Le cinéma est fait de grandes tendances, qui s'imposent pendant un certain nombre d'années avant de laisser place à une nouvelle dynamique à côté de laquelle de nombreuses choses différentes sont produites. Après le cinéma d'action dans les années 80-90 et l'ère des grandes adaptations au début des années 2000, c'est le cinéma-franchise qui s'est imposé. Et pour Chrisopher Nolan, on approcherait de la fin.
Après plus d'une décennie de succès, le MCU marque le pas
Terminator, Die Hard, Leon, Speed, Rambo, Platoon, Schwarzenegger, Stallone Bruce Willis... Autant de films et d'acteurs qui ont très fortement marqué les années 80 et 90. A ces long-métrages ont succédé les Matrix, Le Seigneur des Anneaux ou encore Harry Potter avant qu'en 2008, Marvel Studio ne lance sont MCU avec Iron Man. C'est le début d'une énorme domination sur le Box-office mondial qui a duré pendant une décennie. Sur les 15 plus gros succès cinéma à l'échelle mondial, cinq sont des films Marvel.
Aucune autre franchise n'a pu imposer autant de long-métrages, et la suite du top 30 intègre énormément d'autres films issus du MCU. Jurassic World est également de la partie, de même que Fast & Furious ou encore Star Wars. Pour beaucoup, les années 2010-2020 ont constitué ce qu'on appelle l'ère des Sagas, ces franchises dotées de films qui se suivent, qui sont liés entre eux, et qui sont parfois complétés par des productions télévisuelles. Pour Marvel, et donc Disney, l'après-Thanos a été difficile à gérer.
La Saga de l'Infinité a tenu le public en haleine, mais la Saga du Multivers attire beaucoup moins. Il y a bien-sûr des succès comme Spider-Man No Way Home ou Doctor Strange in the Multivers of Madness et Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, mais les autres films ont moins bien fonctionné. Les plans sont calés pour plusieurs années encore, mais The Marvels, dernier long métrage en date avant la sortie en juillet de Deadpool 3, est considéré comme un échec commercial avec seulement un peu plus de 205 millions de dollars générés au box-office.
Le réalisateur d'Oppenheimer croit au cinéma "post-franchise"
Christopher Nolan, réalisateur de Oppenheimer, a récemment interrogé par Alex Zane au sujet des franchises après avoir reçu pas moins de 13 nominations aux BAFTA. Pour lui, le succès d'Oppenheimer montre qu'il y a un marché pour ce genre de films, et qu'on entre "certainement" dans une ère post-franchise. Autrement dit, il pense qu'il existe un futur ou le public, ainsi que le studios, se sont lassés du fait de tracer des plans sur plusieurs années avec de nombreux films connectés.
Je pense que le succès d'Oppenheimer laisse entrevoir une sorte de paysage cinématographique post-franchise, post-propriété intellectuelle - c'est plutôt encourageant. (Oppenheimer a rappelé) aux studios qu'il existe un appétit pour quelque chose que les gens n'ont jamais vu auparavant ou une approche de choses que les gens n'ont jamais vues auparavant. (...) Depuis que je travaille dans le cinéma, j'ai eu l'impression que l'establishment culturel prédisait toujours la disparition des salles de cinéma, et on me pose maintenant cette question : « Qu'est-ce que je pense de la santé de l'industrie cinématographique ? Et je ne sais pas vraiment comment répondre. Nous venons de sortir un film classé R de trois heures sur la physique quantique, et il a rapporté un milliard de dollars. Comme quoi... De toute évidence, nous pensons que le public est impatient de voir quelque chose de nouveau.
Christopher Nolan ne dénigre cependant pas le cinéma de franchise. Il souligne l'immense réussite qu'a été Avengers : Endgame, aboutissement loin d'être évident à réaliser de 10 ans de longs métrages. Il estime simplement qu'entre la baisse des entrées liées aux franchises et le succès d'autres films comme Oppenheimer, Barbie ou encore Super Mario Bros. Wonder, il existe un autre chemin.
Plutôt que de rabaisser ce cinéma de franchise, qui continuera à exister à travers Star Wars, James Bond, le futur DCU et bien d'autres, il veut se servir des exemples récents pour montrer aux studio que le succès est possible par d'autres moyens sur le marché actuel. Reste à attendre pour voir si les faits lui donnent raison. Dans tous les cas, c'est le public qui décidera, en se rendant en salle ou non, ou en visionnant un film plutôt qu'un autre sur les plateformes de SVOD.