Dan Greenwalt, le directeur du projet Forza Motorsport 3, est un drôle de personnage. Quand il évoque l'attachement que les humains -notamment ceux de sexe mâle...- ont pour les voitures, il cite par exemple "la légère odeur de poisson qui, quand j'étais jeune, envahissait un habitacle dès qu'on mettait le chauffage en marche". Pas très glamour mais si réel qu'on lui pardonne. En tout cas, lors de sa conférence précédant la session de prise en main, il n'a pas manqué de nous rappeler la motivation principale qui anime son équipe de développement quand elle travaille sur la simulation de pilotage de la Xbox 360 : "Faire des joueurs des amateurs de voitures et inversement". Et, à côté de cette intention prometteuse, Mr Greenwalt n'a pas manqué de nous rappeler que Forza 3 disposerait selon lui du meilleur moteur physique existant sur console. Voilà une déclaration qui ne va pas calmer la guerre ouverte entre les fans de Forza et les accros à Gran Turismo...

D'un autre côté, quand on sait que le moteur physique mis au point par Turn 10 prend en compte des éléments comme la déformation des pneus sous l'effet de la chaleur et celle de la caisse sur son axe avant-arrière mais aussi qu'il a été défini avec le concours d'un simulateur professionnel extrêmement pointu appartenant à MacLaren, on sent bien qu'il ne s'agit pas de promesses en l'air. Les circuits eux aussi ont bénéficié d'un soin indéniable dans leur modélisation. Ainsi l'équipe de Turn 10, en plus d'avoir visité toutes les pistes incluses dans leur jeu et d'y avoir pris des dizaines de milliers de photos, ont consulté des pilotes professionnels pour leur demander quels sont les repères qu'ils utilisent dans le décor pour freiner, accélérer et obtenir les courbes idéales. Evidemment, si on en croit Dan Greenwalt, tous ces détails essentiels ont été implantés au bord des pistes. En s'en servant, tous les possesseurs de Xbox 360 devraient développer les mêmes réflexes que les pilotes professionnels. C'est en tout cas ce qui ressort de l'intervention de l'autre invité principal de cette présentation : Stéphane Sarrazin, le pilote d'endurance qui court sur Peugeot 908. De sa prise de parole, il ressort que les temps qu'il fait sur Forza Motorsport sur Le Mans dans son bolide attitré sont comparables au dixième de seconde près à ceux qu'il établit dans la réalité. Gage d'authenticité s'il en est. Après toutes ces déclarations d'intention, il était largement temps de prendre la manette en mains et de se lancer sur la piste.

Notre première course se déroulant dans le mode Carrière du jeu, il n'était pas question, faute de moyens financiers conséquents, de s'offrir autre chose qu'une petite Ford Fiesta. Parti bon dernier sur la grille, il a fallu batailler ferme pour monter dans le classement, quitte à oser des incivilités qui, dans la réalité, auraient valu de sérieux règlements de compte une fois aux stands. Pour autant, notre agressivité en piste n'a pas tardé à faire des émules parmi les autres concurrents qui, eux aussi, se sont mis à pratiquer la "touchette" pour nous envoyer dans le décor. La leçon est prise : lors des courses, il faudra se méfier de son propre comportement ou accepter d'en payer le prix.

Changement radical de décor pour notre deuxième course. Déjà, afin d'avoir plusieurs voitures parmi lesquelles choisir, nous sommes passés en mode Course Simple. Le choix d'un confrère journaliste s'étant porté sur une Chevrolet Camaro Z28 et sur le circuit de Manhattan déjà vu dans les opus précédents de Forza, nous relançons la course à sa suite. Comme il fallait s'y attendre, cette muscle car a tendance à vouloir faire passer son train arrière en premier. C'est festif au niveau de la conduite mais, quand on veut établir un temps correct et ne pas passer en permanence dans les rails de sécurité, il vaut mieux éviter les accélérations de bourrin. En revanche, le comportement très "sport de glisse" de ce type de voiture est idéal pour récupérer des points en prenant tous les virages en dérapage (avec une envie difficilement maîtrisable d'hurler "Starkyyyyy et Hutch !!!"). Interrogé sur le sujet, un représentant de Microsoft présent à l'événement nous a précisé que ces points servaient dans l'achat des voitures et de pièces.

Nous sommes carrément montés en gamme et en puissance lors de la troisième épreuve puisque, pour arpenter l'asphalte du circuit de Catalunya, nous avons choisi une Koenigsegg CCGT. La supercar suédoise à la livrée blanche a fait parler la poudre face à des concurrents utilisant des véhicules tirés des championnats de grand tourisme. Toutefois, nous avons retrouvé les défauts et les qualités inhérents à la marque et déjà supportés dans les Forza précédents : cette voiture est pratiquement imbattable en ligne droite mais il faut en maîtriser la puissance dans les virages car elle ne pardonne pas la moindre hésitation ou la plus petite erreur de trajectoire qu'on tenterait de corriger à la volée. Conduire un pareil bolide ça se mérite, même dans le mode le plus simple proposé par Forza.

Avant de quitter ce lieu magnifique où s'ébattent en liberté des chefs-d'oeuvre automobiles dont nous pourrions à peine nous offrir le cendrier avec un mois de salaire, il fallait que nous visitions la nouvelle version de notre circuit préféré : le Nürburgring. Et qui dit Nürbugring, dit forcément "grosse allemande bien puissante". Après un petit tour dans le catalogue des voitures disponibles, notre choix s'est porté sur une Mercedes Classe-C courant dans le championnat de tourisme allemand et, comme il se doit, préparée par AMG. Rien de bien particulier à signaler sur ce tour de piste si ce n'est qu'on avait un peu l'impression d'une balade à la campagne qui se serait déroulée à 300km/h de moyenne et que nous avons eu maille à partir avec une Ferrari F40 bien décidée à nous en faire baver. A côté de cela, les innombrables dénivelés du circuit allemand ont tous répondu présent, sans oublier les ralentisseurs aux allures de murets qui rendent certains virages de ce tracé particulièrement exigeants. Suite à quelques courbes abordées de manière un peu trop optimiste, nous sommes allés embrasser les rails de sécurité, ce qui nous a permis de faire le point sur la gestion des dégâts. Etait-ce parce que nous étions en mode Course Rapide et pas en simulation pure, reste que le résultat ne nous a pas paru tout à fait convaincant. L'impression qui s'en dégageait était davantage d'avoir sali sa carrosserie que d'avoir cassé sa voiture. Mais nous réserverons notre jugement définitif sur ce point à un prochain test, quand nous aurons eu le temps de parcourir le mode Carrière en long, en large et -c'est à craindre- en travers. Toujours est-il que nos nombreuses sorties de routes et "touchettes" des autres concurrents nous ont permis de tirer parti de l'option de rembobinage de la course. A l'image de ce que nous avions pu voir sur Grid de Codemasters, on peut revenir en arrière lors d'une course et se donner une nouvelle chance de bien négocier telle ou telle phase difficile.

Un dernier mot pour vous signaler une refonte complète de l'interface. Le couleur associée à Forza Motorsport est indubitablement le blanc qui sert de fond aux menus, apportant une note de fraîcheur et de légèreté à la gestion de sa carrière de pilote. Il faut également préciser que l'affichage de la liste des courses disponibles dans le mode Carrière a été revu. Désormais, la liste complète des quelques deux cents épreuves disponibles sera visible en un seul coup d'oeil sous la forme de simples cases de couleur. Si la case est bleue, c'est qu'on peut prendre part à une course avec la voiture qu'on a choisie. Si la case est verte, on pourra s'aligner sur la grille de départ mais il va falloir changer de voiture. De toute évidence, des efforts ont été faits pour qu'on se retrouve en piste plus rapidement que dans les opus précédents. Qui s'en plaindrait ?