A moins de vivre sur une île déserte, tous les joueurs sont invariablement chaque année au courant de la sortie imminente du nouveau Call of Duty sur consoles de salon et PC. Qu'on aime ou pas la licence, la machine de guerre commerciale d' Activision Blizzard est parfaitement huilée et les chiffres de ventes colossaux. On pourrait alors se dire que Call of Duty a conquis toute la planète du jeu vidéo à coup de killstreak et de mise en scène hollywoodienne. A moins qu'un village d'irréductibles ne résiste encore et toujours à l'envahisseur ? Focus sur les déclinaisons portables de Call of Duty.
Qu'on se le dise, Call of Duty est une saga qui a su devenir incontournable à chaque fin d'année depuis maintenant de nombreux épisodes. S'l faut tout de même remonter au premier épisode Black Ops (2010) pour trouver le jeu le plus vendu de la licence, avec ses plus de 30 millions d'unités écoulées, reste que les Call of Duty affichent toujours de très belles statistiques. Si le succès est au rendez-vous chaque année auprès des joueurs, les critiques ne sont pas en reste : des metacritic aux alentours des 80, et des notes qui tutoient généralement les sommets sur jeuxvideo.com. Mais parmi la liste des jeux estampillés Call of Duty on trouve également des noms qui n'évoqueront pas grand-chose à de nombreux joueurs : Declassified, Mobilized ou encore Les Chemins de la Victoire. Non, il ne s'agit pas d'une incroyable exclu sur les sous-titres des futurs Call of Duty, mais d'un échantillon de jeux sortis sur consoles portables. Parce que oui, il est tout a fait possible de prendre son Call of Duty sur place, ou à emporter.
Eclaireur sur PSP
Première incursion du soldat Call of Duty dans le monde du jeu à emporter, c'est bien sûr la console portable. 2007, la série est un plein boum avec l'épisode 4 : Modern Warfare qui affole les compteurs. Mais avant la sortie du titre en Novembre, un épisode PSP à vu le jour courant Mars. Les Chemins de la Victoire, c'est son doux nom, plonge le joueur nomade dans une aventure au cœur de la seconde guerre mondiale. Le virage contemporain de Modern Warfare n'est donc pas encore engagé, on s'en tient à la recette existante.
Côté développement, c'est Amaze Entertainment qui est chargé de jouer les éclaireurs. En son temps, le studio était un spécialiste de jeux issus de licences non vidéo-ludiques sur consoles portables. On leur doit notamment le jeu Lego Star Wars trilogie version GBA et DS.
Les Chemins de la Victoire n'est pas foncièrement mauvais, et réussi même plutôt bien à porter l'intensité de la guerre sur petit écran. Malheureusement, un gameplay trop assisté est une réalisation tiède feront de ce jeu un parmi tant d'autres. L'accueil est mitigé, et Activision décide d'arrêter les frais chez Sony.
L’offensive DS
Déjà la fin de l'aventure sur console mobile pour Call of Duty ? Absolument pas, la série change simplement son fusil d'épaule et s'engage sur le front de la Nintendo DS. Il faut dire que la console à double écran connait un bien meilleur succès que sa concurrente. C'est ainsi pas moins de 5 jeux qui sortiront sur la portable de Nintendo entre 2007 et 2011. La tactique est ici différente, puisqu'il s'agira à chaque fois d'un jeu directement en lien avec l'épisode console de salon et PC du moment. Activision compte ainsi proposer son bébé sur un maximum de machines différentes le jour de la sortie.
Matériel oblige, les épisodes DS ne seront pas des portages des épisodes consoles et PC, mais utiliseront le même univers. A chaque itération, la recette est la même, on est face à un FPS proposant un gameplay tactile plutôt agréable et des graphismes convaincants pour la DS. Un bon coup de la part des développeurs, puisque les FPS guerriers ne sont pas légions sur cette console. Même si les notes ne sont pas incroyables, et qu'il faut sortir à l'ombre de la version "principale", le studio n-Space gagne la confiance d'Activision et sera le créateur des 5 Call of Duty DS. Et puis soudain, c'est le drame.
La mort dans le déshonneur
En 2011, c'est la sortie de la Nintendo 3DS et de la PlayStation Vita. Actisivion décide de continuer la déclinaison annuelle sur portable, mais en repassant cette fois du côté de Sony. Un pari sur l'outsider, qui sonnera le glas de Call of Duty en version à emporter. Confié à Nihilistic, Black Ops Declassified est tout simplement une catastrophe. Se bouclant en une petite heure, le titre est un précis de tout ce qu'il ne faut pas faire dans un jeu. Entre les niveaux étriqués et minuscules, en passant par une IA complètement aux fraises, Declassified présente tous les symptômes du jeu développé à la va vite sous le manteau. Bref, sans tirer d'avantage sur l'ambulance tombée dans le fossé, ce Call of Duty mettra fin aux portages sur consoles portables, et n'aura pas réussi à faire décoller la Vita. Restera un gaming live d'anthologie.
Finalement, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné du côté des consoles nomades ? Plusieurs explications sont permises, à commencer par des titres bien en deça ce que propose Call of Duty au salon. On ne retrouve pas la même expérience et la même intensité, c'est clairement différent de l'esprit AAA. Activision n'aura pas su trouver la bonne formule. Le public de la série n'a également pas franchement répondu présent, bien contenté par les versions consoles et PC. Le FPS nomade et ses contrôles différents d'une manette "classique" ne les a pas convaincu.
Ouverture d’un second front
Parallèlement aux opus DS, Activision Blizzard se dit qu’il serait également bon de proposer quelque chose sur les smartphones. De quoi assurer une bonne visibilité à la licence Call of Duty sur tous les écrans, sans craindre qu’une mauvaise itération vienne tout balayer. Après la sortie de World at War, l’éditeur prolonge l’offensive début 2009 avec non pas une mais deux app. Chacune destinée à un public différent.
Tout d’abord, on trouve une companion app pour le jeu console et PC. Cela permet au joueur acharné de monitorer où qu’il se trouve ses statistiques. Dernières news sur le jeu, classement des joueurs, mais aussi guide, l’application est une mine d’informations pour qui veut s’investir dans Call of Duty. Le tracking des progrès du joueur, et son classement avec ses amis, permet également de l’engager plus durablement dans l’expérience « fixe » à travers la compétition. Lorsque la console ou le PC sont éteints, Call of Duty World at War est toujours là. D’autres companion app suivront pour des épisodes ultérieurs, et disparaîtront au gré des sorties annuelles. Nous reviendrons sur celle consacrée Advanced Warfare un peu plus tard.
Pour qui recherche un jeu mobile, les développeurs d’Ideaworks Game Studio proposent quant à eux CoD WaW Zombies. Comme son nom ne le cache pas, l’accent est ici mis sur le fameux mode zombie, si cher au cœur de nombreux fans de la série. On retranscrit ici le cœur du mode, avec un FPS en arène dont le but est de survivre. On dégomme les mort-vivants par paquets entiers, ce qui permet de gagner de l’argent, qui permettra de débloquer de nouvelles armes, et de moissonner encore plus d’ennemis, etc. Uniquement disponible sur iOS, le titre connaîtra de nombreuses updates, ainsi qu’un épisode 2, avant de céder la place à une déclinaison Black Ops.
Le zombie, une valeur sûre
Si les Zombies de World at War ne sont plus disponibles, vous pouvez néanmoins toujours dépenser vos deniers dans Call of Duty Black Ops Zombies. Sorti sur iOS, mais aussi sur Android, cette nouvelle mouture séduit beaucoup plus que les précédentes, et jouit d’une bonne réputation auprès des joueurs. Le fait de pouvoir jouer à 4 en multi n’y est sans doute pas étranger. Toujours sur le principe de massacrer des hordes de zombies, le titre propose un rendu bien plus convaincant, et permet d’explorer des maps et armes inédites. A cela s’ajoute 50 niveaux de « Dead Ops Arcade », qui se joue cette fois en vue du dessus dans un style plus rétro.
Si un jeu gratuit aurait pu permettre à Call of Duty d’étendre son nombre de fidèles, il semble que les zombies s’adressent plutôt à des joueurs déjà établis. En témoigne le prix de 6,99€, auxquels s’ajoutent des micro-transactions optionnelles. Du pay to pay comme on dit dans le jargon. Attention si vous souhaitez découvrir le mode zombie mobile, il semble que le jeu ne soit plus mis à jour depuis début 2014. Une éternité en somme.
Un peu de sang neuf
Plus proche de nous, on notera la sortie de Call of Duty Strike Team, toujours sur iOS et Android. Activision arrête le fan service et se décide à sortir de sa zone de confort pour proposer un jeu plus audacieux. On pourra aborder les différentes missions proposées avec la classique vue FPS, mais aussi gérer son escouade en vue du dessus. Cette seconde vue n'est pas sans rappeler les phases d'infiltration des opus canoniques. Il est possible de passer d’un mode de jeu à l’autre à la volée à tout moment, ce qui permet une expérience de jeu rythmée et qui fonctionne plutôt bien. Chaque membre de l’escouade pourra être personnalisé afin d’accentuer le côté tactique de ce Strike Team. Une bonne surprise, pour laquelle il vous faudra débourser 6.99€ sur iOS et 7.72€ sur Android. Oui pour une fois, c’est moins cher sur l’OS d’Apple.
Viendra ensuite Call of Duty Heroes, qui explorera le côté free to play de la force avec un Clash of Clans like. Construisez votre base, défendez là contre les autres joueurs, et déchaînez votre puissance contre les avant-postes adverses. Retour aux clins d’œil pour les fans, avec la possibilité de compter dans les rangs de son armée personnelle des héros tirés des différents épisodes consoles et PC. au delà de ça, le jeu est la preuve que le nom Call of Duty a su se faire connaître au delà de la simple sphère FPS. Pour le reste, Activision déroule sa partition, dans le plus pur respect de la tradition du genre, bien qu’on puisse regretter un certain manque de prise de risque sur quelques originalités. La gratuité du titre a cependant assuré à l’éditeur un nombre d’installation beaucoup plus conséquent que les opus payants (entre 10 et 50 millions d’installations d’après le Play Store, contre 100 000/500 000 pour le dernier zombies).
Place à l’entraide
Finalement, on conclura l’épopée mobile du soldat Call of Duty par la companion app destinée au dernier épisode, Advanced Warfare. Beaucoup plus agréable à l’œil que celle de World at War, le joueur prolonge ici l’expérience de salon par un aspect social. Plus question de surpasser ses amis, mais de s’allier avec eux dans une guerre de clans. Le principe est simple, vous affrontez 7 autres clans durant une période de temps donnée pour prendre un maximum de points de contrôle sur la carte. Une fois le temps écoulé, les 3 meilleurs clans gagnent des récompenses cosmétiques pour le jeu console/PC, voire même des bonus d’XP. Ce qui est bien joué de la part des développeurs, c’est que les points se gagnent en affrontant les autres clans dans le jeu Advanced Warfare. De quoi engager durablement et efficacement les joueurs dans le multi, avec de la compétition, mais aussi de la coopération. La companion app permet pour cela une gestion avancée du clan, du chat de groupe à l’édition de l’emblème.
Pour 2015, nous devrions donc sans surprise voir débarquer une application dédiée à Black Ops III afin d’accompagner ses joueurs. Elle devrait rester dans la veine de celle d’Advanced Warfare, plus orientée communauté que compétition. La question est plutôt de savoir si un nouveau zombies débarquera dans la foulée, reprenant l’ambiance lovecraftienne du mode de Black Ops III, ou si Activision continuera d’explorer les gameplays du catalogue mobile. Peut-être aura-t-on droit à un Angry Drone, qui sait ? Côté consoles portables, rien ne devrait bouger avant un bon moment avec Declassified, le mobile profitant bien mieux à la série. Avec de nombreux titres sortis sur consoles portables et smartphone, Call of Duty donne finalement une assez bonne vue d’ensemble de l’évolution du jeu nomade sur les dernières années. Par ses réussites, et ses échecs.
