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Phil Spencer, le très médiatique directeur de la division Xbox chez Microsoft, s'est entretenu au sujet des coulisses du développement d'Halo 5 : Guardians, de ses perspectives pour l'avenir, ainsi que de la réalité virtuelle au cours d'une interview avec le site américain GameSpot. L'occasion d'en apprendre plus sur les positions du directeur à propos de l'avenir de la licence Halo ainsi que sur l'HoloLens et la VR, mais aussi son sentiment vis-à-vis de ses concurrents et de l'état du marché.
Halo 5 : Guardians est un jeu énormément attendu par tous les fans de la licence, ainsi que par de nombreux joueurs détenteurs d'une Xbox One. Sa sortie approchant à grands pas, n'étant plus qu'à un petit mois de la date fatidique, il n'est donc pas étonnant que Phil Spencer soit interrogé sur les tenants et aboutissants d'une telle sortie, qui représente des enjeux majeurs pour la firme de Redmond.
Le point sur Halo
Dans un premier temps, Spencer concède que la console Xbox doit beaucoup à la licence Halo, le premier opus ayant littéralement fait un carton et ayant réussi à engendrer des suites tout aussi porteuses. Il n'y a donc aucune raison pour qu'il n'en soit pas de même pour Guardians, qui est le premier jeu estampillé Halo à sortir en exclusivité sur Xbox One et le directeur affirme être extrêmement confiant quant au succès que le jeu rencontrera auprès du public. Il considère en effet que les développeurs de 343 Industries ont réalisé un excellent travail.
Les intentions derrière Halo 5
Au sujet de la manière dont a été pensé Halo 5, ce dernier devait tout d'abord éviter l'écueil rencontré par le précédent Halo 4 concernant la durée de vie du multijoueur auprès de sa communauté. Le multijoueur de Halo 5 a donc été conçu pour retenir l'attention des joueurs de façon durable et nous comprenons donc mieux l'implémentation du système REQ qui permettra à ce mode de jeu de continuer d'intéresser les joueurs au fil du temps en les récompensant de leur assiduité, tout en étant viable financièrement parlant.
Spencer n'a aucune inquiétude non plus à propos d'un second écueil à éviter, celui de la stabilité des serveurs rencontré cette fois par Halo : The Master Chief Collection au moment de sa sortie en novembre dernier. Le directeur affirme que le studio 343 Industries a pris toutes les mesures nécessaires pour que les joueurs puissent profiter intégralement de l'expérience Halo dès le premier jour. Il faudra néanmoins attendre le lancement effectif pour savoir si les serveurs tiendront ce qui risque d'être une affluence conséquente de joueurs.
En ce qui concerne la coopération dans Halo 5, Spencer avoue que c'est une caractéristique qui lui tenait beaucoup à cœur, étant lui-même un amateur d'instances en PvE telles que dans Destiny. Cette caractéristique était aussi chère à l'équipe de développement et il sera ainsi possible de jouer la campagne en coopération et pour Spencer le mode Warzone comprend aussi des aspects de PvE, le nombre de joueurs étant conséquent et l'IA proposant des unités difficiles à défaire. Il est en revanche ferme sur la disparition de l'écran séparé qu'il considère appartenir aux précédentes générations en constat du marché actuel, tandis que le Xbox Live permet aux joueurs d'avoir accès aux mêmes caractéristiques tout en gardant une expérience de jeu originale et optimale.
L'avenir de la licence Halo
Pour ce qui est des perspectives d'avenir, donc des itérations ultérieures, si Phil Spencer pense que Halo a suffisamment de potentiel pour devenir une licence annuelle, avec son importante communauté de fans, des personnages emblématiques et un gameplay fort, il est absolument contre cette idée. Pour lui, continuer à créer de bons titres Halo passe par du temps de réflexion et de travail et n'est par conséquent ni prêt à sacrifier cela, ni à aller à l'encontre de l'idée d'entretenir une communauté de joueurs autour du même jeu de manière continue, comme évoqué précédemment.
Il projette la licence loin dans l'avenir et souhaite pouvoir continuer à étoffer l'univers de Halo encore dans vingt ans. Mais pour y arriver, Spencer affirme qu'il ne faut pas surexploiter le nom de Halo et donc qu'il est nécessaire de le manipuler avec précaution afin de conserver son unicité, sa fraîcheur à la fois parmi les jeux Xbox et sur le marché du jeu vidéo, et de créer un fort engouement autour d'une nouvelle sortie.
Enfin, Phil Spencer n'est pas fermé à la diversification de la licence Halo vers d'autres médias. Il pense que le background est suffisamment important pour créer des films ou des séries Halo, cela permettant d'attirer d'autres personnes que les joueurs vers l'univers Halo, mais qu'en revanche aucun projet touchant à Microsoft n'est en cours et qu'il faudrait que le projet satisfasse les créateurs et responsables de la licence. Aucune version PC n'est envisagée non plus pour l'heure, même si les joueurs pourront jouer en streaming via Windows 10.
Une réalité virtuelle balbutiante
Cette discussion autour d'Halo permet au journaliste de GameSpot de revenir sur la démonstration "HaloLens" effectuée au cours du dernier E3 et donc sur l'éventuelle sortie d'un jeu Halo sur un pareil support. Sans qu'il ne tienne à qualifier ce qui a été montré à l'E3 de "pure démonstration", Spencer précise que la technologie HoloLens n'est pas prête et qu'elle n'est pas non plus près d'arriver dans le salon de monsieur tout le monde. Aucun jeu n'est donc en préparation pour ce support. Ce dernier en est toujours au stade où il devra encore passer entre les mains de nombreux ingénieurs qui développeront de nouvelles idées, peut-être à partir de licences Microsoft, et surtout à partir des caractéristiques qu'offrira le support.
De plus si pour Spencer les technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée sont dans la continuité naturelle de ce que peut proposer l'industrie vidéoludique en termes d'expérience, elle ne représentera qu'une alternative médiatique du jeu vidéo. Le directeur a en effet du mal à se faire à l'idée que ces nouveaux médias puissent remplacer un jour nos bons vieux écrans LCD et le fait de pouvoir jouer en communauté sans être coupé du monde. En revanche en leur qualité de média, les appareils de VR/RA ne se limiteront pas non plus au jeu vidéo d'après Spencer. Mais cela, seul l'avenir nous le confirmera.
La Xbox au sein du marché vidéoludique
En guise de conclusion à cette interview, Spencer revient sur le statut actuel de Microsoft au sein de l'industrie du gaming ainsi que sur ce qui le dérange dans cette industrie à l'heure actuelle. Sur ce dernier point alors qu'il refuse de dénigrer ses concurrents, le directeur de Xbox déclare qu'il trouve écœurant et dommage que les joueurs en soient arrivés à se livrer une guerre des consoles plus violente que les constructeurs eux-mêmes, en se concentrant davantage sur leur matériel ainsi que sur les défauts et échecs des consoles considérées comme concurrentes, plutôt que de profiter simplement des jeux auxquels ils peuvent jouer.
Pour ce qui est du statut de la Xbox, même en étant sans cesse comparé à celui de la PlayStation, Spencer se dit amplement satisfait des ventes de sa console qui s'écoule mieux que lors de la génération précédente, de la croissance de sa filière et de sa communauté qui n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui. Le directeur dit malgré tout qu'il reste sur sa faim et sait qu'il est possible de faire encore mieux et qu'il reste du pain sur la planche. Nous sentons donc que la position de "challenger" de la Xbox fait travailler d'arrache-pied les équipes qui la composent et qu'ils tentent de proposer des solutions innovantes et optimisées pour tenter de surpasser la concurrence. Nous verrons très bientôt si cette philosophie porte ses fruits avec la sortie de Halo 5 et de la Xbox Elite.