Empires of the Deep, le concurrent fantôme d’Avatar qui n’aura jamais vu le jour

Qui d’autre qu’Avatar peut concurrencer Avatar ? Difficile de répondre à cette question pour le moment tant l’histoire du cinéma nous a prouvé qu’il n’y avait que James Cameron lui-même pour repousser les limites de ses chefs-d’œuvre et s’installer durablement dans le classement des longs-métrages les plus rentables du septième art. Toutefois, il fut un temps où l’univers de James Cameron a failli se trouver un adversaire de taille. En effet, le visionnage du premier volet de la franchise Avatar a asséné une claque à plus d’un spectateur et en a inspiré tout autant d’autres, dont le magnat chinois de l’immobilier Jon Jiang.

Plutôt bien lôti d’un point de vue financier et débordant d’idées et d’inspirations pour le scénario - il y aura eu, en tout, 40 versions différentes -, Jiang se met à imaginer les contours d’un projet cinématographique qui aura pour nom Empires of the Deep (même s’il a failli s’appeler Mermaid Island). Avec une belle enveloppe de 130 millions de dollars, l’ogre chinois veut chasser sur les terres du géant américain, et même faire une trilogie. Toutefois, la réalisation, ce n’est pas pour lui. C’est alors qu’il décide de se rapprocher d’une pointure du blockbuster : Irvin Kershner, le cinéaste derrière Star Wars, épisode V : L’Empire contre-attaque ! Le souci, c’est que cette histoire de reine sirène qui défend son royaume au beau milieu de la Grèce Antique ne lui paraît pas des plus pertinentes auprès d’un public occidental. Il fait alors des suggestions à Jiang… qui les balaie.

Rien ne va durant la production du film et personne n’en veut !

Troquer son histoire de mythologie pour des humains découvrant un royaume englouti ? Et puis quoi encore ! Jiang enchaîne les rencontres avec les réalisateurs (Scott Miller, Michael French, Pitof) avant de sceller un accord avec Jonathan Lawrence. Néanmoins, ce n’est que la première galère d’une longue série de péripéties qui amèneront peu à peu Empires of the Deep vers l’échec. Après le réalisateur qui pose problème, c’est la gestion des figurants qui démontre d’énormes lacunes sur les plateaux de tournage, lieux où l’on s’évertue à construire un film dont le scénario n’est pas totalement bouclé... Initialement au nombre de 500, les figurants finissent quasiment tous par s’envoler - hormis 20 - en raison d’oublis de paiement incessants. Mais malgré ça, le projet avance et peut même se vanter d’avoir signé le visage de son héroïne principale, incarnée par Olga Kurylenko (Quantum of Solace).

Cependant, hormis une bande-annonce en 3D d’aspect rudimentaire puis de nouvelles images un poil plus flatteuses en 2010 puis 2012, la réalisation du film patine, et ce, jusqu’en 2014 ! Pour remettre un coup d’accélérateur, Jiang tente un gros coup et se rapproche du monteur attitré de Steven Spielberg, Michael Kahn. Sauf que, quand ce n’est pas en interne que ça coince, c’est autour du film que le processus s’enraye : aucun distributeur américain n’est prêt à prendre le risque compte tenu de ce qu’ils ont vu jusqu’à présent… Cet énième revers contraint donc Jiang à prendre une décision, celle de se tourner vers le financement participatif mais, là encore, le magnat se heurte à la réalité : la mobilisation est insuffisante et l’empêche d’envisager une sortie en salles. Très certainement abandonné et dans les limbes de l’histoire du cinéma, le film n’aura rien rapporté à Jiang, si ce n’est une addition très salée de 130 millions de dollars.