Le jeu vidéo fourmille de légendes urbaines et il faut parfois des années pour que celles-ci soient effacées de l’inconscient collectif. Les idées reçues ont la vie dure comme on dit, mais c’est pourtant une autre légende qu’il va falloir, a priori, remisée au placard.
Nintendo, un éditeur à part
Depuis des décennies, Nintendo est connue comme l’entreprise japonaise qui ne suit à aucun moment les règles de la concurrence. De manière générale, ce sont plutôt leurs idées qui sont copiées par les autres et il suffit de lire les interviews des développeurs de la firme de Kyoto pour s’en convaincre. Nintendo a une culture d’entreprise qui semble un peu hors du temps, mais cette différence fait que les œuvres sortant de ses studios ont souvent un charme unique et surtout une ingéniosité incroyable. Il suffit de faire quelques niveaux de Super Mario Bros. Wonder pour comprendre que, décidément, ses créateurs ont quelque chose à part. Il faut dire que Nintendo, à l’inverse de nombreux autres studios souffrant des périodes de crunch, a une approche très différente auprès de ses employés.
Même si les jeux sont soumis à des calendriers, les développeurs ne subissent pas la même pression vécue par les concepteurs de certains studios occidentaux. Elle peut exister bien entendu, mais il faut savoir que pour un jeu comme Super Mario Wonder, il n’y avait absolument aucune contrainte de temps et en parallèle, Nintendo a fait en sorte de proposer un budget à la hauteur du personnage. En clair, les développeurs ont eu carte blanche pour se lâcher, ce qui donne ce titre d’une générosité folle. Et si l’on vous parle de cela, c’est que ça colle plutôt bien à la philosophie de Nintendo.
La citation culte démythifiée ?
Dans l’histoire du jeu vidéo, Nintendo a toujours été considéré comme un éditeur à part et Shigeru Miyamoto, le papa de Mario, a souvent eu à s’expliquer sur les coulisses de l’entreprise. Depuis plusieurs décennies, on lui prête ainsi la citation suivante : « Un jeu retardé finira par être bon, mais un mauvais jeu sera toujours un mauvais jeu. » Cette phrase, devenue culte, a été sortie à de nombreuses reprises par certains studios pour justifier un report d’un titre en cours de développement. Pour tout le monde, Shigeru Miyamoto est l’auteur de cette citation ! Citation qui a même été reprise dans des domaines autres que le jeu vidéo (oui, oui !) ! Et pourtant, après des années de croyance, le site Critical Hit a mené une enquête approfondie sur cette célèbre citation et il semblerait, bel et bien, que Miyamoto n’ait jamais lâché une telle phrase.
La première référence de cette citation remonte en réalité à une affiche trouvée sur Usenet en 1998 et les intéressés seraient même remontés jusqu’à une certaine Siobhan Beeman, alors directrice de projet chez Origin, qui leur a confirmé… que c’est elle, durant une conférence à la Game Developers Conference 1996 (GDC), qui a lancé : « Un jeu n’est en retard que lorsqu’il est livré, mais il est nul pour toujours. » Bien que la phrase semble passe-partout, il s’agissait apparemment de la devise au sein d’Origin et elle a été reprise par plusieurs personnes, dont le producteur de GT Interactive et une dénommée Ellen Guon (qui l’aurait reprise de son mari). Elle a finalement traversé les années sans que personne ne s’en émeuve vraiment, et Shigeru Miyamoto, lui-même, n’était peut-être pas au courant. Le fin mot de l’histoire, c’est qu’Ellen Guon a changé de nom et qu’elle est devenue Siobhan Beeman ! C’est en remontant jusqu’à elle que le site Critical Hit (pas une petite enquête comme vous pouvez le voir ici) a eu la réponse. L’affaire est donc résolue jusqu’à une hypothétique nouvelle enquête.