Des voitures capables de rouler seules, avec des interactions humaines réduites au maximum : tel est le souhait de nombreuses entreprises du secteur, qui y travaillent d’arrache-pied depuis près de 10 ans pour certaines. Parmi elles, on trouve Tesla, l’entreprise d’Elon Musk. Au fil des générations et des mises à jour, les voitures électriques de la société américaine gagnent en autonomie. En juin dernier, un hacker parvenait à débloquer un mode secret présent au sein d’une Tesla, lui permettant de conduire « sans les mains » grâce à un Full Self-Driving (FSD) totalement actif.

En septembre dernier, nous apprenions aussi que Tesla comptait augmenter ses commandes de puces D1 auprès Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC). Ces semi-conducteurs jouaient un rôle crucial dans le développement de la conduite 100% autonome de Tesla. En bref, les ambitions d’Elon Musk se concrétisent petit à petit, mais ce n’est pas sans inquiéter certaines personnes.

« Nous sommes des expériences » pour Tesla

Lukasz Krupski est un ancien ingénieur de Tesla, qui s’est récemment exprimé dans le cadre d’une interview accordée à la BBC. Invité à réagir à un récent tweet d’Elon Musk, qui déclarait alors « Tesla possède de loin la meilleure IA du monde réel », il s’est dit préoccupé par la manière dont le constructeur automobile exploite cette technologie pour alimenter le système de pilotage automatique de ses voitures.

« Je ne pense pas que le matériel soit prêt et que le logiciel soit prêt », a-t-il commenté. « Cela nous affecte tous parce que nous sommes essentiellement des expériences sur les routes publiques. Donc, même si vous n’avez pas de Tesla, vos enfants marchent quand même dans leur environnement. »

Lukasz Krupski va plus loin et prétend avoir mis la main sur des preuves, dans les documents de Tesla, qui mettent en avant des manquements en matière de sécurité en ce qui concerne le système de conduite assistée et autonome. En outre, des employés de Tesla lui auraient aussi parlé d’un problème de freinage aléatoire en réponse à des obstacles inexistants, connus dans le milieu sous le nom de « freinage fantôme ».

« Je n’en dors plus la nuit »

L’ancien employé de Tesla se positionne comme un lanceur d’alerte vis-à-vis de la politique de son ancienne entreprise. Une position qu’il qualifie de « terrifiante » : « Je n’en dors plus la nuit », explique-t-il.

Si Tesla publie des chiffres plutôt rassurants, qui indiquent que les utilisateurs américains de ses voitures utilisant activement l’Autopilot auraient été impliqués, en moyenne, dans un accident impliquant l’airbag du véhicule tous les 8 millions de kilomètres parcourus. Sans l’Autopilot, cette donnée passe à 2,4 millions de kilomètres, alors que la moyenne aux USA tous véhicules confondus est d’environ 965 600 kilomètres. Cependant, ces données, récoltées de manière privée, sont très difficiles à vérifier.

Lukasz Krupski a partagé les informations en sa possession avec les autorités de protection des données américaines. Actuellement, le ministère américain de la Justice enquête sur Tesla autour de la problématique de la conduite assistée de ses véhicules : l’ancien employé de la firme n’est pas le seul à pointer du doigt les technologies d’Elon Musk. C’est aussi le cas, notamment, de la National Highway Traffic Safety Administration.

En somme, les projets d’Elon Musk de proposer des véhicules autonomes rapidement dans les années à venir pourraient être mis à mal si Tesla ne parvient pas à convaincre publiquement de la sécurité de son système. Affaire à suivre !