Les virus ont pour sinistre caractéristique de traverser les générations. Parfois, ils deviennent plus forts. Parfois, leurs agents perdent en puissance. Aujourd’hui, Resident Evil 0 contamine la Switch avec une souche du Virus T, celle-là même qui a touché le GameCube 14 ans auparavant. Mais à force de revivre les mêmes événements sans évolution majeure, sommes-nous désormais vaccinés ?
L'épisode du switch de personnages arrive sur Switch
Resident Evil 0 invite le joueur à enquêter sur l’origine des tragiques événements de Raccoon City. Rebecca Chambers et Billy Coen, les héros de cet épisode “prologue”, se retrouvent dans le même bateau, ou plutôt dans le même train infesté de monstruosités putréfiées. Les qualités comme les défauts de la version “HD Remaster” sortie en 2016 restent d’actualité dans ce portage Switch. Il s’agit toujours d’un Survival-Horror à l’ancienne avec des caméras précalculées au sein duquel le joueur peut diriger deux protagonistes. Une simple pression sur la touche associée permet de passer de Rebecca à Billy, et inversement. Cette mécanique qui était inédite pour la série lors de la sortie du jeu est à la base de diverses énigmes de l’aventure. Malheureusement, Resident Evil 0 sur Switch recycle les mêmes faiblesses que le soft d’origine avec une gestion particulièrement calamiteuse de l’inventaire.
Techniquement, l’hybride de Nintendo s’en sort bien et réussit à afficher une technique semblable à celle du remaster sorti en 2016 sur consoles de salon. La mauvaise nouvelle vient des temps de chargement qui se voient rallongés par rapport à ceux des moutures Xbox One et PlayStation 4. À ce titre, Capcom ajoute en bas de l’écran une animation signifiant que la console est en train de charger, et ce même pendant les écrans noirs affichés après les ouvertures de porte en vue subjective. Nous aurions apprécié passer moins de temps à attendre, d’autant plus que les allers-retours, et donc les chargements, sont nombreux.
Côté contenu, Resident Evil 0 sur Switch contient les costumes DLC ainsi que le mode Wesker déjà présent dans le HD Remaster de 2016. Vous l’aurez compris, tout est identique par rapport à la précédente version, avec les mêmes extras et les mêmes options. Ce Resident Evil 0 est donc avant tout réservé à ceux voulant connaître le frisson d’antan sur une machine hybride comme la Switch. Si vous comptez n’y jouer que sur votre télévision et que vous possédez la “HD Remaster” sur une autre machine, vous feriez peut-être mieux de garder vos 30 euros et d’économiser 13,5 Go d’espace mémoire.
Le test complet de Resident Evil 0 HD Remaster par Silent_Jay (19/01/2016)
A l'image de la société Umbrella et de ses zombies en décomposition et autres créatures mutantes, Capcom ne cesse de raviver sa licence survivaliste. Après l’excellent remake de Resident Evil sur Gamecube et en attendant impatiemment le remake de Resident Evil 2, l'éditeur japonais extirpe de son tube à essai Resident Evil 0. Sorti uniquement sur Gamecube en 2003 puis réédité sur Wii, ce préquelle à la saga avait reçu l'approbation de la presse et du public bien que certains choix de gameplay et un scénario poussif aient pu irriter plus d'un joueur. Adepte des refontes graphiques en tout genre et des versions multiples du même titre, Capcom s’attaque à la genèse de la franchise. Rebecca Chambers et Billy Coen reprennent ainsi du service sur PlayStation 4, PlayStation 3, Xbox 360, Xbox One et PC. Entre nostalgie et modernité, les mutations opérées par Capcom ont-elles embelli la créature Resident Evil 0 ?
L’avenir est un long passé
Resident Evil 0 invite le joueur à enquêter sur les événements à l’origine de la catastrophe ayant rayé de la carte Raccoon City, bourgade américaine par excellence. Rebecca Chambers, membre des S.T.A.R.S, et Billy Coen, détenu en cavale, plongent dans l’horreur après un accident de train les poussant à pénétrer dans un manoir aux airs de déjà-vu. Au-delà de l’intérêt suscité par la découverte des origines de la saga et du bioterrorisme, menace qui ravagera l’Amérique du Nord dans Resident Evil 6, le scénario coopératif s’avérait pour l’époque le véritable attrait de cet épisode. Connu sous le nom de Partner Zapping, le joueur alternait donc entre les 2 protagonistes par une simple pression d'un bouton à l’origine d’énigmes à résoudre simultanément avec les 2 personnages, approche désormais commune dans le jeu vidéo mais novatrice pour la franchise en 2003. Cette innovation de gameplay mis de côté, Resident Evil 0 se drapait des archétypes de la franchise.
Et Resident Evil 0 HD Remaster s’évertue à conserver en son sein ce ressenti si “Resident Evil”. Visée rigide, sempiternelles portes à franchir, plans de caméra fixes, inventaire minimaliste, énigmes tirées par les cheveux… pour un Survival-Horror à la Capcom dans la plus pure tradition. La sève des Resident Evil découlait de cette constante restriction de munitions, de soins et de cette montée de stress née d’un système de sauvegarde manuel par le biais de machines à écrire disséminées dans le manoir et de tampons encreur. Que les adeptes de ce doux nectar putréfié se rassurent, ils pourront se repaître de ses mécaniques de gameplay d’antan avec cette version HD de Resident Evil 0. Car ce remaster ne réinvente en aucun cas la roue préférant jouer la carte de la nostalgie sans pervertir l’expérience originelle pour le plus grand plaisir des nostalgiques d’une époque où le Survival-Horror régnait en maître. La possibilité de jouer en 4/3, format vidéo de l’époque, traduit cette volonté des développeurs de restaurer l’expérience de jeu.
En effet, Resident Evil 0 version 2016 recycle également ses faiblesses. Ce satané inventaire et ses 6 malheureux emplacements font un retour fracassant. Associé à la disparition des malles et à l’échange d’items entre les 2 personnages, cet inventaire bouleverse l’aventure au point de la rendre indigente par moment en obligeant le joueur à se comporter comme le petit Poucet et à semer ses items aux quatre coins du manoir. Petit conseil, rappelez-vous où vous avez laissé votre grappin sous peine de le chercher de longues minutes... et voir la frustration s’accumuler. Et que dire du scénario ? La tentative de Capcom, bien que mercantile, était louable. Revenir sur les événements précédant la propagation du virus T avait de quoi plaire aux fans de la franchise en nourrissant l’univers Resident Evil avec une genèse. Et pourtant… entre le florilège de créatures mutantes sans queue ni tête et ce sentiment tenace de jouer à Resident Evil 1 bis, ce Resident Evil 0 resta dans l’ombre des cultissimes premiers épisodes. Nostalgie oblige, le remaster HD ne retouche ni au scénario ni à l’inventaire au point de faire ressurgir de douloureux souvenirs issus d’un passé lointain.
Resident Evil 0 HD Remaster : Premiers pas dans le manoir
Le Mode Wesker
Ce nouveau mode proposé par Capcom vous invite dans la peau du tristement célèbre Albert Wesker, ponte de la société Umbrella et responsable du drame qui ravagera Raccoon City. Pur défouloir anachronique, notre “héros” est doté de pouvoirs nés d’une infection par le virus Uroboros. Entre le Shadow Dash, véritable foreuse à hordes de morts-vivants, et le Regard Mortel à même de faire exploser les ennemis dans votre champ de vision, Albert Wesker et Rebecca, tombée sous le contrôle de notre blondinet tout de cuir vêtu et dépourvue de nouvelles capacités, traversent une nouvelle fois les événements de Resident Evil 0.
Soyons bref, clair et concis… ce mode Wesker, au-delà du fan service, n’apporte rien de nouveau à la série. Contrôler l’antagoniste de la saga reste un plaisir coupable bien que ses pouvoirs soient fortement limités. A noter que la majorité des cinématiques se jouent avec la Rebecca de l’aventure originale et Billy à de rares occasions, dénotant un manque notable de finition concernant ce mode, les cinématiques étant incapables de mettre en scène convenablement la Rebecca "Dark" et Albert Wesker. Le gameplay, de son côté, conserve sa mécanique d’alternance entre les deux personnages. Ainsi ce mode Wesker, cerise sur le gâteau Resident Evil 0, ne marquera pas de son empreinte l’univers de Resident Evil.
Resident Evil 0 HD Remaster : Dans la peau d'Albert Wesker
Une mise au format "2016"
Le travail effectué sur la restauration graphique du jeu est excellent à plus d’un titre. Capcom peut se vanter d’avoir su redoner vie aux décors et aux personnages par des textures détaillées et un éclairage plus prononcé. La direction artistique de Resident Evil Rebirth puis de son remaster HD se retrouve dans la palette de couleurs, les effets de lumière, le ton sale et jauni. La plus-value graphique est donc indéniable et saura convaincre les fans étant passés à côté du jeu de se procurer ce Resident Evil 0 HD Remaster, sa sortie en exclusivité sur les consoles Nintendo en 2003 ayant empêcher les joueurs de profiter de ce préquelle.
Excepté l'anecdotique Mode Wesker, le seul véritable ajout apporté au titre touche aux contrôles des personnages. Capcom, bien conscient des limites du système de déplacement, a revu sa copie. Les contrôles obsolètes à la manière d'un semi-remorque disparaissent au profit d’un maniement libre ; la caméra restant fixe... afin de ne pas dénaturer l’expérience et conserver ces hors-champs, levier ô combien essentiel pour faire naître l’appréhension et la peur. Et Capcom n’endosse pas le rôle de “Tyrant” dans le cas présent. Les réfractaires à l'innovation auront la possibilité de désactiver ce nouveau type de contrôles et ainsi jouir de déplacements à la manière d’un transpalette… d'un effet "à l'ancienne" retrouvé.
A tous les amateurs de l'adage “C’était mieux avant”... ce Resident Evil 0 HD Remaster vous enlace de son accueillante nostalgie avant de vous faire découvrir le potentiel de Resident Evil 0 à travers une restauration fidèle.
Points forts
- Contient tout le contenu (DLC, Wesker)
- Reste agréable à l’œil, en mode TV comme portable
Points faibles
- Hormis le fait de pouvoir jouer en nomade, aucune nouveauté
- Des temps de chargement trop longs
- Contient toujours les faiblesses du jeu d’origine (inventaire, scénario)
- L’écran tactile n’est pas géré
- Les nouveaux venus le trouveront forcément rigide
Resident Evil 0 fait partie des épisodes les plus controversés de la série. Oui, le jeu distille toujours autant cette atmosphère angoissante et prenante, mais cette édition Switch n’arrive pas à raviver la flamme déjà tremblante lorsqu’elle fut allumée en 2003. Ici, le titre de Capcom n’est qu’un portage des versions remasterisées sorties sur tant d’autres machines en 2016, avec comme seul argument de pouvoir être transporté partout. Si vous voulez jouer dans le train et que vous aimez vous faire peur, ce RE0 pourrait tout de même vous provoquer quelques palpitations.