Pour des raisons qui diffèrent, certains films ont parfois du mal à s'exporter à l'international. C'est le cas d'Oppenheimer, dont la diffusion se fait à tâtons au Japon.
Une avant-première au Japon
À la cérémonie des Oscars, Opppenheimer a récupéré sept récompenses. Parmi elles se trouvent le splus prestigieuses. Le film, retraçant les moments importants de la vie du créateur de la bombe atomique, a eu l’Oscar du meilleur film. Christopher Nolan est reparti avec celui du meilleur réalisateur ; Cilian Murphy avec celui du meilleur acteur et Robert Downey Jr. avec celui du meilleur acteur dans un second rôle. Une domination preuve de l’éclatant succès du long-métrage.
Pourtant, ce film n’a pas encore été diffusé partout dans le monde. Il arrive en salles au Japon le 29 mars, dans un climat forcément différent des autres pays. L’archipel nippon étant la seule nation à avoir été frappée par la bombe atomique.
En amont de cette date fatidique, le distributeur Local Bitters End a organisé une avant-première à Hiroshima. Une initiative symbolique dans l’une des villes frappées par la bombe. C’est l’ex-maire (de 1991 à 1999), présent et interviewé sur place qui déclare à propos du film :
Le film a été réalisé de manière à valider la conclusion selon laquelle la bombe atomique a été utilisée pour sauver la vie des Américains.
Aussi présent, le documentariste Tetsuya Mori s'est montré moins tranchant :
Le film aborde indirectement la tragédie et la brutalité de la guerre nucléaire, sans montrer aucune séquence, ce qui peut être moins spectaculaire pour le public. Mais quand il touche le cœur, l'impact est puissant. Il ne s’agit pas seulement de montrer ou non des scènes d’Hiroshima et de Nagasaki.
Le point de vue de l'homme et pas de la bombe
S'il faut attendre encore quelques jours pour avoir un ressenti global de la population japonaise, il est intéressant de rappeler la position de Cristopher Nolan sur le sujet. Le réalisateur, qui s'est inspiré de la biographique (American Prometheus) pour son film a déjà expliqué avoir délibré un film subjectif axé sur Robert J. Oppenheimer (en opposition à un film sur l'explosion de la bombe) :
"Je suis très heureux qu'Universal ait privilégié une approche plus lente, plus respectueuse pour ce marché spécifique. Qu'on ne se soit pas contenté de le sortir partout ailleurs comme un blockbuster lambda (...) Tout ce que je peux dire c'est que dans l'ensemble, jusqu'ici, le public a compris mon intention, qui était en effet de raconter l'histoire strictement du point de vue de cet homme.
Un angle assumé qui explique l'absence d'une scène qu'une certaine partie des spectateurs s'attendaient probablement à voir.