Ami et Yumi sont en panne d'inspiration. Un peu comme les développeurs d'ailleurs. Alors qu'Ami cale, Yumi tonne tout en piétinant un vieil ampli d'un pas rageur et décidé. Et oui, c'est ça être une star de nos jours, on peut massacrer du matériel que le gratteur moyen mettrait un an à acquérir. Mais cet acte de destruction massive n'est pas sans conséquence, et curieusement, c'est sans doute de là que viendra le salut pour les deux artistes. Des composants éparpillés s'échappe une fumée verte qui prend soudain la forme d'un génie ! Et qui dit génie, dit voeux. Les bougresses pourraient bien en profiter pour demander des super-pouvoirs, de l'argent, un job de testeur, des boules à neige, une botte de foin, mais non, elles se contenteront de lui demander de l'aide pour retrouver leur inspiration chérie, et ainsi continuer à inonder le monde de leur rock en carton. D'après le génial génie, la seule solution à leur problème serait d'entreprendre un voyage à travers le temps et l'espace afin d'apprendre de nouvelles sonorités et revenir au top. Ami et Yumi se lancent donc dans un périple tortueux et étrange, mais terriblement terne pour celui qui tient leur destin au bout de son stylet.

Pourtant, le titre ne part pas si mal puisque l'écran de présentation ressert avec fidélité la musique du générique de la série, avec les chanteuses et tout. Tous les goûts sont dans la nature mais on ne peut pas nier que la cartouche DS nous sort ici une amorce de luxe. Pourtant, une fois passé ce moment d'espoir fugace, la dure et terrible réalité nous enserre dans ses grosses pattes grises et visqueuses. Les menus du jeu sont aussi confus que son contenu, et on passe près d'une minute à comprendre comment lancer l'aventure. Les pauvres hères qui ont la patience de lire jusqu'ici s'attendent sans doute à la description d'un jeu de plates-formes sans génie ni saveur. Pardon de jeter un parpaing dans le bol de Weetos mais de plates-formes, il n'en est pas même question un seul instant. Et si la gâchette L permet de faire des bonds de cabri, ce n'est que pour mieux vous duper. Ce n'est en effet pas là que réside l'essence du soft. Pour allumer le feu, c'est sous la forme d'un jeu de combat à la sauce Double Dragon qu'Ami et Yumi s'exhibent.

A part quelques phases de sauts ultra rares et limitées, il ne vous sera donc demandé que d'exploser des tripotées de monstres biscornus et pas futés pour un sou, et pas seulement à l'aide des poings maigrichons des rockeuses, mais surtout avec leur guitare et leur son. Diable, que je comprends les monstres qui se liquéfient littéralement devant les assauts de décibels ! De fait, pour asséner vos coups aux ennemis, il conviendra de réaliser des combinaisons sur l'écran tactile de la DS. Celui-ci représente un manche de guitare, plus ou moins, puisque deux cordes manquent à l'appel, à moins qu'il s'agisse d'un ukulélé. Enfin bon bref, le but sera donc d'empoigner votre stylet et de réaliser toute une série de combinaisons en plastique en frappant les cordes, combinaisons auxquelles Ami ou Yumi réagiront en distribuant mandale sur mandale. On peut effectivement changer de rockeuse à tout moment à la moindre pression d'un bouton. Les animations sont d'une qualité douteuse et ne permettent pas de juger avec justesse de la fin d'une attaque, ou même de l'endroit où l'on frappe. Les collisions sont vaseuses et semblent plus aléatoires qu'autre chose. Et au final, les combinaisons n'apportent rien au titre. Il n'est pas très aisé de regarder les cordes tout en suivant ce qui se passe sur l'écran supérieur, même si les guitaristes ne font qu'un avec leur instrument, le fait est que la DS ne réagit pas aussi bien qu'une Stratocaster. Du coup, on joue de la guitare au petit bonheur la chance, sans comprendre ce que l'on fait. Les combinaisons proposées sont d'ailleurs très limitées et les plus compliquées ne sont finalement pas plus efficaces que les attaques de base.

Seul intérêt à faire des "riffs", l'argent que les ennemis expulsent en expirant. Plus votre combinaison sera avancée, plus vous gagnerez des pépettes. Cet argent, vous pourrez le dépenser en jouant à des mini-jeux accessibles au moyen de bornes d'arcade plus ou moins dissimulées dans les niveaux. Des distributeurs vous permettront également de choisir entre différents bonus de vie, ou bien des objets tels que des nouvelles guitares ou tenues pour tuner les guitar-héroïnes. Sachez également que les ennemis n'opposent pas une résistance farouche et comptent plus sur leur nombre que sur leur capacité martiale. D'ailleurs, et c'est quand même bien dommage pour un titre qui mise tout sur le combat, vous pourrez parfaitement tricoter ou manger un cassoulet tout en vaporisant des malfrats. Et même dans ces conditions, ce n'est pas évident de trépasser. Le jeu a en plus la fâcheuse tendance à allonger artificiellement les niveaux à l'aide d'un système bon marché : l'écran se fige, des fans surgissent de part et d'autre de l'écran et vous empêchent de continuer. Pour vous en sortir, il faudra massacrer tout une ribambelle d'ennemis dans un concert de "rock" survolté. Enfin, ça c'est le manuel qui le dit. Voilà en fait un jeu destiné aux fans purs et durs des donzelles. Tout joueur étranger à l'univers des deux Idols ne prendra absolument aucun plaisir à parcourir les niveaux, et ce malgré un design chatoyant et agréable, et une tripotée de super écrans à l'effigie des personnages du cartoon et aux deux demoiselles elles-mêmes. Ajoutez à cela un mode multi qui sent le bigorneau oublié dans une poche plastique pendant plusieurs décennies, et vous obtenez un jeu très faible même si pétri de bonnes intentions.