La parole des développeurs est rare dans le monde du jeu vidéo. Nous n’avons pas souvent l’habitude de lire comment les choses se passent vraiment sous les néons des studios. Sur X/Twitter, Chris Sayers parle de sa grande désillusion.
“Ils n’en ont rien à faire des gens”
Activision Blizzard a souvent été pointé du doigt sur les réseaux sociaux ou par la presse spécialisée. Les frasques de Bobby Kotick ainsi que les révélations de Jason Schreier ont régulièrement mis le géant du jeu vidéo sous le feu des projecteurs. Alors que le groupe vient d’être absorbé par Microsoft, les langues se délient. Maintenant que l’ex-dirigeant de l’entreprise n’est plus aux commandes, certains employés osent parler de leurs mauvaises expériences. C’est le cas de Chris Sayers, un artiste VFX qui a travaillé chez Blizzard sur Overwatch 2.
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Après avoir remercié les gens avec qui il a travaillé au sein de son équipe, qu’il qualifie de “chaleureux, accueillants, amusants, amicaux et tellement talentueux”, Chris révèle que cela n’a pas été suffisant face au stress de devoir accomplir “quatre emplois à la fois” et face à une direction qui “a fait des promesses qu’elle n’avait pas l’intention de tenir”, ce qui l’a poussé à claquer la porte. Il explique dans une série de messages comment Blizzard “n’en a rien à faire des gens”, selon ses termes.
so, enough time has passed now for me to talk about why i decided to leave Blizzard. a mixed year with great teammates, but a management that mistreated, lied to me, gaslit me, gave me a fake promotion, and HR that refused to help.
— Chris Sayers (He/Him) (@NotSoLittleC) February 8, 2024
buckle up friendos. 💪
“Quelle promotion ?”
Tout commence en juillet 2023. Chris Sayers travaille sur Overwatch 2 depuis 6 mois dans l’équipe cosmétique lorsque Blizzard lui propose un poste de responsable. Le jeune homme se met d’accord avec le groupe sur les prestations attendues, nombreuses, et sur le salaire. Tout s’officialise rapidement, et malgré ses nouvelles tâches (être responsable de 3 personnes, gérer la pipeline VFX externalisée en Chine, etc.), Chris est fier de monter les échelons. Cependant, dès sa première semaine à son nouveau poste, les ennuis commencent. Blizzard veut licencier un des membres de l’équipe qui est en télétravail (pour s’occuper de ses parents malades, précise-t-il), malgré le désaccord de Chris. Vient ensuite le problème du salaire. Après plusieurs relances, le lead VFX s’aperçoit que son salaire sera inférieur à 50 % de celui des autres lead VFX du studio, “à tel point qu'en tant que Lead, mon salaire est inférieur à celui de toutes les personnes que je dirige” explique-t-il dans un message. La réponse des Ressources Humaines va lui glacer le sang.
“On me dit que c'est parce que je suis au Royaume-Uni et que mon salaire est basé sur la valeur du marché, et non sur ma valeur” déclare Chris Sayers. “Pourquoi vous payer plus qu'il ne faut ? Cela n'a aucun sens” lui aurait répondu Blizzard. “Je me rends compte que je parle à une personne qui n'en a rien à faire des gens” regrette le jeune homme. Le pire reste à venir. Ne voyant toujours pas d’augmentation salariale, le lead VFX menace de quitter ses fonctions. C’est via un appel téléphonique avec le service des Ressources Humaines qu’il va tomber de haut, puisque ces derniers font mine de ne pas être au courant de sa promotion. “C'est à ce moment-là que j'ai déposé une plainte officielle” explique-t-il. “L'enquête sur la plainte formelle revient quelques semaines plus tard et, après une délibération approfondie, décide que les RH n'ont rien fait de mal et qu'elles ont suivi toutes les procédures correctement. Je remets donc ma démission environ une heure plus tard” écrit-il sur X/Twitter.
L’histoire aurait pu se terminer ici, mais Chris Sayers continue. “Les RH me disent alors qu'en raison de mon rôle de leader, j'ai acquis des connaissances qui me feraient courir un risque commercial si je travaillais ailleurs. Ils activent donc une clause de non-concurrence qui m'empêche de travailler N'IMPORTE OÙ pendant 3 MOIS !” s’indigne-t-il. Avant d’ajouter : “Vous vous dites peut-être, à juste titre, ‘oh, il s'agit donc de 3 mois payés, n'est-ce pas ? On ne peut pas empêcher quelqu'un de travailler pendant 3 mois sans le payer’. INCORRECT c'est exactement ce qu'ils ont fait, et malheureusement, c'est tout à fait légal”. “J'ai dit que je ne pouvais pas survivre pendant 3 mois sans salaire, j'ai une hypothèque et ils m'ont regardé dans les yeux et m'ont dit : ‘eh bien, vous n'auriez probablement pas dû signer le contrat alors’. En quelques minutes, ma messagerie était bloquée, et c'était la fin de mon temps chez Blizzard” conclut-il. Rideau.