Tout comme la musique, le jeu vidéo est traversé par des courants et modes fortement liés à des époques. Après l’arrivée des plateformers dans les années ’80, les nineties ont vu l’avènement des FPS dont nous attribuons généralement la paternité à id Software, créateur de Wolfenstein 3D, Doom et un peu plus tard, Quake. Avec sa 3D balbutiante, ce dernier semble avoir inspiré une bande de nostalgiques rassemblés sous le nom de Pixel Titans. Ce studio indépendant vient de mettre au monde STRAFE, un fast-FPS rogue-like hommage au travail de Carmack et Romero…
Quake devient indé’
Ce n’est un secret pour personne, les développeurs indépendants chérissent le rogue-like, genre mettant le hasard au centre du gameplay. À l’instar de The Binding of Isaac, Strafe propose ainsi des niveaux générés aléatoirement et donc différents à chaque partie. Notre objectif reste cependant toujours le même, traverser quatre univers composés chacun de trois parties et ce, sans mourir. Au début de chacune de nos runs, le choix nous est laissé entre trois armes : le fusil à pompe, la mitraillette et le railgun.
Une fois votre pétoire sélectionnée, vous êtes téléporté vers votre première zone : l’intérieur d’un vaisseau futuriste rempli de monstres qui se rueront sur vous au premier coup d’œil. Une atmosphère plutôt froide qui n’est pas sans rappeler celle des premiers niveaux de Doom. Dans l’ensemble, les environnements qui nous sont proposés sont plutôt corrects, sans jamais éblouir par leur originalité ou leur réalisation. Plus étonnant, la faible quantité de polygones des jeux 3D sortis dans les années ’90 devient ici une esthétique à part entière et ça marche plutôt bien !
Passons maintenant au gameplay. Strafe se veut être un FPS pur et dur, votre seul objectif étant de dézinguer tout ce qui se dresse sur votre route. Vos ennemis vous attaqueront ainsi dès que possible, sans avoir plus de cerveau qu’à l’époque. Et c’est là que réside toute l’ambiguïté du titre : ses faiblesses sont-elles imputables à son style rétro ? Ce serait trop facile. Nos ennemis restent régulièrement bloqués dans les murs ou parmi les cadavres et arrivent à nous mettre des coups même lorsque nous leur avons arraché les bras. Un petit manque de peaufinage qui se ressent vite.
Strafe c'est (trop) hardcore
Le problème, c’est que se prendre un coup dans Strafe, c’est grave. La difficulté du titre est particulièrement relevée et vous aurez bien du mal à dépasser les trois premiers niveaux lors de vos premières runs. De manière très classique, vous possédez 100 points de vie et 100 points d’armure et chaque coup vous enlèvera entre 15 et 35 points d’un coup. Etant donné la masse d’ennemis que vous devez affronter, vous aurez vite fait de recevoir un ou deux gnons sur le crâne.
La répartition des kits de soins et des distributeurs d’armure étant complètement dépendante du travail du générateur de niveau, il est n’est malheureusement pas rare d’enchaîner deux ou trois niveaux sans trouver de quoi se soigner. Dommage, mais pour ces raisons, la mort pointe trop vite son nez et le jeu devient rapidement frustrant.
Mais s’il n’est pas toujours généreux avec les soins, le générateur de niveaux reste tout de même l’un des points forts de Strafe. Proposant des constructions plutôt logiques et rarement bancales, le système codé par Pixel Titans garantie des parcours assez variés à chaque partie, même si nous parlons ici d’architecture pure. En effet, pour ce qui est de la décoration, vous traverserez toujours les quatre mêmes environnements et puisque vous dépasserez rarement le premier, cela deviendra vite redondant.
Les différents éléments imbriquables restent malgré tout assez nombreux, que ce soit les boutiques, les mini énigmes ou encore les Easter Eggs. Vous pourrez ainsi tomber sur une cachette renfermant l’arme de Devil Daggers, mais également sur une myriade de petits hommages allant de la borne d’arcade Wolfenstein 3D jouable à un passage dans un environnement miniature à la de_rat. Ces petits bonus sont assez nombreux et, couplés au générateur de niveau plutôt réussi, devraient vous tenir en haleine quelques heures. Une rejouabilité très correcte qui reste malheureusement entachée par le souci d’équilibrage précédemment cité et une optimisation aux fraises.
Houston, nous avons un bug
Sorti directement en version finale, sans passer par la case Early Access, Strafe souffre de gros problèmes d’optimisation. Nous avons tout d’abord ce qui nous a semblé être une fuite de mémoire faisant ramer très sévèrement le jeu au bout de quelques minutes, allant jusqu’à faire chuter le framerate à un petit 15 images par seconde. Certes, ce problème n’est pas présent tous les ordinateurs, mais reste extrêmement gênant pour les joueurs touchés. En dehors des gros ralentissements rencontrés à la fin de chaque zone, nous noterons les crashs qui surviennent de manière totalement aléatoire. Il faudra donc que les développeurs redoublent d’efforts pour réussir à corriger un peu le tir côté optimisation.
Dommage puisque comme nous avons pu le voir avec les Easter Eggs, Strafe est un jeu généreux, mais également agréable à jouer. Le fameux système Uber Gore Tech qui permet le démembrement et des écoulements d’hémoglobine complètement démesurés apporte un petit côté jouissif des plus appréciables, tandis que les sensations de shoot sont bonnes. Le recul, l’impact des balles, le tout rappelle la bonne époque de Quake. Pour vous dire, les développeurs ont même eu la présence d’esprit d’ajouter la possibilité de Bunny Hop !
N’oublions pas non plus la sélection de pétoires qui est assez large, surtout lorsque l’on prend en compte les différentes améliorations possibles. De manière aléatoire durant votre parcours, vous allez croiser un petit robot qui équipera votre arme principale d’une option choisie au hasard. Ce constat ne s’applique malheureusement pas au bestiaire. Pour être plus précis, la quantité d’ennemis différents est correcte, mais étant donné que vous allez passer environ 90 % de votre temps de jeu sur les trois premiers niveaux, vous aurez l’impression d’avoir affaire aux mêmes races en permanence.
Points forts
- Des bonnes sensations dignes des années '90
- Une joli roster d'armes
- Le générateur de niveaux qui tient toutes ses promesses
- Une esthétique sympathique
Points faibles
- Une optimisation aux fraises
- Une difficulté beaucoup trop élevée
- Un manque de finition sur de nombreux aspects
Avec son concept intéressant, Strafe aurait pu être un très bon indé s’il n’échouait pas sur quelques points malheureusement trop dérangeants. Nous n’irons pas jusqu’à dire que le travail effectué sur le générateur de niveaux et les sensations de shoot est gâché par la difficulté trop élevée, mais nous n’en sommes clairement pas loin. Dans ces conditions, il est difficile de profiter de la richesse de ce titre qui reste malgré tout très généreux en clin d’œils et hommages. Malheureusement, les Easter Eggs semblaient plus important que l’optimisation ou l’équilibrage aux yeux des développeurs et c’est bien dommage.