Pour bien comprendre cet article, il convient de se replonger un peu dans le contexte. Nous sommes en 1998, Nintendo connaît quelques difficultés avec sa N64, les ventes sont retombées malgré l'engouement autour de Super Mario 64. Il faut dire que le catalogue est loin d'être conséquent et que Sony commence à attirer du monde avec sa PlayStation, à commencer par Squaresoft qui a claqué la porte de Big N un an plus tôt...
Dans ces conditions, la firme de Kyoto veut faire peau neuve. Une solution commence alors à circuler au sein de la direction : laisser tomber la course à la puissance pour se concentrer sur le fun dégagé par les expériences vidéoludiques. Et pourtant, la dernière console du constructeur mettait bien en avant son processeur 64-bits, contrairement aux concurrents qui s'appuyaient sur une puce 32-bits. Mais les ventes, loin d'être transcendantes à cette période, finissent de convaincre Nintendo.
Une interview de Shigeru Miyamoto datant de 1998 vient de faire surface sur la Toile, après avoir dormis près de 17 années dans les locaux du magazine Hiryu Game. Dans cette entrevue, la papa de Mario explique justement cette nouvelle idée de Nintendo qui fait primer le fun sur la qualité graphique. L'homme prend même en exemple le Tamagotchi, ces petites créatures de poche qui cartonnent à cette époque en Asie :
Vous commencez à voir des développeurs demander si, des développements de jeux intéressants, satisfaisants vont vraiment de pair avec des technologies toujours plus réalistes et précises.
Prenez le populaire Tamagotchi par exemple. Il n'y aucune technologie puissante. Il attire et est fun d'une toute autre façon. Il y a quelque chose ici qui pourrait rendre les jeux plus riches et je pense que ce serait une idée pour les développeurs à l'avenir.
Miyamoto n'a pas l'air très attiré par les grosses démonstrations techniques. Pour lui, la bataille pour le réalisme n'a pas de sens, puisque les créateurs de jeux vidéo ont chacun leur patte graphique, leur style qui viendra de toute façon déformer le réalisme :
Si vous dites que vous créez quelque chose de "réel", alors soudainement, tout cela devient un compétition technique : le gagnant est celui qui créé la représentation la plus réaliste, n'est-ce pas ? Sauf que je ne pense pas que cela soit vrai. Parce que c'est là qu'est l'individualité de quelqu'un en tant que créateur, le style de quelqu'un qui ressort vraiment.
La suite de l'histoire est désormais connue, Nintendo a préféré miser sur l'accessibilité et le "fun" (même si cela ne veut pas dire que les consoles concurrentes ne l'étaient pas) que sur la performance pure avec des consoles telles que le Gamecube ou la Wii. Il est toujours intéressant de connaître les coulisses des réflexions qui ont pu mener des entreprises ayant une telle influence à s'orienter d'une telle manière.
Mais cette idéologie que Nintendo exploite depuis maintenant une quinzaine d'année pourrait bien changer. En effet, avec l'échec commercial relatif de la Wii U, il semblerait que Big N nous prépare quelque chose de nouveau que nous connaissons, pour l'instant, sous le nom de NX. Alors, la firme de Kyoto a-t-elle changé de regard sur l'industrie ? La NX sera-t-elle annonciatrice d'une nouvelle tendance ? Nous le saurons en 2016, Nintendo ayant promis de ne rien dévoiler concernant sa nouvelle console avant l'année prochaine.
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