Comme chaque année, l'annonce des nommés aux Game Awards suscite naturellement discussions et débats sur les réseaux sociaux. Déjà, l'événement a généré bon nombre de railleries en raison de la nomination de l'entreprise Bungie avec son jeu Destiny 2 dans une catégorie qui récompense le soutien à la communauté, alors que Bungie a récemment renvoyé une bonne partie des employés de cette équipe. Une situation cocasse en raison d'un timing qui est forcément très mauvais, puisque les employés concernés ne seront ironiquement pas présents pour recevoir l’éventuelle récompense. L’ex-responsable des communautés, Liana Rupper, s’est justement exprimée à ce sujet : “Si Destiny 2 gagne, je serai très fière des community managers Cozmo et Bruno, parce qu'ils sont incroyables. (...). Notre équipe aurait mérité plus de monde, et non des licenciements”.

Au-delà de cette déconvenue, beaucoup déplorent également l'absence de l'un des jeux vidéo les plus attendus de 2023 et noté 84 %. On veut ici parler d'Hogwarts Legacy : l'Héritage de Poudlard, que beaucoup pensaient voir prétendre aux titres de “Meilleure direction artistique”, “Meilleure partition et musique”, “Meilleure conception audio” ou encore ” Meilleur jeu de rôle”. À croire que le jeu a tout simplement été englouti par la concurrence ou qu'il a subit un immense boycott en raison de son univers intimement lié à la controversée J.K Rowling. Et depuis quelques jours maintenant, une autre polémique enflamme la toile, celle de la présence d'un jeu pas vraiment indé dans la catégorie des jeux indés.

Un intrus chez les indés

Dans un tweet qui a récolté plus de 14 000 likes, l'internaute Ryan T.Brown partage son point de vue - empli d'ironie - au sujet de la catégorie "jeux indés" nommée aux Game Awards : "Heureux de voir le conglomérat de 1,8 milliard de dollars avec plus de 7 000 employés obtenir enfin la reconnaissance indépendante qu'il mérite en montrant aux développeurs de chambres solo qui est le patron �� ". Et d'ajouter :

Aucune définition du « jeu indépendant » ne s’applique aux studios filiales d’entreprises multimilliardaires – sinon Spider-Man 2 est indépendant. Il s'agit plus d'un jeu non AAA et d'un budget inférieur, ou "qui a l'air indépendant", qu'autre chose - comme si le label indépendant n'était pas déjà confus.

En ligne de mire, Dave the Dive, qui, bien qu'excellent, n'est effectivement pas un jeu indépendant. Plébiscité à sa sortie, le jeu a obtenu un score de 89 sur Metacritic et plus de 45 000 joueurs sur Steam lui ont attribué la mention "extrêmement positif". En dix jours seulement, il s'est vendu à un million d'exemplaires dans le monde, et a été présenté aux yeux du monde entier comme un véritable "hit indé". Seulement si l'esthétique "pixel" peut donner cette idée un peu clichée, son développeur, MintRocket, n'est en fait que la filiale d'une grande entreprise, Nexon, qui pèse tout de même plusieurs milliards de dollars. MintRocket est clairement dépendant du financement et de l'influence du géant et n'a pas connu les problématiques rencontrées par les autres nommés de la catégorie. Pas très fair-play, donc.

Pour certains, il y a débat

Les journalistes de The Game lève toutefois une nouvelle problématique à ce sujet : "Un éditeur fortuné ne doit cependant pas vous exclure du statut d'indépendant. Les jeux publiés par Annapurna Interactive et Devolver Digital sont toujours considérés comme des jeux indépendants malgré les budgets de plusieurs millions de dollars de leurs éditeurs". Où se situe donc la limite ? D'autres jeux de la catégorie sont en effet associés à de gros éditeurs. Cocoon, Viewfinder et Dredge sont publiés respectivement par Annapurna, Thunderful Publishing et Team17, note encore le média. Si Dave the Diver est pointé du doigt, c'est que Nexon n'est pas au même niveau que les autres et détient un poids financier considérable en plus d'une réputation mise à mal depuis son procès contre Dark & Darker, un jeu réalisé par d'anciens devs qui, selon Nexon, utilise des ressources volées dans ses archives.