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Sujet : Il pleut cette nuit là

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--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
05 février 2016 à 11:26:03

Il pleut cette nuit là

Minuit, à l'attendre. Il roule sur le côté, agrippe le réveil usé par les rêves interrompus de l'homme. Couinant, il échappe de sa main pour venir se fracasser au sol. L'homme soupire, et gémit. Roulé en boule sur le lit, il fixe la fenêtre, pour ne voir au-delà du voilage de tissu qu'un rideau de pluie. Toute trace du jour a disparu depuis longtemps. De même que le soleil, remplacé par cette pluie, cette interminable pluie qui n'en finit pas de dégouliner contre les fenêtres.
- Temps de merde, grommelle-t-il en se redressant.
Un objet gêne ses pieds. Un livre usé, aux tranches jaunis, qui ne sens plus le neuf depuis très longtemps. D'un coup de talon, l'homme envoie l'objet au sol. L'Attrape-coeur, Salinger. Son livre de chevet, il le déteste. Elle semble prendre un malin plaisir à le laisser traîner ici. Elle ne vient pas depuis très longtemps, trois semaines ou moins, pas plus. Assis, il voit la vilaine couverture bariolée, rugissement échevelé sur le tapis usé où meurent quelques sous-vêtements sales. Elle a encore oublié de ramasser son linge en partant ce matin. Une manie de plus, qu'il supporte sans s'agacer. Il faudra qu'il lui dise, un jour, qu'il préfère l'ordre et le calme. Tout dans la maison trouve sa place. Trouvait, plutôt, avant qu'elle ne promène ses doigts sur les étagères de la salle, de la cuisine, de la chambre. Avant qu'elle ne prenne un malin plaisir à tout déranger, sourire en coin et lèvre mordue dans un regard provoquant, à son adresse.
Jour, avec elle. Nuit, sans. Le contraste de sa présence et de son absence figure l'aune qui rythme ses jours. Elle travaille, lui pas. Elle sort souvent, lui pas. Elle aime commander des plats préparés, lui pas. Elle aime lire, lui pas. Elle aime passer ses dimanches dehors dans le froid, lui pas. Ils n'ont rien en commun, songe l'homme, sinon ce sentiment ténu qu'un coup de vent semble pouvoir venir éteindre d'un moment à l'autre.
Minuit, à l’attendre. Il s'affale dans le canapé, télévision éteinte. Et la pluie dehors, encore la pluie, toujours elle, qui tombe en secouant les feuilles du grand bouleau charnu, ombre dans le ciel purpurin de la nuit. La ville qui respire sous l'eau, l'éclat des lampes à sodium donnant une couleur étonnante à ces nuages plats.
Il aime bien, de ce salon, fixer le sale temps qui pleure, qui crie dans le bruit des flaques traversées par une voiture, à l'occasion. Sa voiture à lui, elle dort au garage, bâchée. Il ne peut plus la sortir. Trop peur, trop de contraintes. Il se demande quand, la dernière fois. Il se souvient, pourtant, de l'odeur du sable à l'intérieur, avant, bien avant. La chaleur de l'été qui remontait sur la route de la plage, musique hurlant les enceintes, sourire plaqué et coiffure gominé. Jeune, tellement jeune et riche, insouciant, loin avant, dans le rouleau perpétuel des vagues qui le chahutait. Et aujourd'hui, plus rien, la vieille Buik qui meurt au fond d'un garage. Cela le fait sourire, une larme coule sur sa joue.
Un éclair zèbre le ciel. Un éclair long, rempli de douleur, presque jaune derrière le couvert des nuages. Souvent, la foudre prend cette couleur lorsqu'elle tombe sur les pylônes du MYKL, la grande antenne à l'est, sur les collines couvertes de pins odorants. La main de Dieu tend un doigt vengeur vers l'endroit de leur rencontre. Une soirée chez des amis communs, une grande fête, costume de société et champagne surfait, à traîner autour de la piscine dans de grands canapés en osier, hors de prix. Il s'ennuyait, elle aussi. Ils avaient passé la nuit entière à parler, jusqu'au petit matin, jusqu'à voir le soleil se lever sur les pentes de la ville, au-dessous d'eux. Ils étaient rentrés en taxi, dans la fraîcheur du jour naissant. Ils avaient fait l'amour, elle avait appelé son lieu de travail, pour ne pas y aller. Une journée idéale, un bonheur pur et sans tâche.
Cela avait été la plus belle journée de sa courte et misérable vie de rentier.
Et puis elle avait repris le travail, le lendemain. Urgentiste. Des missions au loin, de l'autre côté de la baie, dont elle ne disait rien, au début. Les habitudes aussi, qui reviennent soudain, comme cet ennui pour lui, cet impossible temps libre pour elle, et le croisement vif des nuits, la rencontre au sein du lit, sans projet, sans mot, plein d'amour. Ne pas parler, ne pas briser le moindre espoir. Mais il tremble, comme une feuille, en songeant qu'elle prenait des risques, là-bas. Avec les Événements… Et toutes ces choses qu'on racontait dessus. Comme les Visiteurs, les Revenants, les Naufragés. Sa pudeur à elle, ne pas en parler, cela l'effraye.
Second éclair, toujours sur les collines à l'est. Deux, trois, douze, vingt, cent d'affilés. Ce n'est pas normal. Son cœur se serre. Elle n'est pas rentrée. San angoisse de la perdre mord la réalité, ses perceptions se déforme. Il se roule en boule sur le canapé. Si seulement il avait un peu de courage, il l'appellerait. Mais non, c'est insupportable.
L'homme ferme les yeux. Il est si bien, coincé contre le montant tendu de tissu. Il agrippe un oreiller, s'endort.

Ça n'était qu'une vilaine tempête. Pas grand-chose, à peine quelques toits abîmés, un quartier privé d’électricité, toujours le même, La Pointe. Mais cela a suffi à la retarder, travailler toute la nuit pour assurer la garde d'un ami, aux urgences publiques. Pas grand-chose, sinon trop d'activité pour décrocher son téléphone, lui dire qu'il ne s'inquiète pas. Elle sait son cœur fragile, et son esprit fécond.
Le matin arrive en cortège, brume et rougeur du ciel au-delà des pins. Odeur suave de la résine, qui l’enivre. Elle va pouvoir dormir.
Minuit a passé. Il a beaucoup plu cette nuit-là. Les yeux grands ouverts, il est coincé dans le canapé. Il l'a attendu, elle n'est pas venue. Elle se penche, veut l'embrasser, mais déjà la mort l'a cueilli.

[B]etween [B]etween
MP
Niveau 10
05 février 2016 à 19:55:33

"Ses perceptions se déformeNT" :-((

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
10 juin 2016 à 14:36:55

Lu !

"Il roule sur le côté, agrippe le réveil usé par les rêves interrompus de l'homme."

Le début nous brouille un peu, tu ne nommes par le personnage, si ce n'est par ce il. Alors pourquoi pas, mais juste après tu écris "de l'homme". Comme si le "il" et "l'homme" ne se référaient pas au même personnage. Peut-être suis-je passé à coté de quelque chose, mais sinon un simple "usé par ses rêves interrompus" nous aurait simplifié la tâche.

"Couinant, il échappe"

Du coup là on rattache le "il" au dernier sujet, soit "l'homme". On comprend avec la suite de la phrase, mais c'est bancal.

"Avant qu'elle ne prenne un malin plaisir à tout déranger"

L'expression "malin plaisir" est répétée : elle est déjà présente plus haut. C'est peut-être volontaire cela dit.

"Cela le fait sourire, une larme coule sur sa joue."

Trop mélo pour moi, tu retranscris déjà bien sa mélancolie sans passer par les larmes.

Un bon texte, mais avec un style fourni que l'on relit parfois. Le fait qu'il meure à la fin m'a paru bizarre, je cherche pourquoi une telle fin s'imposait par rapport au fond du texte. Leur amour me semblait banal, caractéristique, alors pourquoi mènerait-il à la mort et non à une vie simple, ordinaire (c'est à dire complexe, problématique, comme tu le montres dans ce récit) ?

Bon annif' de modé au Schreibenführer ! https://www.noelshack.com/2016-23-1465423228-portrait-de-joseph-staline-sticker-rond-rae2e90691d8d414ab9b182e15489073f-v9waf-8byvr-324.jpg

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