- J'ai hésité je crois.
- Pardon ?
- J'ai hésité à t'écrire autrefois. Oh j'avais si peur.
- De quoi avoir peur ?
- Peur de ne pas être ici ou là-bas, penser amèrement que la vie passe plus vite sans toi.
- Tu n'as plus à être effrayé, qui suis-je désormais.
- Le fantôme délétère d'une femme que j'ai aimée. Une femme dont les cheveux ondulés flottaient dans le vent. Et le vent semblait tout à toi. J'ai prié pour croiser ton regard encore.
- Je suis là.
- A quel prix ? Et jusqu'à quand ?
- J'entends la brise matinale...
- Etre une fois encore assis à ta gauche, et voir fleurir l'étincelle pensante de ton idéal. Voir encore la naissance marginale de tes seins nus. La courbe révolte d'une vague qui s'enfuit. Et c'est la nuit qui s'enfuit loin de moi, et jamais plus les grillons ne chanterons pour nous.
- Je la sens qui m'appelle.
- Et la dorure gracieuse de tes cheveux châtains... Te souviens-tu de cet hiver ?
- Un sourire plus sincère que les autres. Je me rappelle d'un habit délavé et de tes souliers.
- Oh comme j'ai peur, comme le temps semble passer loin de moi.
- Il fuit et se prélasse.
- Il se prélasse ?
- Du temps que nous passions à ne plus y songer.