar, et te remercions de nous avoir apporter la nouvelle.

Kräal avait le regard fixé sur le gamin, prêt a intervenir. La tension montait, le jeune prince semblait de plus en plus nerveux. Bientôt, il en était sur, il aurait du mal a ne pas faire ressortir le pouvoir des Maelys, risquant de se mettre définitivement Lys a dos. Salak prit sur lui, engluant dans son être son envie d'écraser, d'aplatir.

_Très bien. Il semblerait que je me sois trompé. Continuez donc a veillez sur votre village, je ne peux vous en tenir rigueur. Je vengerais l'honneur d'Egar seul.

Il se leva, fit signe a Oz de le suivre, et se dirigea vers la porte. Avant de franchir celle-ci, il se retourna vers le doyen, l'air mauvais, irradiant d'une confiance sans pareil.

_ Je suis pourtant sur qu'il aurait apprécier la vue de ses ancêtres lorsqu'il foulera a nouveau cette terre...

L'un des anciens voulu répliquer, mais Salak claqua la porte, suivit de ses deux compagnons. Akihiro, lui, ne les rejoignit que quelques minutes plus tard. Oz semblait absent, comme déconnecté. Kräal croisait les bras sur son torse, secouant légèrement la tête en signe d’abnégation.

_ Je t'avais prévenu. Je comprend ta frustration, mais il faut les comprendre. Les histoires du monde s’arrêtent aux portes du village, lui fit remarquer l'ancien patrouilleur des îles d'été.
_ Aucun problème, assura Salak, je me suis trompé en venant ici. Nous partons.
_ Comme ca ? On vient d'arriver et on part déja ?

Oz n'avait qu'une envie, se fondre dans la masse, discuter avec les villageois, rédiger, pourquoi pas, un texte sur les herbes inconnues du continent oublié. Si les îles d'étés l'avaient enchanté, voir son périple ultime se terminer sans même avoir débuté ne l'enchantait guère.

_ Visiblement, nous ne somme pas les bienvenu. Je le savais, j'ai voulu tenter le coup quand même. Je me suis planté, lui sourit-il en forçant légèrement le trait. Akihiro va nous ramener sur la plage, et nous mettrons le cap sur le continent. Je vais reprendre Libéria, découper ton frère en morceau et, si tu es encore a mes cotés après tout ca, te montrer des choses qui dépassent l'entendement.
_ Es-ce la une promesse, Salak Maelys ? Lui demanda t-il ironiquement.
_ Salak Maelys accomplira ce qu'aucun autres Maelys n'est parvenu a faire. Tu ne sera pas déçu.

La marche vers l’embarcation qui les avait mené si loin fut silencieuse. La nuit était tombée, et nul doute que sans l'aide providentiel de l'ancien patrouilleur, jamais ils n'auraient pu retrouver leur chemin dans cette forêt sombre et inquiétante. Une foret qui, a l'image des autochtones, semblait bien peu réjouie a l'idée d’accueillir en son sein des hommes venu d'ailleurs.

De retour sur la plage, les deux hommes qui les attendaient patiemment furent surpris de les voir revenir mais n'en montrèrent rien. Derrière leur imposant chapeau de paille, ils semblaient ne pas avoir bougé d'un millimètre. Comme des statues de pierre, abandonnées derrières les aventuriers comme des repères inamovibles. D'un commun accord, il décidèrent de passer la nuit sur place avant d'embarquer. Un feu de camp ne tarda pas a faire reculer momentanément l'opacité des lieux. Les patrouilleurs s'occupèrent de la cuisine, faisant bouillir divers ingrédients dans un récipient de pierre posé sur les flammes. Le résultat fut apprécié a sa juste valeur. Le ventre plein, la fatigue se fit cruellement ressentir. Akihiro leur signifia qu'ils pouvaient tous occuper, pour une nuit, les cabanes garnissant la grève. Meurtrit de fatigue et de ressentiment, Salak se dirigea vers l'une d'entre elle. Oz le suivit. Ils s'abandonnèrent tout deux sur des couchette de fortune.

_ As-tu déja entendu parler des revenants, Oz ?
_Et bien, quelques fois, oui. Les ouvrages anciens en font mention. Des hommes et des femmes se relevant, surmontant la mort et la disparition. Des contes pour endormir les enfants, a mon humble avis. Si les mystères de ce monde sont insondables et infinis, une vie qui s’arrête ne peut reprendre. Voila bien la seule constante qui ne semble jamais avoir dévié de sa route.
_ Tu semble bien formel, pour une fois.

Le mage tourna un regard méfiant vers le jeune prince, qui, prostré sur sa paillasse d'emprunt, fixait le toit de la hutte comme si il pouvait voir a travers.

_ Attend... ce que tu as dit a l'Ancien, a propos d'Egar... ne me dis pas que tu...
_Il est tard, j'ai sommeil, le coupa Salak, essaye de dormir, a partir de demain, rien ne sera plus jamais pareil, quoi qu'il arrive.

Oz voulu poursuivre, mais d'un geste autoritaire, Salak le fit taire. Il était pensif, rêveur, et nerveux en même temps. La figure d'Egar se superposait a celle de Miri lorsqu'il fermait les yeux. Venait s'y ajouter celle d'Aegor, qui l'avait éconduit d'une façon désintéressée qu'il avait du mal a avaler. Il tourna une bonne partie de la nuit avant d'enfin s'endormir, bercé par le bruit des vagues qui venaient s'échouer sur la grève.

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
03 septembre 2020 à 15:26:02

XI.

L’embarcation revenant de Lys se créait un chemin parmi les remous de l’océan qui séparait les deux continents. Le bateau tanguait en rythme, mais comparé au précédent voyage, la traversée ressemblait à une promenade de santé. Salak, comme à son habitude, observait la mer, posé négligemment sur le bordage du navire qui filait à travers les flots. Plongé dans ses pensées, le jeune prince ne remarqua pas de suite l’agitation et les invectives qui émanaient des cales, censées être occupées par des marchandises inertes et silencieuses. Le refus catégorique des hommes de Lys restait, à ses yeux, comme le premier faux pas de son obsession ; venger la mémoire d’Egar. Salak ne pensait pas pouvoir un jour retrouver la paix sans avoir lavé l’affront, planté la tête de la sale fouine verte au-dessus d’une pique et reprit Libéria. Lorsqu’il daigna enfin accorder un tant soit peu d’attention au tumulte, la surprise laissa bien vite la place à l’amusement. Les deux patrouilleurs des îles d’été tenaient en respect deux étranges personnages. La jeune femme passait ses nerfs sur tout ce qui l’entourait. L’énorme bonhomme qui l’accompagnait venait de ramasser une nouvelle tape bien sentie à l’arrière du crâne, les deux patrouilleurs se voyant, eux, affublés de nom d’oiseaux tous plus originaux les uns que les autres. Akihiro, posté entre le feu et la glace, n’en menait pas bien large non plus.

_ Je t’assure que si les deux comiques continuent à pointer leurs armes vers moi, ils vont finir avec leur chapeau de paille bien enfoncé au fond du cul, Akihiro, je vais pas le répéter trente-six fois…
_ Essaye seulement pour voir, et ma lame te privera du peu de tissu qu’il te reste sur le corps, lui répliqua l’un des patrouilleurs, avançant encore d’un pas.

La tension était palpable, et le pauvre Akihiro ne savait plus où donner de la tête, son exaspération partagée entre la rigidité de ses compagnons d’arme, qui semblaient ne rien vouloir entendre, et la témérité malvenue d’une passagère clandestine qu’il ne s’attendait pas à voir dans pareil situation. Une situation qui ne tarderait pas à devenir ingérable et explosive, tant un affrontement entre les deux factions serait une catastrophe pour tout le monde. Un éclat de rire sonore leur fit lever la tête. Posté sur la trappe qui menait au pont, Salak ne pouvait s’empêcher de sourire comme un bienheureux.

_Ça pour une surprise… Kelyn de Lys, sur mon navire, loin de ses terres, et emmenant avec elle un… est-ce seulement un homme, ce colosse qui t’accompagne ? Ironisa Salak en les dévisageant tous deux, contribuant à faire baisser la tension.
_ Un abrutit incapable de rester silencieux plus de quelques heures, semble-t-il, lui répondit-elle tout en administrant une nouvelle tape bien sentie au colosse, qui ne broncha pas, se contentant de regarder Salak avec un regard interrogateur.
_ C’est lui, le jeune prince qui veut venger Egar, Lyne ?

Si la tension venait de retomber légèrement, c’était sans compter sur l’animosité qui s’était créé entre les clandestins et les deux patrouilleurs. L’un d’entre eux tenait toujours Kelyn en respect, et celle-ci, agacée, dégaina une lame courte, prête à en finir avec le guignol emmitouflé dans ses tissus sombres, portant sur la tête le chapeau le plus ridicule qu’il lui avait été donné de voir. Malgré les protestations d’Akihiro, aucun des deux adversaires ne semblaient vouloir montrer patte blanche. Du haut des escaliers menant au pont, Salak les surplombait tous. Le soleil dans son dos créait autour de lui comme une aura divine.

_ Avant toute chose, je pense qu’il serait bon que les esprits échauffés par cette rencontre inattendue se calment quelque peu.
_ J’attends des explications quant à la présence de ces deux individus sur notre navire, lui répondit le patrouilleur.
_ Et si je te les donnais a grand coup de claque dans la face, l’emmitouflé, ça t’aiderais à y voir plus clair ?

Le jeune prince ne put s’empêcher de sourire. Des semaines, maintenant, qu’il s’entraînait, principalement sur les animaux de la forêt, à maîtriser le cadeau des dieux, l’héritage des Maelys. Kräal avait été surpris, la première fois, qu’un gamin, sans même posséder l’anneau, puisse libérer le pouvoir de soumission. Lorsqu’il rentrait dans une colère incontrôlable, Salak semblait pouvoir se passer de l’artefact royal. C’était intéressant, unique, même, mais largement insuffisant.

_ Ce n’était pas une requête, mais un ordre. Vous allez tous deux ranger vos armes, vous calmez, et remonter sur le pont.

Kelyn ressenti une gêne dans la poitrine, comme si l’on compressait sa cage thoracique. Le patrouilleur du lâcher son sabre, portant une main sur son torse. Avant même qu’ils ne s’en rendent compte, ils posèrent chacun un genou à terre, courbant l’échine, nauséeux. A leur côté, Akihiro et le deuxième patrouilleur n’en menait pas plus large. Seul le colosse qui accompagnait Kelyn semblait insensible à la pression que venait de leur infliger Salak.

_ Désolé pour les dommages collatéraux, Akihiro. Je ne maîtrise pas encore très bien tout ça. J’attendrais les passagers imprévus en cabine, nous statuerons sur la marche à suivre une fois que je les aurais écoutés.

Kelyn le fixait d’un air méfiant. A Lys, elle n’avait vu en Salak qu’un jeune homme arrogant, beau parleur, qui n’avait de cesse de déclamer sa volonté à qui voulait l’entendre. Un noble du continent, fusse-t-il prince, qui ne l’impressionnait pas le moins du monde. Après s’être fait aplatir par une force invisible, l’obligeant a posé un genou au sol, le regard qu’elle portait sur l’héritier du trône de Libéria changea quelque peu. Dans la cabine, Kräal et Oz, qui s’étaient tous deux assoupi en se laissant bercer par le remous des vagues qui portaient leur embarcation vers la capitale, se frottèrent les yeux à la vue de la jeune femme.

_ Tu peux nous expliquer… ?
_ Eh bien, non. Comme vous, je me demande bien ce qui nous vaut de transporter des gens de Lys à bord. Le vieil Aegor avait pourtant été très clair à mon endroit. Ce qui pouvait bien advenir de la capitale les laissaient indifférent. La mémoire d’Egar ne semble représenter que bien peu d’intérêt pour les habitants de Lys.
_ Attention à ce que tu dis, gamin… lui répondit Kelyn qui, une fois encore, changea d’attitude lorsque Salak prononça le nom d’Egar.

Le jeune prince leva les bras vers le ciel en signe de repentance.

_ Pardonne moi, je re formule. La plupart des habitants de Lys, Aegor en tête, ne semblent pas faire grand intérêt quand à ce qu’il est advenu d’Egar. Je constate à l’ instant que cet avis n’est peut-être pas partagé par l’ensemble de ses concitoyens. Ce qui ne change pas notre étonnement à tous de voir embarqué clandestinement deux autochtones, cachés dans la cale d’un navire fonçant vers la capitale.

Les patrouilleurs étaient restés à l’extérieur, surveillant le colosse qui fixait l’océan d’un air ébahi. Kräal, Oz et Akihiro, quant à eux, attendaient des explications. Ils devraient cependant patienter, puisque Salak les congédia également. Akihiro ne broncha pas, sortit de la cabine et entama une discussion un brin surréaliste avec l’énorme bonhomme qui avait suivi Kelyn. Oz protesta pour la forme, mais d’un geste de la main, Salak lui intima de sortir. Le jeune prince se tourna enfin vers Kräal. Le commandant des armées de Libéria ne se congédiait pas d’un simple revers de la main, tout prince qu’il soit. Cela dit, l’homme à la chevelure de feu comprenait bien l’envie qu’avait ces deux-là de discuter seul à seul. Il les laissa donc, après avoir fait comprendre à Salak qu’une fois à terre, il reprendrait le commandement de cette joyeuse troupe aussi excentrique qu’improbable.

_ Tu pourrais peut-être commencer par me dire quel était ton intention, en embarquant clandestinement, n’étant repérée qu’à cause du gros benêt que tu trimballe comme un garde du corps ? Commença Salak, gardant le ton ironique et confiant qu’il arborait depuis qu’il l’avait vue pour la première fois.
_ Garde du corps ? Je passe plus de temps à surveiller ses arrières que lui les miens. Uldor est une force de la nature, mais à l’étage –elle se tapota le crâne pour illustrer ses propos- la lumière n’est pas toujours allumée. Tenter une infiltration avec ce gros balourd n’était pas l’idée du siècle, je te l’accorde. Il a insisté pour venir, je n’avais pas le cœur à le lui refuser…
_D’où ma question ; que viens faire sur un navire qui fonce droit vers la capitale, avec à bord des gens qui compte s’impliquer, et c’est un euphémisme, dans les changements qui secoueront bientôt Libéria, des habitants de Lys ? Habitants de Lys qui, de ce que je sais et sans vouloir te vexer, ne font que peu de cas de ce qui se passe hors des frontières de leur tout petit village.

Salak avait presque craché les derniers mots. L’indifférence des anciens de Lys lui restait toujours en travers de la gorge. La négligence avec laquelle Aegor l’avait éconduit, le mépris de ses conseillers, tout ça, le jeune prince le gardait dans un coin de sa mémoire, pour le jour où, peut-être, il reviendrait sur le continent oublié… accompagné.

_ Aegor est un modèle de sagesse pour tout habitant de Lys. C’est en partie grâce à lui que notre village peut se targuer de sa force, de son autonomie. Je le respecte et le remercie, mais je crois que tu n’as pas bien compris ce qui le différenciait de nous, majesté.

Elle prononça ce titre avec un certain mépris, s’avançant jusqu’à coller son front sur celui de son interlocuteur, se fondant dans son regard brûlant. Loin de se sentir offensé, Salak soutint son regard, ne put dissimuler un rictus et l’invita silencieusement à poursuivre.

_ Aegor poursuivra la doctrine de Lys jusqu’à sa mort. Ne pas s’impliquer, rester à l’écart. Je ne peux décemment pas lui en vouloir pour ça. Pour lui, le trépas d’un homme de Lys, qui plus est d’un homme qui a bafoué plus ou moins toute les règles de notre communauté, il faut le comprendre, n’est pas une préoccupation première.
_ Mais s’en est une pour toi, compléta Salak, amusé.
_ Gamin… Amène-moi à Libéria, désigne moi celui que tu nommes la fouine verte, montre-moi ses fameux Assassins blanc, et tu n’auras plus à t’occuper de ta vengeance. Je leur trancherais la gorge, répandrait leur sang partout dans la capitale, et si j’en ai l’occasion, leur ferait connaître l’enfer sur terre.

Salak s’écarta, simulant une mine contrarié.

_ C’est bien ce que je pensais… Malheureusement, je ne peux te laisser faire ça. Si tel est ton plan, alors, nous ne pourrons marcher côte à côte.

Kelyn ne comprenait pas. Le gamin ne semblait avoir qu’un seul et unique but, anéantir quiconque avait participé, de près ou de loin, à l’assassinat de son mentor. Lorsque le jeune prince reprit la parole, il ne la regardait plus. Pourtant, elle put ressentir la haine, la détermination et l’incroyable volonté qui émanait de son interlocuteur.

_ Découpe quelques-uns de ses protégés si l’envie ou l’occasion se présente, mais la tête de Miri Naz Rhur est pour moi. J’irais l’apporter moi-même sur la tombe d’Egar. Le sang de la fouine, c’est sur mon épée qu’il finira, tôt ou tard, par s’écouler.

Il se retourna vers elle pour lui adresser un sourire en coin.

_ Si cette condition te convient, je serais ravi de t’avoir à mes côtés, Kelyn de Lys.

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Niveau 15
14 septembre 2020 à 17:19:35

XII.

Pour la première fois lors de ces dernières semaines éprouvantes, Kadoc pénétra la salle du conseil d’un pas léger. Un sourire narquois pendu au coin des lèvres, il prit place tout en saluant Miri d’une révérence ironique. Le petit ours et la fouine ne pouvait pas se voir en peinture, et c’est bien ce qui ne manqua pas d’intriguer Miri. D’habitude, le fils Nibelungen n’avait de cesse de faire remarquer qu’il ne faisait que remplacer temporairement son paternel et qu’assister à ce genre de réunion ne l’enchantait guère. Le voir avec une mine aussi réjouie ne présageait rien de bon.

Krastak, qui présidait le conseil en l’absence de Kräal, remercia de manière formelle les trois hommes forts de Libéria qui se tenait devant lui. Kadoc, en l’absence de son père, représentait l’autorité militaire suprême. Même si, officiellement, le Roi –qui n’était légalement qu’un régent- gardait la main, c’est les Nibelungen qui décidaient du comportement de l’armée et des priorités militaires. Miri Naz Rhur s’était érigé, avec le temps, comme le négociateur officiel de la cité. En tant que chef de la guilde des marchands et des artisans de Libéria, son sens inné des affaires et ses talents de parlementaire hors pairs contribuèrent à la grandeur exponentielle de la ville lumière. Maynar, lui, n’occupait aucune fonction officielle. L’enfant des bas quartiers avait conquis sa place parmi les puissants grâce à ses capacités physique hors du commun, porté par la révolte populaire qui secoua la cité quelques années auparavant. Quoi qu’on pense du personnage et sous ses airs de sale gamin ingérable, pour lui, l’intérêt du petit peuple passait avant toute autre chose. Peu lui importait la grandeur de la cité, les intérêts économique ou encore la stratégie militaire. Ce qui expliquait –du moins de son point de vue- ses absences répétée aux conseils des quatre.

Ömmur Krastak complétait le tableau. Doyen de cette assemblée, le chef du renseignement et de l’espionnage dirigeait l’orientation politique de la cité dans l’ombre. Si Kräal Nibelungen faisait office de figure de proue, c’est lui, et personne d’autre, qui tirait les ficelles. Kräal était un homme d’action, peu porté sur la politique et ce qu’elle induisait de machination et de faux semblant. Dirigeant ses troupes sur le terrain comme personne, il n’en était pas moins inapte aux différents mensonges et tromperie inhérente à la fonction d’un chef d’état. Le Roi n’en étant pas véritablement un, Miri étant encore trop jeune et focalisé sur autre chose, c’est donc lui qui dirigeait réellement Libéria.

_ Je tiens d’abord à vous remercier d’être là. Encore une fois, nous sommes au complet, ce qui était devenu beaucoup trop rare à mon gout, commença Krastak en appuyant son regard sur Maynar.
_ C’est que la réunion d’aujourd’hui pourrait bien revêtir, contrairement à son habitude, un véritable intérêt, seigneur Krastak, ironisa Maynar.
_ Vous semblez en savoir plus que nous. Je propose donc qu’on entre dans le vif du sujet sans tarder. Seigneur Nibelungen, vous nous avez demandé une réunion extraordinaire, nous vous écoutons.

Kadoc se leva, pour accentuer l’impact de la bombe qu’il s’apprêtait à lâcher, prêt à guetter les réactions de ses compagnons.

_ Le prince se dirige vers la capitale.

Un silence de mort engloba la salle d’audience. Krastak resta de marbre, mais Kadoc savait que cette annonce venait de le transpercer comme une flèche. Miri, quand à lui, pourtant habitué à garder la face dans n’importe quelle situation, ne put s’empêcher de blêmir. Maynar éclata d’un rire libérateur. Encore plus que l’annonce inattendue, la vue de ses deux acolytes, pantois, l’amusait au plus haut point.

_ De quoi parlez-vous donc, seigneur Nibelungen ? Lui demanda aussi calmement que possible Krastak.
_ Il y a dix ans, Libéria connu l’un des événements les plus sombres de son histoire. La famille royale fut décimée par des mercenaires, et aujourd’hui encore, les véritables responsables de ce massacre nous sont inconnus. Le roi Asgaard, la reine Malael, la princesse Errel, tous furent retrouvés morts. Nous avons mis sur le trône le frère de notre reine, couronnant ainsi un nouveau roi. Un régent, plus précisément, qui fut le seul rescapé de cette triste nuit. Un homme bon, loyal, dont nous n’avons pas à nous plaindre. Cela dit, il semblerait que nous ayons omis de prendre en compte toute les données. Dans la précipitation, nous en somme venu à oublier celui dont le corps ne fut jamais retrouvé.

Il s’arrêta quelques secondes, prenant un malin plaisir à scruter les réactions des autres membres du conseil. Maynar rigolait à s’en ouvrir le ventre. Miri, lui, ne pouvait cacher complètement sa frustration. Que le gamin soit en vie n’était pas une surprise pour lui. Lors de l’assassinat d’Egar, il avait dû battre en retraite avant de pouvoir l’achever, et même si le gosse pissait le sang, la possibilité qu’il s’en sorte ne lui semblait pas spécialement impossible. Ce qui l’agaçait au plus haut point, c’était d’être ainsi pris de court. Le traquer, le trouver, l’éliminer sans qu’il ne puisse faire usage de ce satané pouvoir royal, voilà quel était le plan. En aucun cas il ne s’était préparé à ce que ce sale gamin marche aussi rapidement vers la capitale. Il se concentra pour ne rien laisser paraître.

_ Salak Maelys, fils d’Asgaard le juste, petit-fils d’Anathor l’autoritaire, héritier légitime du trône de Libéria, est en vie. Il atteindra d’ailleurs la majorité dans quelques mois. Ce n’est plus un enfant curieux et apeuré, mais un jeune homme vigoureux et plein de ressource, de ce que j’en sais.

Kadoc sortit de la musette de cuir passée par-dessus son épaule une bouteille et quatre verres. Du Géordin de premier ordre, qu’il se fit un plaisir de servir en remplissant les coupes de ses compagnons à ras-bord.

_ A la santé du prince retrouvé ! A notre nouveau roi ! S’exclama-t-il tout en trinquant avec Maynar, qui accueilli le breuvage dans un nouvel éclat de rire.

Miri saisi son verre à contre cœur mais n’en montra rien, se contentant de boire en silence, déjà plongé dans ses futurs mouvements. Krastak l’imita, reposa la coupe à peine entamée et reprit la parole.

_ C’est une nouvelle pour le moins inattendue. Puis-je vous demander d’où vous viennent ces informations ?
_ Inutile de le cacher, désormais, et je pense que vous le savez déjà. C‘est un heureux concours de circonstance qui a mené mon père à rencontrer le prince. Voyez-vous, il venait, semble-t-il, de subir une nouvelle tentative d’assassinat. Je n’en sais pas beaucoup plus, mais je n’ai nul doute qu’il sera ravi de vous le racontez de vive voix, seigneur Krastak.

Ömuur Krastak, au grand étonnement de Kadoc, sourit de manière sincère, du moins lui semblait-il.

_ Eh bien, qu’il en soit ainsi. Je serais ravi de l’accueillir à cette table. Il ne vous reste plus qu’à organiser ça. J’ai encore du mal à croire que le prince puisse être en vie, mais si c’est bel et bien le cas, il me tarde de le revoir. Je suppose que personne ici présent n’y voit la moindre objection ?

Les éclats de rire de Maynar et le silence de Miri furent les seules réponses audible qu’il obtenu.

_ Bien. Je pense qu’il est inutile de prolonger ce conseil plus en avant. Seigneur Kadoc, nous attendrons avec impatience la venue du jeune prince à Libéria. En l’absence d’information supplémentaire, je vous laisse donc vous organiser. Je préviendrais de mon côté notre Roi.

Krastak mit fin au conseil. A peine la suspension de la séance prononcée, Miri se leva, faisant voltiger sa tunique verte et s’éclipsant sans un mot, sous le regard amusé de Kadoc, qui reprit un verre avec Maynar avant de quitter la salle. Tout en se dirigeant vers ses appartement, le jeune fils Nibelungen cogitait a tout va. Krastak ne semblait pas particulièrement contrarié par la nouvelle, ce qui l’étonnait quelque peu, mais leur faciliterait la tâche. Quand a Miri, bien qu’il ait masqué ses réactions et joué l’indifférence, Kadoc savait qu’il venait de lui porter un coup de pression dont il mettrait du temps à se remettre. Le rendez-vous avec son père étant fixé cette nuit, il avait encore la journée pour assigner ses meilleurs hommes à la surveillance des mouvements des membres du conseil. Si Maynar ne poserait aucun problème, difficile de prédire quelle serait la réaction des deux autres.

De retour dans ses appartements, il rédigea une nouvelle lettre, qu’il confia à l’un de ses hommes. Bien que posé et peu enclin à l’excitation en dehors des affrontements, Kadoc ne pouvait réprimer totalement l’impatience qui l’envahissait. Il avait hâte de voir à quoi le gamin d’autre fois pouvait bien ressembler aujourd’hui. Il chassa cette idée et se concentra sur son travail. Il aurait sa réponse bien assez tôt.

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Niveau 15
22 septembre 2020 à 14:20:37

XIII.

Le jour déclinait lentement à l’horizon, la température suivant l’astre solaire dans sa courbe décroissante. Akihiro entreprit d’allumer un feu. L’ancien patrouilleur en profita pour y déposer ce qu’il avait ramassé de la côte jusqu’ici. Pas de quoi faire un festin, mais suffisant pour se restaurer. La chaleur des flammes les entoura comme des bras protecteurs, et Kelyn sortit de sa musette une bouteille qu’elle fit tourner à l’assemblée. Elle héla Salak, qui restait prostré sur le haut de la butte, fixant Libéria et ses innombrables lumières au loin. Il ne l’entendit même pas.

_... Hé, gamin ?! T’es devenu sourd ou quoi ?

Il se retourna, l’œil légèrement humide.

_Non, mais nostalgique, faut-il croire. C’est la première fois que je m’approche de si près de cet endroit, c’est un sentiment contradictoire, particulier, qui m’habite.

Kraal se positionna à ses côtés, légèrement en retrait.

_ Je vous rendrais ce qui vous revient de droit, majesté.
_ Tu oublies une partie de notre accord. Pas de vous, pas de titre. Egar ne…
_ Ouais ouais, je sais, Egar ceci, Egar cela… Reste que tu colleras bientôt ton petit cul d’enfant borné sur le trône, parole de Nibelungen. Et on ne s’adresse pas à un roi comme à un palefrenier.
_ Soit. Mais je ne suis ni roi, ni sur le trône.
_ C’est pas faux, lui rétorqua le vieux rouquin en l’agrippant affectueusement par le col, alors viens boire un coup, sale gosse, la journée de demain s’annonce bien remplie.

Ils palabrèrent autour du feu comme un groupe de vieux compagnons d'aventure, pourtant, ils ne se connaissaient que depuis quelques jours, quelques semaines pour certains d'entre eux. Le voyage du jeune prince et de ses deux acolytes de fortune avait vu se réunirent des âmes qui ne se seraient sans doute jamais rencontrée autrement. Menant la danse, un jeune prince désavoué, en quête de vengeance et de conquête.

Derrière lui, le Lion de Libéria, prêt a ajouter un dernier chapitre a sa vie bien remplie, père de substitution de cet étrange mélange. Kräal les voyait de plus en plus comme l'ultime cadeau du destin. Une combinaison inattendue pour conclure sa grande histoire.

Le frère de son ennemi juré, devenu ce qui ressemblait le plus a ce que l'ont nommait un ami, les accompagnait avec une ferveur, une curiosité, une envie d'aller de l'avant insoupçonnée. C'était sans aucun doute celui qui ressemblait le moins a celui qu'il avait été. Oz, malgré le drame familial qui se profilait a l'horizon, prit trois ans de vie sur deux semaine de temps.

Venu des îles d'été, son serment de patrouilleur rompu de manière temporaire, Akihiro vivait cette parenthèse de vie comme un interlude inattendu. Si la quiétude de son village lui manquait, sa nature d'aventurier ne pouvait que bénir le fait d'avoir été autorisé a embarqué dans ce convoi accidentel.

Les deux représentant de Lys complétaient la scène. Venu des tréfonds du monde connu, ils accompagnaient cette caravane providentielle avec entrain et enthousiasme. La mémoire d'Egar de Lys, voila ce qu'ils étaient venu chercher loin de leurs terres. Kelyn ne voyait plus que la vengeance comme issue. Uldor la suivait comme un ange gardien, un sourire idiot toujours pendu aux coins des lèvres.

_ Pourquoi n'agrémenterais-tu pas cette palabre d'une douce mélodie, Uldor ?

Le grand gaillard se saisit d’un Luth qui, dans ses mains, paraissait minuscule. Une mélodie agréable recouvrit doucement les crépitements du bois consumé par le feu. Tous le regardaient d’un air interrogateur. Kelyn se laissa tomber sur le sol, fixant les étoiles en finissant son verre. Peu à peu, tous l’imitèrent, et la lune, en bon gardien argenté, veilla sur eux de tout là-haut. Salak eu du mal à trouver le sommeil, cette nuit-là. Libéria n’était plus qu’à quelques centaines de mètre. La cité, le trône, la fouine verte, l’anneau… tout ça était désormais à portée de main. Il ne put s’empêcher de penser à Egar, encore et toujours. Le vagabond de Lys serait-il fier de lui, de ce qu’il est devenu ? Serait-il fier de le voir mener ce petit groupe hétéroclite, fier de le voir marcher sur la cité ? Tout ça le laisserait il indifférent ? Une larme de tristesse coula le long de sa joue, et la tristesse laissa de suite place à la rage, au ressentiment. Il se devait de dormir, s’y força. Quoi qu’il arrive, demain, il marcherait sur Libéria, reprendrait ce qui lui revenait de droit, empalerait la tête de Miri au bout de sa lame… ou passerait lui-même l’arme à gauche. Plus de retour possible, de marche arrière. Il irait jusqu’au bout.

Par contre, il ne put aller jusqu’au bout de sa nuit. L’orage et la tempête les réveillèrent peu avant l’aube. Le ciel grondait, s’illuminait lorsqu’un éclair le fendait en deux, laissant tomber l’eau en trombe sur les plaines asséchées entourant la capitale. Des jours qu’il n’était plus tombé une seule goutte de pluie. Comme un signe du destin, un présage de ce qu’il allait advenir, exhortant le groupe à se mettre en marche sans attendre.

Les rues de la cité, gorgée d'eau, peinaient a endiguer le flot torrentiel qui se déversait des cieux. Les constructions les plus solides tremblèrent sous l'impulsion de la frénésie divine. Au milieu du tumulte, balayé par un océan en effervescence, se détachait leurs silhouette. Avançant a travers les ruelles de la cité comme des revenants d'un autre monde, prêt a mordre et a tuer pour survivre, le groupe d'âme réunis, bien malgré lui, par le jeune prince se mit en route.

_ On a de la compagnie...

Akihiro stoppa sa marche en avant. Le patrouilleur les détecta avant même de les apercevoir. Malgré la tempête et le bruit assourdissant de l’orage qui fendait les cieux, il repéra les éclaireurs sans trop de mal. Posté sur le toit de l’auberge à l’entrée de la ville, ils ne se cachaient pas vraiment. Ce qui laissait supposer de la suite des événements.

_ Ils vont nous tomber dessus, préparez-vous.

Kelyn jeta un regard appuyé vers Salak. L’objectif du jeune prince était d’accéder, le plus vite possible, à la salle du trône, prendre contact avec son oncle, et trouver Krastak accompagné de Kräal, ce qui scellerais son accession au trône et sa reprise officielle de Libéria. Même si l’envie ne manquait pas, s’étriper ici avec les hommes de Miri n’avait que très peu d’intérêt. Elle le savait et en profita.

_ Va coller ton cul sur le trône, je m’occupe des guignols en tenue de carnaval !

Sans lui laisser le temps de répondre, Kelyn bondit comme un chat, prêt à fondre sur sa proie. Uldor la suivit comme son ombre
.
_ T’as intérêt à revenir en vie ! Lui cria Salak avant d’accélérer le pas.

Le groupe se sépara en deux entité. Salak, Kräal et Oz continuèrent leur marche en avant. Kelyn et Uldor, suivit de près par Akihiro, s’apprêtaient à livrer un combat sanglant a même les toits de la ville.

_ Envoyer ses assassins en plein Libéria, à la vue de tous, ressemble étrangement à un dernier baroud d’honneur pour Miri. Ça sera tué où être tué, majesté.
_Je ne suis pas encore roi, se contenta de lui répondre Salak tout en avançant d’un pas décidé, traversant l’averse comme une ombre du passé revenu prendre ce qui lui revenait de droit.

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Niveau 15
02 octobre 2020 à 15:32:12

XIV.

A peine réveillé, Kadoc sillonnait la ville en tentant d’y remettre un peu d’ordre. La tempête qui surplombait la cité ne diminuait pas d’intensité. Certains bâtiments y perdirent tuiles et bouts de bois. Les échoppes des marchands ambulants voltigeaient en tous sens, donnant au tableau un air de chaos indéniable. De bon matin, si l’on pouvait décemment appeler cela le matin, ses hommes tentèrent de minimiser les dégâts. A travers les rafales de vent et les litres d’eau se déversant sur la cité comme une calamité, un affrontement confus, sanglant et inattendu retint l’attention des soldats de la garde. Les gardes du corps de l’un des quatre membres du conseil, reconnaissable entre mille grâce à leur tunique d’un blanc éclatant, semblaient engagé dans une opposition acharnée avec un groupe d’inconnu. Le premier réflexe de la plupart des soldats fut d’y prendre part, du coté, bien sûr, de ceux qu’ils pensaient défendre Libéria d’une invasion.

Kadoc leur ordonna de se regrouper, de ne prendre parti ni pour l’un ni pour l’autre, et malgré certaines contestations, réussi à re former tout doucement ce qui ressemblait à un corps d’armée convenable. Trempé des pieds à la tête, mais convenable.

_ Je vois que tu ne t’en sors pas trop mal, fils…

Il se retourna et tomba nez à nez avec celui qu’il rêvait d’envoyer balader depuis un moment maintenant. Non content de lui avoir laissé la cité sur les bras, de manigancer le retour du Roi dans son coin, il n’avait, semble-t-il, pas cru bon de l’avertir du changement de plan. Se réunir sur la colline à midi, et descendre sur Libéria, ensemble.

_ De mieux en mieux… arrête-moi si je me trompe, mais il n’est pas midi, et nous ne sommes pas sur la colline. C’est pour augmenter les dégâts de la tempête que tu as cru bon de changer les plans sans m’en avertir ? Ou peut-être ton gout de l’imprévu ?

Kräal se frotta la tête, une manière chez lui d’exprimer une certaine forme de regret. Il fallait reconnaitre qu’il n’avait pas rendu la tâche du gamin aisée, ces dernières semaines. D’ailleurs, le voir ainsi diriger l’armée, contrôler la cité en son absence, même s’il ne possédait pas encore ce charisme naturel, cette aisance à commander, l’emplissait de fierté.

_ Ouais ouais… tu sermonnera ton vieux père plus tard, fils. L’important, pour le moment, c’est de connaitre la position de Krastak et celle du Roi. Miri a lâché ses chiens, plus vite nous scellerons le retour du Roi légitime, plus vite nous pourrons stopper cette sale fouine verte de manière officielle.
_ Vu l’heure, je suppose que sa majesté se trouve dans ses appartements. Quant à Krastak, je n’en ai aucune idée. Je lui avais donné rendez-vous sur le coup de midi dans la salle du conseil, mais figure toi qu’il est loin d’être midi, étrangement, ironisa le fils Nibelungen.

Kräal analysa la situation. Le déluge venu des cieux qui s’abattait sur la cité ne leur facilitait pas les choses. Miri, tapis dans l’ombre, tenterais le tout pour le tout. Une partie de ses assassins blancs croisaient le fer en ce moment même avec le patrouilleur et les deux drôles de compagnons qu’ils avaient ramené de Lys. Il ignorait quelle serait la réaction de Krastak, et les soldats de la garde semblaient agités, ne comprenant pas la situation, occupé à défendre la cité contre les assauts du ciel. Le Lion de Libéria se retourna vers son fils, vers ses hommes, et brandit un poing vers le ciel, qui se déchira dans un nouvel éclat assourdissant.

_ Ecoutez-moi, braves soldats de Libéria ! Moi, Kräal Nibelungen, commandant des armées de la cité, vous donne l’ordre d’arrêter la garde rapprochée de Miri Naz Rhur.

Les soldats présents sur place semblaient hésitant, se lançant des regards interrogateurs les uns les autres. Plus d’un mois qu’ils n’avaient plus vu le commandant, et voilà qu’il apparaissait comme un revenant, dans un déluge de coup de tonnerre assourdissant et de pluie battante, leur ordonnant d’arrêter l’un des quatre membres du conseil, tout ça sans la moindre explication.

_ Je comprends votre étonnement, cela dit, le temps n’est pas au questionnement. Il me sera donné, j’ose espérer, l’occasion de vous expliquer tout ça ultérieurement. Pour le moment, je déclare Miri Naz Rhur et ses foutus assassins blancs comme des ennemis de Libéria ! Au nom des Maelys, je vous ordonne de tout mettre en œuvre pour les mettre hors d’état de nuire !

Le charisme du vieil ours finit par décider les plus indécis. L’armée régulière sous contrôle, ne restait qu’une inconnue. Quelle serait la réaction de Krastak ? Kräal comptait sur son amour de Libéria, de sa grandeur et de sa pérennité pour les accompagner vers un changement de régime qui ne passerait pas par le sang. Derrière lui, Salak reprenait peu à peu pied dans la réalité. Dix ans. Dix longues années d’errance, de souffrance et de perdition. Après la perte d’Egar, c’est la haine et la possibilité d’une vengeance sanglante qui le fit tenir debout. Si le fait de s’être rapproché d’Oz, d’avoir découvert l’amitié, trouvé en Kräal une nouvelle figure paternelle, avait contribué à lui rendre une partie de son humanité, rien ne pouvait le détourner de son objectif, celui qu’il avait scellé dans le sang, cette après-midi d’été, en plein soleil, seul couvert de sang au milieu d’une plaine aride. Bien sûr, la perspective de reprendre Libéria, de succéder à son père et de laver sa mémoire avait son importance. Mais ce n’était pas pour ça qu’il était là. Effacer l’affront, venger Egar, étriper cette sale fouine verte. Voilà ce qui le poussait à avancer, peu importe les difficultés rencontrées jusqu’ici.

_ Je te laisse t’occuper de l’armée et de Krastak. Je te suis reconnaissant, mais je me dois de tenir ma promesse. J’espère qu’on se retrouvera en un seul morceau dans peu de temps.

Le jeune prince s’éclipsa à travers l’orage, malgré les cris et les remontrances de Kräal. Oz hésita une demi seconde, puis lui emboita le pas.

_ Désolé, j’essayerais d’en prendre soin !

Le vieux rouquin s’étrangla à force d’hurler, sans résultat. Le convoi se disloqua une nouvelle fois. Derrière, Akihiro, Kelyn et Uldor s’étripaient avec les hommes de Miri. Au milieu, Kräal, de nouveau à la tête de l’armée, tentait tant bien que mal de garder la situation sous contrôle. Devant, filant comme une flèche vers sa cible, Salak emmenait dans sa course le jeune frère de son ennemi juré, prêt à laver le sang par le sang.

La cité ressemblait à un puzzle géant, les soldats de la garde faisant office de mains miniatures tentant de remettre les pièces dans l’ordre. Alors qu’ils filaient tous deux à travers les rues s’en dessus-dessous, Salak se retourna vers son ami, celui qui ressemblait tant à l’homme vers qui il courait quitte à y perdre la vie.

_ Si t’étais dans la tête de cet enfoiré, à cette heure-ci, après avoir lâchés tes assassins en pleine ville, ou te retrancherais-tu ?

Oz ne put s’empêcher de sourire.

_ Si j’étais dans la tête de mon frère, je crois que je commencerais par vomir.
_Je suis sérieux, Oz. Je ne veux pas prendre le risque de le voir s’enfuir avant d’avoir pu lui tomber dessus. C’est maintenant ou jamais.
_ J’avais bien compris. D’ailleurs, le vieux est en rage…
_ Je m’occuperais de ça après. Si je suis revenu jusqu’ici, c’est avant tout pour prendre la vie de ton frère. J’espère que tu es en bien conscient. Libre à toi de faire demi-tour.

Oz grimaça, légèrement contrarié. Comme s’il avait fait tout ce chemin pour abandonner maintenant. Salak ne lui avait jamais caché le sort qu’il réserverait à son frère, à la fin du voyage. Ça ne lui posait aucun problème. Miri était une ordure. On choisit ses amis, pas sa famille.

_ Suis moi, et prie pour que mon intuition soit la bonne.

Le duo bifurqua vers les bas quartiers, lancé dans une course folle, prêt à mettre un terme à une partie de la grande histoire de Libéria.

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Niveau 15
31 mai 2021 à 21:19:35

XV.

Les bas quartiers de Libéria, qui ne ressemblait pas à grand-chose en temps normal, souffrait de la tempête qui s’abattait sur la cité comme personne. Ici, pas de soldat de la garde pour venir en aide aux habitants, les citoyens de seconde zone devaient se débrouiller par eux même, ce qui ne changeait pas vraiment de leur habitude. C’est d’ailleurs pour ça qu’il choisit cet endroit. Le dernier bastion ou on aurait l’idée de chercher Miri Naz Rhur, homme raffiné s’il en est, c’était bien ici, au milieu des taudis et des gens de peu. Il avait aménagé cette cache spécifiquement pour ce genre de situation. Prit par le temps, il sursauta lorsque l’on toqua à la porte. Deux coups rapides, suivit d’un coup plus sec. L’un de ses hommes.

_Entre, ordonna-t-il de sa voix chantante.

Vêtu du traditionnel costume des assassins blancs, un homme d’une vingtaine d’année pénétra dans la cache, saluant respectueusement son maître. Une aura de calme et de maîtrise se dégageait de son être. Ses yeux d’un bleu délavé se fixèrent dans ceux de Miri, qui ne put s’empêcher de sourire. Devant lui se tenait sa plus grande réussite. Le fruit d’une décennie d’effort, de persévérance et d’abnégation. Si la plupart de ses hommes lui donnaient satisfaction, aucun, jusqu’à présent, n’avait pu s’élever à ce niveau-là. Un sentiment contradictoire l’envahit. D’un côté, le regret de ne pas l’avoir amené avec lui, cette après-midi-là, ou ses hommes avaient mordu la poussière, balayé par un pouvoir qui n’aurait pas dû voir le jour dans de telles conditions. De l’autre, la satisfaction de pouvoir l’avoir à ses côtés, cette fois-ci.

_Un homme revient avec des informations, énonça-t-il d’une voix monocorde.
_Puisse-tu m’apprendre quelques bonnes nouvelles, Zaël, je n’en demande pas beaucoup plus. Je t’écoute.
_La cible a pénétré la cité. Il est accompagné. D’après les informations qu’un homme a pu recueillir, il est arrivé avec deux hommes de Lys et un ancien patrouilleur des îles d’été. Un affrontement s’est engagé à l’entrée de la cité. Le commandant des armées, Kräal Nibelungen, semble lui aussi s’être rangé du côté du renégat.

Miri pesta et cracha à terre. Ce vieil ours ne le laisserait il donc jamais en paix ?

_Tout serait tellement plus simple sans ces maudits Nibelungen… Je suis sûr que ce vieux croulant lui colle le train, ce qui rendra difficile une élimination discrète.

L’homme a la tunique blanche, qui finissait de la tordre en tous sens pour enlever le poids de l’eau qui continuait de tomber en trombe sur la cité, s’autorisa un sourire. Ce qui, sur son visage impassible, ne manqua pas d’attiser la curiosité de Miri.

_Voilà que tu te mets à sourire, Zaël… une première, si je ne m’abuse. Oserais-je croire que ce rictus induirait une possible information qui, pour une fois, ne me contrarie pas ?
_Un homme sourit car si la cible a belle et bien pénétré la cité accompagnée, entre autre, par le commandant des armées en personne, cela ne semble plus être le cas. L’armée régulière est sur le pied de guerre, Kräal Nibelungen n’a d’autre choix que de s’en occuper. La cible en a profité pour lui fausser compagnie. Il parcourt les rues de Libéria, a votre recherche, j’imagine. A la différence qu’il n’est accompagné que de votre jeune frère.

Miri enregistra l’information. Le rire sonore et incontrôlé qui sortit de ses entrailles fit résonner les murs de la cachette de fortune. Acculé, il s’apprêtait à devoir affronter Salak, accompagné de ce foutu vieil ours… et de l’armée régulière de Libéria. Au lieu de ça, aveuglé par son désir de vengeance, le jeune prince courrait vers sa perte, simplement accompagné d’Oz, qui finirait sans aucun doute par le conduire jusqu’ici. Un retournement de situation inespéré, qui lui redonnait l’espoir que tout puisse finir autrement, qu’au mieux, par une fuite de la cité.

_Ce gamin est un imbécile. Il lui suffisait de rester sagement au côté du commandant des armées, d’accéder au pouvoir, et de me condamner à mort ou à l’exil de manière officiel. L’impatience, ou plutôt la crainte de me voir fuir, j’imagine, lui font prendre des décisions hâtives et dangereuses. Bien. Si Oz est à ses côtés, je pense qu’il finira bientôt par venir jeter un œil du coté de cette cache.
_Le fait qu’il nous trouve ne vous pose pas de problème ? Ne devrions-nous pas l’anticiper et lui tendre une embuscade ?
_Bientôt, ce sale gosse sera Roi de Libéria, mais pour le moment, ce n’est qu’un gamin qui revendique le trône, ce qui fait toute la différence. Nous l’attendrons ici, et même avec le pouvoir de l’anneau, j’ai de quoi le contrer, cette fois. Prépare-toi, si l’artefact que j’ai préparé fonctionne, alors la vie de Salak Maelys finira ici, dans les taudis de Libéria.

L’homme acquiesça et se retira, laissant son maître perdu dans ses pensées. Tout n’était pas perdu, et l’impatience de Salak, couplé à son désir de vengeance qui l’emportait sur la raison, lui ouvrait de nouvelles perspectives. Le temps lui était compté, et il se remit au travail. Sur le bureau de bois sommaire, Miri peaufinait l’une de ses dernières inventions. Quoi que parler de copie serait plus approprié. Il concentra son attention et son énergie dessus, jusqu’à ce que le monde qui l’entoure disparaisse. Plongé dans son labeur, Miri Naz Rhur ne pourrait contempler la réussite ou l’échec de son entreprise qu’une fois la situation hors de contrôle. C’était toujours ça de gagné.

***

A l’entrée de la cité, les toits des habitations et de l’auberge du Lion d’Or offrait un théâtre insolite a une pièce qui l’était tout autant. Trempés des pieds à la tête, les tenues imbibées de sang et de boue, les deux factions rivales se tenaient tête dans un entrelacs de métal retentissant. L’orage grondait de manière constante en fond sonore, laissant éclater sa furie par a coup, remplissant le ciel noir et nuageux d’éclairs déchirant les cieux. Kelyn profita d’un instant de répit pour reprendre son souffle, faire le point et essuyer le sang qui perlait le long de ses lèvres. La première vague de l’affrontement avait-été d’une violence inouïe. Si elle pouvait se targuer de s’en être sortie sans trop de dommage et d’avoir, par la même occasion, envoyé dormir d’un repos éternel deux de ses adversaires, ce n’était pas le cas de tout le monde. A genoux derrière elle, ne tenant debout qu’en prenant appui sur la garde de son katana, Akihiro n’en menait pas large. L’ancien patrouilleur avait une entaille grande comme un bras en plein milieu du torse et saignait abondamment.

_ T’as pas intérêt à crever ici… tiens le coup encore un peu, on va te sortir de là.
_ Ne vous occupez pas de moi, je tiens la forme, tenta-t-il d’ironiser tout en recrachant une gerbe de sang sur l’épaule dénudée de la jeune femme.

Elle pesta de rage et tenta d’analyser la situation. Il restait une demi-douzaine de guignol tout de blanc vêtu qui tournaient autour d’eux comme des vautours autour d’un cadavre. Sauf qu’Akihiro n’était pas encore mort. Cela dit, l’ancien patrouilleur ressemblait plus à un oiseau pour le chat qu’a un guerrier digne de ce nom a l’heure actuelle.

_Occupe-toi de les tenir à distance, je m’occupe d’Akihiro, lança Kelyn, nerveuse, en direction de son compagnon de toujours.

Celui-ci perçu la gravité et l’émotion dans la voix de la jeune femme de Lys. Si Uldor n’était ni malin, ni perspicace, il n’en restait pas moins doté d’une sensibilité fortement prononcée. Son corps massif ressemblait à un roc contre lequel venait se fracasser les vagues blanches, violentes et sournoises, qui s’abattaient sur le trio. Muni d’un bâton énorme, renforcé d’excroissance de métal a ses extrémités, le colosse le faisait danser entre ses mains pour empêcher les assassins de Miri de passer le barrage de chair qu’il venait d’ériger sur les toits de la cité. Le premier qui s’approcha de trop près en perdit sa mâchoire. Allongeant son arme d’un mouvement rapide et précis, il décocha une estocade qui partit comme une flèche, déchirant le bas du visage de son adversaire. Il stoppa son élan, se concentrant sur la défense, et continua à danser avec ses opposants.

_Il faut que tu t’accroche, alors pose pas de question, mord là-dedans, et reste sur tes pieds. On improvise.

Kelyn fourra un morceau de tissu dans la bouche du patrouilleur et le souleva du mieux qu’elle put, sans ménagement, lui demandant d’accompagner le mouvement. Ils dévalèrent tout deux les toits, se réceptionnèrent comme ils le purent sur le sol boueux, toujours détrempé, et s’apprêtaient à pénétrer dans la forge lorsque l’un des assassins blancs tomba du ciel en piqué, l’épée pointée vers le sol, prêt à les embrocher vivant. La jeune femme écarta Akihiro de justesse, et évita de se faire empaler par la lame qui s’enfonça entre deux interstice de pavé détrempé. L’assassin prit appui sur sa lame, lui décocha un coup de pied qui l’envoya valser au sol et fut rejoint par l’un de ses comparses, prêt à les embrocher.

_Tu ne touches PAS !

Uldor bondit pour se mettre entre les deux, se faisant transpercer le bas ventre sans pour autant marquer le moindre signe de souffrance. Lorsque l’assaillant voulu se retirer, il l’agrippa d’une main et serra si fort qu’il lui broya le cou sans autre forme de procès. Relâchant le malheureux comme une poupée inerte, son regard avait changé.

_Akihiro pas mourir, Akihiro continuer à sourire et à raconter des histoires a Uldor !
_Ouais, j’m’en occupe, toi, tu les empêche de passer.

Kelyn releva le patrouilleur, qui perdait de plus en plus de sang. Elle poussa la porte de la forge, tomba sur le fils du forgeron qui la fixa sans un mot. Elle ne le vit même pas, et jeta sans ménagement le pauvre Akihiro sur la table basse en fer forgé qui garnissait la pièce. Elle se dirigea vers le feu, empoigna le tisonnier brulant et revint vers le patrouilleur qui se vidait tout doucement de son sang. Le fils du forgeron venait de comprendre ce qu’elle s’apprêtait à faire et continua de la fixer, interdit.

_Aux grands maux, les grands remèdes…

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Niveau 15
03 juin 2021 à 20:53:55

XVI.

Les dieux continuaient de déverser leur colère sur la capitale. Les égouts débordaient, incapable d’absorber une telle quantité d’eau, transformant tout doucement les rues en bain à ciel ouvert. L’orage déchirait le ciel de ses bruits sourds, laissant éclater des gerbes d’éclairs qui s’imprimaient comme des colonnes de feu à travers les rétines. Au milieu de ce tumulte, un jeune homme fonçait, tête baissée, vers ce qu’il considérait, à tort, comme essentiel. Salak ne parvenait plus à réfléchir, ses pensées se fracassant sans cesse sur le mur infranchissable de sa haine. L’image de la fouine verte, abaissant le bras, condamnant Egar a une mort certaine, dansait devant ses yeux. Il ne pourrait s’en défaire qu’une fois que la tête de Miri Naz Rhur serait enfin séparée du reste de son corps, qu’une fois que le sang serait lavé par le sang.

_ Juste comme ça, mais c’est quoi, ton plan ? lui demanda Oz d’une voix hésitante.

En effet, depuis que le jeune prince avait faussé compagnie au reste de la troupe, il semblait porté vers son objectif par une sorte de transe qui lui retirait la moindre possibilité de discernement. Sans être un stratège, Salak avait, de coutume, l’habitude de réfléchir, de prévoir et d’anticiper autant qu’il lui était possible de le faire. Cela dit, une fois que Miri rentrait en ligne de compte, le tempérament et les réflexes de bon sens du jeune garçon changeait du tout au tout.

_ Trouver ton frère et répandre son sang dans les caniveaux de la cité, lui répondit-il le plus simplement du monde, comme si cette entreprise ne souffrait d’aucune contrainte.

Oz soupira.

_ Je doute qu’il ne t’attende seul, les bras ouverts, acceptant son sort comme un condamné qu’on mène vers la potence.

Salak ralentit à peine le pas, et ne le regardait pas dans les yeux, fixant toujours l’objectif –ici la fin de la ruelle- comme un possédé, pourtant Oz ressentit aisément un changement ambiant lorsqu’il lui répondit. Le sol tremblait légèrement, et il avait de plus en plus de mal à tenir debout. Encore cet incroyable pouvoir royal qui le fascinait tant, quand bien même en subissait-il lui-même les effets.

_Ton frère nous est tombé dessus comme un lâche, cette fois-là, commença-t-il en crachant les mots plus qu’il ne les prononçait. Avec une douzaine d’homme surentrainé, et pourtant, il s’en est fallu de peu. Si seulement j’avais…

Oz devina les larmes de colère qui remplissait le visage de l’héritier du trône de Libéria. Le tonnerre secoua le ciel de plus belle, et cette fois, Oz tomba au sol, attiré vers les pavés par la force invisible relâché par son compagnon. Salak se stoppa, tenta de se calmer et se retourna pour tendre la main à celui qu’il considérait dorénavant comme un véritable ami. Il l’aida à se relever, affichant un sourire triste, déterminé et presque terrifiant.

_Tout ça m’a fait grandir, Oz. Je suis encore loin de maîtriser l’héritage des Maelys. D’après Kräal, je ne devrais même pas en être capable sans l’anneau, la relique familiale. Mais je ne suis plus l’enfant apeuré d’autre fois. Qu’il soit seul, ou accompagné d’un régiment de ces foutus assassins blancs, je ferais voler leur volonté en éclat. Je ne m’arrêterais que lorsque Libéria sera libéré du dernier des parias.
_ Puisse les cieux te donner raison, conclu Oz avec une certaine réserve.

Leur course folle continua, leurs pieds battant les pavés comme la pluie, qui s’abattait toujours sur la cité avec la même intensité. Oz restait silencieux, gêné par un sentiment qu’il n’arrivait pas à définir. Alors que la cache ou c’était plus que probablement retranché son frère était maintenant visible, encastré a même la roche au fond d’une ruelle délabrée, le mage semblait absorbé dans une profonde réflexion mêlée a une angoisse qui ne cessait de croitre. Même si il le haïssait comme personne, Oz connaissait son frère mieux que quiconque. Attendre la défaite tapis dans un trou n’était pas une option envisageable pour Miri Naz Rhur.
Salak ralentit l’allure. Sur les toits délabrés des constructions environnantes, les chiens de garde de la fouine ne prenaient plus la peine de se dissimuler. La porte de la cache s’ouvrit vers l’extérieur, laissant apparaitre une demi-douzaine d’assassins blancs. En comptant ceux postés sur les toits, c’était une dizaine d’ennemi surentrainé qui se tenait devant eux.

_Ou est-il ? Se contenta de questionner Salak, qui tentait de retenir sa colère pour la laisser s’échapper au bon moment.

Le jeune homme qui était sorti le premier de la cache ne répondit pas, se contentant de le fixer intensément de ses yeux d’un bleu délavé, comme absent. Derrière lui, une silhouette se détacha pour venir se placer à ses côtés.

_Salak Maelys… Oser te présenter devant moi avec comme seule escorte cet abrutit qui me sert de petit frère est loin d’être une preuve d’intelligence. Sans ce satané vagabond de Lys, cet Egar, tu ne ressembles qu’a un oiseau pour le chat.

La colère du jeune prince se mua en un sentiment bien supérieur lorsqu’il entendit prononcer le nom d’Egar. Son champ de vision se réduit, il ne voyait plus que Miri, les assassins blancs présent autour de lui ne comptait plus.

_Je t’interdis… de prononcer son nom…

La terre trembla, les assassins blancs présent sur les toits chutèrent lourdement sur le sol, ceux devant lui s’aplatirent sur le sol de la ruelle, écrasés par une force invisible contre les pavés sale et détrempé. Si Salak ne se contrôlait plus et que la plupart de ses adversaires luttait pour ne pas se fondre avec la pierre tellement l’attraction dégagée était énorme, Miri, vers qui il se dirigeait, la bave au lèvres comme un chien enragé, lui, se tenait debout, bien campé sur ses deux pieds.

_Que… Comment ?!

Le dirigeant de la guilde des marchands de Libéria réajusta sa tunique olivâtre, plaça une main devant sa bouche de façon maniérée pour masquer un petit rire sadique. Il finit par éclater d’un fou rire libérateur. Après tout, c’était un pari risqué. Si son plan n’avait pas marché, il serait, comme Zaël qui lui tenait compagnie lui aussi bien campé sur ses deux pieds, entrain de manger les pierres de la cité, écrasé comme ses hommes par un pouvoir qui dépassait l’entendement.
Il leva la main droite vers Salak, la faisant tourner sur elle-même.

_Cet anneau te dit-il quelque chose, Salak Maelys ? Après tout, et aussi fou que cela puisse paraître, tu ne l’as, à ma connaissance, jamais porté.

Salak reconnu sans mal l’anneau familial, qu’il n’avait, il est vrai, jamais porté. C’est cet artefact qui permettait, couplé au sang des Maelys, d’utiliser le pouvoir de commandement. Un pouvoir qu’il était capable d’utiliser sans y avoir recourt. Le problème étant qu’il n’avait jamais pensé que l’artefact pouvait annihiler son propre pouvoir.

_Vu la débâcle de ta lignée et mon influence, le subtiliser n’a rien représenté d’insurmontable. Je suis même parvenu, tant bien que mal, à en faire une copie. Zaël, que je te présente, en a bénéficié. Tu vas mourir, Salak Maelys. Les mois que tu as grappillé n’était qu’un sursis. Tu es trop bête, aveuglé par ta haine… Il te suffisait d’attendre, de débarquer ici avec le vieil ours. Oh, bien sûr, j’aurais vendu chèrement ma peau, mais mon sort aurait été, au mieux, l’exil. Tu n’es qu’un sale gamin qui m’aura mis des bâtons dans les roues trop longtemps. Tue-les, Zaël. Tous les deux.

Le dénommé Zaël, toujours aussi inexpressif, se mit en marche comme une bête apprivoisée. Il fondit sur eux comme un rapace, les serres remplacées par une épée affûtée. Salak esquiva le premier coup d’estoc, contra le coup de taille qui suivit tant bien que mal et recula d’un pas. L’assassin se retourna vers Oz, qui restait prostré sur place. Son épée transperça son bas ventre, et le mage ne put qu’ouvrir de grands yeux de surprise, portant les mains à la plaie béante qui dégoulinait de sang se mêlant à l’eau de pluie. Il tomba au sol, le souffle coupé.

_Oz !!

Le jeune prince voulu lui porter secours, mais son opposant l’assaillit de passe d’arme qu’il ne put esquiver totalement. Il tomba à la renverse, mal en point, et son emprise sur les autres assassins blancs se dissipa. Même si son adversaire ne devait pas être beaucoup plus âgé que lui, sa maîtrise de l’art de l’épée était impressionnante. Si Salak pouvait sa targuer d’être plutôt doué en la matière, ce n’était pas un expert, et sans le pouvoir de commandement, il ne restait, finalement, qu’un épéiste comme un autre. Sur le dos, la face dirigée vers le ciel qui continuait à verser des trombes d’eau sur la cité, il ne put que regarder Zaël le surplombé, arme à la main, prêt à en finir. L’assassin jeta un regard a son maître, qui hocha la tête en signe de consentement. L’épée fut levée, prêt à en terminer avec la vie de Salak Maelys. Une vie de fuite, de vengeance non accomplie et de sang. Ses dernières pensées se partagèrent entre le souvenir d’Egar, tombé il y a des mois, et celui d’Oz, son seul ami, qui se vidait de son sang juste à côté de lui sans qu’il ne puisse y faire quoi que ce soit. Trop faible, il s’était reposé sur le pouvoir de l’anneau. Au Crépuscule de sa vie, le jeune prince sourit. Un sourire triste, résigné.

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06 juin 2021 à 00:40:24

XVII.

Si la cité était un corps humain, alors ses basfonds pouvaient être considéré comme ses entrailles. Un endroit ou se mélangeait toute sorte de résidu. Du plus pauvres des mis de côté au plus cruel des bandits. Du plus sale des bouseux au plus maniéré des marginaux. Un endroit qu’il chérissait bien plus que les beaux quartiers ou cette horrible salle du conseil. Tout, ici, paraissait plus vivant, plus authentique. Si Maynar ne pouvait échapper continuellement aux séances du conseil des quatre et à son rôle de protecteur de la cité, c’est ici, dans l’agitation des bas quartiers, qu’il passait le plus clair de son temps. Le jeune homme, revenu d’une mission aussi éprouvante qu’intéressante à plus d’un titre dans les terres du Nord il y a quelques jours à peine, ne dut pas chercher bien longtemps après de nouvelles péripéties.
Maynar faisait preuve de comportement et d’habitude pour le moins inhabituelle. L’une d’entre elle consistait, les jours de pluie, à rester prostré sur les toits des bâtiments de fortune qui composaient les bas quartiers, profitant de la pluie et de l’orage comme si c’était un élixir de jouvence. Une habitude qui, ce jour-là, lui permit d’observer un drôle de manège. D’abord, les hommes de Miri, ces foutu assassins blancs, qui prenait place sur les toits, à quelques dizaines de mètre de sa position. Leur présence ici attira forcément son attention, réveillant son sens du combat et son intérêt. La suite fut décousue, mais il ne fut pas déçu. Entre l’arrivée de ce qui ressemblait furieusement au fantôme du jeune prince en exil –Kadoc semblait donc avoir raison- et la sortie improbable de cette sale fouine de Miri d’une bicoque qui menaçait de s’effondrer, sa passion étrange qui consistait à se laisser rincer par la pluie en écoutant la mélodie du ciel qui se déchirait n’avait jamais été aussi bien récompensée.

_Miri Naz Rhur… Arrête-moi si je me trompe, mais cet homme, qui s’apprêtait à passer l’héritier légitime du trône de Libéria par le fer, n’est autre que l’un de tes subornés. Ce qui équivaut à une tentative de régicide… N’est-on pas la en face de ce qui se fait de pire ?

La voix du jeune homme montait dans les aigus, visiblement amusé par la situation. Il finit par éclater de rire, se tenant le bas ventre et exagérant sa gestuelle. Zaël, repoussé par l’intervention inattendue, le fixait d’un air stoïque, comme si l’intrusion ne représentait qu’un contre temps parmi d’autre. Miri, quant à lui, ne put contenir son ressentiment. Il cracha au sol, ses yeux semblant vouloir sortir de leur orbite pour aller directement agresser ce sale gosse qui venait lui mettre des bâtons dans les roues.

_Eh… votre majesté… l’heure de la sieste est provisoirement repoussée, continua Maynar sur le même ton. Sans vouloir vous pressez, peut-être pourriez-vous remettre votre noble corps sur ses deux pieds ?

Salak reprit peu à peu ses esprits. Ses côtes le faisaient souffrir le martyre, probablement brisée pour certaines d’entre elle. Sa jambe droite avait été salement entaillée et se tenir debout n’était pas une mince affaire. L’urgence de la situation éclata subitement, et il se rua vers Oz, qui gisait à quelques mètres de là. Le mage et jeune frère de son ennemi juré avait perdu connaissance et baignait dans une marre de sang. Le prince le secoua comme un ballot de linge sale, ne réussissant qu’à faire couler plus de sang de la plaie béante qui colorait sa tunique habituellement si bien tenue. Son regard emplit de fureur se tourna vers Zaël, avant de se remémorer son échec cuisant lors de leur affrontement. Sans la possibilité d’utiliser le pouvoir des Maelys, il n’avait aucune chance.

_Encore un peu trop court que pour rivaliser à l’épée avec les plus grand de ce monde, votre majesté ? Ironisa Maynar comme si il pouvait lire dans ses pensées.
_Je vais l’égorger, lui arracher les tripes…

Salak ne regardait plus Zaël mais bien Miri, qui avait définitivement abandonné son air supérieur. Le représentant de la guilde des marchands fit voltiger sa tunique olivâtre et se réfugia à l’intérieur de la cache après avoir ordonné à ses hommes de s’occuper du reste. L’attitude de Miri, une précipitation mêlée d’une certaine terreur, les laissèrent légèrement dubitatif. Leur maître n’avait pas l’habitude de paniquer. Tout paraissait toujours sous contrôle, comme si les éléments extérieurs n’avaient que peu d’emprise sur les réussites ou les échecs de Miri Naz Rhur. Conditionné à suivre les ordres sans poser de questions, et libéré momentanément de la terrible attraction qui les avaient cloués au sol, ils n’hésitèrent pas plus d’une seconde et se jetèrent comme un seul homme vers celui que leur maître avait désigné comme l’homme à abattre.

A quelques dizaines de mètre de la, Maynar et Zaël s’affrontait en duel, faisant vibrer leur lame, dans un déchainement de violence impressionnante. L’enfant terrible de Libéria jouissait intérieurement à l’idée de croiser la route d’un tel adversaire. En effet, l’assassin blanc aux yeux délavé résistait sans trop de peine à sa puissance, parant les assauts tout en y répliquant de manière précise et incisive. Une danse sanglante d’une rare intensité détacha les deux protagonistes du reste de la scène. Emporter par sa fougue, laissant sa puissance se déverser sur un adversaire capable de lui tenir tête en duel, Maynar oublia Salak, oublia Libéria, oublia même jusqu’à l’existence des autres assassins blancs. Plus rien ne comptait désormais, si ce n’est la joie profonde et indescriptible de faire danser sa lame face à un adversaire qui semblait, enfin, capable de lui tenir tête en duel.

Devant la porte de la cache, alors qu’il s’apprêtait à emboiter le pas à son pire ennemi, Salak vit la dizaine d’assassin blancs se ruer sur lui. D’une impulsion interne plus ou moins contrôlée, il libéra le pouvoir des Maelys, ce qui entraina un effet de gravité qui cloua au sol les assaillants. Le jeune prince avait de plus en plus de mal à réfléchir. Il aurait voulu porter secours à Oz, gisant toujours au sol, mais ne voyait pas bien ce qu’il aurait pu faire pour lui dans l’immédiat. Ce qui lui paraissait évident, en revanche, c’est ce qu’il lui était possible de faire, maintenant que Maynar s’occupait du monstre de puissance qui lui avait fait mordre la poussière et que l’annihilation du pouvoir royal n’était plus d’actualité. Les tuniques blanches restaient clouées au sol, s’enfonçant dans les pavés gorgé d’eau de la ruelle, écrasé pour une force invisible. Salak ramassa son arme, se dirigea vers l’assassin le plus proche et lui enfonça le bout de sa lame dans la gorge, y touillant comme avec une cuillère en bois. Le souvenir funeste de cette après-midi d’été, sous un soleil de plomb, lui revint encore une fois à l’esprit. Il voyait Egar, et pouvait encore ressentir son courage et son abnégation aux portes de la mort.

_Pour Egar, murmura-t-il en retirant sa lame.

Le visage du vagabond de Lys ne quittait plus son esprit. Il ne parvenait plus à ordonner ses pensées, et se contenta de continuer son labeur. Il enfonça une nouvelle fois sa lame dans la gorge d’un deuxième assassin, qui rendit l’âme presque immédiatement. Un peu trop rapide.

_Pour Egar.

Il continua ainsi, en pilotage automatique, un léger rictus prenant place tout doucement au coin de ses lèvres pincées. Il prit son temps pour le troisième.

_Pour Egar.

Il entreprit de découper le quatrième en morceau, lui tranchant les membres tout en maintenant son emprise sur le reste des assaillants, qui ne pouvait qu’assister avec stupeur à la suite des événements. Après quelques minutes, il ne restait plus que deux assassins blancs encore en vie. Autour de lui, un amas de membre découpé, de sang et d’horreur avait pris possession des lieux. Un véritable bourbier que Kräal, après avoir remis l’armée sur pieds et retrouvé la trace du jeune prince, fut le premier à découvrir.

_ Qu’est-ce que…

Salak se tourna vers lui, l’air absent, continuant d’enfoncer sa lame dans le corps du dernier assassin blanc respirant encore, comme on pique une saucisse pour laisser échapper sa graisse.

_ Tu tombes bien. Oz a besoin de soin, j’espère que tu pourras t’en occuper. Je dois de nouveau m’absenter, le vieux. Miri m’a filé entre les doigts, je suis désolé. Je m’en vais de ce pas rattraper cette erreur.

Si le commandant des armées de Libéria mit quelques secondes à réagir, il finit par reprendre pied. Ce n’est pas tant le déchainement de violence, la torture et le massacre qu’il avait devant les yeux qui lui posait problème –Kräal en avait vu d’autre- mais plutôt le comportement du jeune prince, qui s’était changé en monstre froid et sanguinaire du jour au lendemain. Lorsqu’il posa une main sur son épaule pour le forcer à se retourner vers lui, le prince usa du pouvoir royal pour se dégager, obsédé par le fait de continuer sa macabre entreprise avec le clou du spectacle ; la tête de la fouine. Plus rien ne semblait pouvoir avoir de prise sur l’esprit de Salak. Kadoc vint à la rescousse de son père, mais ne parvint, lui non plus, a aucun autre résultat qu’a de l’indifférence mêlée d’une impuissance au gout de frustration. Les deux Nibelungen, connu pour leur force physique colossale, ne pouvait empêcher le jeune prince d’avancer. Le pouvoir des Maelys ne se déclenchait plus vraiment, il semblait constamment activé, comme bourdonnant autour de la scène de manière lourde et continue. Kräal en profita pour se placer devant lui, l’empêchant d’avancer vers la cache ou Miri n’était sans doute déjà plus, bien trop malin que pour s’être auto enfermé en attendant la mort.

_ Ecarte toi, le vieux. C’est un ordre.

La voix de Salak était rauque, désincarnée. Au grand dam du vieil ours, ce jeune gamin qu’il avait appris a aimé s’était perdu, égaré dans les rouages de la haine et du ressentiment. Il porta un regard sur Oz, que ses hommes venaient de prendre en charge. Avec nostalgie, il se souvint du jour où il l’avait sorti sans ménagement de ses appartements, ce qui avait marqué le début de cette épopée qui devait se terminer ici, sur les pavés détrempés de la cité si cher à son cœur. Il sourit, conscient que cette méthode, critiquable, avait finalement porté ses fruits.

_Je n’ai d’ordre à recevoir que de l’homme qui occupe le trône de cette cité, ce qui n’est pas encore ton cas, gamin. En espérant que tu ne m’en voudras pas.

Le poing du colosse s’abattit avec force sur la face du jeune homme, qui fut propulsé en arrière et retomba lourdement sur les pavés sous le regard incrédule du reste de l’armée qui l’avait suivi. Kräal se massa le poing. Il avait tapé fort, peut-être un peu trop. L’orage prit fin, le vent retomba et la pluie se réduisit à un crachin insignifiant. Le commandant des armées se retourna vers ses hommes.

_Emmenez les blessés à l’infirmerie, fouillez cette cache et les probables tunnels qui y sont creusés. Je veux un rapport complet sur l’état de la cité le plus vite possible, vous vous reposerez une fois que tout sera sous contrôle.

Son autorité naturelle ne subit pas la moindre contestation et ses hommes s’exécutèrent. Le vieil ours souffla. La situation paraissait plus ou moins sous contrôle. Il tuerait pour pouvoir, enfin, déguster un verre de Géordin posé à son bureau, au coin d’un bon feu. Une perspective qui ne cessait d’enfin se rapprocher.

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MP
Niveau 15
06 juin 2021 à 01:01:18

Epilogue.

Les derniers rapports de ses hommes ne contenaient pas grand-chose d’intéressant. Une année entière venait de s’écouler depuis son retour à Libéria et Miri Naz Rhur restait introuvable. L’ancien chef des guildes marchandes, qui avait fui la queue entre les jambes tout en devenant l’homme le plus recherché du pays, possédait toujours une tête attachée à un corps. Ce qui, pour Salak, témoignait de son impuissance, de son échec. La plupart des observateurs considérait le retour du jeune prince comme une opération réussie à tout niveau. Hormis les hommes de Miri, presque aucune perte humaine n’avait été déplorée. Les ennemis de la lignée originel furent balayés, et ceux qui avait laissé faire se retrouvèrent pendu ou, au mieux, banni et contrait à l’exil. Ce qui fut le cas d’Ömuur Krastak. L’ancien commandant du renseignement et membre du conseil des quatre échappa à la pendaison après un procès agité. Son amour de la cité et son dévouement envers Libéria fut pris en compte, et Salak estima –a raison- que l’exil, pour cet homme, serait un châtiment bien plus difficile à accepter que la mort. Libéria se réorganisait et respirait à nouveau un air sain.

Il laissa tomber ses dossiers et emporta son verre de Géordin, se calant le plus confortablement possible sur le muret de la terrasse, laissant son regard parcourir les plaines entourant la cité. Il buvait trop, ces temps-ci. Revenu à Libéria comme un fantôme, les citoyens l’accueillir comme un héros. Après les nombreux procès pour trahison, Salak Maelys reprit la place qui lui revenait de droit, succédant à son père sur le trône de Libéria. Sa course folle avait pris fin, sa situation s’était stabilisée et ses objectifs accomplit. Mais que lui restait-il ? Egar était mort, et Miri, lui, respirait toujours. Sa famille avait été anéantie, et il ne restait ici que de lointain parent. Oz avait succombé à ses blessures, ce qui l’avait rempli d’une profonde tristesse. Le jeune mage fantasque lui avait permis de tenir bon, dans les moments difficiles. Mais même lui, désormais, n’était plus là.

Salak passait son temps à boire et à ruminer le passé. Le jeune prince continua également à cultiver l’étrange pouvoir qui coulait dans ses veines. Si Miri avait emporté l’artefact royal dans sa fuite, il ne lui avait jamais été indispensable pour user du pouvoir de commandement. Une capacité qu’il travaillait chaque jour. Seul et lessivé par une existence bien trop dur à supporter, il tenta, comme à l’époque, d’inverser le pouvoir des Maelys. Les paroles du vieux Yagami lui revenait souvent en tête, mais il n’y prêtait pas attention, focalisé sur le seul objectif qu’il s’était fixé ; réveiller Egar. Au lieu de faire courber l’échine, d’aplatir et de soumettre, le jeune prince commença à tenter de faire l’inverse.

« Cours vers des horizons inconnus, vole après tes propres chimères, renverse ce que tu considères comme injuste. Personne ne te l’enlèvera. Regarder le passé avec tendresse est une première étape vers la guérison. Pour le reste, mon enfant... ce qui est retourner à la terre doit y rester. A force de vouloir ramener ce qui est déjà partit, tu finiras par faire sortir autre chose. Une chose qui n'attend qu'un coup de main pour revenir à la surface. Prend les bateaux, navigue vers le continent oublié... rencontre les insulaires... fais ton deuil. »

Il finit son verre, et chassa l’image du vieil homme. Tout ça paraissait si loin, désormais. Akihiro, qui, lui, survécu à ses blessures, retourna aux îles d’été. Kelyn et Udor retrouvèrent le continent oublié et le village de la brume. Oz avait définitivement tiré sa révérence. Ne lui restait que des souvenirs et des regrets. On frappa à la porte de ses appartements. Ce qui ne manqua pas de l’intriguer, vu l’heure tardive.

_Entrez, ordonna-t-il d’une voix plus agressive qu’il ne l’aurait voulu.

Un homme en tenue sombre, plutôt âgé, s’inclina légèrement vers lui en signe de respect.

_J’espère que je ne vous dérange pas, majesté. Si vous êtes disposé à me suivre, je serais ravi de vous présenter nos progrès.
_Donnez-moi une minute.

Salak déposa son verre, enfila une légère laine et suivit l’inconnu à travers les couloirs du château. Ils descendirent vers les cachots, puis vers les oubliettes. Ils allumèrent les torches pour y voir plus clair, et continuèrent à s’enfoncer dans les profondeurs.

_On a dû le descendre le plus bas possible… il fait beaucoup de bruit et se montre très peu coopératif.
_Vous voulez dire que… serait-il possible…
_Encore un peu de patiente, majesté, et vous pourrez le constater par vous-même, lui répondit l’homme de manière amusée.

Ils continuèrent leur descente vers les entrailles de la cité. Les cris, ou plutôt les grognements, se firent de plus en plus audible. Dans une cellule crasseuse, un homme se débattait, mordant les lourds barreaux de métal qui le séparait de Salak, bavant et grognant comme un fauve. Un homme qu’il connaissait vaguement, puisqu’il avait ordonné sa pendaison il y a quelques jours à peine. Son cou était tordu comme une branche cassée, mais il respirait, semblait doué du sens de l’ouïe et de la vue, et se comportait bel et bien comme un être vivant.

_ Toi…

Salak passa sa main à travers les barreaux, fasciné, prêt à caresser le forcené. Il la retira juste à temps.

_Félicitations, votre majesté. Il semblerait que vous ayez réussi.

Le jeune prince éclata d’un rire libérateur, sans pouvoir s’arrêter. La vue de l’homme au cou tordu changerait sa vie, et par la même occasion, le monde dans son ensemble. Désormais, plus rien ne semblait impossible pour Salak Maelys.

FIN

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