Les survival horrors nous font visiter toutes sortes de lieux bien glauques, des vieux manoirs aux boiseries vermoulues aux collines brumeuses dans lesquelles on ne voit même pas ses pieds. Tout est bon du moment qu'on n'y voit goutte et qu'on peut y entendre des bruits qui font peur. Pour Cold Fear, le théâtre sera un baleinier russe perdu en pleine tempête. L'ennui avec un baleinier, ce n'est pas tant que ça sente fort le poisson pas frais que le fait que ça bouge dans tous les sens, surtout quand la mer est démontée. Un élément qui va devenir aussi bien une composante de l'ambiance que du gameplay. Dès que vous mettez un pied dehors, vous comprenez ce que signifie le verbe "tanguer" (et le mot "nausée" aussi). Les décors s'agitent en tout sens, de même que la caméra qui se trouve en plus couverte de gouttes d'eau lorsqu'une lame de fond vient se fracasser sur le pont. Mais si l'effet est efficace en matière d'atmosphère, il n'est pas sans conséquence sur votre comportement. Le bateau tanguant, il arrive que vous glissiez subitement et mieux vaudra prendre garde à ne pas faire une chute malencontreuse, parce que dans votre inventaire, point de bouée canard mes petits amis. La traversée de certaines coursives exigera également de votre part une attention certaine aux vagues qui pourraient vous projeter contre les parois du navire, sans parler des poulies qui se balancent dangereusement.

En dehors de cette originalité certaine, Cold Fear est un survival que l'on qualifiera de très convenu, répondant aux mécaniques les plus élémentaires du genre en vous envoyant constamment à la recherche de la clef qui ouvrira la porte, la clef en question se trouvant généralement le plus loin possible de la susdite porte. Sinon c'est pas drôle. Et en plus comme ça, ça me fait penser à mon appartement. Mais dans sa banalité, Cold Fear a l'intelligence de s'inspirer des idées aperçues dans les récents opus des ténors de la discipline. Ainsi, le mode visée avec caméra sur l'épaule fera immanquablement penser à Resident Evil 4 sorti sur GameCube. Il faut dire que cette visée s'avère bien utile dans la mesure où quantité de créatures putrides doivent être abattues d'une balle en pleine tête, possédées qu'elles sont par ce qu'on appellera des gros poux cérébraux. Et comme la félonie des zombies n'a pas de limite, il est fréquent que ce que l'on prend bêtement pour un simple cadavre inoffensif se mette soudainement à nous courir après. L'une des premières choses que l'on apprendra donc dans Cold Fear sera, de fait, à tuer les cadavres. Je sais, ça n'a aucun sens, en même temps c'est un jeu vidéo, alors zut quoi.

Comme tout bon survival, le titre vous limite sur à peu près toutes vos ressources. Les munitions pour vos armes sont donc de précieux trésors que l'on s'efforce de conserver comme l'amour de sa vie, en les chérissant comme... euh... Ouais enfin on n'en n'a pas beaucoup quoi. Alors pour faire des économies, on pourra profiter du décor en tirant sur des barils chimiques qui feront de jolies explosions, ou encore en faisant chuter des éléments sur nos ennemis. Des interactions qui souffrent néanmoins de leur aspect hautement prévisible, ce qui gâche quelque peu l'effet de surprise. Ce qui n'est pas le seul défaut du titre qui nous arrive sur PC comme il se présente sur console : sans quicksave. Une fois de plus, la mort signifiera pour le joueur l'obligation de se farcir tout un morceau de niveau déjà parcouru dans tous les sens ou la collecte d'objets déjà acquis une première fois etc, etc. Certes, on peut considérer cela comme un point qui ajoute au stress et à la tension du jeu, mais c'est surtout bien gonflant quand on se fait tuer par un script comme cela peut se produire parfois. Il suffit qu'un zombie enflammé vous fonce dessus pour que vous soyez bon pour le game over. Et quand on ne s'y attend pas, le temps de réaction est si bref que la première fois, on est à peu près sûr de perdre. Ah, et tant que je grogne, intégrer une carte du bateau aurait été une bien bonne idée, parce que là on rame à peu près autant que les clients dans le centre commercial que Jihem a créé dans Shopping Centre Tycoon. Oui, je suis aigri. Ces petits reproches n'empêchent pourtant pas Cold Fear de se montrer efficace dans sa discipline. On pestera cependant sur les commandes pas évidentes avec un couple clavier/souris qui nous joue parfois des tours lors des combats. Il y a un coup à prendre et mieux vaudra toujours être prêt à anticiper afin de ne pas être handicapé par un mode de tir pas très réactif. En définitive, Cold Fear, c'est sympa, mais peut-être plus à sa place sur PS2.