jeuxvideo.com > Comment définiriez-vous TrackMania United en quelques mots ?

Florent Castelnerac : United rassemble tout le monde et s'adapte à chacun en lui proposant de jouer à un niveau départemental, d'échanger ses créations, etc.

jeuxvideo.com > Durant la présentation, vous avez déclaré qu'United a exigé une importante somme d'efforts. De quelle nature étaient ces efforts ?

Florent Castelnerac : Déjà, United représente le plus gros budget de Nadeo et les gens auxquels on le montre ne peuvent pas percevoir cet aspect. C'est pourquoi on prend le temps d'expliquer tout ce que nous avons fait. Tout le monde pense que la carte graphique est un avantage précieux pour faire des jeux sympa mais il y a aussi d'autres choses. Il y a la carte réseau qui permet d'unir des joueurs et nous avons travaillé énormément avec les gens de Nadeo et de l'extérieur pour être capables de mettre en place ce projet. Donc, dire cela est sans doute moins vendeur qu'une belle cinématique mais nous avons effectivement fait beaucoup d'efforts parce que nous y avons travaillé très très dur pour convaincre comme à nos premières heures.

jeuxvideo.com > United doit-il être considéré comme un add-on ou comme un jeu complet ?

Florent Castelnerac : C'est un jeu complet. A nouveau, c'est difficile de communiquer comme cela parce que le public n'est pas forcément sensible à cet argument mais c'est notre moteur 2.0, c'est donc un nouveau jeu.

jeuxvideo.com > Et en tant que développeur, comment vit-on ce nouveau départ ? On sait déjà qu'il y en aura d'autres ? On regrette de ne pas avoir commencé en 2006 et d'avoir profité des outils disponibles aujourd'hui ?

Florent Castelnerac : C'est très dur en fait. Un studio est obligé de passer par toutes les étapes de création. On a eu notre serveur dédié l'année dernière, etc. Donc toutes les étapes qui nous permettent de progresser, on ne les regrette pas mais il est clair qu'avec les moyens d'aujourd'hui on peut faire des choses beaucoup plus innovantes qu'à l'époque.

jeuxvideo.com > C'est peut-être aussi une question d'imagination et de vision...

Florent Castelnerac : Je ne pense pas qu'il s'agisse avant tout d'imagination. Il ne faut pas s'arrêter à la première idée mais aller chercher la deuxième, la troisième, etc. Au bout du compte, on obtient une sorte de combat de monstres d'où seule la dernière idée sortira vainqueur. Et c'est sans doute ça notre grande force : d'être en débat permanent.

jeuxvideo.com > Le jeu reste un espace de liberté incroyable. Ne craignez-vous pas la triche ?

Florent Castelnerac : Jusqu'ici on a eu de la chance car ça fait quand même trois ans qu'on parvient à se prémunir contre la triche, ce qui est difficile quand on propose un titre avant tout orienté pour le online. Il n'y a jamais eu de triche reconnue dans TrackMania. Mais il faut dire qu'on fait un vrai travail de fond en incluant en permanence le système qui permet de contrer ce qu'on considère comme possible en matière de triche. C'est donc une course continuelle contre les tricheurs, mais que les tricheurs n'ont pas encore commencé contre nous. On a déjà plusieurs barrières de sécurité.

jeuxvideo.com > Mais avec l'arrivée des coppers, on ne peut pas imaginer que cela va changer ?

Florent Castelnerac : On ne peut pas tricher sur son compte en coppers. C'est persistant et pris en compte sur le serveur. Tout ce qu'on pourrait imaginer, ce serait des gens qui commencent à raconter des carabistouilles pour essayer de soutirer quelques coppers à leurs camarades. Contre ça, on va d'abord voir ce qui va se passer. TrackMania reste un jeu qui n'exige aucun abonnement. Les coppers sont plus de la monnaie "pour faire semblant" comme les billets de Monopoly et si vous ne rendez pas la monnaie convenablement quand vous faites la banque, ce n'est pas notre responsabilité.

jeuxvideo.com > D'accord mais on pourrait dire que l'or dans World of Warcraft n'est pas non plus "du vrai argent", pourtant il y a autour de ça un trafic monstrueux qui débouche sur des révocations de comptes par centaines. Tout cela pourrit un peu l'esprit d'un jeu, non ?

Florent Castelnerac : TrackMania diffère de World of Warcraft sur deux points essentiels. D'abord, il n'y a pas d'abonnement. On peut donc relativiser un petit peu... Dans TrackMania, on ne perd pas dix mois d'abonnement si on a un problème avec les coppers... Mais surtout, World of Warcraft est un jeu basé sur le temps. C'est-à-dire que si je passe des mois et des mois à faire monter un perso et à lui offrir des objets puissants, je vais être très énervé si quelqu'un peut me dépasser en deux minutes parce qu'il aura triché. Mais TrackMania se base avant tout sur la qualité et le talent du joueur. C'est à dire que demain si mon compte est complètement bousillé et que j'ai tous les problèmes du monde, je recommence à zéro en retrouvant mon niveau puisqu'il est directement lié à mon talent de pilote. Dans TrackMania Nations, si on est doué, il ne faut pas plus d'une dizaine d'heures pour se retrouver dans le Top 1000 des joueurs mondiaux.

jeuxvideo.com > On pourra charger très facilement la musique de celui qui héberge les parties. C'est la porte ouverte aux problèmes de droits d'auteurs, non ?

Florent Castelnerac : Oui, comme partout. Si vous mettez un lien sur Internet pour accéder à une musique qui n'est pas libre de droit, l'ayant droit peut intervenir et vous demander de la retirer. Pour nous, c'est absolument pareil.

jeuxvideo.com > Le jeu est encore très arcade. La prochaine évolution de TrackMania pourrait être d'ordre physique avec la destruction des carrosseries ou des ennuis mécaniques. Qu'en pensez-vous ?

Florent Castelnerac : Je ne sais pas si cela arrivera un jour. En tout cas, nous n'en avons pas la volonté. J'ai bien conscience que cela pourrait être amusant. Si TrackMania prenait de la distance par rapport à d'autres jeux de courses, on pourrait justifier de le faire. Pourquoi ? Parce que tout notre système serait bénéfique à des gens qui ont envie d'avoir ce genre de concepts. Mais aujourd'hui, on considère que d'autres jeux, Burnout ou FlatOut, le font déjà dans leur domaine et il est important que chacun conserve ce qui fait son originalité par rapport aux autres. Mais il n'est pas impossible que si le système évolue encore, on finisse par proposer à notre public d'avoir le réseau, le peer-to-peer, le classement départemental mais aussi les caractéristiques des jeux précités. Mais je le ferai à contrecoeur car, pour moi, ce serait empiéter sur la raison d'être d'autres jeux.

jeuxvideo.com > Merci, M. Castelnerac.

• Site officiel de Trackmania United