Salut tout le monde !! ^^
C'est votre fidèle Habiatio pour ce topic, mais bon, je n'arrive étrangement plus à me connecter avec mon compte original, alors je le fais avec celui-là, qui à l'air de marcher. Aussi, veuillez me pardonner ce pseudo, il date déjà un petit peu, ce compte !

Bon, alors, le sujet de débat, ici, est celui qui est... Bah... Bah c'est le titre en fait. Mais bon, je ne sais si j'ai été vraiment clair.

Donc, selon vous, est-ce que le fait de mesurer ses vers au millimètre près (ou en occurrence à la syllabe près), c'est pas un petit peu passé de mode ?

Genre les sonnets. Bon, pour ceux qui ne savent pas, un sonnet, c'est deux strophes de quatre vers (en alexandrins le plus souvent), suivis de deux strophes de trois vers (en alexandrins aussi le plus souvent).

Moi, je trouve ça très beau, quand c'est très musical.
Mais il y a aussi l'impair !

Car, comme disait Verlaine, si je me souviens bien :

"De la musique avant toute chose
Et pour cela préfère l'impair
Plus léger et soluble dans l'air
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose."

Bon, remarquez, on aura tendance à me dire que Verlaine en lui même est déjà passé de mode de puis UN BON BOUT TEMPS.

Mais bon, moi je trouve ça beau même si ce n'est pas mon poète préféré (coucou Baudelaire ! ^^).

Mais je m'égare du sujet.

Donc, je trouve ça magnifique quand c'est beau, qu'il y a des images, et je trouve que quand il y a des vers bien mesurés, ça rajoute une essence, une musique.

Bon, après me faite pas dire ce que j'ai pas dit, hein ! :P
Je suis conscient qu'il y a des textes non métrés et / ou non rimés qui sont magnifiques aussi.

Personnellement, je trouve que dire que tout ça c'est passé de mode, c'est un petit peu (beaucoup), renier son histoire (ou en tous cas, l'histoire de la poésie). Après, bien sur, je peux aisément comprendre que l'on trouve ça vieux, fade, chiant comme bonjour etc...

Mais moi, je ne peux pas m'en empêcher (et pourquoi est-ce que je m'en empêcherais d'abord ? ), je trouve ça tellement beau !

Et donc, vous dans l'histoire ?

Gros +1, je trouve les poèmes d'antan beaucoup plus beaux. Un petit coucou à Baudelaire aussi

Je pense que le phénomène de la perte de la métrique est tout simplement naturel, et dans l'ordre des choses.

Exemple : Tragédie classique style Racine -> Evolution drame romantique par Hugo.
La Fantasy/fantastique minime de Poe -> Evolution à la fantasy pure et dure, Lovecraft, Tolkien etc...
Les romans d'anticipation -> Evolution SF pure et dure.
Théâtre versifié -> Evolution théâtre contemporain
Poésie versifié -> Evolution poésie en prose par Baudelaire, puis poésie contemporaine.

Les choses changent, évoluent.

Rien ne se créer, tout se transforme, et de facto rien ne se perd

la métrique passée de mode je sais pas...

ça dépend.

Mais d'un point de vue général, quand tu vois ce qu'est la poésie contemporaine, c'est vraiment minable

J'étais sur le rebord
de ma fenêtre
bâillant aux corneilles
devant Dieu
personnifié en Soleil
et je m'ennuyais.

Non ce qui est passé de mode, c'est la poésie de Sens, la poésie de réflexion, la poésie de l'éternel. On est aujourd'hui dans l'ère de la poésie sans cohérence, très spontanée, la poésie fast-food, quoi.

La métrique, c'est donc pas vraiment du problème selon moi. Aujourd'hui la métrique n'est pas passée de mode je pense puisqu'elle peut permettre - même si il est de bon temps de prendre des libertés, de jouer de cette métrique "classique" - de différencier le poète du chômeur alcoolique qui déblatère.

• de bon ton*

Je rejoins LeRoiSodom, je n'ai jamais écrit que des sonnets, et je ne pense pas que ce soit démodé. Personnellement je suis perdu si je ne réfléchis pas à la métrique. ^^

De mon point de vue c'est aussi un bon moyen pour apprendre, et se donner un canevas.

Je ne rejoins pas forcément les raccourcis d'Oppan, puisque ce n'est pas une question de genres mais de formes. La modernité en poésie est plus comparable à la modernité en peinture : au poids que prend la couleur sur le dessin.

Cela étant dit, les questions sur la métrique datant justement de Baudelaire et de ses contemporains, c'est loin d'être une problématique contemporaine, et je ne trouve pas, qu'en 2014, ce soit une question qu'il faille se poser. ^^

après pour élargir un peu le sujet et ajouter une touche de pessimisme, je dirais que c'est tout l'appareil poétique qui est "passé de mode"

Pour moi Baudelaire, c'est l'essence poétique même, avec Ronsard et Villon...

Sinon, en effet, j'avais remarqué cette perte de cohérence infinie qu'il y a dans la poésie moderne. Enfin je dis moderne, mais pour moi, le poète moderne par excellence c'est Apollinaire.

En fait, LeRoiSodom, je me demande si ça a été un jour à la mode ?
Est-ce que la poésie a déjà été populaire ? Les grands poètes que l'on connait faisaient tous parti d'une haute élite d'intellectuels, très fermée sur elle même, et qui se jugeaient entre eux. Peut-être qu'il était de bon ton de les lire dans les hautes société, mais c'est tout, non ?

Je dis ça mais j'en sais rien en fait, hein. ^^

je suis tout à fait d'accord, 24bits

Bah regarde un homme comme Brassens. Un homme comme Trenet ou Brel. Bon d'accord, c'est peut-être pas de la poésie au sens où on l'entend ici, mais bon, ils plaisaient en général pas qu'aux bourgeois !

Après, tu sais, je pense que la poésie à fait son temps... Malheureusement... Enfin, je déconne, mais on à Booba pour rattraper le coup hein !

Tout à fait hap. J'ai oublié d'en parler ; la poésie chantée, ou la chanson a texte, a eut en effet un impact.

Après est-ce que la poésie est morte, je ne pense pas non plus. Il y a encore une petite bande de poète aujourd'hui, Yves Bonnefoy étant peut-être le plus connu (vieux mais bon). Houellebecq en a écrit aussi, mais de ce que j'ai lu c'était mouais.

Et j'avais lu quelque part un article qui disait que la poésie se portait plutôt bien en France, et qu'elle se vendait même plus qu'au début du siècle dernier. Que bien sûr elle s'adresse a un public connaisseur, mais bon, ce serait intéressant de constater que la poésie a peut-être, au final, toujours eu un public constant.

Ouaip, c'est... Vrai.
Le chant est une toute autre manière de faire ressortir les émotions... La légende de la nonne - La ballade des dames du temps jadis.

Mais c'est vrai que, pour revenir à ce que disait LeRoiSodom plus haut, la poésie d'aujourd'hui, en général, c'est... Ouah...

Enfin moi, je continue à me crever les yeux sur les fleurs du mal... J'arrive pas à croire que sur SensCritique je trouve des mecs pour noter Baudelaire en fonction des notes qu'ils ont eus au BAC en étant tombés sur une oeuvre des Fleurs du Mal...

T'es sur senscritique ? File ton pseudo :D

MrProusty ! ^^

D'ailleurs je suis co là... ^^ !!

Tenez. Deux exemples de choses métrées et non métrées qui sont toutes deux magnifiques :

La Vie Antérieure - Baudelaire

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Une hémisphère dans la chevelure - Baudelaire (qu'est ce que vous voulez, je sais qu'il n'y a pas que lui mais bon... ^^)

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.

Oui, la poésie en prose est aussi un moyen de faire de la belle poésie ; sans métrique mais avec de la musicalité. Et qui assume pleinement sa forme de prose, pas en tentant de jeter de la poudre aux yeux avec des vers déconstruits et laids comme en contemporain.

Pour cette raison, j'aime aussi beaucoup Francis Ponge.

Pour être honnête, j'ai toujours eu du mal avec Ponge. Sûrement parce que l'image que j'ai de la poésie, ce sont des monuments Grecques sous les soleils marins (re-coucou Baudelaire ! ^^). Enfin des choses majestueuses, oniriques, pas un ustensile de cuisine... ^^'

Je n'aime pas beaucoup la poésie du quotidien.

C'est parce que ce ne sont pas les thèmes qui sont intéressants, mais la manière dont la langue est modelée pour en parler.

(Je crois me souvenir avoir lu quelque part que son poème "La Mousse" était une métaphore de l'Occupation...)