
Il y a moins d’une semaine, le PDG de Take-Two, Strauss Zelnick, laissait sous-entendre qu’il serait plus viable pour son entreprise de facturer à l’heure de jeu. D’après lui, les open-world conçus par ses équipes sont tellement vastes qu’ils nécessitent des heures pour être parcourus en profondeur. Alors pourquoi devrait-il se contenter de les vendre au même prix qu’un jeu 100 % narratif qui se fait en ligne droite ? L’industrie pourrait-elle vraiment envisager cette option ?
Sommaire
- Un loisir de riche ?
- Zelnick amer
- GTA deux doigts de l’acheter !
Un loisir de riche ?
Le sujet des prix des jeux revient souvent dans les débats. Quand Sony, Gearbox ou encore Take Two ont décidé d’augmenter le prix de leurs jeux en 2021, les réseaux sociaux se sont enflammés. Il était facile de lire que les éditeurs “se rongeraient les ongles” à cause de cette “mauvaise décision”. Pourtant, le marché ne s’est pas écroulé, quand bien même certaines baisses auraient été enregistrées. Les arguments principaux visant à expliquer des prix plus musclés résident dans l'inflation et l’accroissement des budgets de production, surtout en ce qui concerne le prix de la main-d'œuvre.
Les consommateurs souhaitent des prix toujours plus compétitifs tandis que les professionnels du secteur, eux, veulent relever les tarifs. Comment leur en vouloir lorsque l’on sait que les éditeurs, les constructeurs, mais aussi les détaillants récupèrent un pourcentage de la somme dépensée par les clients en boutique. Mais comme vous le savez, les magasins, ce n’est plus automatique. Aujourd’hui, beaucoup de joueurs achètent leurs softs en version numérique. Sony, Nintendo et Microsoft récupèrent 30 % sur chaque transaction effectuée sur le PlayStation Store, le Nintendo eShop et le Xbox Store. Pour les jeux first party, les géants récupèrent 100 % de la mise.

Zelnick amer
C’est dans un contexte de climat économique instable et dans un environnement de récession que le dirigeant de Take Two a suggéré que la valeur des jeux vidéo, considérée par leur coût de production et leur durée de vie, était sous-estimée par les consommateurs. Avant de se lancer dans une formule. “En ce qui concerne notre tarification pour toute propriété de divertissement, l'algorithme est essentiellement la valeur de l'utilisation attendue du divertissement, c'est-à-dire la valeur horaire multipliée par le nombre d'heures attendues, plus la valeur terminale perçue par le client en tant que propriétaire, si le titre est possédé plutôt que loué ou souscrit” a-t-il déclaré. D’après lui, les prix des jeux Take-Two restent “très très bas” car ils offrent “de nombreuses heures d’engagement”. Il y a quelques mois, c'est le président de Capcom qui apportait des arguments similaires et estimait que le prix des jeux vidéo était trop bas.
À lire aussi :
- GTA 6 va surprendre et les fans ne peuvent pas attendre, alors voici les meilleurs héros de séries qui colleraient parfaitement au casting du jeu vidéo de Rockstar
- L'annonce de GTA 6 atteint déjà des records ! On ne préfère même pas imaginer quand le jeu sera sorti
Bien sûr, Strauss Zelnick ne dit à aucun moment que le prix des jeux Take-Two va (encore) augmenter, ni même que les jeux Take-Two seront tarifés à l'heure. Il préfère répéter que tous ses calculs montrent que sa firme “offre une valeur exceptionnelle aux consommateurs”, ce qui soulève des interrogations sur la perception de la valeur des jeux premium. Ses explications pointent vers une seule direction : en théorie, un soft auquel va jouer un utilisateur pendant une centaine d’heures devrait coûter plus cher qu’un jeu ne nécessitant qu’une dizaine d’heures pour en faire le tour. Mais en pratique, qu’est-ce cela pourrait bien donner ?

GTA deux doigts de l’acheter !
Depuis les déclarations du boss de Take-Two, certains articles ont émergé sur le Net afin d’estimer quel serait le juste prix d’un GTA si nous devions effectivement nous baser sur les heures de jeu. Mais pour cela, il faudrait tout d’abord déterminer quel serait le coût d’une heure de jeu. En s’appuyant sur les propos de Zelnick, qui compare le jeu vidéo à d’autres divertissements, Vidaextra part du principe qu’une heure de jeu devrait coûter… 2 euros. Ce chiffre peut paraître sorti de nulle part, et il est vrai que nous aurions préféré que des calculs savants – venant d’analystes ou d’experts en économie – viennent appuyer sa valeur, mais il sert d’illustration pour montrer les limites de la réflexion de Zelnick.

En partant de cette base, en nous servant de HowLongToBeat comme référence, et en nous servant de nombre d’heures pour atteindre le 100 %, nous pouvons déduire que les bons prix des jeux de 2023 seraient :
Nombre d'heures (pour le 100 %) | Prix pour 2€ de l'heure | |
Alan Wake 2 | 28 heures | 56 euros |
Armored Core VI | 48 heures | 96 euros |
Baldur’s Gate 3 | 142 heures | 284 euros |
Diablo IV | 163 heures | 326 euros |
Final Fantasy XVI | 78 heures | 156 euros |
Hogwarts Legacy | 67 heures | 134 euros |
Spider-Man 2 | 27 heures | 52 euros |
Resident Evil 4 | 58 heures | 116 euros |
Starfield | 154 heures | 308 euros |
Super Mario Wonder | 18 heures | 36 euros |
The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom | 237 heures | 474 euros |
Quant à GTA VI, ni nous partons du principe qu’il sera au moins aussi long que GTA V (83 heures pour le 100 %), alors son “juste prix” serait de 166 euros. Bien sûr, cet exercice n’est que pure fiction et s’amuse à prendre au pied de la lettre les propos de Zelnick. Si ce dernier se veut rassurant, estimant que “cela ne signifie pas nécessairement que le secteur dispose d'un pouvoir de fixation des prix ou qu'il souhaite en disposer”, il a précisé que l'augmentation des tarifs est rare dans le secteur. Sûrement trop rare pour le PDG d’un des éditeurs de jeux vidéo les plus puissants de l’industrie.