« Ah tiens j’me suis pris un pack fondateur pour Heroes of the Storm qui donne accès à la bêta. »

« Parce que maintenant faut payer pour accéder à la bêta d’un jeu censé être gratuit ? Qu’est-ce qu’ils donnent en plus ? 3 persos moisis et un poney ? »
« Euh… ouais… mais un poney en armure… »
« Et ta dignité, elle est toujours en alpha ?»
Le soir même :
« Bon il a dit que ça s’appelait comment ce pack… une trentaine d’euros c’est pas si méchant »
2 heures plus tard après l’installation :
« Ah tiens je croyais que jamais tu ne paierais pour une bêta ? »
« Euh… J’ai reçu une clé bêta dans ma boîte mail »
« Tu te foutrais pas un peu de ma gueule ? »

Comme Riot en son temps, les développeurs de Blizzard ont décidé de lancer leur MOBA maison (en n'oubliant pas que le genre provient d'un mod d'un de leurs propres jeux même si je pense qu'ils préféreraient oublier ce détail). Avec un peu de recul, la méthode pour choisir la clientèle reste la même. DotA existait déjà lorsque Riot a voulu se lancer dans l’aventure, ils ont donc choisi de cibler un public plus large que leur concurrent. Pour cela, ils ont légèrement simplifié leur jeu afin de ratisser plus large. C’est donc en bon analyste que la firme au frimas a appliqué la même méthode. Les bases de joueurs réguliers de LoL ou DotA 2 sont impressionnantes et leur loyauté envers leur jeu est sans faille.

Blizzard ne pouvait pas se contenter d’un MOBA purement exigeant. La société avait besoin des joueurs débutant, ces joueurs qui ne se retrouvent pas dans les League of Legends, DotA 2 ou SMITE, les plus rebutés tant par la communauté que par la cruelle courbe de progression du genre. Blizzard a-t-il trouvé la solution ? A-t-il su trouver les bonnes idées pour réconcilier débutants et MOBA ?

Je ne suis pas un grand joueur de MOBA. Mon principal fait d’arme dans LoL est d’avoir réussi à comprendre que non, un « carry » n’est pas la conséquence d’une mauvaise hygiène bucco-dentaire. Je suis ce que l’on appelle plus communément un « noob » de base, ou encore un “enf**** de co***** de noob de me***“, comme on le voit souvent dans les fils de discussion des jeux sus-cités (et encore il faudrait, pour plus de réalisme, retirer toutes les lettres muettes). C’est donc avec un mélange d’appréhension et d’excitation que j’ai installé le dernier-né de la firme aux trois licences.

Entrez, venez sur ma lane

L’aventure commence de manière plutôt calme avec un didacticiel dans lequel on incarne Raynor (Space Marine alcoolique de son état) guidé par un chevalier plus proche de la carte senior que de la chevaliérisati… de l’adoubement. Le tutoriel s’avère des plus classiques, on y apprend les bases du gameplay : les déplacements, les sorts, les talents et les objectifs. Ces derniers sont le point fort de Heroes of the Storm (HotS), c'est la manière qu’a choisi Blizzard de se démarquer de la concurrence. L'apprentissage se termine par une partie Joueurs vs IA histoire d’être sûr de bien piger que le online ce sera pour quand vous serez grand. Mais comme je suis un brin suicidaire et surtout masochiste (j’aime qu’on m’insulte), il n’a pas fallu bien longtemps pour me lancer dans l'arène contre d'autres joueurs de chair et de rage.

Tout commence par le choix du héros dont va dépendre le rôle joué lors de la partie. On peut y trouver un reliquat de la sainte trinité (guerrier, assassin et soutien) mais aussi un petit nouveau : le spécialiste. N’ayant pas énormément testé ce dernier, je ne vais pas m’attarder dessus, vous pourrez aisément dénicher de biens meilleures descriptions sur le Net. Il est bon de savoir que la manière de jouer son héros va varier selon les talents choisis lors de la partie. On pourra augmenter, selon les besoins, la régénération de santé, la capacité à contrôler les foules ou encore les dégâts.

Après ce choix crucial et des plus sympathiques quand on voit le roster disponible (me parlant bien plus que celui des autres licences du genre), le matchmaking se lance. Les mains deviennent moites, le coeur commence à s’accélérer, les pupilles se dilatent, et enfin la partie démarre.

MOBA Peace & Love

Il faut bien comprendre que tout est fait pour que l'équipe ne s’engueule pas (ou pas trop). Que ce soit le niveau commun au groupe (et non pas individuel comme dans tout autre MOBA), ou l’impossibilité de parler à l’adversaire durant une partie, Blizzard exprime ici sa volonté de calmer les crises de rage et dramas habituels du genre. Et il faut avouer que la recette fonctionne plutôt pas mal. Plus de stress, fini la hantise de se faire insulter au moindre faux pas, plus de crise de panique à la vue de son nom sur le chat... le MOBA version Peace and Love existerait-il ?

Voilà qui jette un grand froid !

Si le jeu se prend facilement en main, il donne une fausse impression de facilité. Résultat, on a vite tendance à sous-estimer les subtilités du gameplay et sa propre vulnérabilité. En effet, même s’il est accessible, il est loin d’être simpliste et c’est après quelques parties que l’on se rend compte de la profondeur du jeu et des exigences du metagame. Terminé la prise de position sur une lane à grapiller du terrain sur l'adversaire, le but est de réussir à tenir ce dernier en échec et de le devancer lors de la prise des objectifs. Cela donne lieu à des escarmouche assez divertissantes au niveau des points d’intérêt. Il faut savoir ruser et avoir confiance en ses coéquipiers lorsque l’on veut avoir le contrôle de deux zones situées aux deux extrémités de la carte. Tout comme il faut savoir quand délaisser les objectifs pour percer les défenses ennemies. HotS fait la part belle aux teamfights et c’est une direction que j’apprécie fortement : si je joue à un MOBA, ce n’est pas pour faire du un contre un mais bien pour ces moments épiques dignes de la chevauchée des Walkyries.

Pour conclure ces premiers pas, il paraît évident que Blizzard nous propose un produit aux qualités fédératrices indéniables. De ma petite cinquantaine de parties, je peux finalement compter sur les doigts d'une main les insultes postées sur le chat, chose qui relève du miracle dans un genre aussi compétitif. J’entends déjà certains dire que cela est le fruit de la simplicité du jeu, du côté casual inhérent à tous les jeux Blizzard. Il est vrai que sur les premiers niveaux, le jeu laisse une impression de facilité mais, comme dans tous les jeux du développeur californien, il y a toujours une profondeur dans le gameplay (je pense ici par exemple aux failles de haut niveau dans Diablo 3 ou encore aux modes héroïques de World of Warcraft). HotS n'est encore qu'en bêta, il y a donc quelques soucis, ne serait-ce que dans l'équilibrage des héros ou dans les files d'attente du matchmaking.

Alors toi, débutant qui as eu la patience de lire ces lignes. Toi qui angoisses à l’idée d’être assigné à une lane en solitaire, sache que ton calvaire est fini. HotS inculque la gestion du risque dans la douceur et jongle savamment entre accessibilité et profondeur de jeu. Une production dans la lignée des jeux Blizzard, soignée et surtout fun.

Pour plus d'informations sur le jeu, je vous invite à aller lire l'aperçu et à regarder la vidéo de présentation ci-dessous.