Etrange croisement entre un jeu de plateau à la Mario Party et un authentique RPG, Dokapon Kingdom nous invite à sauver un royaume en multijoueur avec des héros créés de toutes pièces. Etes-vous prêt à vous lancer dans l'aventure ?
Le principe de Mario Party consistant à se déplacer sur un plateau tout en jouant les pires tours à ses adversaires est désormais bien connu du grand public. Si cette licence signée Nintendo a souvent été copiée, aucun développeur ne s'était jusqu'à présent risqué à essayer d'en faire sensiblement évoluer le concept. Aujourd'hui pourtant, Atlus publie un titre original permettant aux joueurs non seulement de se balader sur une zone de jeu truffée de pièges et de bonus mais aussi de se forger un personnage digne d'un véritable RPG. Les différents héros peuvent s'équiper avec de nombreux objets, utiliser diverses attaques relatives à leur classe pour combattre des monstres, et gagner des niveaux en accumulant de l'expérience. On discute avec des PNJ, on fait ses emplettes dans des échoppes et on accomplit même des missions pour différents commanditaires. Toutefois, le vainqueur à la fin du temps imparti n'est pas le héros le plus puissant mais bien celui qui aura su amasser le plus de richesses. Si en théorie, l'idée semble vraiment séduisante, qu'en est-il de la pratique ?
Comme dans n'importe quel bon jeu de rôle, tout commence par la création d'un personnage. Il est ainsi possible de définir l'apparence, la classe puis le niveau de départ de notre héros avant de se lancer dans une partie dont on précisera à l'envi le nombre de tours. Party-game oblige, jusqu'à trois héros supplémentaires, dirigés aussi bien par des amis que par l'I.A., peuvent ensuite nous rejoindre avant de se retrouver à nos côtés sur une carte du monde découpée en cases. A partir de là, chaque joueur utilise à tour de rôle une roulette (pourquoi pas simplement un dé ?) lui permettant d'effectuer de 1 à 6 pas. Selon la case sur laquelle on atterrit, on pourra alors récupérer des objets utiles ou de l'argent, entrer dans un bâtiment, ou défier un monstre. De temps à autre, on tombera sur un personnage non-joueur, un événement aléatoire se déclenchera, etc. Il existe de nombreuses régions à explorer sur le plateau et le nombre de situations rencontrées est impressionnant. Les cases les plus importantes, cependant, sont celles qui contiennent une ville. Car c'est en capturant et en améliorant ces dernières que l'on s'assurera une confortable source de revenus.
Délaissant les mini-jeux chers à la série Mario Party, Dokapon Kingdom préfère se concentrer sur un système de combat au tour par tour inspiré des RPG japonais. Que l'on doive affronter un simple gobelin, un joueur adverse ou encore un boss, il s'agira donc de sélectionner les attaques et les manoeuvres défensives dont dispose notre personnage pour venir à bout de notre adversaire. Bien que chaque classe de personnage ait accès à des attaques spéciales, le principe éculé du pierre-ciseau-papier est malheureusement au coeur du gameplay. Aussi, il est tout à fait possible de se faire botter les fesses par un adversaires moins fort que nous simplement parce que l'on n'a pas eu la chance de choisir la bonne option au bon moment. Cette influence exagérée du hasard ne sape d'ailleurs pas que l'intérêt des combats, elle se fait douloureusement sentir tout au long de l'aventure. En effet, les déplacements aléatoires sur le plateau tout comme les nombreux événements sur lesquels le joueur n'a aucune prise déterminent dans une large part l'issue d'une partie. Bien sûr, on peut infléchir le cours du destin en utilisant des objets pour pénaliser les autres joueurs (malédictions, sorts, etc.) ou au contraire favoriser notre héros (potions de soin, roulettes supplémentaires...) mais dans l'absolu, le hasard a toujours le dernier mot.
Aussi original et plein de bonne volonté soit-il, Dokapon Kingdom souffre également d'autres défauts qui décevront autant les rôlistes que les amateurs de jeux de plateaux. L'écart de puissance entre les différents joueurs, par exemple, se creuse tellement vite qu'en quelques tours seulement il peut devenir rigoureusement impossible de rattraper un héros un peu trop chanceux jusqu'à la fin de la partie. De plus, l'absence d'épreuves multijoueurs à la Mario Party place les participants humains en situation de spectateur beaucoup trop longtemps. Une option permet bien d'accélérer les actions des héros dirigés par l'I.A., mais quand on joue avec des amis, mieux vaut avoir une grille de mots croisés à portée de main pour passer le temps. Et encore, on n'est pas sûr de finir la partie avant la fin de la soirée ! Car si en mode Normal, le jeu est long, très long, en mode Histoire (les joueurs doivent accomplir des quêtes pour aider le roi de Dokapon), il s'éternise des heures durant. Insupportable pour les néophytes déjà éprouvés par une mécanique de jeu assez complexe à appréhender... Dommage, on avait vraiment envie d'y croire.
- Graphismes13/20
Le design manga des personnages et des monstres est sympathique mais la modélisation de l'ensemble reste basique. Les combats ne sont pas éblouissants non plus.
- Jouabilité11/20
Trop passif en l'absence d'épreuves conviviales, le joueur est également tributaire du hasard durant la quasi-totalité des actions qu'il effectue. Il en résulte un sentiment de frustration que les éléments de RPG traditionnels implémentés dans le gameplay ont bien du mal à occulter.
- Durée de vie12/20
Les parties en mode Normal sont longues, voire trop longues quand on joue contre des amis. De plus il est très difficile de rattraper le joueur de tête une fois qu'il a réussi à creuser l'écart. Le mode Histoire est quant à lui pratiquement interminable à plusieurs.
- Bande son11/20
Les musiques sont limitées et les commentaires des personnages en anglais tapent vite sur les nerfs.
- Scénario6/20
En mode Histoire, le royaume du gentil roi Dokapon est attaqué par de méchants monstres. Le héros qui parviendra à les repousser lui succèdera sur le trône et épousera la princesse Penny (y compris s'il s'agit d'un personnage féminin !).
Fort d'une excellente idée de départ, Dokapon Kingdom rate malheureusement l'opportunité de renouveler le genre des Mario Party. Long, trop aléatoire et finalement ennuyeux en dépit de son originalité, ce titre faussement convivial à la sauce RPG ne convaincra au final ni les rôlistes ni les amateurs de jeux de plateaux.