Il y a quelques semaines à peine, lors de notre test des premières cartes GeForce RTX, nous avions souligné une certaine audace de la part de NVIDIA. L’audace d’avoir lancé une nouvelle génération de produits sur des bases technologiques résolument novatrices : un soupçon d’intelligence artificielle par ci, quelques rendus ray tracing par là... En vérité, voilà un moment que nous n’avions plus vu ce genre de nouveautés dans le domaine des rendus graphiques. Cela n’aura toutefois pas empêché cette nouvelle génération Turing d’entamer sa vie commerciale dans la douleur, et il n’y a qu’à voir les commentaires liés à notre dossier pour s’en convaincre : trop onéreuses, pas toujours disponibles en quantité suffisante, et pour le moment castrées de leurs fonctionnalités les plus emblématiques faute de support et de jeux compatibles, les GeForce RTX 2080 et 2080 Ti n’ont pas vraiment fait l’unanimité. Dès lors, les RTX 2070 annoncées en même temps que leurs grandes sœurs, mais lancées plus tardivement, ont-elles profité d’un contexte plus apaisé ? Pas vraiment, puisqu’un mois après nos premiers benchmarks, NVIDIA n’a toujours pas concrétisé le déploiement des nouvelles fonctionnalités que sont le ray tracing et le traitement DLSS, et limite donc l’exploitation des RTX 2070 à un contexte de rendu classique, en attendant mieux.

Voilà en grande partie pourquoi ce test de la RTX 2070 ne fera pas l’objet du même format de dossier que les RTX 2080 et 2080 Ti. D’un point de vue architecture, la nouvelle venue reprend toutes les caractéristiques de ses grandes sœurs, caractéristiques que nous avons déjà assez largement couvertes dans notre précédent article. Aussi nous ne développerons ici que les aspects performances 3D et environnementales, ainsi que quelques éléments spécifiques. Par exemple, contrairement au lancement des 2080 et 2080 Ti, NVIDIA ne nous a pas fourni de modèles Founders Edition de sa 2070, même si cette déclinaison particulière existe bien. Nous avons reçu une carte signée Gigabyte, la RTX 2070 WindForce 3X, calée sur les spécifications de référence : elle est ainsi donnée pour une fréquence Boost de 1620 MHz, là où la version Founders Edition overclockée affiche 1710 MHz. Autre point de différenciation avec le modèle FE de NVIDIA : le système de refroidissement évidemment. Notre carte Gigabyte se dote d’un large radiateur à ailettes, aéré par 3 ventilateurs axiaux. On note cependant que contrairement aux autres modèles adoptant cette configuration, la RTX 2070 WindForce conserve une épaisseur contenue : seulement 40 mm, ce qui correspondra à 2 slots d’encombrement sur le bracket arrière. Elle dispose également d’un mode de fonctionnement semi-passif, qui lui permet de conserver la ventilation à l’arrêt, lorsque le GPU n’est pas ou peu sollicité.

Enfin, le dernier point qui distinguera cette RTX 2070 WindForce de la version Founders Edition concerne l’alimentation. La carte Gigabyte dispose d’un duo de connecteurs PCI Express 6 et 8 broches, tandis que NVIDIA s’est contenté d’une seule interface 8 broches. Dès lors, nous n’avons pas d’éléments de comparaison précis au niveau du PCB, mais nous pouvons supposer que l’étage d’alimentation de la WindForce (en configuration 8+2 phases) a été renforcé.

D’un point de vue général, signalons que les cartes RTX 2070 accueille sur leur PCB une puce TU106, moins pourvues en unités de calcul que la puce TU104 des RTX 2080. Concrètement, on retrouvera 2304 unités primaires, 288 cœurs Tensor, et 36 cœurs RT. Si l’on fait un parallèle avec les puces de génération précédente, les RTX 2070 hors unités spécialisées présentent une configuration entre une GTX 1070 et une GTX 1080. Une information qui, lorsqu’elle est mise en parallèle avec les résultats déjà obtenus sur les RTX 2080 et 2080 Ti, devrait vous mettre sur la voie quant à la puissance développée par la nouvelle venue.

Quelques benchmarks plus tard, tout ceci se confirme : tandis que la RTX 2080 se positionnait en face d’une GTX 1080 Ti overclockée, la RTX 2070 fait correspondre ses performances 3D avec celles d’une GTX 1080 overclockée. Dans le détail, la RTX 2070 de Gigabyte devance de 5 à 7% notre GTX 1080 Founders Edition, la variation dépendant de la résolution de fonctionnement. Si l’on se place du point de vue d’une GTX 1070, l’écart est évidemment plus important, de 25 à 33%, là encore, selon les résolutions appliquées. En termes de valeurs brutes, la RTX 2070 va être un peu juste pour s’attaquer à des rendus 4K. Elle pourra s’en sortir sur quelques titres triple A particulièrement aboutis techniquement (Battlefield 1, Forza Horizon 4), mais dans la plupart des cas, le frame rate déployé restera assez loin de la barre symbolique des 60 FPS (37 FPS sous Watch Dogs 2, 33 FPS sous Shadow of the Tomb Raider, ou 48 sur Star Wars Battlefront II). En fait, la RTX 2070 est clairement taillée pour la résolution inférieure (2560 par 1440).

Terminons ce chapitre « Performances » avec la fréquence de fonctionnement : nous étions plutôt habitués à des exemplaires de tests qui travaillaient nettement au-dessus des fréquences annoncées, mais ce ne fut pas le cas ici. Quoique disposant d’un profil de fonctionnement très stable en charge, notre RTX 2070 naviguait entre 1650 et 1720 MHz. Une fréquence sur laquelle nous avons pu poser un très joli offset d’overclocking de 250 MHz, pour une valeur finale qui oscillait entre 1950 et 2 GHz.

Côté environnemental, les résultats obtenus sont là aussi sans surprise. Niveau consommation, la nouvelle carte Turing se positionne légèrement en dessous d’une GTX 1080 FE, comme la RTX 2080 se montrait légèrement moins gourmande en énergie que la GTX 1080 Ti. Par ailleurs, le système de refroidissement mis en œuvre par Gigabyte est parfaitement adapté. Grâce à son mode de fonctionnement passif, il ne dégage aucun souffle au repos, et en charge, les constantes environnementales demeurent parfaitement maitrisées : 66°C au niveau du GPU, et 42 à 43 dBA de nuisance sonore selon les jeux.

Au sortir de ces essais, on ne peut que constater que la RTX 2070 se place dans le sillage de ses grandes sœurs, les RTX 2080 et 2080 Ti : NVIDIA nous livre ici une carte solide, dotée de performances légèrement supérieures à celles d’une GTX 1080 de référence, et parfaitement à l’aise en résolution 2560x1440. En revanche, avec un tarif réel que l’on estime entre 500 et 680€, en fonction des fabricants et des fonctionnalités associées (OC, RGB, mode semi-passif, etc…), les RTX 2070 occupent le même intervalle commercial que les GTX 1080, sans qu’elles offrent d’améliorations significatives… Pour le moment... . Nous l’avons souligné en début d’article, si les fonctionnalités liées aux technologies ray tracing et DLSS ne sont pas encore exploitables, elles n’en restent pas moins présentes. Mais comme pour les RTX 2080, beaucoup se montreront perplexes à l’idée d’investir dans un produit dont on ne mesure pas encore tout le potentiel, et qui sait-on jamais, pourrait très bien ne jamais le concrétiser. Quoi qu’il en soit, les GTX 1080 intéressantes en termes de rapport qualité / prix tendent à disparaitre peu à peu du marché. Aussi si vous disposez d’une carte relativement ancienne et souhaiter investir 600€ dans un GPU, la RTX 2070 semble un choix tout indiqué. Si en revanche, votre GPU reste vaillant, et que votre intérêt se limite aux nouvelles technologies de ray tracing ou de DLSS, mieux vaut attendre de savoir si ces traitements apportent réellement un plus significatif.