L’Autorité de la concurrence inflige à Sony une sanction de 13,5 millions d’euros pour avoir abusé de sa position dominante sur le marché des manettes de jeux vidéo.
Des manettes tierces ciblées par des déconnexions
Sony, le géant japonais de l'électronique et du divertissement, a récemment été sanctionné par l'Autorité de la Concurrence française (FCA) d'une amende de 13,5 millions d'euros pour abus de position dominante sur le marché des manettes de PlayStation 4. Cette décision, rendue le 20 décembre, fait suite à une enquête approfondie de la FCA sur les pratiques de la société dans le domaine des manettes de jeux vidéo.
L'enquête, initiée en 2016, s'est concentrée sur le programme de licence de Sony pour les manettes tierces de la PS4. La FCA a identifié des problèmes de concurrence liés à la politique de Sony, qui offre aux consommateurs trois types de manettes : celles produites par Sony, celles produites par des fabricants sous licence de Sony et celles produites par des tiers non agréés par Sony. Petite précision, ce dernier type de manette ne possède pas de puce d'identification.
En 2016, les ventes cumulées de cette dernière catégorie représentaient seulement 3,5 % des ventes totales de manettes compatibles avec la PS4, une proportion qui a attiré l'attention de la FCA. Dans son communiqué, l’Autorité de la concurrence indique que Sony aurait enclenché certaines contre-mesures techniques en provoquant « la déconnexion des manettes non dotées du numéro d’identification, ou encore de manettes dotées d’un numéro dupliqué à grande échelle. » Face à ces préoccupations, Sony a soumis des engagements en 2020, mais ceux-ci ont été rejetés par la FCA.
Une politique opaque
En 2021, une nouvelle enquête de l’autorité de la concurrence a été déclenchée suite à des plaintes d'autres acteurs du marché accusant Sony d'abus de position dominante. Subsonic, l’un des acteurs à l'initiative de la plainte, affirme n'avoir jamais reçu de la part de Sony les critères d'adhésion au programme de licence officielle. L'Autorité estime ainsi que la politique de concession de licence de Sony s'est avérée opaque, difficile à appréhender, et par conséquent, compliquée à mettre en œuvre.
De ce fait, la FCA a conclu que Sony utilisait des pratiques anticoncurrentielles en limitant la disponibilité de ses manettes de jeu à d'autres entreprises. L'amende imposée à Sony est significative et envoie un avertissement fort aux autres acteurs du secteur. Sony a joué et a perdu, mais la société japonaise peut tout de même contester la décision de la cour inférieure qui l'empêche de faire appel des conclusions de la FCA en se tournant vers la Cour suprême.
Si Sony obtient une décision favorable, elle pourra faire appel de la décision. Toutefois, bien que cette option soit incertaine et puisse impliquer des tracas juridiques, le montant de 13,5 millions d'euros, comparé à la valeur globale de l'entreprise dépassant les 100 milliards de dollars, reste relativement modeste pour Sony.