Avec la guerre en Irak, les événements en Afghanistan et la montée du terrorisme, difficile de trouver jeu plus opportuniste que Most Wanted. En effet, ce titre n'a d'autre but que de vous guider dans la capture des dix personnes les plus recherchées par le gouvernement américain, dont Osama Bin Laden et Saddam Hussein (ah oui, le jeu n'est pas tout récent). Concrétement, comment ça se passe ? Oh, ce n'est pas bien compliqué, vous savez. On vous lâche dans une zone prédéterminée, et il vous suffit de suivre un chemin jusqu'au bandit à appréhender.

Le parcours est grossièrement tracé à l'avance, de sorte que vous n'ayez pas à chercher votre chemin trop longtemps. Que ce soit dans les montagnes afghanes, dans les rues de Paris ou sur une île des Caraïbes, les niveaux ne sont que de stupides couloirs qu'il faut suivre sans poser de questions. Ainsi vissé sur des rails, on passe donc son temps à tirer sur les hommes de mains du grand méchant venus par centaines pour nous accueillir. Puisque ces derniers doivent probablement se partager le demi-cerveau d'une huître décomposée, ils ne sont jamais difficiles à abattre. On dirait même qu'ils font tout pour tomber sous vos balles. Ils se roulent vers vous, sautent contre les murs ou restent même stoïques dès que vous commencez à leur tourner autour. S'ils n'offrent pas de grande résistance, ils sont tout de même très pénibles car on les voit régulièrement réapparaître et surgir de nulle part. Vous avez beau nettoyer une zone de tout ennemi, il suffit de vous retourner trois secondes pour voir revenir une tripotée de méchants sortis d'on ne sait où.

Shooter en vue à la première personne la plupart du temps, Most Wanted prend subitement l'allure d'un jeu de baston dès que vous vous approchez de la cible principale du niveau. Vos ordres sont clairs : vous devez ramener vos proies vivantes. Du coup, les armes ne sont plus d'aucune utilité et vous devez alors compter sur vos poings pour mener à bien votre mission. Dôté d'une barre d'énergie chacun, il s'agit d'épuiser l'adversaire avant de lui passer les menottes et de le traîner dans une cour de justice. On notera au passage que l'ennemi doit sûrement avoir reçu les mêmes ordres puisque lui aussi refuse d'utiliser ses armes à feu et préfère vous cogner comme un vrai boxeur. C'est probablement ce qu'on appelle le respect de l'adversaire. Toujours est-il que voir Saddam ou Osama se battre de la sorte est d'une niaiserie rarement atteinte.

En développement depuis quelques années déjà, Most Wanted cumule toutes les tares techniques qu'on puisse cauchemarder de trouver. A croire que l'équipe de développement, Black Ops pour ne pas la citer, s'était coupée du monde pour commettre ce jeu, sans regarder ce que la concurrence pouvait faire en parallèle. Bien que les personnages soient tous passés par des séances de motion capture, les animations sont absolument risibles et peu naturelles, dans le sens où tout le monde en fait des tonnes et des tonnes. Ca en devient presque comique. La bande-son est elle aussi bien marrante puisqu'elle se veut pleine de stéréotypes. Ainsi, lorsque vous déambulez dans un ghetto américain, vous devrez composer avec du rap dans les oreilles. Et pas le morceau de rap bien construit et agréable aux tympans. Oh non, on parle ici d'un morceau spécialement écrit pour l'occasion et qui vante les mérites du jeu. C'est vrai quoi, tant qu'à glorifier l'armée américaine, autant y aller jusqu'au bout... En fait, c'est peut-être ce qu'il y a de plus dérangeant dans Most Wanted. Le patriotisme américain se retrouve à tous les niveaux, allant même jusqu'à faire du drapeau national un item octroyant l'invincibilité pendant 45 secondes. Que les héros d'un jeu soient américains et qu'ils aiment leur pays, passe encore. Mais dans un titre qui fleurte si prêt de l'actualité, ça coince un peu. De toute manière il n'y a pas à tergiverser, Most Wanted est un très mauvais FPS, ce qui est bien suffisant pour que vous gardiez une distance de sécurité face à lui.